Rappel du premier message :



My best rival

Taiyo, 18 ans, en première à l’université

Le temps de cours touche à sa fin. C’est le début d’après-midi, mais tu as entraînement après, l’heure n’est pas à l’étude ou au repos. Pourtant, tu irai bien piquer un somme. La veille a été… arrosée… et tu manques cruellement de sommeil. Tu as du forcer pour garder les yeux ouverts pendant tes deux cours de la journée, et tu sent que l’entraînement va être douloureux, mais tu n’as pas l’intention de le sécher pour autant. C’est grâce à ton sport qu tu as pu rentrer dans cette université, tu ne comptes pas tout gâcher à cause d’une gueule de bois.

Une sonnerie annonce la fin du cours, te sortant d’un demi-sommeil dans lequel tu commençais à t’enfoncer. Sursautant, tu rassembles tes affaires avec lenteur, te demandant si tu aurais le temps de grappiller ne serait-ce que quelques minutes de repos avant d’aller aux vestiaires. Tu sors de l’amphi en décidant que oui, mais une voix t’interpelle alors. Une voix que tu connais bien.

- Taiyo ! Tu as entraînement aujourd’hui ?

C’est Ahloy, une jeune femme deux ans plus âgée que toi, capitaine des cheerleaders. Avenante, toujours souriante mais avec une autorité digne d’un général, mignonne sur tous les points, tu as vite compris que beaucoup de gens étaient sous son charme. Tu n’échappes pas à la règle… même si tu aurai préféré. En effet, parmi les nombreux prétendants de la capitaine, le capitaine de l’équipe est particulièrement virulent… envers toi… A première vue pas a cause de Ahloy, après tout ils sortent déjà ensemble, mais du coup tu ne sais pas trop pourquoi… Le mec semble avoir tout pour lui, et pourtant il n’aura fallut que quelques semaines pour qu’une rivalité quelque peu violente s’installe entre vous.

La jeune femme apparaît devant toi, et un sourire se dessine aussitôt sur ton visage, toutes pensées négatives quittant ton esprit.

« Ahloy ! Oui, mais j’ai encore un peu de temps avant de devoir me préparer. Pour ? »

Te reposer ? Pour quoi faire ? Tu ne te sent soudain plus si fatiguer, en fin de compte.

- Un peu, c’est-à-dire ? J’aimerai présenter une nouvelle figure à l’équipe, mais j’aimerai d’abord la tester, et pour ça j’aurai besoin de muscles. J’aurai bien demandé à Jin mais il n’a pas encore terminé ses cours.

Il ne te faut pas deux secondes pour accepter. Tu dois avoir quoi… 30 minutes avant d’être vraiment en retard pour te préparer ? Et tu seras déjà sur le terrain, au pire tu ne seras juste pas en tenue… Ce qui te vaudra probablement un blâme… mais le coach t’a à la bonne, tu es sûr qu’il comprendra si tu lui expliques que c’était pour aider les cheerleaders, et donc l’équipe. Car le rugby n’est rien sans les encouragements sans failles des cheers, c’est bien connu.

- Super ! Tu me sauve. Allons-y alors. Si tout se passe bien, je pourrais présenter la choré dès demain.

Sans te faire prier, tu suis la jeune femme vers le terrain de rugby qui accueille également l’entraînement des cheers. Tu n’as aucune idée de pourquoi elle s’est adressé à toi en particulier, mais tu ne vas certainement pas lui poser la question...

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L'éclat de rire qui te secoue est tellement sincère que ça te fait du bien, oui cette soirée est définitivement meilleure que le début. Tu ne manges même pas de chocolat, gardant le premier carré qu'il t'a tendu dans la main, préférant l'observer dévorer le sien. Tu as l'impression qu'il savoure encore plus son morceau maintenant qu'il sait combien il est exceptionnel.

« La géographie c'est pas une option. T'as jamais vu ces vidéos des américains même pas capable de reconnaître leur propre pays sur une carte ? »

Il y a un monde entre ne pas connaître la Belgique et savoir où sont les États-Unis mais tout de même. Enfin le chocolat belge c'est une histoire chez toi, c'est la première fois que tu as créé du lien avec ton père. Il t'avait ramené une tablette d'un de ses voyages d'affaires, une fois, par hasard. Sauf que tu es tombé amoureux de ce chocolat et ensuite il t'en a régulièrement fait parvenir, c'était ta carotte, sa manière de te donner envie de te dépasser. Maintenance tu te les fais parvenir par tes propres moyens, mais tu ne peux t'empêcher de penser à ton père en mangeant du chocolat. Il a même détruit ça. Il est fort...

« Ahloy doit avoir encore tous ses cours et elle prend de treeees belles notes, si tu veux on pourra les bosser ensemble, à l'occasion, » proposes-tu sans réfléchir à où tu pourrais trouver ce temps, mais tu sais que tu mettrais Taiyo assez haut sur ta liste des priorités et il est hors de question qu'il foire ses partiels.

Sur ce, Taiyo va se coucher, sans se poser de question, se roulant en boule dans tes draps. Tu es stupéfaite qu'il n'hésite pas plus, il doit certainement être exténué, ou alors il dit la vérité quand il admet ne pas pouvoir prendre une décision. Tu souris, puis tu te retournes vers ton bureau. Tu refuses d'être un pervers à la Edward Cullen qui mate l'être aimé dormir.

« Han merde on est samedi, je t'ai pas rendu ton costard d'ailleurs. » Wahou ton cerveau fait vraiment des associations d'idées étranges. « Je vais prendre une douche alors, t'as raison j'ai assez bossé. » Tu t'étires en baillant. Si tu ne viens pas te coucher tout de suite c'est que tu as peut de l'empêcher de dormir. Tu serais incapable de t'endormir à côté de lui, tu aurais envie de parler, de rire, de continuer de la sorte.

Pourtant, après ta douche, quand tu te glisses sous les draps, tu t'endors tellement vite grâce à sa respiration régulière, et parce que tu es soulagé de le savoir en sécurité avec toi. Tu n'aurais vriament pas du t'en faire.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Jin se moque de toi lorsque tu demandes si la Belgique est vraiment un pays. Tu le bouscules légèrement de l’épaule en souriant.

« Eh oh, fait pas genre hein ! J’suis pas le seul à pas savoir où ça sa trouve. Par contre je sais quand même situer le continent américain, faut pas abuser. »  

Lorsque tu parles des examens, ton capitaine te propose d’emprunter les cours d’Ahloy et de les bosser ensemble. Tu secoues lentement la tête en signe de dénégation.

« Alors je suis preneur pour les cours, si elle est ok pour me les prêter, et je n’suis pas contre le fait qu’on bosse ensemble, mais tu bosseras tes propres cours. T’es en dernière année, tu peux pas te louper. »    

Puis si Ahloy accepte de te prêter ses notes, tu es sûr de t’en sortir.

Au moment d’aller dormir, Jin te fait remarquer qu’il doit toujours te rendre ton costume. Punaise, tu l’avais complètement oublié... Heureusement qu’il y a pensé pour toi, malgré votre embrouille... Tu baisses les yeux à cette pensée alors que le capitaine dit aller prendre une douche. Tu resserres la couette autour de toi en te retenant de lui demander de rester. Mais à peine a-t-il quitté la chambre que tu sombres dans un sommeil sans rêves, rassuré par son odeur et épuisé de ta dernière crise. Tu ne le sens même pas revenir et s’allonger à côté de toi. Tu dors bien pour la première fois depuis longtemps...

Le dimanche matin, tu peines à émerger. Il te faut plusieurs secondes pour te rappeler où tu es alors que tu ouvres les yeux sur le visage endormi de Jin. La nuit te revient alors en mémoire, et tu te sens rougir. Tu as l’impression d’être un gamin qui a fait un cauchemar et est venu se réfugier dans le lit de son frère... Mais il faut admettre que tu te sens reposé, et détendu... malgré la situation quelque peu gênante...

Tu te tournes sur le dos, ignorant totalement l’heure qu’il est. Ton téléphone est resté dans ta chambre, et tu ne sais pas où est celui de Jin. Tu restes une ou deux minutes à fixer le plafond avant que ta vessie ne te force à te lever. Avec mille précautions pour ne pas réveiller Jin, tu te lèves pour te rendre aux toilettes. Tu en profites pour regarder l’heure sur l’horloge du couloir : il est presque midi. Tu écarquilles les yeux et reviens rapidement dans la chambre. Tu t’assieds sur la chaise de bureau et te racle la gorge en espérant le réveiller.

« Capt’aine... Il fait faim... »  

Tu tiens cette expression de ta mère. Un mixte entre “jai faim” et “il est temps de manger”. Tu ne sais même pas combien de temps vous avez dormi exactement...

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D'un geste de l'épaule, il te touche, l'air de rien et tu souris, parce que votre relation a vraiment repris ses airs habituels et ça te rassure. « Oui, parce que tu es japonais et pas américain, et heureusement. » Tu as dit ça de la même manière que tu l'aurais dit à un enfant et tu tapotes son nez, espérant le faire rire ou l'embêter tu ne sais pas trop. En tout cas, tu te sens bien, complet avec lui ici.

Quand tu reviens de ta douche, il dort déjà, tu te cales tout près de lui sans le toucher et tu t'endors aussi rapidement qu'il l'a fait. La pression, la peur, le malaise, tout a disparu et tu as tellement de sommeil à rattraper que tu n'entends pas le moindre bruit dehors, aucune porte d'étudiant qui claque, aucun bruissement de l'autre côté du lit, aucun réveil - même si t'en a sûrement pas mis. C'est la voix de Taiyo qui te réveille et tu sursautes en te redressant d'un bon. Il est toujours là, assis sur ta chaise et te regarde. Il est resté. Tu souris et décides de le taquiner.

« Creeepy, tu me regardes dormir ? » avant d'éclater de rire.

Si tu te permets cette réaction, c'est parce que tu y avais pensé juste avant qu'il ne s'endorme, mais il est toujours là, tu te sens reposé, c'est sans le moindre doute, ta meilleure nuit depuis six mois. Avec trois doigts, tu fais le salut militaire et réponds le plus sérieusement possible.

« Si le chef a faim, il faut aller le sustenter. » Tu t'avances vers ton armoire, puis, taquin de nouveau, tu te tournes vers lui. « Faut-il s'y rendre en costume » Tu n'en finis plus d'être un imbécile, mais ça te fait du bien de pouvoir être toi-même, il n'y a qu'en privé avec Ahloy et Taiyo que tu peux te le permettre alors tu en profites un peu trop.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Jin s’adresse à toi comme un enfant, et tu chasses sa main en souriant et grognant à moitié, avec l’air d’un enfant buté.

« J’suis né ici, mais heureusement j’n’ai pas été contaminé. »  

Tu te moques gentiment. Jin n’a pas tort quand il dit que certains américains ne savent même pas retrouver l’Amérique sur une carte, ça fait peur...

Le lendemain, ton capitaine sursaute lorsque tu l’interpelles pour le réveiller. Il se rattrape avec une pique, et tu dois te mordre la langue pour ne pas répliquer du tac au tac que ce serait plutôt lui qui a dû en profiter la veille en revenant de la douche. Tu sais que ça pourrait le blesser... et/ou le gêner, si c’est vrai...

A la place, tu affiches un petit sourire narquois.

« Ouai, tu baves quand tu dors, j’trouve ça fascinant. »    

Tu ris. Malgré qu’il fût encore endormi, il t’a entendu quand tu as dit avoir faim, et il répond par un salut militaire avant de se diriger vers son armoire devant laquelle il te demande s’il faut y aller en costume. Tu grimaces.

« Pitié non, pas un dimanche matin s’te-plait...  »  

Tu te lèves et te diriges vers l’armoire à ton tour pour récupérer ton habit.

« J'vais aller me doucher et me changer. On se retrouves d’ici trente minutes devant l’entrée ? »

Tu ne peux décemment pas aller manger en pyjama, et tu as de toute façon besoin d’une douche... Tu te sens toujours sale après une crise, et tu t’en veux d’ailleurs un peu d’avoir dormi ainsi dans les draps de Jin... Mais tu n’oses pas lui proposer d’aller au lavoir pour lui, pas tout de suite du moins... peut-être plus tard dans la journée... si tant est que vous passiez le reste de la journée ensemble...

De retour dans ta chambre, ton colloque te fait une remarque sur le fait que tu ais délogé. Tu te contentes de répondre par un clin d’œil qui veut à la fois tout et rien dire, puis va te doucher. Moins de trente minutes plus tard, tu es devant le bâtiment, attendant Jin qui ne tarde pas à arriver à son tour.

« Tu veux manger quelque part en particulier ? C’est toi qui offre. »

Tu lèves le billet qu’il avait abandonné sur la table la dernière fois avec un sourire en coin. Petite vengeance, quand même... Si tu surveilles désormais tes réflexes langagiers pour éviter de le blesser, tu restes toi-même malgré tout...

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« Ah ouais ? Je pensais pas, je t'ai toujours cru que... ouais fin j'savais pas. Moi je suis chinois et mon père est venu ici pour faire fortune, ce qui a marché, mais j'ai vécu en chine d'abord. »

C'est drôle de ne pas savoir précisément des détails si importants sur vos vies. Enfin, vous n'étiez pas vraiment amis avant c'est normal de ne pas tout se dire et puis les universités américaines sont tellement un melting pot de culture. Ta seule joie d'avoir déménagé ici à tes 7 ans, c'est ta rencontre avec Ahloy, qui a changé ta vie. Cheng et toi avaient passé plusieurs étés en Chine pendant quelques années, puis vers la fin de l'adolescence, vous avez cessé d'y aller. Tu ne sais pas à quel point tu es fier de ta culture chinoise, c'est toujours compliqué d'être entre deux mondes à la fois. De n'appartenir ni vraiment à l'un, ni vraiment à l'autre. Trop américain quand tu es en Chine, trois chinois quand tu es au US. Mais tu t'es habitué et ça ne t'a pas empêché de devenir extrêmement populaire - mais ça, c'est parce que t'es un giga beau gosse... et grâce à l'argent de papa aussi.

Au réveil, vous retrouvez une conversation sereine, posée, un peu taquine et ça te fait beaucoup de bien. Tu as vraiment agi comme un idiot en l'évitant pendant une semaine, il t'avait fallu ça pour comprendre ce que tu pouvais accepter.

« Pff, rien de mieux qu'un brunch étoilé pour se ... ok ok ok. »

Tu lèves les mains comme drapeau blanc et tu ranges ton costume pour chercher des fringues plus simples. Taiyo en profite lui pour sortir sa veste et pantalon. Tu ne sais pas s'il va les remettre un jour, mais t'as hâte de voir ça.

A ses mots, tu acquiesces confirmant que trente minutes c'est parfait et tu vas te préparer. Tu ne pensais pas que ce serait si dur et que tu devrais presque courir pour être à l'heure, pourquoi est-ce si compliqué de s'habiller pour un petit déjeuner avec Taiyo ? Ce n'est pas un date, c'est juste un repas sympathique entre deux amis qui ... viennent de passer la nuit ensemble. Tu manques de t'étouffer de rire à cette idée et une meuf te regarde trop bizarrement dans le couloir, mais t'es pressé alors t'avance vite. Taiyo est là, arrivé juste avant. Tes sourcils se froncent à ses mots puis tu comprends.

« Tu avais payé en commandant ! » T'as l'impression d'être Sherlock à cet instant, t'es hyper fier. Tu capitules donc et soupires. « Parfait alors. » Tu te diriges vers la sortie de la fac, empruntant cette route que vous avez déjà pris ensemble un nombre incalculable de fois depuis le début de l'année. « On reste dans le thème des gens qui parlent français alors, allons à la Petite Boulangerie ? » Ton accent est affreux, mais malgré ton amour pour le chocolat tu ne t'es jamais motivé à parler une autre langue que le chinois et l'anglais - ce qui est déjà pas mal et bien mieux que nombre d'américain, soit dit au passage. Arrivé devant, tu entres faisant teinter la cloche et tu te rends au comptoir. Les viennoiseries ont toutes l'air excellentes. « Celle-là et ce sandiwch-là » Indiques-tu à peu près au pif. Puis tu laisses Taiyo annoncer ce qu'il veut et, armé de votre repas français, tu te cales dans l'un des canapé, pas encore pris d'assaut ce qui est fort étonnant.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Le capitaine est surpris par le fait que tu n’aies jamais vécu au Japon. Tu aurais bien voulu, même tu n’as même jamais pu y aller... Ta mère est arrivée ici quand elle était ado, elle a rencontré ton géniteur qui lui était venu pour le travail, à la base. Vous n’avez jamais eu les moyens d’y aller après ta naissance, mais ta mère à fait en sorte que tu apprennes la langue malgré tout et que tu connaisses ta famille, au moins via les réseaux sociaux, faute de pouvoir les rencontrer en vrai. Ton père, lui, ne t’as jamais parlé de sa famille...

Tu pensais que Jin était né ici aussi. Tu n’aurais jamais imaginé que son père est arrivé ici... en étant pas déjà riche...

« Ah, l’American Dream... Ca te manque, la Chine ? »  

Tu aimerais aller au Japon un jour, rencontrer tes cousins et cousines. Si tu deviens une star du rugby, peut-être que tu auras les moyens, d’ici quelques années...

Au matin, tu réussi à éviter le brunch de luxe. Lorsque tu brandis le billet sous son nez, il semble surpris. Sérieusement, il n’avait pas vu que tu avais payé ou il le fait exprès ? Vu son expression, tu doutes un peu quand même...

« J’peux encore payer deux verres oui. »    

Même si tu as laissé un putain de pourboire au passage...

Tu n’as pas pu retenir la remarque, mais tu t’efforces de sourire pour l’alléger. L’argent sera toujours un sujet tendu entre vous, tu le sens...

Jin propose de manger français, et tu ne peux t’empêcher de rire face à son accent. Tu ne parles pas français, mais tu l’as déjà entendu parler, et ça ne ressemble pas vraiment à ça... Après, tu ne te risqueras pas à essayer de prononcer le nom du lieu non plus, tu ne doutes pas que ça ne donnera pas mieux...

« Franchement, cette langue est fascinante, mais vraiment imprononçable...  »  

Entre l’anglais et le japonais, tu n’es pas aidé non plus. Tu tiques à chaque fois que tu entends un “R”...  

Il y a du monde à la boulangerie, que tu ne connais que de nom. Jin commande assez vite, mais toi tu hésites plus. Tu fini par prendre un pain au chocolat, un sandwich aux œufs et un café. Tu aurais bien pris toutes les viennoiseries...

Une fois installé, tu te frottes les mains avec intérêt.

« Ca a l’air délicieux. Bon appétit ! »

Tu mords une bonne bouchée du pain au chocolat et laisse échapper une expression de délice.

« Roh qu’ch’est bon... »

Non mais vraiment, faut qu’il arrête de te faire manger de si bonnes choses...

Tu t’obliges à ne pas avaler tout d’un coup, reprenant votre conversation de la veille entre deux bouchées pour faire durer le plaisir.

« Tu as encore de la famille en Chine ? »

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A son ton, tu sens que la question de l'argent sera toujours un peu compliquée entre vous, enfin surtout de sa part. Il n'aime sûrement pas être entretenu, toi, ça ne te dérange. Tu lèves les yeux au ciel, un peu saoulé qu'il ait mal compris ta déduction - dont tu étais très fier. « Non, c'est pas ça ! C'est juste que je t'ai pas vu le faire vu que j'étais... et bien disons, préoccupé » tu t'en veux de remettre ça sur le tapis, tu aurais du le laisser vexé c'était sûrement plus simple. « C'est juste que j'essayais de comprendre pourquoi tu n'avais pas utilisé ce billet, c'est tout, pas un reproche ! » Tu veux qu'il comprenne que tu t'en fiches de l'argent, c'est celui de ton père que tu utilises et un jour, tu sais que tu n'y auras plus droit, vu comment il a construit sa fortune sur le dos des gens et que tu as bien conscience que rien n'est jamais gratuit avec lui, tu vois le moment de césure, celui où tu oseras enfin trouver le courage de te lever contre lui. Et, pour être honnête, ce moment où tu cesseras de faire appel à lui, ce sera uniquement grâce à Taiyo. Alors, tant que tu as de l'argent, autant le dépenser. Et si tu restes dans le déni, en te disant que tu ne le regretteras pas plus tard, c'est uniquement ta faute.

Son air perplexe te fait rire, en effet, cette langue est imprononçable. Si vous saviez que dans l'autre partie du monde, c'est vos langues à vous qu'ils sont incapable de comprendre... Une fois vos mets choisis et vos fesses installées, tu le regardes découvrir. Tu ne manquerais pour rien au monde son visage plein d'étoile dans les yeux et son sourire intense. Bien sûr qu'il adore, tu passes ton temps à lui faire découvrir de la nourriture qui ravit ses papilles. « Ouais, c'est bon. » Et, rêveur, tu parles de passer du temps avec lui, de le voir s'ouvrir à toi, d'être là dans cette boulangerie, plutôt que de la bouffe en elle-même. Bien vite, tu reprends contenance et tu te mets à manger aussi.

Sa question te prend de cours, c'est vrai qu'il s'est endormi vite finalement et que vous n'aviez pas fini de parler hier soir. « Comme je te disais hier, ça me manque pas tant que ça, j'ai cessé d'y aller vers mes quinze ans, après avoir passé tous mes étés là bas, entouré de ma famille plus ou moins éloignée. On était heureux avec mon frère d'y aller au début, mais on devait aller à l'école presque tout l'été pour rattraper nos retards de langue, on passait des certifications et on restait avec nos cousins, c'était pas non plus voyages et tourisme malheureusement. Donc je connais très mal le reste du pays, juste le petit coin de là d'où vient ma mère. » Tu songes à tout ce tu pourrais faire maintenant si tu y allais, mais étrangement... t'as plus envie de découvrir le Japon. « Et toi ? Tu es déjà allé au Japon ? Tu as encore de la famille là-bas ? » Tu es curieux, tu voudrais en savoir plus maintenant que ce sujet est lancé.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Jin se justifie. Tu pinces les lèvres, pas convaincu.

« Mouai... Je n’avais pas de raison de l’utiliser... »  

Tu évites de dire que tu l’avais foutu sous ton lit avec son pull... par contre, tu n’en as réellement pas eu besoin cette semaine.  

Voulant éviter une nouvelle dispute, tu enchaine rapidement.

« Mais là il va servir, du coup. »    

Tu affiches un petit sourire narquois avant de rire.  

Une fois installé dans la boulangerie, ton capitaine confirme que c’est bon alors que tu t’extasies sur tes choix. Bon est euphémisme, dans ce cas-ci... d’autant qu’il n’a même pas encore touché à son plateau, mais tu ne le remarques même pas...

A ta question sur la Chine qui reprend la conversation de la veille, Jin te répond pour ensuite te retourner la question. Avalant déjà la dernière bouchée du pain au chocolat, tu secoues la tête négativement. Tu bois une gorgée de café de prendre la parole.

« Je n’ai jamais pu y aller non, mais je sais y avoir de la famille du côté de ma mère. Je leur ai déjà parlé via les réseaux sociaux, mais sans plus... Je parle tellement peu japonais en ce moment que j’ai peur de le perdre...  »  

Tu t’obliges à écouter de la J-pop et à regarder des anime et des drama en VO sous-titrés japonais, même si tu sais peu lire ou écrire car tu n’as jamais vraiment appris... mais le fait de mettre les sous-titres en japonais est un bon exercice malgré tout...

Tu t’attaques au sandwich, et tu ne peux retenir un “mmmmmmh” de plaisir en fermant les yeux. Sérieusement, ça va être dure de revenir à la bouffe de supermarché après ça...

Tu savoure ta bouchée puis reprend la parole afin d’éviter de dévorer tout en une minutes chrono.

« Tu as déjà voyagé où, à part la Chine du coup ? »

Tu ne lui demandes pas s’il a déjà déjà voyagé, tu te doutes que oui. Toi, l’université est l’endroit le plus éloigné de chez toi où tu as été... si on ne compte pas une sortie scolaire à Washington...  

« C'est quoi ton endroit préféré et celui que tu rêves de voir ? »

Tu es d’humeur bavarde aujourd’hui... Ça t’évite de penser à la nuit passée aussi... et à celle qui arrive, surtout...

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Ses considérations financières te fatiguent, mais tu refuses de te battre. Vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde là-dessus et tu refuses que ça devienne le moindre problème, alors tu hausses les épaules et sourit. Tu ne rentreras pas dans ce jeu, s'il veut payer, qu'il paie, mais ça ne t'empêchera pas de prendre soin de lui, autant que tu ne le pourras.

Lorsqu'il savoure son sandwich, un immense sourire s'étire sur tes lèvres et tu te dépêches de croquer dans n'importe quoi pour le cacher. Sérieusement, ce mec te rend si heureux, c'est déprimant pour les autres, t'en es certain. Il va réellement falloir que tu fasses plus attention à ne pas te transformer en fan number one de Nomura Taiyo.

Avec application, tu réponds à sa question, reprenant la discussion de la veille. « J'suis doué pour les langues, tu pourrais m'apprendre le japonais et comme ça t'aurais pas le choix de pratiquer. » Un léger rire s'échappe de tes lèvres, tu serais réellement capable d'apprendre une nouvelle langue pour lui, ça en dit long sur ce que tu es prêt à faire. « Mais oui, il faut le pratiquer si tu ne veux pas perdre cet atout, ce serait dommage d'oublier la langue de tes origines. » Pendant quelques mois tu as voulu te révolter contre ton père et cesser de parler chinois, malheureusement, c'est ta mère qui en a été le plus atteinte et c'est Cheng qui t'a fait comprendre que tu n'avais aucun intérêt à effacer cette langue de ton cerveau, pour le peu que tu y gagnes...

« Je sais que ça va te surprendre, mais » tu fais une petite pause dramatique « je n'ai pas beaucoup voyagé. Même la chine je connais que la partie où habite ma famille éloigné, de la Capitale je ne connais que l'aéroport. » Tu hausses les épaules, espérant montrer que ça ne t'embête pas plus que ça, mais il te connait trop bien et sait lire sous ta façade, alors tu relâches ton souffle laissant jaillir ta frustration. « Mon père ne m'a jamais emmené en voyage, on est riche, certes, mais il ne prend pas le moindre jour de congé ou alors.. sans nous. » Ton père clame à tout vent qu'il n'a pas pris le moindre jour pour lui depuis son arrivée aux Etats-Unis, mais tu penses que tu as raison. Il ne vous a jamais organisé de vacances en famille, même votre mère n'est pas souvent conviée, un week-end par-ci ou par-là, mais toujours sur le territoire américain.

D'un autre côté, ce n'est pas plus mal, tu n'es pas certain d'avoir envie de passer des vacances avec lui. « Mon endroit préféré ? La maison d'Ahloy, toujours plaine de rire et de cris de joie. » C'est un aveu qui te coûte, parce qu'il le prévient de la pauvreté de ta vie, du silence de ta maison, du peu de moment agréable que tu as passé en dehors des murs qui t'enclavent. « Et je crois que j'aimerai beaucoup aller en Belgique, manger du chocolat délicieux à la source et leur fameuses gaufres. » Tu restes rêveur, pendant un temps, songeant à la possibilité du monde alors que les Etats-Unis se suffisent à eux-seuls pour le citoyen américain moyen. « Et toi ? » Ce n'est pas juste une politesse, tu as vraiment envie d'en savoir plus sur lui.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Lorsque tu dis à Jin que tu as peur de perde ta langue maternelle faute de pratique, il te répond tout naturellement que tu pourrais lui apprendre pour t’obliger à pratiquer. Tu figes aussitôt ta mastication et ouvre des yeux ronds.  

Tu avales ta bouchée avant de répondre.

« Pas sûr que j’sois l’meilleur prof qui sois pour t’apprendre la langue... »    

Tu ris.

« Après, j’peux toujours essayer. Et pour commencer, sache qu’au Japon, avant de manger, on dit : “Itadakimasu”. En gros ça veut dire “je remercie pour le repas” A peu prêt... On l’dit même quand on est seul. Ma mère le dit encore, perso je n’l’ai jamais dit qu’en sa présence... »      

Parce qu’elle te rappelle de le dire en le faisant elle-même...

« Pour dire que c’est bon, tu peux dire “Oishii !”. Et quand tu as fini : “Gochisousama deshita”. Ça veut dire “C’était délicieux”.  »    

Te voilà à faire un cours de japonais en plein repas... Ça te fait bizarre... Tu te revois avec ta mère, petit, qui t’explique pourquoi ces termes sont importants. Tu te sens soudain un peu coupable de ne plus les prendre en considération...

A ta question sur les voyages, le capitaine te rétorque qu’il n’a pas tellement voyager. Il fait genre qu’il s’en fiche, mais tu ne peux t’empêcher de le fixer avec les sourcilles froncés, pas convaincu et te demandant surtout comment ça se fait. Il finit donc par soupirer et reprend en disant que son père ne les a jamais emmenés en vacances. Tu fronces un peu plus les sourcilles.

« Et vous n’êtes jamais partit sans lui ? »  

Est-ce que ce type est monstrueux au point de confiner sa propre famille à une zone définie par ses soins ? Cela ne te surprendrait même pas si c’était le cas...

En réponse à son endroit préféré, il sort la maison d’Ahloy. Surpris, tu hoches pourtant simplement la tête. Tu peux le comprendre... Tu as bien compris qu’Ahloy est sa bouée de sauvetage, celle grâce à qui il tient le coup...  

Tu baisses les yeux en repensant au début d’année, à comment il était, à ce qu’il t’a fait subir... Mais tu as bien conscience désormais que ce comportement n’est qu’une façade, un moyen de se protéger, comme toi tu te protèges derrière les mots...

Lorsqu’il reprend en disant qu’il voudrait vraiment aller en Belgique, tu t’efforces de chasser tes sombres pensées et laisse échapper un petit rire.

« Qui aurait cru qu’le capitaine est friand de sucre ? »  

Lui qui est toujours aussi rigoureux au rugby... On pourrait croire qu’il est le stéréotype du sportif qui fait attention à sa ligne et ne mange que des protéines, mais non... Il aime bien manger, de ce que tu as compris. Pas n’importe quoi, mais du bon...

Tu souris à cette idée. Comme quoi les apparences sont souvent trompeuses, tu es bien placé pour le savoir...

Il te retourne alors les questions, l’air sincèrement intéressé. Tu termines ton sandwich (que tu as pourtant essayé de ne pas gober...), bois un peu de café et prend une petite inspiration avant de répondre.

« Et bien... j’aimerai pouvoir emmener ma mère revoir sa famille, un jour... Mais sinon j’voudrais faire un tour des continents... Genre les traverser du nord au sud puis remonter vers le nord sur le continent d’à côté... »

Tu traces des courbes dans l’air pour illustrer tes dires. Ce n’est pas vraiment un tour du monde, tu ne veux pas voir chaque pays... juste pouvoir dire que tu as fait les cinq continents... Mais tu sais que ça ne sera jamais qu’un rêve... Tu n’auras jamais le temps et encore moins l’argent de faire ça...

« Quant à l’endroit que je préfère... »

Tu réfléchi et te rend compte ne pas pouvoir répondre à cette question... Ou plutôt si... mais ça en dit long sur toi aussi...

« Le terrain de rugby lors des matchs... »

Ce moment où tu peux te donner à fond, te vider le corps et l’esprit, ne penser à rien d’autre qu’au jeu...  

Vous n’êtes vraiment pas si différents, Jin et toi, au final...

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Il se dénigre - pour changer - et tu souris en le voyant essayer tout de même de t'apprendre des rudiments de la langue. Doucement, tu répètes les mots après sa première prononciation, essayant de faire rouler ces nouveaux sons dans tes lèvres. Tu as déjà vu des animés, tu as déjà entendu le japonais, mais tu n'as jamais fait l'effort d'apprendre. Aujourd'hui, pour Taiyo, tu changes ça aussi. Quelle part de toi ne va jamais se révéler en sa présence ?

« Jamais » avoues-tu en le regardant bizarrement. Partir sans lui ? Tu n'y avais jamais pensé, peut être que Cheng si ? Tu n'en sais rien, ça te paraît étrange. Vous passiez vos vacances aux Etats-Unis une fois que vous aviez refusé la Chine, mais... « J'sais pas, ce sont les parents qui organisent des voyages normalement non ? » T'es un peu gêné, sûrement parce que tu prends conscience à cet instant combien ton libre arbitre est biaisé. Tu n'as jamais droit à la moindre réflexion, tu t'es laissé porté, tu as toujours agi sans réfléchir, préférant obéir aux ordres plutôt que de les questionner. Tu baisses la tête, ce repas est soudainement moins appétissant. Pourquoi faut-il que Taiyo éclaire ta triste et misérable vie ?

Tu te reconcentres sur le gâteau. « Pourquoi crois-tu que je fais tant de sport ? » Tu ne te permets pas beaucoup d'écart, et pire encore, tu les manges en cachette, sûrement parce que ça rajoute un côté aventurier - que tu n'as jamais eu - qui te fait drôlement plaisir. Tu aimes cette sensation de désobéir aux règles, enfin, cette règle est implicite, personne ne t'a jamais interdit de manger du chocolat, mais vu les remarques sur ton poids et tes muscles, tu as supposé que ça allait de paire. Tu lui fais un clin d'oeil. « Garde mon secret, s'il te plaît, je ne veux pas être vu comme quelqu'un de doux. » Tu ne l'es qu'avec lui de toute manière, peu de gens le croiront.

A ses mots, tu t'adosses sur la chaise et tu souris avec animation. « Wahou, gros projet, j'espère qu'il se réalisera ! » Et là, une fois de plus, ça te frappe, toi tu n'as pas de projet comme ça. Enfin, de projet concret. Tu rêves, comme tout le monde, mais tu sais que c'est irréalisable. Même la Belgique, c'est juste un fantasme de ton enfance, des moments où ça allait encore bien à la maison, des instants où ton père te rapportait un cadeau plutôt que des insultes. Tu n'as jamais pensé y aller pour de vrai. Et ça te fait peur, parce que ça en dit tellement long sur lui. Tu essaies de cacher ton trouble en l'écoutant parler, mais t'es certain que son oeil acéré a tout vu. Il te connait trop maintenant.

Heureusement il parle du rugby et tu peux enchaîner sur la conversation. « D'ailleurs, tu sais que tu es en bonne voie pour récupérer mon rôle de Capitaine à la fin de l'année ? L'entraîneur préfère prendre quelqu'un de jeune et prometteur histoire qu'il reste plus longtemps en poste que prendre un sénior qui ne reste qu'un an. Certains râlent, mais tu feras un bon capitaine, j'en suis certain. » Et voilà un beau compliment, tu le regardes, cherchant à capter sa réaction. Il a bien le droit d'être fier. « Je comprends pour le terrain, j'ai l'impression d'entrer dans un autre monde, de quitte les tracas du quotidien pour ne te concentrer que sur toi-même, j'adore. » Et ce monde va définitivement te fermer ses portes dans quelques mois. Tu ne pourras pas jouer en professionnel et un club sportif ne t'intéresse pas vraiment.

En réalité, tu ne sais même pas ce que tu vas faire une fois ton diplôme en main.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin se prête au jeu de la langue en répétant les mots après toi. Peut-être est-ce parce qu’il est déjà bilingue, mais il ne se débrouille pas si mal.  

« T’as un talent inné pour les langues en fait... »    

Tu lui souris. Mais lorsque tu lui demande s’il n’est jamais parti sans son père, il confirme, et ton regard doit être aussi surpris que le sien empli d’incompréhension, comme si cela lui paraissait logique de ne pas voyager sans le patriarche. Il précise alors que ce sont les parents qui doivent organiser les voyages. Il semble sérieusement perturbé par ta réaction, et tu sens le malaise s’installer. Tu as envie de lui répondre que sa mère aurait pu organiser quelque chose, ou lui décider de partir quelque part avec des amis à ses 18 ans... Mais quelque chose te retient. Peut-être son air déconfit, ou l’idée d’avoir touché un point sensible et que ce n’est peut-être pas le moment de creuser ça... Tu te contentes donc de hausser les épaules.

« Ouai... Si on veut... »      

C’est une façon de voir les choses, en soi...

La conversation tourne alors vers les sucreries, et Jin te rétorque qu’il ne fait autant de sport pour rien. Tu hausses à nouveau les sourcilles avec un sourire amusé.

« Ah ha ! La compensation ! »    

Tu ris lorsqu’il te demande de garder son secret.  

« Mince. Ça s’rait pourtant si drôle d’afficher un montage de toi déguisé en nounours en train d’savourer un gros gâteau rose bonbon. »  

Tu ris de plus bel en imaginant l’image. Totalement ridicule et improbable...  

Tu reprends rapidement ton sérieux lorsqu’une idée te traverse alors l’esprit, et tu baisses alors les yeux.

« Mais tu s’rais alors obliger de promettre la mort au coupable, ce s’rait dommage... »

Dommage qu’il continue de jouer les imbéciles face aux autres... Qu’il veuille garder cette image de lui... Mais qui es-tu pour le juger ? Toi qui es toi-même un acteur première catégorie...

Après avoir répondu à ses questions, tu finis ta tasse. Tu as bien mangé, ça fait du bien après le début de nuit que tu as passé...  

Tu affiches un petit sourire gêné lorsque Jin réagit avec enthousiasme à ton projet, te retenant de lui répondre que c’est peu probable que ça se réalise un jour. Surtout parce que, à nouveau, il semble perturbé. Tu veux lui demander ce qui ne va pas, cette fois, mais la discussion bifurque sur le rugby, et il en profite pour enchainer.

Tu te figes à ses paroles, et tu te sens rougir malgré toi. Merde... ce n’est pas vraiment une surprise pourtant, alors pourquoi est-ce que tu rougis bordel ?!

« Ouai... Enfin ça serait cool... »

Tu bredouilles. Tu ne sais pas ce qui te perturbe exactement : le compliment ou l’idée qu’il ne sera plus là l’année prochaine ? Lorsque cette pensée te travers l’esprit, tu te sens rougir de plus bel et dois secouer la tête pour la chasser. Mais sérieux, y a pas un mois tu le détestais et là tu te surprends à ne pas vouloir son départ, c’est quand même fort ça !  

« Ca s’ra pas évident de passer après toi comme capitaine... »

Tu essaie de recentrer tes pensées sur le sport, de vider ton esprit. Mais celui-ci revient immanquablement vers Jin... et pas en tant que capitaine. La nuit te revient en tête, ainsi que l’idée de celle à venir qui t’angoisse déjà rien que d’y penser. Ton cœur commence à s’emballer, et tu t’obliges à tourner la discussion sur Jin et sa réponse.

« C’est ça... On sent chaque muscle, chaque inspiration, chaque battement de cœur... La tension avant un envoie... y a rien de comparable à ça... »

Tu poses tes coudes sur la table pour enfuir ta tête dans tes mains et fermer les yeux, t’imaginant le terrain pour te calmer. Tu prends une grande inspiration (tu t’étais encore mis en apnée...) et relève la tête vers Jin.

« Tu vas faire quoi... après ? »

Après être partit...  

La question sort comme ça. Comme si sa réponse pourrait te rassurer...  

Il faut vraiment que tu trouves une solution pour tes angoisses, elles deviennent de pire en pire... et tu ne peux décemment pas te blottir dans les bras de Jin à chaque crise... ça ne serait pas cool pour lui et certainement pas sain non plus...

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« T’as un talent inné pour les langues en fait... »

Il semble surpris, t'es pas un si mauvais élève quand tu as une volonté derrière.

« Un talent pour toutes sortes de langues. »

Tu le regardes avec un petit air, avant de te rendre compte de ce que tu fais. Tu es en train de flirter avec lui dans le plus grand des calmes. Tu ... tu t'en veux immédiatement, mais tu sais que si tu te mets à rougir ou à tenter de te justifier ce sera pire, alors tu souris juste avant de rire légèrement. Si c'est une vanne, c'est moins pire ? Non ? Si ? Tu ne sais plus.

Heureusement que tu as d'autres perches à attraper pour retourner la conversation parce que tu n'étais pas certain de pouvoir survivre à une discussion du genre. Enfin, ses prochains mots ne sont pas forcément en ta faveur.

« Oui » reprends-tu avec le plus grand des sérieux « je serais obligé de tuer cet affreux colporteur de rumeurs, ce serait dommage, n'est-ce pas Taiyo. » Car qui d'autre que lui te ferait un tel affront ? Personne d'autre n'oserait. « Mais bon, remercions le ciel, tu ne feras jamais une chose pareille, tu vas pouvoir rester en vie. Ouf, on a encore eu d'la chance ! » finis-tu en reprenant la célèbre pub monster munch.

Au fond de toi, tu comprends son envie d'en rire et tu es touché aussi, parce qu'il semble apprécier cette version là de toi, ce Jin plus doux. Sauf qu'il ne comprend pas qu'il n'y a que lui qui te permette d'être comme ça, même avec Ahloy tu n'es qu'un petit con égocentrique. Heureusement qu'elle est forte et intelligente et qu'elle t'apprécie.

Quand vous embrayez sur le rugby, tu ne comprends pas pourquoi il rougit. Tu ne t'étais attendu qu'à de la fierté et là ... Il semble gêné. « J'étais vraiment un si bon capitaine ? » Tu le regardes les yeux écarquillés. Etonnamment tu as parlé au passé, comme si la saison était déjà finie. Tu cherches son regard et reprend. « Je suis riche c'est pour ça que je suis populaire et j'aime vraiment ce sport alors je nous ai poussé jusqu'au bout, mais c'était égoïste pour le besoin de gagner face à mon père. Toi, tu seras un capitaine totalement différent et sûrement avec de meilleurs objectifs. » Et une plus grande honnêteté. Ces pensées-là, tu les tais. Discuter avec Taiyo te fait mal à l'égo quand même, t'es obligé de le mettre au placard et d'admettre que tout t'es tiré par des ficelles, tu n'as eu qu'un chemin lisse et facile à emprunter. Contrairement à tant d'autres.

Sa dernière question te surprends. Surtout qu'elle semble posée avec trop de sérieux.

« Après ce repas ? » Tu ris en rejetant ta tête en arrière. « Retourner réviser, il me faut absolument de bonnes notes pour enfin cesser de dépendre de mon fichu père. » Tu te passes une main dans le visage. « T'as masse de boulot toi aussi ? Tu veux qu'on s'pose à la bibli ensemble ? » T'es presque timide sur ce coup-là, t'aurais préféré que vous alliez dans ta chambre, mais tu ne veux pas que ça soit perçu comme une invitation officielle, surtout après ce flirt foireux, mais t'as besoin de rester encore un peu avec lui. La fin de l'année arrive déjà à grand pas et tu as gâché tout le début de l'année...

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Tu ne t’attendais pas à la réponse de Jin concernant les langues. Ton sourire se fige un peu et tu te racles la gorge en détournant le regard alors que lui tente un rire de détournement.

Heureusement, la conversation part dans une autre direction. Et lorsque tu fais remarquer sa réaction face à la farce de l’affiche, il te répond avec le plus grand des sérieux, te visant directement. Tu frissonnes malgré le fait que tu sais pertinemment qu’il plaisante, preuve en est de la réplique de pub qu’il sort et qui t’arrache un sourire.

« Tu veux parier ? »    

Non, tu ne le ferais pas, sauf s’il veut réellement parier... Ce qui serait une très mauvaise idée, pour lui comme pour toi...

Le regard malicieux, tu secoues finalement la tête en signe de dénégation pour répondre à sa place.  

« Mais bon, j’t’ai déjà dit que je tenais à la vie, j’vais donc éviter ce genre de pari hasardeux avec toi, c’aptaine... »      

Lorsque la conversation vire sur le rugby, heureusement pour toi Jin semble ne pas comprendre ta réaction. Tu t’accroche à sa question pour ne pas perdre pied.

« Tu ES un bon capitaine... Tu as su mener l’équipe vers une victoire certaine. Peu importe tes raisons, c’est le résultat qui compte, non ? »    

Toi, tu es trop instable... Tu as peur de t’effondrer à nouveau et de ne pas mener à bien ta mission jusqu’au bout... ou d’au contraire t’abandonner totalement au sport et de t’oublier toi-même...

Tu soupire.  

A ta dernière question, il se méprend et répond à côté de la plaque. Enfin pas vraiment, en soi, il a juste mal compris la question... et tu ne la précise pas, parce que tu ne veux pas vraiment savoir, en fait... Tu ne veux pas imaginer l’après...

Il te propose alors de bosser à la bibli ensemble, et tu affiches un petit sourire soulagé malgré toi.

« Ouai, on peut faire ça. J’ai une tonne de boulot aussi, c’est abusé... »  

Et la journée est déjà bien avancée... l’horreur...

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Ses mots t'arrêtent net et tes yeux se mettent à briller. T'es joueur, t'es con aussi, mais tu es très très tenté par sa proposition.

« Un pari, sérieusement ? Tu vas m'avoir comme ça ? Je veux parier, bien sûr que je veux parier Taiyo ! » Mais tu te passes une main dans les cheveux, la dernière fois que vous avez fait un jeu con, il a trop bu, trop fumé et s'est évanoui dans la piscine. Ah et tu l'as embrassé aussi. « Mais p't'être pas sur ma réputation, » avoues-tu à demi-mot. C'est tout ce qu'il te reste ici. Ta réputation et t'es pas encore prêt à la foutre au placard. Tu soupires, tu souris. « Merde, tu m'f'rai faire trop d'conneries. Pas d'paris. » Tu as décidé et tranché, c'est trop dangereux, mais si amusant aussi. Il semble d'accord de toute manière-lui aussi. Vous n'êtes pas des joueurs aujourd'hui finalement.

Ses compliments te vont droit au coeur et tu te sens bien. Taiyo n'est pas n'importe qui et ce qu'il dit, tu veux y croire. Tu veux penser qu'il y a du bon en toi et qu'il apprécie une partie de ce que tu as fait, même quand tu te comportais en gros connard. Tu ne surréagis pas et vous continuez tranquillement à discuter, jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'aller bosser.

Tu n'as pas proposé ta chambre, il n'a pas demandé. Dans le silence de la bibliothèque universitaire, vous êtes assez sérieux. Enfin tu essaies de ton mieux de ne pas te distraire, mais il est juste là, à côté de toi essayant de comprendre ses formules de compta et autres matières littéraires. Tu pourrais l'aider, mais il ne te demande rien, alors tu ne proposes pas. Si sur certains sujets vous vous comprenez sans parler, sur d'autres tu n'es pas encore assez à l'aise pour t'y imposer.

Quand le soleil se cache derrière les immeubles, tu t'étires puis chuchotes.

« Je pense que j'ai atteint mon quota là, on bouge ? » Est-ce qu'il attendait que tu craques le premier ? Ou est-ce qu'il aurait pu rester encore longtemps ? T'en sais rien, mais il se lève et range ses affaires en même temps que toi. Pendant que tu fermes ton sac tu imagines ce que tu pourrais faire, l'inviter à dîner dans un restaurant ou lui proposer d'aller faire du sport ensemble, ou n'importe quelle excuse qui ferait qu'il ne s'éloigne pas de toi, mais vous quittez la bibli sans que ta bouche ne se soit rouverte.

« Monsieur Shao ? » Une voix te fait sortir de tes pensées et tu grimaces, tu le reconnais. « Veillez me suivre. » C'est l'avocat de ton père. Tu paniques, tu n'as pas envie d'y aller, tu jettes un regard vers Taiyo, mais le petit homme t'interrompt d'un geste. « Monsieur Nomura peut venir aussi, vu le temps que vous passez ensemble, ça peut le concerner. » Tu te figes. Ça, c'est le pire scénario possible, et tu n'aimes pas son petit ton hautain satisfait. Que veut-il dire ?

Tu marches d'un pas pressé en suivant l'homme tout en laissant le choix à Taiyo de venir ou pas. Il vous guide jusqu'à la fin du campus, jusqu'à la voiture, jusqu'à ses bureaux plus loin en ville. Ton coeur est serré par la panique et tu ne peux rien faire que de jeter des coups d'oeil apeuré. Quand tu entres enfin dans le bureau et que la porte se referme tu es couvert d'une fine couche de sueur.

« Ah, mon fils. J'ai une excellente nouvelle pour toi. » Le ton trop joyeux de ton père te fout les jetons. « Il y a quelques temps, au vus des soucis que tu me causais, j'ai envoyé ta candidature à la fac de New York et ils ont accepté que tu les rejoignes, tu pars demain matin. »

Tu n'y crois pas. C'est pas vrai. Ton coeur tombe de ta poitrine, il est au sol, écrasé par les chaussures hors de prix de ton père. Il n'a postulé à rien du tout, il a grassement payé quelqu'un pour t'éloigner de Taiyo, pourquoi ? Parce que tu es heureux pour la première fois de ta vie ?

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Vous vous mettez tous les deux d’accord sur le fait qu’il ne vaut mieux pas parier cette fois-ci. Vous aurez tout le temps de faire des paris à la con par la suite, en soi...

Vous continuez de discuter ainsi de tout et de rien pour finir à la bibliothèque. Tu ne sais pas pourquoi, mais tu es beaucoup plus concentré en la présence de Jin... sa présence calme ton esprit et te permet de rester focus, tant que ton esprit ne dévie pas sur des sujets plus persos, comme tout à l’heure...

En fin de journée, le capitaine te propose de bouger, précisant qu’il est à bout. Tu relèves les yeux de ton manuel et souris en signe d’approbation. Tu serais bien resté encore un peu, mais si lui part, tu sais que tu n’avanceras de toute façon plus...

Vous remballer donc vos affaires et sortez en silence. Mais à peine dehors, Jin se fait interpeller par un type en costard cravate. Tu remarques aussitôt la panique dans son regard lorsqu’il le tourne vers toi. Tu veux répliquer quelque chose, mais l’homme indique que tu peux l’accompagner, si tu veux, que ça peut te concerner aussi... Là, tu es clairement surpris. Jin prend les devants et, après une seconde d’hésitation, tu finis par les suives.  Par curiosité, mais aussi par soutiens... et tu ne regrettes pas ton choix alors que vous vous laissez conduire en silence, la peur visible dans les yeux du capitaine. Durant une seconde, tu veux lui prendre la main pour le rassurer, mais quelque chose t’en empêche... une peur profondément ancrée en toi...

L’homme vous amènes dans les bureaux du patriarche Shao. Celui-ci semble aux anges, et cela te glace le sang... Heureusement, ou malheureusement... il ne tourne pas autour du pot, annonçant d’amblée pourquoi vous êtes là. Ou plutôt, pourquoi Jin est là...

Et l’annonce te fige autant qu’elle fige Jin... Debout à côté de lui (il ne vous a même pas fait asseoir), ton souffle se bloque aussitôt dans ta gorge. Les yeux écarquillés, tu les tournes vers ton ami qui semble douché... C’est une mauvaise blague...

Bouche entre-ouverte, tu prends peu à peu conscience des paroles du père, et tu dois faire appel à toute ta volonté pour refouler la panique qui menace de t’envahir et pour reprendre ta respiration.

« Pourquoi... ? »    

Le mot t’a échappé... Tu tournes alors les yeux vers l’homme à son bureau et reprend sans faire attention...

« Pourquoi vous faites ça ? Il n’a rien fait mais vous l’évincé malgré tout... C’est votre fils putain, pourquoi vous ne pouvez pas lui laisser terminer son année en paix ?! »      

Tu viens probablement de signer ton arrêt de mort... par compassion, mais aussi par égoïsme... Tu ne veux pas qu’il parte...

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La température a directement chuté de quelques degrés, te laissant les mains congelées. Tu es sous le choc, incapable de parler, de bouger, de supplier ton père ! Tu devrais dire ou faire quelque chose, mais tu restes là, immobile, les yeux écarquillés de stupeur.

Tu vois le regard désapprobateur de ton père, lui qui t'a toujours enseigné à cacher tes émotions. Depuis que tu côtoies Taiyo, elle ressortent, plus facilement et plus fort qu'avant, mais parce que depuis qu'il est là, elles ont une place. Avant, tu n'avais droit qu'à la colère et encore, contre les plus faibles que toi. Aujourd'hui, tu ressens de la joie, de la paix, de l'amour, de la tristesse même, mais ton père n'aime pas ça. Il n'aime pas te voir perdre ton masque. Et il te juge. Tu rougis. Et c'est de la honte mêlée à de la colère. Tu voudrais lui faire ravaler ce sourire supérieur et ce regard calculateur, mais tu ne peux rien faire.

Infiniment concentré, tu en as oublié la présence de Taiyo et son calme - pas - légendaire. C'est lui qui parle. Merde. Tu ne peux rien faire pour l'arrêter, c'est trop tard. Et ses mots, bon sang, les mots de Taiyo te font un bien fou. Il prend ta défense. Il est le seul à le faire si frontalement. Cheng l'a fait aussi, mais de manière détournée, si bien que tu as mis des années à le comprendre. Ahloy aussi, mais ça passe par des jolis sourire et de la manipulation. Taiyo lui n'hésite pas. Il est droit, campé sur ses pieds et affirme ce qu'il pense. Tu as envie de le serrer dans tes bras.

Tu ne fais rien.

Ton père se tourne vers lui. Et là, tu t'interposes.

« Non. »

Ce n'est pas à Taiyo que tu t'adresses, mais à ton père. Et le jeu de regard commence. Tu ne plieras pas, tu ne baisseras pas les yeux, tu t'imposes pour Taiyo, car pour toi, tu t'en sait incapable. Ce n'est que lorsqu'il se met à sourire et qu'il se frotte les mains, que tu te rends compte que tu retenais ta respiration. L'air rentre à nouveau dans tes poumons et ça te fait mal. Il te fait perdre tous tes moyens, toujours.

« J'aurai mon diplôme dans cinq mois, mes examens ont lieu dans un mois. Je bosse tous les jours pour les obtenir, père, s'il vous plaît, laissez-moi finir l'année. »

Ta voix ne tremble pas, et tu en es fier. Avant que Taiyo ne parle, tu n'avais même pas songé à refuser, tellement habitué à obéir à chacun de ses ordres.

« Laissez-moi passer mes examens. » L'année est si proche de la fin. Tu ne t'en rendais pas compte, mais si tu passais le gros de tes examens, terminant les TD et secondaire à distance, tu pourrais rester un mois de plus, juste un.

Pas un instant tu ne te tournes vers Taiyo, tu ne veux pas perdre tes moyens, mais tu n'as pas de levier pour faire basculer la situation dans l'autre sens. Tu vas devoir partir et tu n'oses pas t'humilier devant Taiyo, comme tu le ferais seul devant ton père.

« Quelle est ton offre ? » demande soudain ton père, lisant clair dans ton jeu. Il sait ce que tu n'es pas prêt à faire, il sait combien tu hésites et tu es certain qu'il voit clair en toi. Il sait ce que tu éprouves pour Taiyo. Tu as peur qu'il te trouve une femme à épouser pour contrer toutes tes attentes, mais il doit savoir que tu n'accepteras jamais, préférant presque te retrouver à la rue. « Un mois ici, pour terminer mes études et » les mots te brûlent la gorge, tu n'as pas le choix. « Et je bosserai pour toi ensuite. » Le rouge te monte sur les joues, ton cou brûle, ta langue est devenue cendre. Tu as toujours refusé de bosser pour son entreprise, Cheng te l'a interdit, il sait ce qu'il se passe si tu deviens sous les ordres de ton père, il l'a vécu. Tu as réussi à passer outre jusque là. Le sourire de ton père est inexistant, mais tu vois une lueur dans son regard.

Si jusque là, il ne savait pas ce que tu ressentais pour Taiyo, il vient de le comprendre. Partir à New York n'aurait pas été un enfer pour toi, tu l'auras accepté si Taiyo ne s'était pas interposé. Si tu restes ici, ce n'est que pour lui.

« Et bien nous avons un accord. »

Ton coeur cesse de battre. Tu n'as gagné qu'un mois, un tout petit mois, avant de vendre ton âme au diable.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Lorsque l’homme se tourne vers toi à son tour, ton sang se glace dans tes veines. Mais il n’a pas le temps de dire un mot que Jin s’interpose. Tu tournes aussitôt la tête vers lui, voulant lui rétorquer de se taire, mais tu n’en as pas le droit... Pas alors qu’il tente enfin de s’opposer à son père...

Pourtant, ce dernier ne semble pas perturbé pour un sou. Il semble même... satisfait ? Tu en reste bouche-bée. Ce type à une confiance absolue en son pouvoir...

Jin reprend, il demande à au moins passer ses examens, mais son père lui demande un retour s’il accepte... Il négocie avec son propre fils comme avec un client lambda...  

Tu serres les poings, le regard soudain assassin. Mais lorsque Jin propose le marché, tu sens tes oreilles bourdonner et ton cœur s’emballer.

« Non ! »    

Tu souffles ce mot, à court d’air. Putain d’apnée...  

« Non non non non... »      

Tu attrapes le bras de Jin, soudain paniqué. Tu ne sais pas pourquoi tu réagis comme ça... Certes, tu ne veux pas qu’il parte, mais pas à ce prix-là... pas au prix de sa liberté précaire...

Tu le fais pivoter vers toi pour l’obliger à te regarder.

« C’est trop cher payé pour juste un mois... »      

Ça te tue de le dire... Mais tu ne peux pas le laisser faire ça.

« Faites le sortir ! »

Un type t’attrape l’épaule et le réflexe est plus fort que toi : tu lui envois ton poing en plein visage. Tu regrettes aussitôt ton geste alors qu’un gars de la sécurité accourt aussitôt pour t’agripper.

« Ne m’obligez pas à appeler la police, jeune homme. »

Le ton est détaché... il s’en fiche royalement de toi, il a obtenu ce qu’il voulait, c’est tout ce qui lui importe. Toi, tu n’es qu’un pion avec lequel il a joué pour manipuler son fils...

« Vous êtes un putain de monstre ! »

Tu craches ces mots alors qu’on te force à rejoindre l’ascenseur. Tu lances un dernier regard à Jin, suppliant, qu’il revienne sur ce marché tordu...

« Ce garçon me semble fort instable... J’ai peut-être été un peu vite en besogne en lavant son dossier... »

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Taiyo te touche, Taiyo parle, mais tu n'entends déjà plus rien. Ton cerveau bourdonne, tu sais ce que tu viens de faire, tu sais que tu n'as gagné qu'un mois contre les six suivants qui seront un enfer, mais tu l'as fait pour lui et il est en train de tout gâcher, parce qu'il en révèle trop à ton père. Tu te forces à sourire et tu te retournes vers lui.

« Je sais ce que je fais, ne t'inquiète pas. »

Ton visage a revêtu son masque serein, celui que tu sais offrir au monde professoral, celui qui donne envie de te faire confiance. Tu ne pensais jamais l'utiliser sur Taiyo, mais tu as besoin de ça pour réussir à rester debout. A l'intérieur, tu te sens si vide. Il faut qu'au moins l'un de vous deux avance.

« Taiyo s'il te plaît, » murmures-tu alors qu'il hurle.

Il va aggraver son cas et c'est trop dangereux, tu ne pourras jamais le protéger et tu t'en veux. Un jour, tu couperas les ponts avec ton père, mais ce jour n'est pas prêt d'arriver, tu es encore trop faible.

Taiyo se fait entraîner vers la sorti et tu as envie de tout lâcher, mais tu ne le fais pas. Le test - la farce - que te joue ton père est loin d'être terminée. Tu relèves la tête, tu tiens droit sur tes pieds, tu inspires et expires calmement, ton visage ne trahit rien. Et tu vois cette lueur d'approbation dans son regard. Oh comme tu le hais.

« Vous avez eu tout ce que vous voulez et bien plus encore, vous pourrez faire ce que vous voulez de moi, j'accepterai, mais lui, non. Il a fait tout ce que vous vouliez, alors arrêtez de vous occuper de lui. Je ferai en sorte qu'il n'y ait plus aucun débordement, mais laissez-le en paix. »

Et soudain, ça te frappe. Tu ne seras pas là pour le voir pendant tout le temps où ton père te prendra comme larbin pour faire le sale boulot, par contre, ton père lui, pourra le voir. Et s'en occuper. Tu as peur. Il pourrait t'envoyer n'importe où en dehors des Etats-Unis et tu ne pourras rien faire.

« Tu pars toujours à New York pour finir le semestre, » Il ne réagira pas à tes mots, il se fiche totalement de ce que tu penses « parce que si tes examens sont dans un mois, les leur ne le seront que dans trois. Tu les repasseras là-bas pour obtenir un double-diplôme qui me rendra fier. » Tu as envie de vomir. Tu ne dis rien, tu acquiesces. Tu sais qu'il ne sera jamais fier de toi. Il te fait miroiter cette carotte depuis trop longtemps et pourtant ... pourtant tu continues de t'y accrocher.

« Très bien Père, est-ce tout ? »

La douleur dans ta gorge quand tu avales ta salive n'est que mentale et pourtant... tu dois faire un effort énorme pour ne pas grimacer, trembler, pleurer. Il te congédie enfin et tu sors.

Votre conversation ne t'a pas semblé si longue, mais Taiyo est déjà dehors, devant l'immeuble. Ils l'ont viré. Tu es si soulagé que tu as envie de courir dans ses bras, de le toucher, mais il y a trop de regard indiscret, trop de monde autour de vous alors tu lui fais juste un léger signe de tête et tu commences à marcher. Rapidement en fait, tu te mets à courir, à une allure de jogging. Tu sais qu'il court plus vite que toi, il n'aura aucun mal à te suivre.

Enfin, vous êtes perdu au milieu de nul part, entouré de millions de gens qui se déplacent en ville, d'inconnus qui se fichent de vous et tu peux relâcher le masque, relâcher la pression.

« Putain de merde, je le hais, je le hais, je le hais. Mais s'il te plait, ne refais plus jamais ça. Ne prends plus jamais ma défense, tu sais ce qu'il te fera s'il découvre combien je » tu t'arrêtes de justesse. Des larmes obstruent tes yeux. « Je sais ce qu'il faudrait faire, et j'ai été énormément touché par ta prise de position, je te jure, j'avais envie de t'embrasser là dans cette pièce, t'as été la première et seule personne à ne t'être jamais opposé à lui pour moi » tu continues de courir, au hasard des rues, regardant droit devant toi sans oser poser ton regard vers lui. « Mais Taiyo, tu as vu de quoi il est capable, il pourrait te détruire s'il pensait que ça me touchait. » T'as besoin d'un câlin, t'as besoin de le sentir, de toucher ses doigts, de ne pas être seul, mais tu n'oses pas lui demander. « Taiyo, j'ai peur pour toi maintenant. » Ton futur à toi tu t'en fiches, tu pourrais mourir que ça te serait égal. Mais lui ? Non. Jamais. Un monde sans Taiyo, un monde qui brise encore et encore cet être si lumineux ne mérite pas d'exister.

 

My best rival  

Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin semble serein, mais tu n’es pas dupe. Tu secoues la tête alors qu’il te demande indirectement de te calmer, avec un simple mot... et tu te laisses entrainer dehors où tu attends en te rongeant les sangs.

Le capitaine fini par te rejoindre et t’indique de le suivre d’un simple signe de tête. Il se met à courir, et tu le rejoins en un petit sprint. Vous vous éloignez dans la fin de journée, dans la foule. Et Jin se lâche. Il te rabroue aussi, et avoue ses sentiments une nouvelle fois, à demi-mots...

Finalement, alors qu’il te dit avoir peur pour toi, tu le dépasses pour lui faire face en l’obligeant à s’arrêter.

« Arrête ! »    

Tu es essoufflé, non pas par la course mais parce que tu as la gorge serrée. Mais ton regard est dur alors que tu fixes le capitaine sans faire attention aux gens qui vous entoure.

« Je sais me défendre, Jin. T’as pas à te sacrifier pour moi ! »      

Tu piétines sur place, hésites, puis reprend.

« Tu crois que ça m’fait plaisir de t’voir détruire ta vie à cause de c’type sous prétexte de m’protéger ? »      

Tu poses tes mains sur ses épaules.

« Merde Jin ! Et toi, qui est-ce qui te protège, hein ? »  

Tu serres un peu les doigts sur ses épaules. Tu trembles légèrement alors que l’angoisse menace au fond de toi, mais tu ne peux pas la laisser monter, pas maintenant. Jin est là pour toi, tu te dois d’être là pour lui...

My best rival

Il te dépasse, il se met face à toi, mais tu n'arrives pas à le regarder. Encore moins quand ses mots font sens dans ton esprit. Bon sang, tu ne mérites tellement pas qu'il t'apprécie, qu'il fasse cet effort pour toi. Tu ne mérites pas un tel homme dans ta vie, et pourtant, il est là.

La pression étant relâchée, les larmes continuent de dévaler sur tes joues. Il ne comprend pas, il ne peut pas comprendre ce que tu es prêt à faire pour lui. Il ne peut pas, parce que personne ne l'a jamais fait. Et toi, t'es incapable de croire qu'il pourrait vraiment faire de même pour toi. Pire, tu le refuses. Tu ne veux pas qu'il essaie de se mettre à ta place.

Alors quand il touche tes épaules, quand ses mains sont enfin sur toi et que tu n'es plus tout seul. Tu craques. Ta tête se pose contre ses épaules. Vos corps ne se touchent pas vraiment, juste ton visage dans le creux de son cou. T'es tout tordu, mais au moins tes traitresses de larmes peuvent couler sans qu'il ne le voit.

« Je sais pas » avoues-tu dans un souffle. « Je ne veux pas que tu rentres dans son jeu, je ne veux pas que tu souffres, t'as déjà eu une vie suffisamment merdique et je me suis assuré de te faire le plus de mal possible au début de l'année, je sais bordel, ce que t'as traversé, alors s'il te plaît, ne replonge pas. Pas pour moi. »

Soudain, tu te rends compte que tu essuies tes larmes sur son pull. Tu relèves la tête, fuyant le regard. Tu ne pleures plus, mais tes yeux sont rouges encore. Putain, il ne faut pas qu'on te voit là, mais tu n'as plus d'énergie.

« J'vais mettre des sous de côté, je vais trouver un boulot, je vais me rapprocher de mon frère, je vais couper les liens avec lui. Et là, seulement, là, je pourrais revenir vers toi, d'accord ? »

Tu n'avais pas prévu de lui faire un adieux maintenant, mais en l'état des choses, maintenant, tu ne le mérites pas. Tu n'es pas digne de lui. T'es trop brisé, trop faible, trop peu courageux. Tu ne vas pas lui faire du bien, lui offrant juste tes insécurités alors qu'il a besoin de ta force.

Bizarrement, même si ça te brise le coeur, tu sens que c'est la seule chose à faire.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Il pleure... et ça te brise le cœur...

Il se laisse aller sur ton épaule, sans que vous ne vous touchiez vraiment. Tu serres les dents à ses mots.

« Parce que t’as une vie toute rose toi peut-être ? Je t’prenais pour un connard arrogant en début d’année, mais j’ai compris, maintenant... »    

Tu as compris que ce n’est qu’une façade, une protection. Il relève la tête mais fuit toujours ton regard alors que tu ne le lâche pas des yeux. Lorsqu’il reprend la parole, te resserres un peu plus ta prise sur ses épaules. Tu vas finir par lui faire mal...

Tu secoues la tête négativement.

« Non... Tu n’traverseras pas ça tout seul... Tu rêves si tu espères que je vais te laisser faire... »      

Comment... comment en êtes-vous arrivé là ? C’est comme si une éternité était passée... comme si vous étiez dans une autre vie...

Tu le secoue légèrement pour qu’il te regarde.

« J’sais pas comment t’as fait ton compte, mais j’ai besoin de toi, ok ? Et admet que t’as besoin de moi aussi... ça nous facilitera la tâche à tous les deux... »      

Tu admets ton égoïsme... Tu ne devrais pas... tu ne le veux pas... mais tu ne veux pas le laisser non plus...  

Tu laisses retomber tes bras le long de ton corps et un froid soudain t’envahi. Ta respiration est courte, saccadée, mais ton visage reste de marbre.

« Faut qu’on rentre... On trouvera un moyen... de passer ça... ensemble... »

De passer quoi exactement ? Tu ne sais pas trop... tout ce que tu sais, c’est que la simple idée de ne plus voir Jin te fout l’angoisse totale... et que le voir mal te serre la gorge...

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Ses mots te consolent, ils pansent ton coeur meurtris. Tu ne pensais pas ressentir ça un jour pour quelqu'un d'autres qu'Ahloy, elle seule avait réussi à percer ta carapace et encore, c'était parce que tu l'avais construite après qu'elle soit entrée dans ta vie. Et même, en songeant à tout ce que vous avez vécu Taiyo et toi, tu continues d'être étonné. Pourtant la douce chaleur qui se dégage de ses mains - celles qui enserrent tes épaules - te fait du bien. Et parce qu'il serre trop fort, tu te sens soutenu, compris, accepté.

Il secoue la tête et continue de t'enfoncer ses mots dans le crâne. Il continue d'être là. Malgré tout. Et ton coeur brûle d'un feu nouveau. Il brûle, mais ça te fait du bien parce qu'il est enfin en vie. Ton coeur bat, si fort. Ton coeur vibre, avec une nouvelle passion.

Tes larmes se sont tues, mais si elles se remettaient à couler - ce qui n'arrivera pas - ce serait à cause du bonheur et de l'amour. Tu te sens idiot. Pourtant, tu n'arrives pas à enlever cet air incrédule de ta face.

« Mais » tentes-tu de le couper, sans y arriver. « Mais » essaies-tu de dire sans connaître la suite de ta phrase.

Et ses mots tournent et retournent dans ton esprit. Il a besoin de toi. Il a besoin de toi. Tu deviens fou de bonheur, parce qu'avec ses petits mots, il te permet d'être un putain d'égoïste. Tu le garderas prêt de toi, parce que lui le veut. Et non pas parce que tu en as un besoin infini. A côté de lui, la vie est plus douce, plus belle, la vie mérite d'être vécue.

Tu souris et tes jambes tremblent un peu. Pourtant, tu arrives enfin à finir ta phrase précédente.

« Mais je ne le mérite pas, »  murmures-tu d'une voix si faible. « Ton pardon, ta confiance, et » tu te retiens. T'aller dire une connerie. Tu ne détournes pas le regard, cherchant dans ses yeux le moment où il se mettra à rire, à te balayer de ses émotions moqueuses. Pourtant, ça n'arrivera pas. « Je » tu te mords la lèvre. « J'ai besoin de toi Taiyo. » Tu l'as dit, comme il l'a demandé, tu l'as dit parce qu'il mérite de l'entendre. T'as besoin de lui toi aussi, désespérément, mais si tu lui as déjà dit - à mi-voix ou plus fort - combien tu l'aimes, ça, tu ne l'avais pas dit encore.

Il te lâche enfin et tu refuses ça. Tu comprends combien tu as besoin de lui, de sa présence, mais aussi de son toucher. Pourtant, tu ne lui prends pas la main, tu ne colles pas ton épaule à la sienne. Tu souris pour cacher ton trouble. « On trouvera d'accord. » Tu n'y crois pas un seul instant, le voir à NYC sera trop compliqué, le voir pendant que tu bosseras pour ton père sera impossible.

Mais c'est un problème pour demain. Devant vous, vous avez un mois. A vous de profiter.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin tente de répondre, mais tu le défies de continuer sa phrase après son “Mais” d’un regard dure. Pourtant, il la termine, et tu te retiens de le gifler. Bordel il est vraiment aussi con que toi ! Et tout comme toi, il manque cruellement de confiance en lui...

« J’t’ai assez rendu la pareil à ce que j’sache... »    

Tu marmonnes ces mots les dents serrées. Mais Jin reprend la parole, et tu ne retiens pas un petit sourire satisfait.

« Parfait. On est au clair là-d’ssus. On ne va donc pas s’lâcher de ci-tôt. »      

A tes derniers mots, le capitaine valide. Tu ressens son manque de conviction, mais tu l’ignores. Si lui n’y croit pas, tu y croiras pour deux...

Tu passes un bras autour de ses épaules et l’entraines vers la rue en t’efforçant de sourire. Tu lutte contre l’angoisse, pour Jin.

« Aller vient, va falloir prendre un bus pour rentrer. Et faudrait qu’on mange, aussi... »      

Tu ne penses même pas à un taxi. Tu fonctionnes aux bus et au métro, mais il n’y a pas de métro prêt du campus... Tu n’as pas faim non plus, mais il faut quand même que vous mangiez quelque chose avant de dormir...

Trois heures plus tard, vous êtes enfin de retour après avoir mangé un burger et que tu te sois endormi sur l’épaule de Jin dans le bus, épuisé de lutter contre ta crise.

Tu bug un instant devant l’entrée des dortoirs, hésitant, puis fini par suivre Jin dans sa chambre où tu lui pique un t-shirt pour la nuit. Tu t’es douché le matin, ce qui t’évite de devoir y repasser. Tu ne lui laisse pas le choix... tu ne pourras dormir seul...

Les jours suivants suivent le même rituel : cours, étude tous les deux à la bibli, entrainements et squatte de la chambre du capitaine pour la nuit. Ton colloque croit que tu t’es trouvé une mystérieuse copine. L’équipe vous charrie sur ce ravivement de comportement l’un envers l’autre, et vous vous vivez votre vie en vous en fichant... Enfin toi du moins, pour Jin tu n’arrives pas trop à savoir comment il le vit... Pas trop mal, tu supposes, puisqu’il ne t’a pas encore fichu à la porte de sa chambre...

Après quinze jours à ce rythme et une soirée d’après-match, l’avant dernier de la saison, tu finis par te rendre à l’évidence : tu as bel et bien des sentiments pour ton capitaine... et cela te fait putain de peur...

Tu as essayé de parler à Jin de la situation, de ce que tu ressens et de ce qui te bloque, mais à chaque fois soit tu perds tes moyens, soit il détourne la conversation, ou bien ce n’est jamais le bon moment... Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent le soir avant de dormir, mais tu es incapable d’aborder ce sujet dans ces moments-là, trop paralysé par la peur de ce qui pourrait se produire... C’est comme un conditionnement... : agis mal, et tu auras mal... et avoir des sentiments pour un homme, c’est mal agir... c’est contre nature...

Voilà ce qui te tourne en tête à chaque fois que tu veux parler... La voix de ton paternel résonne comme un avertissement funeste, débitant des conneries qui t’empêches pourtant d’avancer... Ce salaud est plus encré en toi que tu ne veux bien l’admettre...

Le dernier match approche, qui sera suivi des examens et... du départ de Jin...

Vous êtes au vestiaire, l’entrainement a été rude, vous devez être au top pour être champions de la saison. Mais à peine sortit du terrain, ton esprit dévie vers le capitaine. Tu te changes au ralenti, comme dans un rêve éveillé, alors que la réalité s’insinue en toi comme un poison. Il va partir bientôt... et tu ne lui auras rien dis...

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Les jours passent dans une intimité assez unique. Vous êtes ensemble, sauf pendant vos rares heures de cours, mais vu que la fin du semestre est proche, vous avez plus de plage horaires pour réviser qu'autre chose. Vous dormez ensemble, vous travaillez ensemble, vous êtes constamment en contact. Tu t'en nourris tellement, parce que tu as toujours eu besoin de quelqu'un comme ça. Ahloy remplissait ce rôle avant, mais elle te - vous - laisse de l'espace. Tu en es heureux, même s'il faudra que tu lui parles un jour, mais plus tard. Là tout ton esprit est envouté par la présence de Taiyo à tes côtés. Et puis, tu essaies de le soulager au mieux, tu sais combien c'est difficile pour lui de se débattre avec ce qu'il ressent alors tu détournes le sujet de la conversation chaque fois que tu le sens mal à l'aise. Tu ne veux pas qu'il te dise quoi que ce soit qui lui pèse, tu attendras qu'il soit prêt.

Il ne reste plus que six petits jours, ce soir c'était votre dernière entraînement. T'as été plus dur avec tes coéquipiers que jamais parce que tu as peur, mais ils savent que c'est la dernière fois. Ils sont au courant que tu pars et que demain, c'est votre dernier match, alors ils ont mis ça sur le compte du stress du dernier match. Ils ne t'en veulent pas, tu ne les mérites pas.

Dans le vestiaires, tu songes à ces six petits jours qu'il te reste avant ton envol. Un jour de match, quatre jours d'examen. Et puis c'est fini. Ton coeur bat la chamade et tu es pressé de retrouver votre routine du soir. Pourtant, tu attends Taiyo. Il est ailleurs ce soir. Comme tout le monde est déjà parti et que plus personne ne s'étonne que vous ne vous lâchiez plus d'une semelle, tu es seul dans les vestiaires avec lui, alors tu te permets de l'admirer. Il est beau, vraiment beau. Tu le sais, tu l'as vu sous toutes ses coutures déjà, mais avec un regard neuf. Il y a une certaine pudeur entre vous, alors qu'il se douche dans ta salle de bain, alors qu'il dort dans ton lit. Vous ne vous touchez rien de plus que les mains, les épaules, les bras parfois, mais pourtant, tu es avides de ces touchers.

« Ça va vieux, t'as l'air perdu dans la lune, » le charries-tu doucement en souriant attendrit. Tu t'interdis de penser à ces six jours. Seul l'instant présent compte, c'est comme ça que tu as survécu jusque là.