Rappel du premier message :



My best rival

Taiyo, 18 ans, en première à l’université

Le temps de cours touche à sa fin. C’est le début d’après-midi, mais tu as entraînement après, l’heure n’est pas à l’étude ou au repos. Pourtant, tu irai bien piquer un somme. La veille a été… arrosée… et tu manques cruellement de sommeil. Tu as du forcer pour garder les yeux ouverts pendant tes deux cours de la journée, et tu sent que l’entraînement va être douloureux, mais tu n’as pas l’intention de le sécher pour autant. C’est grâce à ton sport qu tu as pu rentrer dans cette université, tu ne comptes pas tout gâcher à cause d’une gueule de bois.

Une sonnerie annonce la fin du cours, te sortant d’un demi-sommeil dans lequel tu commençais à t’enfoncer. Sursautant, tu rassembles tes affaires avec lenteur, te demandant si tu aurais le temps de grappiller ne serait-ce que quelques minutes de repos avant d’aller aux vestiaires. Tu sors de l’amphi en décidant que oui, mais une voix t’interpelle alors. Une voix que tu connais bien.

- Taiyo ! Tu as entraînement aujourd’hui ?

C’est Ahloy, une jeune femme deux ans plus âgée que toi, capitaine des cheerleaders. Avenante, toujours souriante mais avec une autorité digne d’un général, mignonne sur tous les points, tu as vite compris que beaucoup de gens étaient sous son charme. Tu n’échappes pas à la règle… même si tu aurai préféré. En effet, parmi les nombreux prétendants de la capitaine, le capitaine de l’équipe est particulièrement virulent… envers toi… A première vue pas a cause de Ahloy, après tout ils sortent déjà ensemble, mais du coup tu ne sais pas trop pourquoi… Le mec semble avoir tout pour lui, et pourtant il n’aura fallut que quelques semaines pour qu’une rivalité quelque peu violente s’installe entre vous.

La jeune femme apparaît devant toi, et un sourire se dessine aussitôt sur ton visage, toutes pensées négatives quittant ton esprit.

« Ahloy ! Oui, mais j’ai encore un peu de temps avant de devoir me préparer. Pour ? »

Te reposer ? Pour quoi faire ? Tu ne te sent soudain plus si fatiguer, en fin de compte.

- Un peu, c’est-à-dire ? J’aimerai présenter une nouvelle figure à l’équipe, mais j’aimerai d’abord la tester, et pour ça j’aurai besoin de muscles. J’aurai bien demandé à Jin mais il n’a pas encore terminé ses cours.

Il ne te faut pas deux secondes pour accepter. Tu dois avoir quoi… 30 minutes avant d’être vraiment en retard pour te préparer ? Et tu seras déjà sur le terrain, au pire tu ne seras juste pas en tenue… Ce qui te vaudra probablement un blâme… mais le coach t’a à la bonne, tu es sûr qu’il comprendra si tu lui expliques que c’était pour aider les cheerleaders, et donc l’équipe. Car le rugby n’est rien sans les encouragements sans failles des cheers, c’est bien connu.

- Super ! Tu me sauve. Allons-y alors. Si tout se passe bien, je pourrais présenter la choré dès demain.

Sans te faire prier, tu suis la jeune femme vers le terrain de rugby qui accueille également l’entraînement des cheers. Tu n’as aucune idée de pourquoi elle s’est adressé à toi en particulier, mais tu ne vas certainement pas lui poser la question...

   

My best rival      

Taiyo, 18 ans, en première à l’université      

Le capitaine t’ouvre comme s’il t’attendait. Tu as bien fait de te préparer, car il sort aussitôt et te lançant une réplique qui te fait tiquer. C’est à la façon dont il accentue ton prénom que tu te rends compte que tu as prononcé le sien à l’instant. Une première...

Mais tu ne relèves pas. Tu as la gorge bien trop sèche et te sens bien trop mal à l’aise face aux regards des autres. Jin, lui, est comme un poisson dans l’eau. Toi, tu te sens con à en rougir.

Ta lèvre et ton arcade sourcilière portent toujours les marque de la bagarre. Ca n’aide pas car tu as encore moins l’impression d’être dans un vêtement fait pour toi... Sur mesure ou non, tu es persuadé que ce costume ne te va pas...

Mais il est trop tard pour revenir en arrière...

Jin annonce qu’Ahloy ne sera pas présente, mais il promet qu’il se conduira bien. T’efforçant de respirer, tu réponds presque dans un murmure.

« Crois moi, c’n’est pas toi qui m’inquiète... »      

Tu ne sais pas si tu aurais préféré que la pom-pom girl soit là ou non. Peut-petre que c’est mieux ainsi, car tu n’as pas envie qu’elle voir à quel point tu peux, toi aussi, jouer la comédie...

Le capitaine ne te regarde pas, mais tu ne cherches plus son regard, trop concentré sur ce souper qui est arrivé bien trop vite à ton goût...

Une voiture vous attend dehors, et Jin te fais passer en premier avec une pique qui te fait grimacer.  

« J't’avais dit que les costumes c’n’était pas pour moi... »      

Vous entrez tous les deux dans le véhicule qui démarre aussitôt. Tu sursaute lorsque Jin prend alors la parole sur le ton d’une discussion en cours. Surpris, tu lui lance un regard et croise alors le sien. Le jeu à déjà commencé. Tu prends alors une grande inspiration, et répond avec un sourire des plus faux.  

« Pour ma part, j’ai eu un cours d’histoire des plus intéressants. Nous avons débattu sur des stratégies de grandes batailles, cela pourrait presque nous être utile au rugby. Il faudra en discuter lors du prochain entrainement. »

Plus rien n’est toi. Même ta diction est parfaite. Tu sais comment plaire, tu sais ce que tu as à faire et comment le faire. Tu t’es redressé sur ton siège, tu as relevé la tête, et tu mens... Parce que tout repose là-dessus ce soir : le mensonge. C’est un jeu de dupe, et pour gagner tu vas devoir devenir ce que tu détestes. Mais comme dis le dicton : connais ton ennemi mieux que toi-même... Ce n’est pas ton monde, mais tu sais comment te comporter pour en faire partie le temps d’un souper.

« J’espère que ton père ne tiendra pas rigueur de mes blessures... »

Tu t’écœure tellement l’inquiétude de déplaire à son père est parfaitement feinte. Tu as hésité à le vouvoyez, mais ça serait peut-être un peu trop...

Rentres dans le moule pour éviter les coups... Tu n’as pas le droit à l’erreur...

La voiture s’arrête juste devant le restaurant. Un homme vient ouvrir la portière pour vous laisser sortir Jin et toi. Tu ne peux t’empêcher d’observer le bâtiment, évitant tout de même les yeux ronds. Tu suis le capitaine avec une démarche tout autre qu’à l’université. Tu es confiant, en apparence du moins...

A l’intérieur, on vous guide vers une table à laquelle se trouve déjà le patriarche qui se lève à votre arrivée, vous toisant de toute sa hauteur.  

« Messieurs. »

Tu serres la main qu’il te tend d’une poigne ferme, souriant.

« Monsieur Shao. J’espère que nous ne vous avons pas fait attendre trop longtemps. »

« J'arrive à l’instant. Installez-vous. »

Tu t’assieds en face de lui alors que Jin s’installe à sa droite. Le père t’observe, te jauges... Tu soutiens son regard, gardant un souffle régulier. Caches ta peur...

« Je suis heureux de vous rencontrer et de pouvoir vous remercier de vive voix pour votre aide samedi soir. Je m’excuse pour mon comportement, je devais être sous le choc... »

« C'est tout naturel voyons. J’ai malheureusement l’habitude de repasser derrière mon fils ici présent. »

La première attaque n’a pas tardé... Et elle vise Jin de plein fouet. Mais tu ne perds pas ton sourire, ni ton masque de confiance.

« Ne soyez pas trop dur avec lui. Il n’a fait qu’intervenir pour protéger un joueur de son équipe, vous devriez plutôt être fière de son comportement. »

Tu prononces cela avec un petit rire dans la voix, évitant ainsi que ça ne passe pour du jugement. Et pourtant, derrière le masque, tu le juges grandement. Cet homme te dégoute autant que tu te dégoute toi-même en cet instant. Ce repas va-t-être très long...

My best rival

A ses mots, tu ne retiens pas un sourire amer. Ce n'est pas toi qui l'inquiète, il l'a dit et, si ça te fait plaisir, ça complique encore plus la situation. Tu pensais vraiment tes mots hier, finalement c'était plus simple que vous vous détestiez. Par contre, tu n'as pas le temps de le rassurer sur son costume, tu n'as pas le temps de lui dire combien il est magnifique, combien il lui va bien, combien tu voudrais le voir plus souvent dedans. Et d'un autre côté, tant mieux. Ce ne sont pas des mots sages à prononcer.

Dans la voiture, il répond du tac au tac, jouant le jeu. Tu n'es pas impressionné, parce que tu t'y attendais, il t'avait trop prévenu pour que tu t'étonnes, par contre, tu es admiratif. Il connaît ses qualités et sait les utiliser à bon escient. Si ton père savait ça, pas de doute, il l'apprécierait. Ou alors il le détesterait, tu n'es pas tout à fait certain.

« Aucun doute. » dis-tu mais tu accompagnes tes mots d'un regard évocateur et qui veut dire qu'en aucun doute, il va les remarquer et l'utiliser comme information. Est-ce un bien ou un mal, tout est à voir pour la suite. Tu t'amuses un instant de cette conversation, qui est bien plus agréable que celle que vous aurez ensuite, mais déjà vous êtes arrivés.

Leur politesse te dégoûte, tu sais combien tous les deux se méprisent, mais encore une fois, tu es admiratif de la capacité de Taiyo à contenir sa colère. Seulement, malgré ton dégoût, tu salues ton père avec le même excès de courtoisie.

A peine assis, ton père attaque et c'est pour ta gueule. Tu souris et détournes la tête, l'air d'être timide et maladroit. Alors qu'à l'intérieur de toi, tu bous. Tu n'as pas réussi à trouver à temps une réplique convenable alors tu ne dis rien, mais Taiyo prend ta défense. Aussi plaisant que ce soit, ce n'est pas une bonne idée.

« Un meilleur homme aurait réussi à s'en tirer sans la moindre blessure. » contrecarre ton père, tu avais la phrase au bout des lèvres, certains que ces mots-ci seraient sorti dans le même ordre. Tu te contentes de prendre la carte pour regarder les menus. « Oh, nous n'en aurons pas besoin, j'ai déjà commandé. »

Ton regard se tourne vers Taiyo, est-ce possible que son père ait pris des huitres par on ne sait quel miracle pour faire chier ton ami ? Tu ne peux rien dire, rien faire. Oh bon sang, ce dîner va être long.

« Père, » l'apostrophes-tu pour changer de sujet, tu ne veux pas le supplier de savoir ce que vous allez manger, ce serait trop bas de sa part et dans tous les cas, tu n'as pas voix au chapitre; « Nomura Taiyo ici présent est le jeune prodige dont vous a parlé le coach, celui qui me remplacera sûrement à la tête de l'équipe quand je quitterai l'université. Je me doute que vous le saviez et que c'est pour cette raison que vous teniez tant à le rencontrer en plus de  » tu secoues la main pour englober tes dires « tout ça » c'est volontaire de minimiser ce qu'il s'est passé. Tu veux que la discussion tourne autour des exploits du jeune élève, plutôt que de ce sur quoi vous n'avez aucune prise. « Il a impressionné tout le monde dès son arrivée, malgré les embûches et les jalousie d'autres joueurs. » Ton petit air supérieur semble expliquer que toi, ô non, tu ne t'es pas abaissé à cela. « Vous devriez parler tactique avec lui, vous verrez, il est excellent. » Taiyo sait-il que tu vouvoies ton père ? Et que ce n'est pas une volonté de sa part, mais une manière d'y mettre un peu de distance ?

   

My best rival      

Taiyo, 18 ans, en première à l’université      

Jin s’écrase, ne réagissant pas à l’attaque de son père. Tu es surpris par son manque de répartie. Enfin, du aurais dû l’être si tu n’avais pas eu un bref aperçu de son père quelque jours plus tôt... Rien que sa posture t’avait effrayé... Et la réplique cinglante qui répond à tes mots prouve que cet homme à réponse à tout, et ça Jin le sait...

Tu t’apprête à surenchérir qu’il est difficile de s’en sortir indemne en étant deux face à une équipe de rugby au complet, mais le capitaine a attrapé la carte, ce qui détourne la conversation sur le fait que le père Shao a déjà passé commande. Tu toussote alors, l’air mal à l’aise.  

« Au risque de paraitre impoli, auriez-vous commandé des coquillages par hasard ? Type huitres, escargots... »      

Tu affiches un petit sourire embarrassé.

« Voyez-vous, j’y suis fortement allergique... Et je m’en voudrais de gâcher ce diner en devant filer... Enfin je vous passe les détails... Je garde en tout cas un très mauvais souvenir de la dernière fois où j’ai mangé des huitres... »      

L’homme te fixe un instant avant d’interpeler un serveur pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. Tu glisses un regard vers Jin, le cœur battant à tout rompre mais le visage totalement impassible. Le capitaine fini par prendre la parole pour détourner la conversation en faisant ton éloge. Tu ne t’attendais pas à ça... Et tu ne dois pas forcer la gêne que cela provoque chez toi...

Le père écoute son fils avec intérêt.  

« J'ai en effet beaucoup entendu parler de vous, Monsieur Nomura. Vous êtes une star dans le monde du rugby, et j’espère que cet incident fâcheux ne viendra pas compromettre votre avenir. »

Tu soutiens le regard de l’homme un instant avant de sourire.

« Nous n’avons rien à nous reprocher dans cette histoire, nous n’avons fait que nous défendre. »

« Au vu du résultat, vous avez manqué de stratégie dans votre défense... »

Il n’y va pas de main morte... Mais tu ne te laisse pas démonter, laissant échapper un petit rire gêné.

« En effet... Il faudra travailler ce point. Après tout, comme je le disais un peu plus tôt à Jin, les tactiques de batailles pourraient être utiles en rugby. Si cela est vrai dans un sens, ça l’est dans également l’autre. »

L’entrée arrive sur ces mots. Et ça ne rate pas : des huitres. Du moins pour Jin et son père. Toi, tu as du saumon. Bon, le serveur présente ça de façon beaucoup plus raffinée, mais en gros, c’est du saumon. Pas ce que tu préfères, mais c’est mieux que les huitres.

Un sommelier vient vous présenter une bouteille de vin que le patriarche goûte avant de le faire servir à chacun. Tu n’es pas majeur, tu n’as pas le droit de boire, et il le sait...

Tu fixes un instant ton verre et, lorsque le père lève le sien pour trinquer, tu prends le verre d’eau à côté.  

« Allons, jeune homme, vous n’allez pas trinquer à l’eau tout de même ? »

Incitation à boire sur un mineur, et ben bravo...

« Je n’ai pas encore 21 ans... Et j’ai déjà assez d’ennuis pour le moment, je préfère éviter d’en rajouter en buvant de l’alcool. Vous n‘allez pas men vouloir d’être responsable, j’espère ? »

Ton sourire mielleux te donne la nausée. L’homme ris, d’un rire faux qui te donne le frisson.

« Et bien, c’est tout à votre honneur. Santé, et bon appétit. »

C’est ça, bon appétit... Salopard...

My best rival

Evidemment, c'étaient des huîtres, il fallait que ça le soit. Pendant un cours instant, tu te demandes si ton père a fait exprès, puis tu te rappelles qu'il a beau être riche, il ne fait pas non plus partie des services secrets et il n'a sûrement pas un dossier complet sur Taiyo. S'il a choisit des fruits de mer, c'est uniquement parce que vous aimez ça. Enfin, ta passion des huîtres te vient du goût de ton père pour ces dernières, pendant de longues années tu n'as construit ta vie que dans un seul but : le contenter. Tu as donc appris à apprécier ce qu'il mangeait, même si au début tu manquais de vomir à chaque bouchée, maintenant tu aimes dire que tu apprécies, juste pour crâner parce que tu aimes rappeler à tout le monde combien la famille de ton père est riche.

La discussion précédente meurt lors de l'arrivée du sommelier, pourtant, elle était intéressante, en partie parce que Taiyo s'échinait à prendre ta défense. A cet instant, tu repenses à Ahloy, elle fait de même à chaque repas familial, de façon plus subtile encore, mais le résultat est le même : les deux font attention à ménager ton égo. Tu te sens faible, incapable de te défendre seul, mais ils ont raison, toi la seule chose que tu sais faire, c'est courber la tête et accepter les mauvais mots de ton père. Cela fait trop longtemps que tu n'as plus envie de te battre. En réalité, avant la sortie de votre garde à vue, tu n'as pas le moindre souvenir où tu t'étais opposé à ton père.

L'échange sur l'alcool te surprend, tu n'avais pas songé à ça. Tu as déjà vu Taiyo boire, évidemment, mais tu n'avais pas pensé à son âge et d'un coup, tu te sens bête, parce qu'il est réellement plus jeune que toi. Heureusement qu'ils sont occupés à se lancer des piques, ça te permet de dissimuler ta gêne sans trop de problèmes. Tu prends le verre qu'on te tend, ne te faisant pas prier, tu auras besoin d'alcool pour survivre à ce repas, même si... il est toujours dangereux de risquer de perdre le contrôle. Il faut donc que tu boives peu et raisonnablement, et surtout que tu fasses attention à ce qu'on ne te reserve pas trop. La soirée va être compliqué.

Alors que tu cherches à dire quelque chose, tu te rends compte que tu n'as rien à dire. La conversation ta va très bien si les deux t'oublient, Taiyo avait promis qu'il s'en sortirait et tu dois admettre que c'est la vérité, il a du répondant tout en restant poli, chose qu'il est loin d'avoir fait face à toi quand il te haïssait. Tu es heureux de te dire que c'est du passé, mais peut être que tu imagines trop de choses et qu'au fond, il a du mal avec toi parce qu'il continue à te mépriser. Par contre, que ton père t'oublie te surprend autant que ça te fait du bien. Tu détestes être dans sa ligne de mire car souvent tu perds tes moyens et que tu ne veux pas que Taiyo voit ça. Tu sais que ça l'aiderait peut être à mieux te comprendre, mais il te reste un peu de fierté et tu n'aimes pas avoir honte de ton comportement minable.

« Alors, Jin »

Et voilà, une huître. Il n'a pu en manger qu'une avant que l'attention retombe sur lui.

« Tes pronostiques pour le match de fin de saison. »

Ce n'est même pas une question, et tu sais qu'il va noter tous ce que tu vas lui dire maintenant et qu'il te le ressortira à la fin de la saison. Saison qui est loin d'être terminée, mais tu es le capitaine, tu dois tout savoir. Sur tout. Tu inspires profondément et expose ta théorie. Quelles équipes de rugby vous aurez en face de vous, votre place de grand gagnant de la finale universitaire. Tu donnes un résultat au pif, puisque tu ne peux pas être précis mais qu'importe, il cherche juste à te rappeler tes échecs alors tu les lui offres.

« Je les entraîne deux matinée par semaine, en plus de tous les entraînements de jour et ceux du soir avec le coach, nous partons courir dans la forêt qui borde l'université chaque fois que l'occasion se présente, s'entraîner sous la pluie, couvert de boue, je ne lésine devant rien. »

Le rôle que tu prends est plus fort que celui que tu es censé avoir, c'est votre coach qui devrait gérer tout ça, mais ton père ne t'a jamais laissé le choix alors tu t'es improvisé coach, en plus de tout ce que tu as déjà à faire en dernière année et en plus d'Ahloy. Tu souris. Comme si ce n'était rien, comme si tu n'avais pas hâte de terminer cette période, comme si c'était ta plus belle année. Pourtant, au fond de toi, tu cries. T'as besoin de lâcher prise, de passer à autre chose, et depuis que Taiyo est là, depuis que tu as compris ce qu'il te fait subir, tu n'as plus envie de faire rien d'autre que de passer du temps avec lui.

Evidemment, tu ne le regardes pas, tu ne poses pas tes yeux sur lui, tu as trop peur de te trahir.

     

My best rival      

Taiyo, 18 ans, en première à l’université      

Vous trinqués puis commencer à manger. Tu dois admettre que le saumon est délicieux et tu ne te prive pas de le faire remarquer. Le patriarche revient alors à son fils, la conversation tournant à nouveau vers le rugby. La question, qui n’en est pas vraiment une..., te fait tourner les yeux vers ton capitaine, une bouchée à mi-chemin entre ton assiette et ta bouche. Tu reposes ta fourchette lorsque Jin prend une grande inspiration avant de répondre, l’écoutant avec attention. Il se débrouille bien en pronostiques... tu n’y avais jamais fait attention...

Lorsqu’il termine par le programme qu’il vous fait faire, tu enchaines avec sérieux.

« Jin est un très bon capitaine. Cette année sera probablement la meilleure en termes de résultats depuis un moment. »      

Au moins une chose qui se passera bien cette année... Le privé étant loin d’être glorieux de ton côté... et du sien aussi, tu n’en doute plus...

Tu évites de regarder Jin, te concentrant sur ton assiette. Le père hoche la tête avec un air mi-satisfait, mi-dubitatif. Il doute de son fils... Cet homme a-t-il jamais été heureux de la réussite de ses enfants, ou bien n’était-ce jamais assez ? Probablement la seconde idée...

La conversation continue un moment autour du sport, puis arrive le plat : un steack saignant avec une sauce que tu n’identifies pas de vue. Vous êtes donc sur un menu terre et mer. Parfait, le viande ça te parle plus.

Un autre vin arrive, mais tu restes toujours à l’eau. Vous commencez à manger : la viande fond sur la langue, ça doit être un morceau de luxe... et le père de Jin reprend la parole en changeant de sujet.

« Je me fais la réflexion depuis votre arrivée, mais vous avez là un bien beau costume. »

Tu relèves les yeux du morceau que tu t’apprêtes à enfourner le moins goulument possible et affiche un petit sourire poli.

« Je vous remercie. Un homme se doit d’avoir au moins une tenue digne de ce nom, n’est-ce pas ? »      

Tu lances un regard en coin à Jin à ces mots. Tu espères que tu ne remettras pas tout ça à la fin de la soirée, à force de te dégouter. Ce serait dommage de gâcher de la si bonne nourriture...

« En effet. Mais je suis surpris qu’en tant que boursier vous ayez les moyens de vous payer ce genre de tenue. »

Et aller, tu l’as vue venir à des kilomètres celle-là...

Sans te départir de ton sourire, évitant soigneusement de regarder Jin, tu te redresses légèrement et répond avec calme et son montrer aucune honte. Jamais tu n’auras honte face à un homme comme lui...

« Mes parents tiennent à ce que j’ai une bonne éducation et un bon avenir. Ce costume est un investissement qui me sera autant profitable dans le futur qu’il ne l'est aujourd’hui. »

Tu t’excuseras auprès de Jin plus tard pour le mensonge... Mais sur ce coup-là, tu ne peux pas perdre la face... Tu digère déjà mal le fait qu’il t’ait payé la majorité de la tenue, tu ne vas certainement pas l’avouer devant son père. Ce ne serait bon ni pour toi, ni pour lui...

Monsieur Shao boit une gorgée de vin avant de reprendre.

« C'est tout à leur honneur. J’ai par contre cru comprendre que votre père ne fait plus partie de votre vie, je me trompe ? »  

Tu te figes. Il s’est... renseigner sur toi... ? Ce n’est pas possible... Tu baisse brièvement les yeux puis reprend sans te laisser démonter.  

« Vous êtes bien renseigner... Mais cela ne l’a pas empêché de m’inculquer certaines... choses... avant de... devoir nous quitter. »

Tu choisi tes mots avec précautions. Tu ne sais pas ce dont il est au courant exactement, mais tu ne te laisseras pas piéger à lui révéler des détails de ta vie qu’il n’a pas à connaitre. Une personne au courant, s’est déjà bien assez...

En tout cas, ce n’est pas vraiment un mensonge. Tu ne pourrais pas jouer aussi parfaitement ton rôle si ton père ne t’avait pas conditionné à être un parfait petit garçon dans ton enfance...

L’homme te toise un instant et tu soutiens son regard, le cœur battant à tout rompre.  

« Si seulement je pouvais en dire autant. J’ai parfois l’impression de n‘avoir rien appris à mon fils ici présent. »

Mon, pas mes... Il ne vise que Jin. Tu es à la fois soulagé qu’il se détourne de toi et en colère qu’il s’en prenne à nouveau à ton capitaine. Cet homme n’a vraiment pas de cœur...

***

Le repas n’en finit pas. Il y a en tout cinq services, chacun accompagné d’une sélection de vins. Tu es content de ne pas boire...

Le père Shao dirige la conversation, clachant parfois Jin, tentant d’autres fois de te piéger. Tu deviens de plus en plus fébrile au fur et à mesure que l’heure avance. C’est que s’est fatiguant de mentir et de tenir un rôle aussi parfait pendant des heures...

Les moments où ça parle rugby sont les plus reposants, et ceux où Jin participe le plus.

Finalement, vous arrivez à la fin de votre pousse-café et à l’heure de vous séparer. Vous vous levez tous les trois (tu dois reconnaitre que tu as vraiment bien mangé malgré la situation...) et tu serres la main du père d’une poigne tout aussi ferme qu’à ton arrivée. Tu veux ainsi lui prouver qu’il ne t’a pas démonté...

« Monsieur. Un immense merci pour ce délicieux repas et cette soirée très instructive. Au plaisir de vous recroiser à l’occasion. »

Non, pas certain que tu arrives à garder ton repas après ça... Plus hypocrite que ça on ne fait pas...

« Le plaisir est partagé jeune homme. Jin, prend bien soin de ce petit prodige. Notre chauffeur va vous raccompagner sur le campus. Bonne soirée à tous les deux.»  

Lui aussi il va finir par se rendre malade...

Vous quittez le restaurant sans un mot et tu gardes également le silence dans la voiture, t’efforçant de respirer le plus calmement et profondément possible. Tu t’autorises juste à ouvrir la veste de ton costume car tu meurs de chaud. Le stress et le dégout de toi-même te donne des bouffées de chaleurs...

Le trajet de retour te semble beaucoup plus long qu’à l’allée. Lorsque vous arrivé enfin aux dortoirs, tu attends que la voiture se soit éloignée pour enfin te tourner vers Jin, pâle comme un linge.

« Je hais ton père... »  

C’est un peu cash, mais tu n’as pas pu retenir les mots. Tu les retenus beaucoup trop longtemps...

Te relâchant enfin, tu passes tes mains dans tes cheveux en soufflant bruyamment. Tes oreilles bourdonnent et tu te sens trembler légèrement alors que la pression quitte peu à peu ton corps.

« Sérieux, c’est quoi c’type ? Bordel... j’vais être malade... J’en reviens pas d’avoir dû lui faire de la lèche comme ça... J’me dégoute putain... »

Et pas qu’un peu...

Tu ne reproches pas à Jin d’être resté en retrait la plupart du temps. Sur le moment, tu n’en veux qu’à toi-même et...

« Ne raconte jamais ça... à personne... C’que tu as vu ce soir... c’est pas moi... et j’refuses que quiconque pense que je suis... ça... »

Tu n’as même pas de mot pour décrire le faillot que tu as été ce soir... Tu regardes Jin avec gravité, attendant sa réponse. Voilà encore une arme qu’il a contre toi... Tout comme tu en a une contre lui, car lui non plus n’était pas lui-même ce soir... ou peut-être justement était-ce là le vrai Jin ? Difficile à dire... mais peu probable...

Face à un homme comme le patriarche Shao, on ne peut pas être soi-même à moins d’être pareil à lui...

My best rival

Ce repas est un enfer, mais comme chacun des repas que tu fais en compagnie de ton père. Il sort toujours le grand jeu, c'est une aberration, bon vous ne mangez pas au restaurant si souvent, mais chaque fois que tu dois revenir à la maison, sur son ordre évidemment que tu la fuis comme la peste, tous les couverts sont de sortis, les assiettes en porcelaine aussi. Tu détestes ça. Pourtant, tu essaies de ne pas le montrer.

Tu réponds quand on t'interpelles, tu réagis quand il le faut, tu souris aux moments opportuns, mais au fond de toi, t'as envie de mourir.

Quand vient le sujet du costume, tu te permets un regard vers Taiyo, tu veux savoir comment il va répondre. Evidemment, il ment, tu ne doutais pas qu'il fasse autre chose, mais tu aimes la façon dont il réagit. Il a toujours une idée de plus, il sait quoi dire, il rebondit sur ses pattes. Quand ton père parle de son père à lui, tes poings se crispent. Si Taiyo n'avait pas répondu avec autant d'assurance, tu te serais levé, par réflexe. Tu te détestes de ressentir ça, mais c'est plus fort que toi. Tu ne peux pas t'empêcher de vouloir protéger Taiyo qui ne mérite pas cette décharge de haine. Pourtant, tu ne dis rien, tu laisses couler.

Comme le reste de la discussion, tu la laisses couler, tu manges, c'est tout ce que tu as à faire ici.

Quand enfin vous êtes libres, sortis de la voiture, loin des oreilles indiscrètes de ton père, tu respires mieux. Tu souris même et Taiyo... Taiyo est terriblement séduisant. Dans son costume, il avait une classe incommensurable, mais maintenant qu'il a ouvert sa cravate, maintenant qu'il se passe la main dans les cheveux. Tu détournes un instant le regard pour mieux respirer. C'est à cet instant que Taiyo laisse sa colère s'échapper.

Et bon sang, ça n'a jamais été aussi dur de retenir un sourire. Tu ne veux surtout pas qu'il pense que tu te moques de lui, parce que ce n'est absolument pas le cas. Tu es vraiment touché par sa façon d'être, tu le trouves incroyable, tu es admiratif de la manière dont il a tenu tête à ton père sans jamais hésiter, du rôle qu'il est capable de jouer, de la personne qu'il est.

Perdu dans les possibilités, tu es incapable de savoir quoi faire alors tu agis par réflexe et tu poses tes mains sur les épaules de Taiyo. Tu le regrettes immédiatement, parce que tu as envie de le serrer dans tes bras maintenant.

« Hey, hey, Taiyo, tout va bien. »

Tu lui souris, doucement, un sourire encourageant, un de ceux qui montre qu'au fond, t'es un gars bien. Tu inspires et enlèves tes mains de ses épaules pour éviter de faire une connerie plus grosse que toi et tu reprends la parole.

« Tu as été formidable, vraiment, tu m'as épaté, tu peux être fier d'avoir réussi à garder ton calme. »

Prenant une profonde inspiration, tu le regardes droit dans les yeux, ta pomme d'Adam tressaute et tu hésites un instant avant de lâcher.

« Merci. »

Même si c'était pour lui qu'il faisait tout ça, même si tu ne mérites pas le moindre regard sympathique de sa part, même s'il refuse de te parler pendant les prochains jours, tu veux qu'il comprenne combien tu es reconnaissant. Pas uniquement envers ce qu'il a fait ce soir, mais envers la personne entière qu'il est. Tu baisses le visage un instant, te tordant les doigts pour tenter de détourner son attention de ce que tu essaies vraiment de lui dire.

« Est-ce que tu veux bien que le costume soit la façon de me racheter ? Ne le jette pas, ne le donne pas, garde-le et ne me rembourse pas. Je... je m'en veux de t'avoir traîner là, si au moins tu pouvais réutiliser ce costume dans un autre contexte... »

Et immédiatement, tu fermes toutes tes pensées, tu n'es pas certain d'avoir envie d'imaginer d'autres contextes maintenant.

     

My best rival        

Taiyo, 18 ans, en première à l’université        

La réaction de Jin te surprend. Tu te crispe malgré toi lorsqu’il pose ses mains sur tes épaules mais t’oblige aussitôt à relâcher l’air de tes poumons et à te détendre. Il ne te veut pas de mal. Tu n’as pas à être sur tes gardes avec lui. Il te sourit, mais pas un sourire narquois ou moqueur. Ta respiration est essoufflée, comme si tu venais de courir un marathon. C’est un peu la sensation que tu as, en fait...  

Ton capitaine te félicite, sincèrement. Tu détournes les yeux alors qu’il te remercie également. Tu recules d’un pas et te passe à nouveau une main dans les cheveux.

« T’as pas à me remercier de quoi que ce soit... »

Après tout, tu as fait ça pour toi, et non pour lui. Tu as fait ça pour te sauver, pour éviter le renvoi. Mais ça te bouffera longtemps... tu le sais...

Jin semble vouloir dire autre chose. Il est mal a l’aise... mais il finit par se lancer.

Il te demande de garder le costume, en cadeau. Tu soupires, un bras autour de ton ventre, comme si tu avais des crampes. Il te faut quelques secondes pour répondre. Il retourne tes paroles contre toi..

« T’as rien à racheter... C’est pas toi qui a décidé tout ça à ce que je sache... »

C’est son père...  

« Je ne comptais pas... le jeter ou quoi... »        

Tu ne sais pas trop ce que tu comptais faire, au final... Tu finis par ramener ton regard sur Jin, toujours aussi pâle. Tu es crevé, vous avez cours le lendemain, et pourtant...  

« J’veux pas rentrer... Pas maintenant... J’me fout qu’on soit pas habiller pour ou quoi... »

Tu ne saurais pas dormir si tu rentres maintenant... Et tu ne sais pas pourquoi mais tu n’as pas envie de rester seul non plus...

Tu détournes à nouveau les yeux, toujours un peu tremblant.  

« Comment tu fais ? Pour pas lui exploser la gueule ? »

Plus facile à dire qu’à faire, tu en es bien conscient... Tu sais ce que c'est que d’être sous le joug de quelqu’un sans pouvoir agir... Tu as pris conscience du pouvoir de cet homme en un souper avec lui. Il a réussi à te faire comporter comme absolument tout ce que tu déteste au plus haut au point, et tout ça sans rien dire ou faire de concret, juste avec des menaces planantes... Jin a grandi avec ça...  

« T'es pas si con, au final... En comparaison... »

La pique se veut désinvolte, rieuse, pour détourner l’attention, mais elle sort beaucoup plus sérieuse que prévue... Tu te détestes, et il le sait... tout comme lui doit probablement se détester aussi...

My best rival

Qu'est-ce que tu es soulagé quand il dit qu'il n'avait pas l'intention de le jeter ! Tu avais besoin de savoir qu'il garderait quelque chose de toi, parce que bientôt l'université est finie, bientôt vous ne vous verrez plus. Tu soupires, te passe une main dans les cheveux - mais en prenant garde à les aplatir plutôt que les rendre fou, comme ceux de Taiyo parce que tu as trop l'habitude d'avoir l'air parfait sur toi - et tu hésites à lui répondre. T'as transmis ce que tu voulais dire une fois, tu ne vas pas te répéter, déjà parce que t'aurais l'air idiot à insister et ensuite, parce que t'as remarqué que Taiyo n'aime pas être pris pour un con - qui aime ? - mais en te répétant, il penserait sûrement que tu le juges bête à ne pas avoir compris la première fois alors qu'en réalité, tu t'es juste mal exprimé.

Tu ne le remercies donc pas une fois de plus, tu ne dis plus rien à propos du costume, mais t'es surpris par ses mots. Il veut rester en ta compagnie ? Malgré toi, t'écarquille les yeux. De surprise, de joie peut être un peu.

« Tu veux faire quoi ? Aller danser ? »

T'as sourit, malgré toi, en songeant à cette idée pourrie, le voir danser dans ce costume orienterait tes pensées d'une manière ... un peu trop dangereuse pour toi. Pitié qu'il dise non en riant, pitié qu'il n'avait pas ça en tête ! Mais avant que tu ne puisses approfondir le sujet, il reprend et cette fois-ci, les idées changent de cap. Parler de ton père coupe toujours court à tout. Tu ne sais pas vraiment si tu lui en es reconnaissant. Le déni était bien plus doux.

Ses deux questions te tournent dans l'esprit un instant, à un autre moment, t'aurais pu rire de ses derniers mots, comme si c'était un compliment de sa part, mais c'est encore trop frais et trop douloureux alors tu choisis d'être sérieux.

« J'ai jamais pu lui exploser à la gueule, » avoues-tu d'une petite voix « j'ai grandi dans son ombre, j'ai appris à gérer ça depuis que j'suis un gamin. »

En réalité, c'est Cheng qui prenait tout pour te protéger, c'est aussi que t'as pas les couilles de perdre son soutien, que t'as besoin de ton assise financière pour être tranquille, que tu ne peux pas t'opposer à lui sans perdre ton niveau de vie ? T'es qu'un lâche en réalité et ... ce soir, tu te le prends de pleine face. Tu détournes violemment le regard et fait un pas en arrière. La bile te remonte à la gorge, t'as honte de toi. Tu ne regardes pas Taiyo et tant pis si ensuite tu ne récoltes que son mépris, tu lui dis la vérité, parce que tu lui as déjà trop menti.

« Taiyo, j'ai pas ton courage, j'arriverai jamais à m'y opposer sans perdre tout ce que j'ai. »

Les yeux planté sur tes chaussures, les mains qui se tortillent, le souffle court, tu te dégouttes, parce que tu te rends compte que t'as tout imaginé, parce qu'évidemment qu'il ne voudra plus jamais traîné avec toi ensuite, parce que même si t'es moins con que ton père, tu fais partie d'une espèce hypocrite encore pire à ses yeux. Au moins, ton père assume ce qu'il est. Toi, t'es juste lâche. Le coeur battant furieusement contre ton poitrine, tu cherches une parade pour fuir avant qu'il ne te crache dessus, mais t'es paralysée par l'attente de son jugement.

My best rival  

Taiyo, 18 ans, en première à l’université        

A ta remarque sur le fait de ne pas vouloir rentrer, Jin sort une vanne qui t’arrache un bref sourire malgré toi. Non, tu ne veux pas danser... En fait, tu ne sais pas trop ce que tu veux... Juste que tu ne veux pas rejoindre ton lit maintenant...

Tu enchaines alors sur le sujet de son père, et ton capitaine s’assombri. Il reprend son sérieux pour répondre d’une voix qui ne lui est pas habituelle. Tu le fixes un instant, mais il détourne les yeux et reprend. Il revient avec ton soi-disant courage, et tu te retiens de soupirer en détournant à ton tour les yeux pour fixer un point au loin. Tu es trop las pour lui répéter une fois de plus que tu n’es pas courageux... C’est de la survie, pas du courage... Tu n’avais rien à perdre à part la vie... Lui, sa situation est tout autre...Sa vie n’est pas vraiment en danger, mais il peut perdre tout le reste... Son père est assez puissant pour détruire la vie de quelqu’un en bougeant à peine le petit doigt, ça tu l’as bien compris... Et ce type de bataille est bien plus complexe à mener qu’un combat physique...

Tu forces quelques profondes inspirations et puis fini par reprendre.

« J’ai besoin d’un verre... On devrait bien trouver une soirée encore en cours ou quoi...  »

Tu ne réagis pas à ses paroles car tu n’as rien à répondre... En d’autres temps, tu l’aurais jugé, tu lui aurais répondu de façon cinglante en le traitant de pauvre petit riche. Tu lui aurais renvoyé ses paroles en pleine face à coup de sarcasme et de punch line biens trempés. Mais ça, c’était un autre temps... Ce soir, tu n’as pa envie de le clasher. Tu n’as pas de raison de le faire non plus... Tu es fatigué, vidé, dégouté... Et, surtout, tu ne l’as probablement jamais aussi bien compris qu’en cet instant...

« On boira à nos chers géniteurs... »

Là, le sarcasme est bien présent. Tu te retournes vers lui avec un sourire en coin. Pas de batail cette fois, tu as tout donné pour survivre à ce diné...

My best rival

Alors que tu te noies dans la honte de toi même, tu entends le soupir de Taiyo et instinctivement tu te baisses pour parer le coup, qui va venir. Oh pas physiquement, mais verbalement, Taiyo ne t'a jamais épargné et si tu n'as pas souvent hésiter à lui rendre la monnaie de sa pièce, aujourd'hui tu sais combien ses mots sont précis et juste, combien il t'atteint là où ça fait le plus mal.

Et pourtant, il ne dit rien. Tu écarquilles les yeux et le regarde, avec un air sûrement bien trop idiot sur le visage. Il veut aller boire, en ta compagnie. Tu ne le comprendras jamais en fin de compte. Alors tu ris, parce que la tension te quitte enfin, parce que tu te sens mieux, parce que ce fichu dîner est terminé, parce que tu peux respirer à nouveau.

« Yep, les étudiants de dernière année en lettre avaient un gros partiel aujourd'hui, donc j'imagine qu'ils doivent faire la fête et qu'on pourra passer ni vus ni connus. »

Vu que t'es en dernière année et capitaine de l'équipe de rugby, t'as accès à toutes les soirées sans problème, et puis c'est ton devoir de toujours savoir où sont tes coéquipiers, juste au cas où il faille les couvrir. Sohei est sûrement présent à cette soirée et ça ne lui ferait pas de mal de voir que tu vérifies qu'il ne fait pas de connerie. Ah que de mensonges, c'est bien toi qui en fait le plus dans cette école.

« C'est parti pour la fête du siècle ! »

Et, après un clin d'oeil pour Taiyo, tu pars en courant. Vous avez toujours vos costumes sur mesure, vous ne pourrez pas courir au maximum de vos capacités, de toute manière tu as bien trop mangé pour ça... Mais ça ne fait rien, une petite course au trot, tous les deux, c'est ce qu'il te faut. Avec le temps, tu as commencé à apprécier ces moments : quand vous êtes côtes à côtes en silence. Ils sont si rares.

Un peu avant d'arriver au niveau de la porte d'entrée, tu t'arrêtes pour faire face a Taiyo. Tu vérifies dans son regard que c'est bel et bien ce qu'il veut, puis tu pénètres dans la demeure par le jardin. Un couple est en train de se pécho, un mec vomit dans un par terre de fleurs et la moitié des étudiants sont trop bourrés pour remarquer votre présence. Pourtant, tu remarques le regard de quelques filles qui s'arrêtent sur vos corps. Et si, pour toi même, tu es habitué leur coup d'oeil, tu es étonné de ce que tu ressens quand tu vois que c'est Taiyo qu'elles matent. Depuis le temps, elles te savent innacessible. Tu entraînés Taiyo a l'écart.

« A nos connards de pères ! » t'exclames-tu une fois que vous avez trouvé des verres.

My best rival  

Taiyo, 18 ans, en première à l’université        

Jin semble surpris par... ton absence de réaction.Tu as envie de lui répliquer de ne pas se faire d’illusions, que vous êtes encore loin d’être potes, mais tu te tais... parce que tu n’ai plus certains que ces paroles soient encore vraies...

Tu ne dirais pas avoir totalement compris Jin mais, après avoir passé cette soirée en compagnie de son père, tu as l’impression d’un peu mieux le comprendre tout de même... Ses actions... sa façon d’être... Comme toi, il est sur le qui-vive en permanence... juste pour d’autres raisons... et d’une autre façon...

Le capitaine rit et approuve ton idée d’aller boire un verre. Tu lui rends un sourire reconnaissant. Jin semble désormais enthousiaste. Après un clin d’œil, il part au petit trot pour vous guider vers la fête. Tu le suis, toujours mal à l’aise dans ton costume mais profitant malgré tout de ces petites foulées à la fois digestives et calmantes.  

Vous ne vous arrêté qu’une fois arriver devant la maison universitaire où se déroule la soirée. Vous échangé un bref regard puis vous invités à la fête. L’heure étant déjà bien avancée, c’est la débauche totale. Cela vous permet de passer relativement inaperçu. Relativement seulement, car vos tenues attirent tout de même quelques regards. Un costume sur mesure avec veste ouverte, cravate desserrée et le haut de la chemise déboutonné, les cheveux en batailles, ça doit faire son petit effet...  

Tu t’efforce pourtant d’ignorer les demoiselles qui glousses sur votre passage et suis Jin sans un mots. Vous trouvez ce pour quoi vous êtes là, et le capitaine trinque.

« A nos connards de pères ! »

Tu réponds avec force et affonne ton verre sans tarder.

« Bordel ça fait du bien ! T’imagines pas à quel point j’ai eu du mal à rester à l‘eau toute la soirée... »

Tu attrapes une bouteille au hasard et resserre vos deux verres. Tu balayes les lieux du regard : plusieurs personnes se déhanchent sur une musique rythmée, certains jouent à des jeux à boire, d’autres se bécotent dans les coins. Une pure fête étudiante. Tu souris, enfin plus détendu.

« En voilà un qui passe une bonne soirée. »

Tu pointe Sohei d’un coup de menton dans sa direction. Votre coéquipier se trouve en bonne compagnie dans un divan, et ils ont passé le stade de la discute depuis un bon moment apparemment.

Tu ramènes ton attention sur Jin tout en enlevant ta veste.

« C'est normal d’avoir aussi chaud là-dedans ? »

Tu as repéré une piscine dans le jardin, le genre semi-permanant. Si tu n’étais pas en costard, tu n’aurais surement pas hésité à te jeter dedans...

Tu vide ton deuxième verre et te resserre. Tu n’as pas spécialement envie de te saouler, tu veux juste... relâcher la pression une bonne fois pour toute...

My best rival

L'éclat de rire franchit tes lèvres avec naturel, comme si avec Taiyo vous avez toujours été potes et que l'humour c'est bien ce que vous partagez. Et même si c'est loin d'être le cas, tu es surpris de la facilité avec laquelle tu t'es épris de lui - en amitié, évidemment, qu'allez vous penser ?

« C'était pas mieux de boire, j'te l'dis. » Léger soupir. « Fallait faire gaffe à ne pas trop abuser, tu m'connais quand j'ai bu » Le coup de poing, le premier - le dernier aussi -, celui qu'il regrette encore aujourd'hui. « Alors j'ai à peine tremper mes lèvres, donc j'en ai tout aussi besoin que toi. » Faux, c'est Taiyo qui a tout porté sur ses frêles - ah ah mais non, elles ne sont pas du tout frêles ses - épaules ! Toi, tu as à peine subit quelques remarques, rien de pire que d'habitude, même, puisqu'il y avait quelqu'un d'autre pour faire la conversation avec ton paternel, tu t'en es plutôt bien sorti.

Tu souris quand il indique votre coéquipier d'un signe de tête, en effet, il passe une bonne soirée.

« Tant qu'il finit pas à poil à faire l'hélicobite, j'suis sauvé. »

Ce n'est arrivé qu'une fois, mais cette anecdote demeure comme un traumatisme pour la plupart des gars, en réalité, il n'était pas le seul à le faire, mais vous savez pas pourquoi, c'est que son nom à lui qui ressort pour cette histoire. Tu souris tendrement, en fait, malgré tout ton côté dur, tu les aimes vraiment tes coéquipiers, vous faites parti de la même équipe depuis si longtemps pour certain ! C'est bien la seule partie de la fac qui va te manquer l'an prochain.

Soudain, tu vois son regard, tu entends sa remarque et tu souris.

« Viens » Et tu montes aussi sec dans les étages. Tu ouvres la première chambre, elle est en bazar, mais le placard semble assez grand. Tu évites les tas de fringue par terre et murmure un « parfait » en voyant les cintres vides. Puis tu enlèves ta veste et ta chemise sans rien dire. C'est à cet instant que tu penses à ce que Taiyo peut penser et t'éclate de rire.

« Tu croyais quand même pas que j'allais salir, abîmer ou laisser traîner ma veste n'importe où ? On va les ranger bien sagement dans ce misérable dressing avant de les emmener au pressing demain. Mais d'abord, » et là, t'enlèves tes chaussures, tes chaussettes et ton pantalon « on va sauter dans la piscine. » Tu ouvres quelques tiroirs, espérant trouver un maillot de bain, mais ... le rangement de cette personne te laisse... perplexe dirions-nous. T'es pas un maniaque de l'ordre, mais qui met ses chaussettes propres au milieu de ses tee-shirt sales ?

En caleçon devant Taiyo, tu n'as pas la moindre gêne, tu espères même surprendre son regard te détailler, mais ce spectacle n'est pas nouveau pour lui, combien de temps avez-vous passé dans les vestiaires. « Franchement, » tu te retournes vers lui et fais mine de réfléchir « j'pense qu'on attirera autant les regards en calbut qu'en costard, limite c'est moins choquant presque à poil. Tu viens ? » Et, parce que t'es un gars HYPER sympa et pas du tout malsain, tu t'éloignes du dressing et te retournes. Après, s'il est gêné de se changer devant toi - pour quelle raison ? - tu le verras en caleçon quand même pour plonger. Sauf s'il n'ose pas. Mince. « Alors, t'es cap ou pas ? » Un pari, un objectif, là, il est obligé de mordre à l'hameçon.

My best rival  

Taiyo, 18 ans, en première à l’université        

A ta remarque sur le fait d’avoir passé le souper à l’eau, Jin te répond que boire n’était pas mieux car il devait se contrôler. Tu laisses échapper un petit sourire crispé en te rappelant la soirée à laquelle il fait allusion.  

« Ouai... j’suis pas vraiment mieux, en soi... »

Tu peux être très con sous l’emprise de l’alcool...

Mais là, tout de suite, tu t’en fous complètement. Tu as besoin de noyer le rôle que tu as dû tenir durant le repas. Et si tu termines saoul à faire l’hélicobite (pour rebondir sur les paroles de ton capitaine), tant pis...

Tu ris d’ailleurs à la remarque de Jin concernant votre collègue de rugby.  

« Honnêtement, je suis content de ne pas avoir assisté à ça.... »

Au moment où tu enlèves ta veste en faisant remarquer la chaleur, Jin t’indique de le suivre. Interloqué, tu vide ton troisième verre et lui emboite le pas. Mais arrivé dans la chambre, tu te fige prêt de la porte, les yeux grands ouverts.

« Euuu... »

Avant que tu ne fasses la moindre remarque, et se rendant probablement compte de la bizarrerie de la situation, Jin rit et t’explique qu’il compte bien sauvegarder vos tenues et aller piquer une tête. Aurait-il lu dans tes pensées ?

Alors que le jeune homme se retrouve en caleçon fasse à toi, tu te sens rougir et te détourne aussitôt. Tu en a pourtant déjà vu bien plus, aux vestiaires. Il n’y a jamais eu de gêne entre les gars de l’équipe. Mais là...  

Jin agis avec légèreté, s’amusant de la situation. Il fait remarquer que vous serez tout aussi plaisant à voir presque nus. Sur ce point, tu t’en fiche un peu... Par contre, le pari, lui, te fait enfin réagir. Un sourire en coin apparait alors à tes lèvres.

« Salopard. C’est mal me connaitre que de penser que c’est trop pour moi. »

L’insulte est amicale. Tu enlèves à ton tour tes vêtements, les ranges comme tu peux sur un ceintre et sors de la chambre avec un clin d’œil joueur à Jin. Tu dois vraiment êre fatigué... trois verre et l’alcool te monte déjà à la tête...

« Si quelqu’un nous a vu sortir de la chambre, ça va jaser... »

Tu lâche ça tout en attrapant un verre sur le chemin du jardin que tu vide sur le temps d’arriver à la piscine. Il n’y a actuellement personne dedans. Bien.

Tu te retournes vers Jin, le regard défiant.

« A toi l’honneur, capitaine. »

Tu regrettes que ce ne soit pas une piscine enterrée, tu l’y aurais poussé sans attendre...

La piscine:

My best rival

Evidemment qu'il ne réagit qu'à l'instant où tu lui lances le pari. Cet imbécile ferait tout pour gagner, tu as bien vite compris comment il fonctionnait. De dos à lui, devant la porte, t'attends qu'il te rejoigne pour sortir - tu vas pas aller à moitié nu dans le couloir, quand même !

« Salopard ? » reprends-tu en riant. Vous en êtes donc là, des insultes amicales et bah, si t'avais cru qu'un jour t'apprécierait qu'il te traite de la sorte ! Tu n'y aurais clairement pas cru.

Enfin, il arrive, avec un sourire et une remarque. Cette simple boutade te frappe de plein fouet, tu ne t'y attendais pas et pire, tu te sens pris en faute. Malgré toute l'évolution que tu as connu depuis que tu as accepté qui était Taiyo, tu retrouves très rapidement ton ancien-toi quand tu es sur la défensive. Voilà pourquoi tu répliques sèchement sans cesser de courir.

« N'importe quoi, tout le monde sait que je n'vis que pour Ahloy. Enfin, des rumeurs pourraient partir sur toi... à la grande limite... mais bon... qui voudrait de toi ? » Le ton est tellement dégoûté à la limite de l'insulte, parce que Jin ne veut absolument pas que quiconque, jamais, ne sache ce qu'il pense au fond de lui.

Alors, il se met à courir, espérant ne pas avoir tout gâché pendant que la bile lui monte à la gorge. Pourquoi n'a-t-il pas pu juste rire ? Evidemment que des rumeurs vont circuler, mais qu'est-ce qu'il en a à faire ? Vous arrivez devant la piscine et tu as remarqué que Taiyo a repris un verre, il commence à trop boire, il veut sûrement réellement oublier tout de cette soirée, tu ne peux pas lui en vouloir.

Tu ne dis rien, pourtant ses mots ont été plus sympa que tout ce que tu ne mérites. Tu t'en veux un peu, mais décide de continuer sur ta lancée et crâner. La piscine est hors sol, c'est dangereux et pas très profond, mais t'es incapable de ne pas faire de conneries - pourquoi Taiyo a déjà bien plus ingurgité d'alcool que toi, tu ne peux pas donc remettre la faute sur l'alcool - et tu sautes. En salto avant, après avoir pris de l'élan. Si tu te romps le cou, tant pis pour toi. Par contre, si tu fais une figure parfaite, là c'est vraiment la classe.

Dommage que tu n'aies pas le moindre autre public qu'un gars qui ne sait pas encore combien il te déteste et te méprise.

L'eau est tellement fraiche ! Et pendant un instant, tu retrouves tes esprits, tu songes à t'excuser auprès de Taiyo, mais tu ne peux pas perdre la face. Alors tu le regardes et avec un de tes sourires ravageurs, tu le provoques.

 

My best rival  

Taiyo, 18 ans, en première à l’université        

Jin réagi en riant à ton insulte, surpris malgré tout. Faut dire que généralement, tu es plutôt sérieux quand tu lui sors ce genre de gentillesse... Ça fait bizarre de le dire sur le ton de la plaisanterie amicale...  

Amicale... ça non plus tu ne te serais pas attendu à penser à Jin ainsi un jour... Faut croire que cette soirée t’as vraiment mis la tête à l’envers...

Mais il faut croire que le naturel revient toujours à la charge, car alors que tu lances une remarque sans même y faire attention, la réponse du capitaine est plutôt cinglante. Tu t’arrêtes un instant sans le regarder et prend une seconde pour lui répondre. Sauf qu’il part en courant. Tu serres les poings et le rattrape en zigzagant parmi les invités restants, dont certain.nes vous reluque sans gêne.

« Je t’retourne le compliment. Heureusement qu’Ahloy est là pour t’supporter. »  

Tu n’en dis pas plus, le dépassant l’air de rien. Le ton n’était pas mesquin ou vengeur, ce qui est presque pire... Tu sais avoir touché un point sensible, ce n’était pas voulus, mais tu n’as pas pu résister... Il t’a tendu une perche que tu n’aurais pas dû saisir... Les habitudes, tout ça...

Arrivé près de la piscine, tu lui laisse l’honneur, et voilà qu’il se jette à l’eau en un salto avant à la fois dangereux et impressionnant. Tu siffles avec admiration.  

« T'es vraiment taré comme mec... Mais c’était beau. »  

Jin te défie du regard. Malgré tes... quatre... ? Verre dans le sang, tu n’es pas encore assez saoul que pour prendre le même risque que lui. Tu grimpes donc à l’échelle et te contente de faire un salto d’en haut, ce qui est moi dangereux.

La fraicheur de l’eau te remet un peu les idées en place. L’alcool n’a pas encore eu le temps de te monter trop à la tête vu la vitesse à laquelle tu as enchainé les verres, mais clairement sans cette baignade, ça aurait probablement commencé à tourner...

Mais pour l’instant, tu sautilles dans l’eau pour te réchauffer.

« Raaaah, ça fait du bien ! »  

Tu te laisse tomber pour t’asseoir au fond de la piscine et remontes quelques secondes plus tard avec... un soutien-à-gorge à la main...

« Ok... On n'était pas les seuls sans maillots... et y a une fille qui s’balade seins nus quelques part... »  

Tu ris et jette le sous-vêtement à Jin.

« Cadeau, je suis sûr qu’il t’irait à merveille. »  

Tu ris de nouveau, le défiant clairement d’enfiler le vêtement.

« J'peux t’aider à le mettre si tu veux, des fois que t’ai pas trop l’habitude. »  

Et ça s’est clairement une punchline gratuire qui sous-entend son manque d’expérience avec les filles, alors qu’il en a très probablement beaucoup plus que toi... Mais là n’est pas la question. Eau fraiche ou pas, t’as déjà un peu trop bu... et t’en veux encore...

« Le service laisse à désirer par ici... On aurait dû prendre une bouteille avec... »

Pitoyable...

My best rival

La réplique de Taiyo fuse, comme toujours. Il sait où appuyer pour te faire mal et putain, c'est pas cool, mais tu as été le premier à agir de la sorte, tu n'as pas le droit de lui en vouloir. Pourtant, en ton for intérieur tu soupires si seulement tu savais. Personne ne connait la vérité, personne ne sait ce qui vous lie Ahloy et toi et, avec un peu de chance, personne ne saura jamais.

« Ouais, heureusement. »

Tu voulais faire genre que ça ne t'atteignait pas, mais pourtant, le ton que tu emploies est un peu rageur, il a vraiment mit le doigt là où ça blesse. Alors tu te tais et tu cours, c'est plus simple.

Quelques minutes plus tard, tu frimes - en manquant de te casser le cou - dans la piscine. Il siffle d'admiration et putain, tu t'en veux d'avoir un sourire de fierté qui se dessine sur tes lèvres... Et puis c'est quoi ces joues qui rosissent ? Tu détournes le regard pendant qu'il monte l'échelle le temps de te permettre de reprendre ton masque d'indifférence et le voilà qui saute aussi.

« J'pensais qu't'avais peur d'rien » murmures-tu pendant qu'il est sous l'eau. Tu es bien content qu'il ne t'entende pas, parce que t'es pas sûr de savoir dans quel sens tu penses ça. T'es admiratif qu'il continue à se battre pour vivre, mais parfois, lorsqu'il fait la tête brûlée tu te dis qu'il est pas loin des envies suicidaires, mais en fait... non, il veut vivre. Tu souris quand il sort la tête de l'eau.

Quand il te lance ce qu'il a pioché au fond de la piscine tu ris, puis tu ravales vite ton sourire au vu de sa remarque. Tu écarquilles les yeux.

« T'es sérieux ? T'sais qu'j'pense toujours qu't'es puceau alors ça va aller... »

C'est gratuit, méchant, mais il t'as attaqué le premier, alors tu ne peux rien faire d'autre que de te défendre. Tu secoues la tête en soupirant, c'est toi qui a commencé en réalité, à être méchant là haut quand sa remarque t'a pris de cour, mais bordel, les piques fusent depuis ce moment-là. Il va vraiment falloir que tu boives beaucoup plus pour accepter ses remarques. Tu siffles, les doigts entre tes lèvres, vers le groupe de nana pas loin. Elle relève la tête, en colère par principe, mais quand la plus grande te remarque, elle rougit et accourt.

« C'est à l'une de vous ? » demandes-tu en levant le soutien-gorge en l'air « J'l'échange contre une bouteille de ce que vous avez. »

Vu le dernier soupir de Taiyo, il en a besoin aussi. Mais pitié que personne ne vous rejoigne ici, t'as envie d'être tranquille. Quand tu vois qu'une des meuf à un pull et que l'autre frissonne, tu te dis que peut être vous êtes tranquille.

La première nana qui était venue - Sun si tu ne te trompe pas - secoue la tête, hausse les épaules puis finit par de répondre.

« On a une bouteille de gin qu'on veut bien garder et ce soutif n'est pas à nous. »

Tu lui offres une moue déçue, avec des yeux de chat Poté. Elle soupire.

« Okkk, mais tu m'en dois une Shao. »

C'est une menace ? Elle est partie dès la fin de sa réplique te chercher une bouteille, la cuisine n'est pas loin, vous êtes sauvé. Elle revient rapidement - et tu as bien pris soin de ne pas te tourner vers Taiyo - qui continue de gesticuler dans la piscine pour combattre la fraicheur - pendant ce temps - et vous tends une bouteille de jus de fruit ?

« C'est d'la vokda dedans, rassure-moi ? » minaudes-tu quand elle t'adresse un clin d'oeil. « Par cooontre, » continues-tu en levant un doigt en l'air « j'prends pas des "j't'en dois une" vague, tu me dis direct ce que tu veux Sun. »

Quand elle écarquille les yeux, tu comprends que tu t'es planté de prénom. Merde.

« C'est Ming mon prénom, du con et j'veux qu'tu portes ce soutif pendant quinze minutes. »

Dans quel putain de merdier tu t'es lancé ? Tu hausses les épaules, faire croire que ça ne t'atteins pas, feindre l'indifférence est la meilleure des attaques.

« Ok, mais sois pas jalouse si j'suis plus bonne que toi d'dans. »

Tu files la bouteille à Taiyo et tu mets - d'une main experte, ne lui en déplace - ce soutien-gorge au-dessus de tes pectoraux.

 

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université          

Tu ris en voyant la tête de Jin face à ton sous-entendu. Il te renvoie aussitôt la balle, mais tu te contentes de hausser les épaules en faisant mine que tu t’en fous.

« Y a pas d’mal à attendre la bonne personne. »  

Tu n’es pas vraiment puceau, mais tu estimes que ta seule et unique fois est loin de mériter d’être comptée...

Bien sûr, tu as eu des flirts, mais rien qui n’ai dépassé les préliminaires, et encore... Quant aux relations, elles se comptes sur les doigts d’une main tant en nombre qu’en durée... par mois...

Tu sais que tu plais, là n’est pas le problème, mais te mettre en couple ne t’a jamais vraiment intéressé (en tout cas c’est ce que tu sors lorsqu’on te pose la question...). Sauf peut-être avec Ahloy, à un moment... avant que tu ne comprennes que tu n’avais, finalement, aucune chance face à Jin...  

Tu aimes bien t’amuser, jouer, mais l’acte d’amour est une étape qui va au-delà du jeu, et tu te refuses à la franchir juste pour le fun...  

Le capitaine soupire puis interpelle un groupe de fille à l’air pas trop bourrée. Tu barbotte derrière lui alors qu’il discute avec l’une d’elle, écoutant d’une oreille distraite. Mais lorsque la fille revient avec une bouteille et relance ton défi, tu te remets sur tes pieds et t’approche du bord. Tu réceptionne alors la bouteille et observe Jin avec un sourire en coin.

« Ok. J’ai juste pas les bons arguments aux bons endroits en fait...»  

Tu ouvres la bouteille et en bois une bonne gorgée. Ta remarque fait clairement allusion aux courbes féminines qui, selon toi, ont permis à la demoiselle d’obtenir de Jin qu'il accepte le défi alors que tu venais d’échouer un rien plus tôt. Bon, tu n‘as pas tellement insisté non plus... Mais quand même.  

« Je suis au regret de te dire qu’elle reste plus bonne que toi... Désolé pour le terme... »  

Tes derniers mots s’adressent à la fille, mais tu reviens rapidement sur ton capitaine.

« Je regrette également de ne pas avoir de quoi prendre une photo. Il est pile à ta taille. »  

Sans réfléchir, tu tâtes le pectoral sous le bonnet du soutien à gorge, comme si tu sous-pesais un sein. Tu ris en buvant une nouvelle gorgée puis tend la bouteille à Jin.

« Ok Capt’aine. T’as réussi l’premier défi. A mon tour maintenant. »  

La fille observe la scène du bord de la piscine, l’air satisfaite et amusée d’avoir obtenu sa compensation pour avoir été vous chercher à boire.  

« Si tu ne trouves pas, ce s’ra à elle de le proposer... »  

Elle lève les mains pour calmer le jeu.

« Laissez-moi en dehors de vos affaires, les saoulards. Je surveillerais juste qu’il respecte le chrono. »

Pas drôle... Mais tant pis, à voir si Jin suis le mouvement ou pas...

My best rival

Sa phrase t'aurait fait rire dans un tout autre contexte, tu te serais moqué de lui allègrement, mais là, la façon dont il le dit, le fait qu'il se fiche totalement de ce que tu peux penser, ça te fait un choc, parce que tu comprends qu'il a raison, que toi, t'as jamais pris ça au sérieux, contrairement à lui. Alors tu ne dis rien, tu ne te retournes même pas pour le regard et tu continues ta course vers la piscine, c'est sûrement une fuite, mais c'est plus simple.

Dans l'eau, tu manques de t'étouffer à sa réplique. Tu ne comprends pas pourquoi elle te touche autant, pourquoi il dit ça d'ailleurs, il ne t'a pas vraiment proposé de le mettre tout à l'heure, il se foutait de ta gueule, non ? T'as raison, t'en es sûr. Tu hausses un sourcil.

« T'es sérieux là ? Tu voulais juste caser ta réplique à deux balles. »

Tu ricanes, mais sûrement parce que t'es gêné, parce que si jamais t'es honnête avec toi-même... non. C'est trop tôt pour finir cette pensée, t'es pas encore assez honnête avec toi-même. Tu souris pour cacher ton trouble et tu perds vite ton sourire à sa réplique suivante.

« Euh pardon ? »

T'as essayé de reproduire ton ton menaçant, celui que tu offrais au nouvelles recrues dans l'équipe pour les mettre au travail plus vite, sauf que t'explose de rire quand il pose ses putains de main sur tes putains de pectoraux. Il fait quoi là ? Tu ris en reculant, encore une fois, parce que tu ne sais pas ce qui lui a pris, pourquoi il agit comme ça. Vous êtes amis ou pas ? Il t'a toujours pas dit qu'il n'avait plus peur de toi, il ne t'a toujours pas reconnu comme un ami. Il te hait sûrement encore à cause de ton père. Tu recules pour te protéger, parce que bon sang, toi t'as envie d'être son ami. Mais tu ne le seras jamais.

Tu lèves les yeux au ciel quand Ming réagit et tu comprends que t'a raté une discussion, merde. Pourtant, vu son regard et la réponse de la meuf, tu comprends à peu près de quoi il s'agissait.

Les première idées d'un défi te traversent la tête et tu les éloignes vite fait, ça ne doit pas être en rapport avec le moindre textile, vous n'en avez déjà plus assez sur vous. Puis c'était l'idée de Ming là, faut que tu vois un peu ce qu'il propose pour lancer quelque chose du même acabit... mais t'es le premier à jouer. Merde, tu détestes cette situation.

Pour réfléchir tu tends le bras.

« D'abord je bois. »

C'est vraiment ta pire idée de la soirée, si tu continues, tu risques vraiment de faire une connerie plus grosse que toi. Et puis, vous êtes pas nombreux dans la piscine là, vous avez pas accès au moindre matériel. Soit c'est verbal, soit c'est genre une acrobatie dans l'eau et bof, vous avez déjà sautés en salto.

Un instant, t'hésites avec une connerie de pique genre vu qu't'as l'air d'aimer les rumeurs, vas-y gémit comme si t'avais un orgasme, mais il est sûrement trop tôt pour ça.

« L'alphabet en rotant ? »

Putain, t'as vraiment paniqué et rien trouvé de mieux.

 

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université          

La réplique du capitaine face à ta remarque sur les arguments te fait sourire.

« Mouai... on va dire ça. »  

Tu es sûr de toi. Tu ne peux pas rivaliser face à une femme. Non pas que tu le veuille non plus... et encore moins ici.

Lorsque tu lui fais remarquer que la fille reste plus bonne que lui en sous-vêtements féminins, il tente de prendre son air de capitaine mais ne tient pas longtemps. Il rit, et tu ris avec lui. Tu ne notes pas son recule, ni sa gêne. Tu es déjà trop embrumé pour ça. Tu bois à nouveau, mais Jin tend le bras pour prendre la bouteille avant de proposer son défi. La fille et toi le regarder avec stupeur.

« Sérieusement ? »

Tu pouffes de rire alors que la fille le regarde comme si c’était une mauvaise blague. Pas inspiré pour un balle le capitaine, on ne peut pas dire que ce soit habituel...

Te marrant comme un gamin, tu reprends la bouteille des mains de Jin, bois une longue gorgée, te prépares une seconde puis commence à réciter l’alphabet en rotant. Mais après à peine quatre ou cinq lettres tu éclates de rire.

« Bordel c’est n’importe quoi...»  

La fille vous regarde avec un air légèrement dégouté.

« Très classe... »

Tu prends quelques inspirations profondes pour tenter de calmer ton rire et te tourne vers la fille qui, si elle n’avait pas un défi en cours, serait surement déjà partie en courant.

« Sachez très chère que Jin ici présent est un gentleman... avec les dames. »  

Oui parce qu’avec les mecs il peut être un vrai connard...  

Tu bois trop vite, la tête te tournes déjà. L’alcool de désinhibe. Tu sembles hyperactif alors que ton esprit se vide. Tu n’es plus certains d’être conscient de tes actes ou de tes paroles...

Tu n’as pourtant pas encore bu tellement... et pourtant...

« Défi double ! Celui qui r’tiens l’plus longtemps sa respiration sous l’eau. »  

Tu n’as plus vraiment de fil dans tes pensées qui partent dans tous les sens. A quel moment as-tu décidé de t’abandonner ainsi en présence de... Jin ?

Pas sûr que cela t’importe pour le coup, trop concentré sur ton nouveau défi à la con.

« Mam’zelle, tu fais l’arbitre ? »  

Tu devrais peut-être sortir de la piscine au lieu de risquer de te noyer en faisant une apnée en étant bourré...

My best rival

Vu son regard, lui aussi a trouvé ta proposition d'alphabet en rotant ridicule, mais il y va quand même. Juste pour toi et tes beaux yeux. Ah ah, si seulement. Ming semble s'ennuyer et vous le fait remarquer avec son air pincé, mais en vrai, t'es certain qu'elle est contente de l'attention que vous lui portez. Enfin, tu crois, tu ne sais pas, tu t'en fiches un peu.

La prochaine idée de Taiyo te fait écarquiller les yeux. Il est raide bourré, c'est pas possible. Retenir sa respiration c'est un jeu débile et dangereux et combattif comme il l'est, il ne risque pas d'abandonner très vite. Pourtant, toi aussi t'as envie de gagner, toi aussi t'es joueur et toi aussi ça te fait plaisir ce temps décontracté. T'en avais besoin après le dîner catastrophique. Tu songes au sourire actuel de Taiyo et tu te rends compte que t'es capable de faire les pires conneries pour qu'il reste sur ses lèvres plutôt que de ressentir la peine, la haine, la colère et toutes les émotions qui l'ont traversé en sortant de la voiture du chauffeur de ton père. Alors tu souris.

« Deal »

Ming sourit maintenant, elle a hâte de vous voir vous noyer ou quoi ? Elle fait le décompte et au top, vous plongez tous les deux sous l'eau. T'as toujours été à l'aise dans l'eau, t'avais la chance d'avoir deux piscines chez toi. Une petite, d'intérieur, chauffée l'hiver et une grande, d'extérieur. Tu y passais beaucoup de temps enfant. Enfin, en évitant les moments où ton Père faisait ses longueurs et les soirées détentes de ta mère et ses amies. Le reste du temps, elle n'était que pour toi et Cheng.

Sitôt sous l'eau, tu ouvres les yeux. Tu sais que c'est idiot, que tu ne verras pas grand chose et que le clore défonce la rétine, mais tu veux voir Taiyo. Il a gardé ses yeux fermés lui. Tu l'observes dans la semi-obscurité. Heureusement que les lumières extérieures sont puissantes, c'est pas la lune qui t'éclairerais.

Tu ne comptes pas les secondes, c'est l'apanage de Ming ça. Toi, tu regardes et tu espères gagner face à Taiyo, soudain tu vois de l'air remonter et ses narines bouger. Tu paniques instantanément. Tu accours vers lui, en deux brasses prêt à le remonter à la surface, mais dans la panique tu avales une goulée d'eau. Tu t'étouffes en vous remontant tous les deux, tu paniques. Il a bu la tasse ? Tu tousses. Tu gesticules et t'es pas sûr de ce qu'il faut faire. Le bouche à bouche n'est pas envisageable. Pour une multitude de raison.

Vous n'êtes pas sur une surface plane, tu ne peux pas l'allonger pour lui faire recracher l'eau. Tu sais pas quoi faire alors tu cries.

« Putain Taiyo ! »

T'espère presque qu'il te fait une blague, parce que là, t'es à deux seconde de poser tes lèvres sur les siennes et lui insuffler de l'air.

   

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université          

Jin accepte le défi et tu souris de plus belle. La fille, dont tu n’as pas saisi le nom quand elle l’a rappelé au capitaine, lance le top et vous voilà tous les deux sous l’eau. Tu ne comptes pas, garde les yeux fermés, concentré sur ton apnée. Sauf que tu bascules... Sans t’en rendre compte, ton corps, habitué aux apnées de stress, se met en mode de défense à force de manquer d’air et... tu t’évanoui...  

Pendant un instant, ou des heures, difficile à dire, tu flottes dans une douce obscurité. Ce sont les lèvres chaudes de Jin sur les tiennes qui te ramène à toi. Tu rouvre alors aussitôt les yeux, te recule vivement en toussant et en te débattant pour t’accrocher au bord. Qu’est-ce qui vient de se passer ?!

Paniqué, tu n’assimiles pas tout de suite ce que Jin vient de faire. Ton cerveau est trop concentré sur la prise d’air et sur le fait de comprendre la situation. Le coup de stress t’a un peu fait redescendre, mais tu n’arrives quand même pas à réaliser à quel point tu as été con. C’était à prévoir, tu te connais pourtant... Tu sais comment tu réagi en situation de... danger... Car c’est ainsi que ton cerveau a analysé la situation : danger. Il s’est mis en mode veille pour éviter le danger... et tu as failli te noyer à cause de ça...

Reprenant ton souffle sous le regard apeuré de la fille en face de toi, tu tournes les yeux vers Jin.

« Merde... »

Tu laisses échapper un rire nerveux alors que la tension est à son comble, et tu tente de rassembler tes idées. Ton sourire crispé se fige alors que les informations commencent enfin à prendre forme dans ton esprit.  

« Ok... J’ai rêvé c’qui vient d’se passer ouuu... »

Ou Jin t’a embrassé ?! Qu’il ne vienne pas dire que c’était du bouche-à-bouche, il n’insufflait clairement pas d’air dans tes poumons...  

D’un geste vif, tu arraches la bouteille des mains de la fille qui sursaute face à ton mouvement brusque et affonne se qui reste. Tu ne devrais plus boire, tu ne sais pas pourquoi tu fais ça... ou plutôt si, tu sais... Tu te puni... Tu es tellement dégouté de la façon dont tu as dû agir ce soir que tu cherches à te faire du mal pour compenser... Et tu ne veux pas que Jin t’en empêche, aussi tu reprends avec un grand sourire, comme si de rien n’était, te dirigeant vers l’échelle pour sortir de l’eau.

« On va p’t-être éviter plus de conneries dans la piscine... Mais on va pas laisser ce petit... incident... gâcher la soirée ! »

Tu manques de t’étaler en sortant de la piscine et éclate à nouveau de rire.

« Aller cap’taine, tu dois bien avoir un jeu à proposer. »

La fille continue de te fixer, comme si elle hésitait à appeler les flics ou une ambulance, n’importe quoi qui pourrais t’arrêter... Sauf que tu ne veux pas t’arrêter. Tu as toujours été raisonnable, même en étant bourré. Tu as toujours fait en sorte de rester bien cacher derrière ta muraille, allant même jusqu’à t’éloigner de tes amis pour éviter qu’ils ne voient tes faiblesses. Mais ce soir, tes barrières tombent...

« Y aurait pas de la beuh ou un truc du genre dans l’coin ? »

Tu ne poses pas la question à quelqu’un en particulier, tu la lances juste à la cantonade. Heureusement que la soirée est suffisamment avancée que pour que les gens qui restent ne soient plus très clean eux non plus...

My best rival

Il ne réagit pas, genre vraiment pas, ce n'est pas une blague de sa part. Et toi, t'es là, tu sais pas quoi faire. Vous êtes dans l'eau, tu ne peux pas l'appuyer sur terre pour lui faire recracher l'eau qu'il a potentiellement aspiré. Tu ne regardes pas Ming un seul instant, tu ne penses même plus à elle, seul Taiyo compte. Et il est là, inconscient. Si tu ne le tenais pas, il tomberait au fond de la piscine, bordel de merde. T'as totalement dégrisé, c'est la panique qui t'envahi alors tu fais la seule chose possible.

Tu t'approches pour souffle de l'air dans ses poumons.

Sauf que tu ne comprends pas ce qui t'arrive, tu n'as pas la moindre explication, mais quand tes lèvres ne sont plus qu'à un millimètre des siennes, tu l'embrasses. Et à cet instant, tu sais que tu vas être obsédé par ses lèvres pendant au moins un an.

Quand il parle, qu'il recule, qu'il hurle même, tu restes impassible, t'es dans une sorte de transe. Tout coule sur toi. Tu viens d'embrasser Taiyo. Ton pire ennemi. Le mec amoureux de ta meuf. Le mec que tu détestes. Détestais pour être honnête. Tu viens d'embrasser un homme. Et pas n'importe lequel, ce garçon qui t'en fait voir de toutes les couleurs, cet homme qui porte si bien les costumes que t'en a été jaloux, ce joueur de rugby exceptionnel qui va te remplacer au rôle de capitaine. Ce mec qui t'a retourné le cerveau.

Taiyo agit bizarrement, et c'est tout à fait normal, toi même tu n'as pas vraiment compris comment les éléments se sont déclenchés pour terminer là.

« Bordel Taiyo, t'as déjà essayé de faire du bouche à bouche à quelqu'un DANS une piscine que tu retiens pas tes mains pour éviter qu'il ne coule. ET BORDEL DE MERDE pourquoi tu t'es EVANOUI SOUS L'EAU !? Tu sais que tu fais des trucs comme ça ? ça t'es déjà arrivé ? T'as même pas l'air CHOQUE ! Putain, j'ai eu PEUR espèce d'imbécile de mes deux »

Il attrape la bouteille des mains de Ming, aussi choquée que toi. A moins qu'elle ne soit choqué par tes mots. Ou par ce qu'il s'est passé. Merde, merde. Il fait sombre non ? Y a deux minutes tu vantais la qualité de l'éclairage qui te permettait de voir sous l'eau, bien sûr que tout le monde a pu vous voir. Merde. Putain.

Soudain t'es tout seul dans la piscine, le temps passe à une vitesse différente pour vous deux, ça n'a vraiment plus le sens. Tu hyperventiles. Ming se penche au dessus de l'eau.

« ça fait quinze minutes au fait »

Pendant un instant tu vois tes mains lui enserrer la gorge, t'as envie de la tuer. Tu ne comprends pas cette pulsion. Puis tu saisis, t'es en panique totale. Tu te retournes, lui jettes un regard noir. Tu ne sais pas ce qu'elle comprend, tu ne sais pas ce qu'elle a vu, ce qu'elle a saisi, tu sais juste que si elle parle... mais Ming n'est pas méchante, elle hausse les épaules, elle s'éloigne. Et pour toi, c'est pire, tu ne sais pas à quelle sauce tu vas être mangé.

Les rumeurs peuvent aller très vite. Et t'as aucune envie de voir la moindre rumeur. Ton coeur bat à toute vitesse et Taiyo te provoque encore. C'est peut être lui que tu vas assassiner. Lui et ses lèvres si douce... merde.

Tu sors de la piscine - plus gracieusement que ce que Taiyo bourré vient de faire - et tu le regardes s'approcher d'un groupe qui lui fait signe. Quelqu'un lui tend un joint. Mais il est pas possible. T'as le temps de rien faire qu'il l'attrape, bordel, il peut pas se protéger et se surveiller tout seul, faut que tu sois là. Tu sais très bien que tu ne vas plus boire la moindre goutte d'alcool de la soirée, tu vas veiller sur cet imbécile, au moins pour t'assurer qu'il ne fasse rien de dangereux. Tu le détestes. Non, c'est faux, c'est toi que tu détestes. Qu'est-ce qu'il t'a pris ????

Trois pas te sépare du groupe, tu attrapes Taiyo par les épaules.

« Allez, c'est bon t'as fini tes conneries ? Viens-là. »

Sur le rebord d'un transat t'a trouvé une serviette, tu enroules l'imbécile dedans et tu le forces à s'allonger sur le transat.

« Je vais chercher un jeu de carte ok ? Tu bouges pas ! »

Ton regard est noir, ton doigt est pointé vers lui, tu espères que ta posture lui fait peur et que dans son état d'esprit complètement grisé d'alcool il va t'écouter parce que ... bah parce que son esprit ne fonctionne pas comme d'habitude. Car jamais il ne t'aurait écouté en temps normal. T'as peur de le laisser là, mais faut vraiment que tu t'éloignes, parce que sinon tu vas devenir fou.

En courant, tu montes les escaliers, tu trouves une salle de bain et tu te douches, putain juste pour relâcher la pression et ça te fait un bien fou. Tu t'interdis de rester trop longtemps, mais il faut absolument que tu te calmes parce que sinon tu vas péter des trucs. Une fois sorti de la douche, tu captes que tu n'as qu'une serviette, merde, va falloir traverser le couloir pour te rhabiller. Super. Personne en vue, c'est au moins ça. Tu remets ton pantalon de costard - sans caleçon, mais tant pis - et ta chemise. Pour l'instant, tu laisses la vestes. Pied nu, tu redescends en chipant un jeu de carte abandonné sur la table basse du salon.

Le soulagement que tu ressens quand il est toujours en vue, allongé sur son transat, enroulé dans la serviette te fait du bien. « Tu connais le jeu intérieur extérieur ? » demandes-tu en sortant deux cartes et en vérifiant la bouteille. « T'inquiète, tu vas boire. » Même s'il connait pas, tu t'en fiches, il faut juste détourner son attention.

   

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université          

Jin s’énerve. C’est normal... Tu viens un peu de lui mettre un coup de stress là...

Il essaie de justifier le baiser, te demande si tu es au courant que tu peux avoir ce genre de... réaction... Tu hausses les épaules, t’efforçant de rester impassible face à la colère justifiée du capitaine.

« Ca m’était jamais arrivé sous l’eau... »

Voilà tout ce que tu réponds avant de boire. Faut dire aussi que tu n’avais jamais pris ce risque avant, justement à cause de ça...

Tu sors sans plus faire attention à la fille et en pensant que Jin va te suivre. Tu ne remarques pas sa panique. Tu ne l’aurais de toute façon pas comprise. Si c’est à cause du baisé, tu es pour ta part déjà passé à autre chose. Ou plutôt tu ne veux pas creuser plus loin le pourquoi du comment... surtout pas maintenant...  

A ta question, un groupe te fait signe et un type te donne un joint. Tu le remercie d’une tape dans le dos et d’un grand sourire et tire une taffe que tu inspires profondément. Ça ne rate pas, tu tousses. Tes poumons viennent de morfler dans la piscine et tu leur impose en plus de la fumée d’un joint bien corsé. Tu ris avec les gars et sursaute lorsque Jin t’attrape par les épaules pour t’éloigner du groupe. Tu veux leur rendre le joint mais ils te font signe de la garder. Tu réponds par un pouce levé pour les remercier tout en te laisses guider jusqu’à un transat sur lequel tu te retrouves allonger. Ton capitaine t’ordonne de ne pas bouger et tu lui réponds avec un signe et un sourire vague alors que tu tires à nouveau sur le joint. La seconde bouffée passe mieux que la première.

Tu te retrouves seul, fixant le ciel sans le voir. A un moment, tu te relèves pour aller chercher à boire puis reviens t’asseoir à ta place, consumant l’herbe en profitant de ses effets. Tu n’as jamais fumé avant, si ?

Tu te rallonge. Jin fini par revenir sans que tu ne sache depuis combien de temps il est parti exactement. Il te demande si tu connais le jeu “Intérieur extérieur”. Tu le regardes avec les sourcilles fronçés.

« Non, c’est quoi ? Si on boit, ça me va.»

Tu souris et lui tend le joint dont il ne reste plus grand chose.

« T'en veux ? Ils l’ont chargé putain...»

Tu n’y connais rien pourtant, mais tu sens que ls effets sont... forts...

« Ca te détendra. »

Tiens, il s’est rhabillé...

My best rival

Il ne peut pas être sérieux n'est-ce pas ? D'abord il te répond l'air de rien, puis il fume un joint, et ensuite il boit comme un trou ? Tu sais bien que ce dîner avec ton père lui a fait du mal, mais c'est bon, tu as assez payé non ? Non, jamais, tu n'auras jamais assez payé pour ces putains de mois où tu lui en as fait subir des attaques, pour ce père qui veut l'enfoncer, pour ta connerie d'attitude trop terrifiante. Tu vas devoir te racheter et pendant des années entières. Tu mérites qu'il te haïsse. Alors tu acceptes, tu baisses la tête et tu encaisses. Tu ne peux pas l'empêcher de jouer au con, mais, et même si ça te brise de l'intérieur, tu vas veiller sur lui.

T'as besoin de fuir pourtant, de retrouver Ahloy - elle seule sait te faire voir les choses sous le bon angle - mais tu ne le feras pas. Tu resteras à ses côtés jusqu'à ce qu'il tombe enfin de sommeil.

« T'es insupportable » grognes-tu entre tes dents. Tu as envie de prendre le joint et de l'écraser sous ton pied. « J'suis un sportif, je me drogue pas. » Ta voix est plus violente que d'habitude et t'espères que ça va le faire réagir, mais en réalité, t'en sais rien. Et puis tu bois beaucoup trop d'habitude, donc t'as aucune leçon à donner, mais vu la belle frayeur qu'il t'a fait tout à l'heure... oui tu penses à tout sauf à l'instant fatidique parce que t'as trop peur de te poser les bonnes questions.

« Finis ça qu'on puisse passer à autre chose. » Mélanger l'alcool et l'herbe n'est pas une excellente chose et vu sa tête... bon au moins il va s'endormir vite. Tu sors le paquet de carte. «Tête ou pas tête ? » demandes-tu en sortant la première carte que tu laisses retournée tant qu'il n'a pas répondu. Ensuite tu réponds pour toi. Tu n'es pas très joueur, tu paries pour une carte ordinaire et tu pioches un 4 de trèfle, parfait, tu ne bois pas. « Plus ou Moins ? » Cette fois-ci encore tu attends sa réponse et te tiens prêt à lui passer le reste de l'alcool. Clairement, tu es bien parti pour ne pas boire, contrairement à lui.

« Intérieur ou Extérieur ? » Tu n'expliques pas, normalement il a compris le jeu. Puis c'est ton tour, tu ne bois toujours pas.

   

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université          

Le capitaine n’est pas ravi. Lorsque tu lui proposes le joint, il réplique avec force. Tu le fixe un instant, tout sourire disparu, le joint toujours tendu vers lui, puis fini par abaisser le bras et détourner les yeux.

« Ouai... c’est vrai que faut être parfait... »

Tu prononces ces mots en terminant par une grande bouffée. Tu en a marre d’être parfait... Tu ne l’as jamais été, ça a toujours été du cinéma, une comédie que tu as prouvé gérer d’une main de maître ce soir. Tu expires un long nuage de fumée et écrase le reste du joint dans ton poing au moment où Jin te dis de le terminer.  

« Voilà chef. On peut y aller.»

Il commence alors le jeu sans t’en expliquer les règles. Tu prends un temps pour répondre, un peu au pif : tête. Tu bois... La question suivante, tu réponds plus toujours sans trop comprendre. Tu ne bois pas pourtant, la carte est supérieure. Par contre, tu bois à la suivante : extérieur. C’était entre les deux.

« Oooh, ok, je crois que j’ai compris.»

Vous faites ainsi deux trois tours puis tu t’arrêtes soudain, fixant Jin. Une pensée de turlupine depuis un moment, et l’herbe n’a fait que renforcer la question que tu te poses. Alors, soudain, sans prévenir, tu t’avances vers ton capitaine et vient poser à ton tour tes lèvres sur les siennes. Ça ne dure qu’une seconde. Tu t’écartes presqu’aussitôt, l’air de réfléchir.

« Nop, définitivement pas du bouche-à-bouche.... »

Tu n’as pas conscience de ton geste. Jin est énervé, tu aurais dû te tenir à carreau, mais tu devais en avoir le cœur net... Maintenant que s’est fait, tu reprends le jeu comme si de rien n’était.

« Pas tête. »

Oui, tu sera déjà un peu plus concentré maintenant que tu t’es sorti ça de la tête...