Rappel du premier message :



My best rival

Taiyo, 18 ans, en première à l’université

Le temps de cours touche à sa fin. C’est le début d’après-midi, mais tu as entraînement après, l’heure n’est pas à l’étude ou au repos. Pourtant, tu irai bien piquer un somme. La veille a été… arrosée… et tu manques cruellement de sommeil. Tu as du forcer pour garder les yeux ouverts pendant tes deux cours de la journée, et tu sent que l’entraînement va être douloureux, mais tu n’as pas l’intention de le sécher pour autant. C’est grâce à ton sport qu tu as pu rentrer dans cette université, tu ne comptes pas tout gâcher à cause d’une gueule de bois.

Une sonnerie annonce la fin du cours, te sortant d’un demi-sommeil dans lequel tu commençais à t’enfoncer. Sursautant, tu rassembles tes affaires avec lenteur, te demandant si tu aurais le temps de grappiller ne serait-ce que quelques minutes de repos avant d’aller aux vestiaires. Tu sors de l’amphi en décidant que oui, mais une voix t’interpelle alors. Une voix que tu connais bien.

- Taiyo ! Tu as entraînement aujourd’hui ?

C’est Ahloy, une jeune femme deux ans plus âgée que toi, capitaine des cheerleaders. Avenante, toujours souriante mais avec une autorité digne d’un général, mignonne sur tous les points, tu as vite compris que beaucoup de gens étaient sous son charme. Tu n’échappes pas à la règle… même si tu aurai préféré. En effet, parmi les nombreux prétendants de la capitaine, le capitaine de l’équipe est particulièrement virulent… envers toi… A première vue pas a cause de Ahloy, après tout ils sortent déjà ensemble, mais du coup tu ne sais pas trop pourquoi… Le mec semble avoir tout pour lui, et pourtant il n’aura fallut que quelques semaines pour qu’une rivalité quelque peu violente s’installe entre vous.

La jeune femme apparaît devant toi, et un sourire se dessine aussitôt sur ton visage, toutes pensées négatives quittant ton esprit.

« Ahloy ! Oui, mais j’ai encore un peu de temps avant de devoir me préparer. Pour ? »

Te reposer ? Pour quoi faire ? Tu ne te sent soudain plus si fatiguer, en fin de compte.

- Un peu, c’est-à-dire ? J’aimerai présenter une nouvelle figure à l’équipe, mais j’aimerai d’abord la tester, et pour ça j’aurai besoin de muscles. J’aurai bien demandé à Jin mais il n’a pas encore terminé ses cours.

Il ne te faut pas deux secondes pour accepter. Tu dois avoir quoi… 30 minutes avant d’être vraiment en retard pour te préparer ? Et tu seras déjà sur le terrain, au pire tu ne seras juste pas en tenue… Ce qui te vaudra probablement un blâme… mais le coach t’a à la bonne, tu es sûr qu’il comprendra si tu lui expliques que c’était pour aider les cheerleaders, et donc l’équipe. Car le rugby n’est rien sans les encouragements sans failles des cheers, c’est bien connu.

- Super ! Tu me sauve. Allons-y alors. Si tout se passe bien, je pourrais présenter la choré dès demain.

Sans te faire prier, tu suis la jeune femme vers le terrain de rugby qui accueille également l’entraînement des cheers. Tu n’as aucune idée de pourquoi elle s’est adressé à toi en particulier, mais tu ne vas certainement pas lui poser la question...

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Est-il soulagé ? Ou encore sous le choc ? Tu ne sais pas trop et t'as aucune envie de le brusquer, t'attends qu'il reprenne son souffle et qu'il parle le premier, tu t'es déjà excusé après tout, tu ne sais pas ce que tu pourrais dire de plus. S'il refuse de te revoir, tu peux le comprendre.

Mais non, il lâche du sarcasme et tu te sens revivre. Ton coeur se remet en marche et le soulagement t'envahit. Il ne te juge pas sur ton père, peut être même - et tu as beaucoup d'espoir - il comprend mieux ce que tu es devenu avec un tel exemple.

« On a tous nos démons » dis-tu en haussant les épaules « le miens fait plus de deux mètres de haut et trouve juste que tout ce que je fais n'est pas suffisant. » Il a raison d'un côté, tu pourrais faire plus surtout niveau cours, mais tu es déjà capitaine de l'équipe de l'université. N'est-ce pas une belle victoire ? Et puis, Ahloy est aussi une victoire, elle les a charmé dès leur première rencontre, ton père l'adore. Ton coeur se serre à cette idée-là. Ils aiment tellement Ahloy qu'ils ne comprendraient jamais que tu la laisses partir, que ton coeur se mette à battre pour quelqu'un d'autre en plus d'elle. Tu évites le regard de Taiyo et tu es heureux quand il change le sujet de la discussion.

« Ouais » Le coach, t'y a pas pensé une seule seconde. Merde. « Franchement, c'est abusé de nous avoir foutu en taule pour ça, on était clairement les victimes dans l'histoire. S'ils ont retrouvé les gars de l'autre équipe, ce qui ne devrait pas être difficile,  ils verront bien qu'on a grave plus morflé qu'eux. Puis on a gagné ce foutu match, pourquoi on serait aller les tabasser ? Nan, on devrait s'en sortir bien. » Les sourcils froncés, t'es absolument pas certain de ce que tu avances, mais tu veux effacé la douleur sur les traits de Taiyo, tu veux qu'il pense que tu t'occupes de tout, que son dossier ne sera pas entaché par cette nuit pourrie. Tu inspires doucement pour te calmer.

Et là, il te calme en un mot. Un seul. Un merci que veux tout dire et rien dire à la fois, mais qui te fait un bien fou. Tu ricanes et de l'épaule tu le pousses délicatement en rigolant. « Merci de rien du tout, t'inquiète. » Pourtant, tu souris, un de ces vrais sourires qui atteignent les yeux, un de ceux qui réchauffent même l'intérieur de ton corps froid. Tu inspires l'air frais de la nuit et puis tu lui dis « J'sais pas c'que t'en penses, mais on est pas siiii près d'l'univ que ça, on devrait mieux s'mettre en route. Et au pas d'course mon p'tit, on est en entraînement, c'est ton Capitaine qui l'ordonne. » Et, comme si le début de la nuit n'avait pas eu lieu, tu t'élances.

Par cette course - bien trop épuisante pour vos corps endoloris et vos cerveaux abrutis - tu lui offres le silence, s'il n'a plus envie de te parler il peut se taire et éviter de t'entendre jacasser. Pourtant, t'en a vraiment envie. Ouais, tu sais que ça casse un peu le côté bad boy mystérieux, mais t'es une putain de pipelette Jin. Dans vos dates avec Ahloy, au début elle te demandait de te taire tellement tu monopolisais la conversation.

Sauf que tu ne tiens pas bien longtemps, ton coeur bat dans tes tempes et ton souffle se fait cours bien trop vite. Il fait trop froid et t'es pas en état. « Attends... moi... juste ... deux ... mi..nutes. » articules-tu en haletant. Tu te masses le crâne. « Cap'tain pas en forme. » grognes-tu en regardant Taiyo, espérant y lire le même désespoir dans ses traits, espérant que lui aussi préfère continuer en marchant. « On va marcher ... un peu... pour retrouver not' souffle. » Tant de mots d'un coup, t'en reviens pas. Tu souris. T'es vraiment con d'être heureux comme ça. Tu cales ton pas sur le sien et vous avancez sur la route vide, l'heure n'est pas à la circulation et tant mieux, vous avez encore besoin de calme. « Est-ce que t'as.. encore peur de moi ? » Cette question te brûle les lèvres mais t'avais tellement peur de la réponse que tu n'osais pas la poser, sauf que tu n'as rien trouvé de mieux pour relancer la conversation. Tu évites son regard, admirant le bout de tes semelles.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Le capitaine hausse les épaules, comme si sa situation était normale. On a tous nos démons. Il a raison...  Et si le sien est bien différent du tiens, il n’en reste pas moins un...

Tu aimerais répondre quelque chose, mais tu ne trouves rien... Tu ne vas tout de même pas admettre tout haut qu’il a raison...

A ta remarque sur le coach, Jin confirme. Il s’énerve. Vous n’êtes pas fautifs, vous n’avez pas à subir les conséquences des actes de l’équipe adverse, pourtant il semble avoir du mal à se convaincre lui-même... Tu apprécies le geste malgré tout. Et tu le remercie...

Jin te bouscule amicalement en ricanant. Tu relèves les yeux vers lui, et son sourire te contamine malgré toi. Juste un fin sourire timide... Et puis il lance le départ, de but en blanc, se mettant à courir comme pour un entrainement.  

« Quoi ?! »    

Tu n’as pas le temps de réfléchir, pas le temps de poser de questions, le capitaine est déjà parti, et malgré ton corps vidé et tes blessures, tu t’élance à sa suite. Tu le retrappes avec un srpint et puis te calque sur sa vitesse. L’air froid te transperce les poumons, mais tu respires, et ça te fait un bien fou. Le sport a toujours été une échappatoire, cette nuit n’échappe pas à la règle...

Mais si tu passes en mode automatique, épuisant un peu plus tes muscles déjà fatigués, Jin lui finit par ralentir, essoufflé, puis s’arrête. Tu en fait de même. Ton souffle est court, cette fois tu ressens la douleur, mais tu aurais pu continuer toute la nuit ainsi... Pourtant, tu te mets à marcher, Jin à côté de toi. Tu n’as rien dis. Tu aurais pu lui balancer tellement de choses pour le charrier de n’avoir pas tenu le rythme, mais tu n’en avais pas envie. Tu apprécies le silence... Et puis tu as l’impression d’avoir parlé pour des mois...

Le capitaine, par contre, semble vouloir faire la conversation. Tu manques de t’arrêter à sa question à laquelle tu ne réponds pas tout de suite. Le regard fixé devant toi, marchant d’un pas plus lent, tu réfléchi un instant.

« Je n’sais pas... »    

Oui... surement... Ses brusques changements d’humeurs te feront probablement toujours peur... Mais s’ils ne sont plus dirigés contre toi, peut-être pourras-tu faire avec...  

« Je crois que j’aurai toujours peur... »

Mais pas que de lui... Tu auras toujours peur pour ta mère aussi, pour ton avenir, et surtout, peur de toi... de tes réactions, de te dévoiler, de craquer...  

Putain, mais comment ce type arrive-t-il à te faire parler ainsi ?! Tu laisses échapper un petit rire.

« Mais avec le dossier qu’tu as maintenant contre moi, j’vais devoir me tenir à carreau... T’auras fini par le mater, le p’ttit nouveau... »

Le ton se veut humoristique, mais il y a un fond de vrai... Jin est changeant, s’il semble vraiment t’apprécier maintenant, qui te dis qu’il ne retournera pas sa veste un jour sous le coup de la colère ou de la jalousie ?  

Tu te frotte les mains pour dissimuler tes tremblements. Maintenant que l’adrénaline de la course, et de cette nuit en générale, est retombée, tu te rends compte avoir froid... Tu rêves soudain d’une douche brûlante... et cela te rappel un truc...

« J’ai toujours ton pull... »

Roulé en boule sous ton lit, mais tu l’as toujours...

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Tu sais bien que c'est pour toi que vous vous arrêtez de courir, Taiyo lui aurait pu continuer encore. Il était beau en courant, comme si les soucis du passés s'étaient éloigné pendant ces quelques minutes. C'était plus simple pour lui. Tu t'en veux de devoir le rappeler à la réalité, mais t'es trop égoïste pour ne pas le faire. Et s'il y a bien une chose qui t'estomaque, c'est qu'il n'en profite par pour te vanner. Donc soit vous avez passé un cap, soit il n'est pas encore passé. Evidemment qu'entre potes on se taquine, mais là au moins il ne se moque pas de toi. Tant mieux, t'es pas sûr que tu aurais adoré un ton condescendant.

« Je n’sais pas... »  

Ce n'est ni un oui - qui t'aurait brisé le coeur - ni un non - qui t'aurait fait pousser des ailes. Au moins c'est honnête. Mais sa deuxième phrase par contre, arg, c'est trop pour toi. Tu n'arrives même pas à retenir la grimace qui déforme tes traits. Tu lui feras toujours peur, c'es trop ancré en lui et tu es trop toi. Tu viens de te prendre un coup de massue et dire que tu dois continuer à sourire et à le soutenir alors qu'il vient de t'assommer. Peut être qu'un voyage silencieux aurait été mieux. Tu regrettes ta question, la prochaine fois, tu te tais.

Sa réplique suivante te fait froncer les sourcils et tu le fixes étrangement. Il n'a donc toujours pas compris ? Ou alors il t'a tellement bien cerné, il sait que tu n'es pas le même homme en privé et en public, il sait que tu es incapable d'agir de manière linéaire parce que tu te fous une pression sur les épaules et que tu revêts un masque pour être le connard de service mais trop thuné pour qu'on le déteste en face. Tu vas ouvrir la bouche pour répliquer quand il te surprend une fois de plus.

Ton pull. Evidemment que tu ne l'as pas oublié, ce pull vient de ton frère Cheng, ce pull tu l'adores. Mais tu ne veux pas le récupérer, parce que tu veux qu'il ait quelque chose à toi, quelque chose qui lui rappelle ta présence. Et puis, s'il fuit une fois de plus, tu auras une excuse pour aller le voir.

« Garde-le, comme ça, quand je redeviendrai le mec que tu supportes pas, t'auras un dossier sur moi, toi aussi. »

Ton ton est bien plus sec que prévu, mais t'as été vexé, blessé par ses mots. Et puis, tu sais qu'il lui faudra du temps, mais ne voit-il pas déjà tous les pas vers lui que tu as accompli ? « Faut pas qu'on perde de temps, j'ai hyper froid. » Et voilà l'excuse que tu lui donnes pour ton avancée plus rapide. Tu ne veux plus lui parler de peur de recommencer à être mauvais et puis tu es fatigué de cette journée. Peut être que terminer votre route en silence est moins dangereux.

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université

Jin te regarde bizarrement. Lorsqu’il reprend la parole, son ton est sec. Tu l’as vexé apparemment... Et alors qu’il accélère sous prétexte d’avoir froid, tu t’arrêtes, le regard fixé sur lui.

« Shao ! »

Tu l’interpelle d’une voix forte, tu veux qu’il s’arrête et te fasse face... Tu ne voulais pas le blesser... tu es juste honnête...

« J’ai bien compris... Tu sais... Ce que tu m’as dit... »

Cette promesse qu’il t’a faite d’être là pour toi... Tu ne sais pas comment interpréter ses mots, et tu n’es pas sûr de vouloir le savoir, mais tu as compris l’idée principale...

« Mais ne t‘attend pas à ce que tout change du jour au lendemain... Tu m’as montré que t’es pas un connard... pas tout le temps en tout cas... »

Seulement en public semble-t-il...

« Mais... toi et moi... va falloir du temps, ok ? »

Toi et moi... Tu as du mal à prononcer ces trois petits mots tellement ils te semblent incongrus et que, au fond de toi, tu redoute ce qu’ils signifient exactement pour lui...

Tu fais quelques pas vers lui et tente un sourire un peu crispé par le froid qui commence à se faire mordant.

« La prochaine fois, c’est moi qui pose les questions, histoire d’équilibrer les dossiers... »

Et alors que tu termines ta phrase, tu te sens soudain partir. Tu ne comprends pas ce qui se passe, tu as perdu connaissance avant même de toucher le sol... Ton corps était déjà faible des suites de la soirée dans le bureau du coach, là tes batteries sont en négatif... et tu n’as rien vu venir...

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Son cri vient du fond du coeur et c'est ton nom de famille. L'as-tu déjà entendu le prononcer ? T'es même pas certain qu'il t'ait déjà appelé, il se débrouillait pour te mépriser sans t'appeler avant. Tu t'arrêtes net, figé. Tu veux savoir à quel sauce tu vas être mangé. Tu n'as donc même pas le droit d'être vexé ? Tu te retournes pour lui faire face ...

et tu te prends une vague dans la gueule.
un tsunami.
un toi et moi qui fait vriller ton coeur.

Tu suffoques. Tu manques de perdre l'équilibre. Toi et moi. Qu'est-ce que ça veut dire ? Bien sûr que tu lui laisseras du temps pour tout ce dont il a besoin, mais toi et moi. Est-ce que ça veut dire ce que ton coeur te dicte ? Non, il ne parle que de cette amitié que tu essaies de construire, cette amitié dont tu as déjà rejeté les fondations par le passer. Tu ne veux pas d'une amitié, mais peut être est-ce la seule chose que tu n'obtiendras jamais.

Tu inspires. Tu essaies de reprendre contenance. Heureusement que le lampadaire le plus proche est assez éloigné pour que vous en soyez que des ombres, ainsi il ne verra pas ton visage blanc comme la neige. Tu n'arrives même pas à rire à sa proposition, mais tu essaies au moins de rester droit contrairement à lui qui... tombe ?

Tu te rues au sol, avant même que tu aies eu le temps de réfléchir, tes mains rattrapent sa tête. Elle ne cogne pas contre le sol, mais tes genoux craquent et tu te casses la gueule. Vous avez l'air con, tous les deux, par terre, dans la rue, sur une route peu éclairée à encore quelques kilomètres. Tu t'assieds, pose la tête de Taiyo sur tes genoux, enlève ta veste - et tu te pèles le cul - pour le couvrir, puis tu sors ton téléphone. Il n'y a qu'une seule personne que tu peux appeler.

« Ahloy, j'ai vraiment vraiment besoin de toi. » murmures-tu au téléphone quand elle décroche.

Bon, il se peut que tu aies appelé vingt-sept fois avant qu'elle n'ait ouvert les yeux et une bonne nouvelle dizaine de fois avant qu'elle décroche. Tu es à bout de souffle, gelé, épuisé, courbaturé et le médicament commence à ne plus faire effet. C'est donc le soulagement intense qui t'envahi quand elle te répond enfin. Tu lui donnes les indications pour te retrouver, laisse le gps de ton téléphone allumé pour plus de précision et tu l'attends.

« Je suis désolé Taiyo, désolé d'être une sombre merde, désolé de mon caractère pourri, désolé de ne pas savoir m'exprimer, désolé de t'imposer ma présence. » Ton murmure est une litanie qui te libère, dire la vérité, ne serait-ce qu'une seule fois te fait tellement de bien. Tu respires mieux au quatrième désolé. D'une main timide, tu caresses ses cheveux. Ils sont doux. Ils n'ont rien à voir avec ceux d'Ahloy. Tu le regardes et tu espères qu'il n'est qu'endormi, que ce n'est rien de grave, mais ça ne sert à rien de se monter martel en tête, tu ne peux rien faire de plus.

Malgré le froid, la nuit, la solitude, tu apprécies ce moment hors du temps. Ce Taiyo dont le visage s'est apaisé, cette sensation de chaleur de son corps contre le tien, cet abandon dans tes bras et ta main sur son visage.

Les phares tant attendus brisent le charme et tu expliques rapidement la situation à Ahloy pendant qu'elle descend en courant de la voiture. Elle écarquille une dizaine de fois les yeux en vous retrouvant là. Puis en voyant vos blessures. Et en regardant tes bras nus. « Oh bordel, je veux des explications, si tu lui as fait LE MOINDRE mal je » Ton sourire la désarçonne, pourtant tu aimes la voir le protéger, tu aimes savoir qu'Ahloy aussi se tiendra droite devant Taiyo pour prendre soin de lui et empêcher le mal le ronger. Elle a tout de suite compris, elle. Elle a tout de suite vu que Taiyo était quelqu'un de bien. Tu t'en veux de l'avoir jalousé, pire, de la jalouser encore. « Promis babe, j'ai rien fait de mal. » presque

Elle t'aide à le monter dans la voiture et vous l'allongez sur les sièges à l'arrière, tu dois prendre sur toi pour ne pas t'assoir par terre et le retenir s'il tombe. Toutes les trois secondes, tu te retournes sur ton siège pour vérifier qu'il va toujours bien, mais tu expliques en quelques mots ce qu'il s'est passé. Tu évites toute la partie révélation de Taiyo, ce n'est pas à toi d'en parler, mais tu lui parles longuement de ton père. Voilà qui peut mettre quelqu'un dans tous ses états, et puis le passage à tabac aussi, tu ne l'épargnes pas. Histoire qu'elle détourne son attention du rouge qui te monte aux joues. Elle gare la voiture le plus proche possible, mais tu ne connais pas le numéro de la chambre de Taiyo et comme tu veux lui éviter une humiliation de plus en l'amenant dans la tienne, vous optez pour celle d'Ahloy. Quand enfin Taiyo est allongé sur son lit, tu respires un peu mieux. « Prends soin de lui et désolé de t'avoir levée au milieu de la nuit et on s'fait un dîner bientôt ? » T'es rarement à l'origine de vos dates, mais là, t'as un besoin urgent de faire comme si c'était normal, comme si tout allait bien, comme si tu ne te posais aucune question. Elle hausse un sourcil, non dupe, parfois tu penses qu'elle te connaît mieux que toi-même, c'est flippant. « Bien sûr, que j'prendrai soin d'lui, tu m'prends pour qui ? Allez, va dormir t'as une tête à réveiller un mort. » Elle te dépose un baiser sur ton front et te claque la porte au nez.

Bordel, comment tu vas réussir à dormir maintenant ?
Dix minutes plus tard, tu ronfles au fond de ton lit.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Le néant... Tu ne rêves pas. Mieux encore, tu ne cauchemarde pas ! Tu dors d’un sommeil profond comme tu n’en as plus eu depuis des semaines... voire même des mois... Si ça se trouve, tu as fait un coma et personne ne s’en est rendu compte... Mais à partir du moment où tu ouvres les yeux le lendemain, c’est plutôt que tu devais dormir...

Le réveil est plus douloureux que le dodo... Tu clignes plusieurs fois des paupières sur une chambre qui t’es totalement inconnue. Tu as mal. Cela te soulage...  

- Bienvenue parmi les vivants, Sleepy Beauty. T’as fait de beaux rêves ? Aux vues de ton sourire, j’dirais que oui...

La voix te faire sursauter, et tu te redresse d’un bond, scrutant les lieux sans comprendre. Ahloy se tiens prêt de toi, un gant de toilette humide à la main.  

- Comment tu te sens ?

« Je... que... comment... »    

Tu bredouille, n’arrivant pas à aligner deux mots. Qu’est-ce que tu fais là ? Et c’est où, là ? Et pourquoi Ahloy est là aussi... ? Comment... ?  

- On t’as ramené avec Jin. T’es dans ma chambre... On ne savait pas où était la tienne, désolé... Puis fallait quelqu’un pour veiller sur toi.

Tu fronce les sourcilles, essayant de te remémorer la veille. Tu te souviens marcher avec Jin, tu le revois partir vexer, tu as essayé de t’expliquer puis... plus rien...

« Je m’suis évanoui ? »    

La pom-pom-girl acquiesce. Ben merde alors, voilà autre chose...  

« Il est quelle heure ? »

- On est dimanche, y a pas cours, t’inquiète. Et de toute façon, t’as besoin de repos... et d’une bonne douche...

Cette fille lit dans les pensées... En fait, tu espères que non... Car la suggestion de la douche te fait monter le rouge aux joues. Sommeil ou coma, ça t’a fait du bien...

Ahloy prévient Jin que tu es réveillé, mais comme elle l’a dit, tu as besoin d’une douche. Tu la remercie donc et te dirige vers ta chambre, où elle te suit... Du moins jusqu’à la porte. Ton coloc est là, mais tu lui fais rapidement comprendre que tu ne comptes pas répondre aux questions tout de suite. N’insistant pas, il te file donc juste une enveloppe arrivée tôt le matin. Tu es convoqué dès le lendemain...  Au moins, tu n’es pas prévenu le jour-même... Tu plains celui ou celle qui a dû se farcir le rapport de police et écrire la lettre...

La mine sombre, tu file te laver. Vu l’heure avancée de la journée, les douche sont vides, et tu en profites pour y rester longtemps. Quand tu reviens dans ta chambre, ton esprit est un peu plus clair. Ton coloc étudie, mais toi tu n’en as pas le courage, et surtout, tu sens qu’il meurt d’envie de poser des questions auxquelles tu n’as pas envie de répondre... Aussi tu ne restes pas. Tu enfiles un pull (tu en profite pour sortir celui de Jin de sous le lis pour penser à le laver...), et sors dans le parc qui fait face aux dortoirs. Il fait beau et bon, cela change de la nuit... Ta lèvre est gonflée et ton arcade te lance, mais ces douleurs te rassurent...  

Tu marches sans but, lentement, profitant juste du soleil et essayant de te remettre les idées en place par rapport à la veille... Tu as dormi dans le lit d’Ahloy... mais si tu t’étais déjà imaginer la scène, elle était tout autre...

Et Jin... De quelle humeur sera-t-il la prochaine fois que tu le croiseras ? Vas-tu regretter tes confessions ? Non... tu ne penses pas...

Tu revois son père à la sortie du commissariat, tu frissonnes... Tu ne comprends toujours pas pourquoi il a payé pour toi aussi...  

Tu revois le capitaine qui lui fait face...

Tu sors ton téléphone de ta poche. Il n’a pas chargé de la nuit, mais tu l’as peu utilisé la veille, il lui reste donc un peu de batterie. Tu cherches le contacte “Capitaine”, tu hésites un instant, puis tu tape vite un message.

« Tu es aussi convoqué ? »

Ou son père a-t-il joué de son influence pour lui éviter ça ? Ce serait logique... Mais si tel était le cas, cette fameuse logique voudrait qu’il ait fait pareil pour toi aussi... Pour étouffer l’affaire, il faut en sortir tous les concernés... Voilà peut-être pourquoi il a aussi payé pour toi... Pas de témoins, pas d’affaire, pas de tâches sur le dossier de Jin... ni sur le tiens, dans la foulée... Digne de la haute...

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C'est la sonnerie d'un texto qui te réveille, puis un deuxième, puis un troisième. Ahloy. Il n'y a qu'elle pour envoyer trois messages à la suite alors qu'elle aurait pu n'en faire qu'un. Tu gémis et te cache la tête sous l'oreille. Nouvelle sonnerie. Tu râles et puis tu vois la teneur des messages. Taiyo est réveillé. Tu sautes du lit, debout t'es prêt à courir, mais, non, tu ne peux pas. Vous n'êtes pas vraiment amis. Et puis quelle sera l'excuse cette fois-ci ? Comme un con, tu te rassieds sur ton lit et lis les messages en détail.

Ahloy est taquine, mais honnête, elle ne te force pas à répondre, mais dans ses messages, il y a des sous-entendu. Tu te mords la lèvre, pour ne pas rire. Tu la détestes de savoir désamorcer chacune de tes humeurs, elle te connait si bien. Tu souris comme un con en lui répondant. Et vous échangez ainsi pendant une bonne partie de la journée. T'as des devoirs qui t'attendent sur ton bureau, t'as un entraînement à faire, mais tu n'as pas envie d'y aller. Alors tu discutes avec Ahloy, vous envoyant des piques à coup de gif de chats ou autres joyeusetés. C'est le nouveau message qui s'affiche qui te fait perdre ton sourire. P'tit merdeux et tu te sens con. Evidemment que tu l'avais appelé comme ça dans ton téléphone, évidemment que t'étais bien trop con. Tu hésites pendant dix minutes sur l'appellation et fini par choisir le sobre Taiyo - rugby.

Enfin, tu lis son message. Tu sautes sur tes pieds et cette fois-ci, tu sors de la chambre. Tu envoies trois messages coup sur coup. « Non » puis « Que disais la convocation ? » et enfin « t'es où ? » Et dire que tu te plains qu'Ahloy fasse ça. Idiot va.

Tu marches d'un pas rapide, le doigt sur le bouton d'appel, au cas où il ne veuille pas te répondre, t'as besoin de le retrouver, tu veux voir qu'il va bien, qu'il va mieux et cette putain de convocation est la meilleure excuse qui soit. Les trois petits points, signe que Taiyo est en train de te répondre clignotent depuis assez longtemps pour te rendre dingue - environ quatre secondes - et tu décides de prendre le taureau par les cornes.

« Père, c'est moi Jin. »
Tu sais que c'est affiché sur son téléphone, mais c'est un vieux de la veille, un de ceux qui a connu le téléphone avant les smartphones et il tient à ce que vous vous présentiez chaque fois que vous l'appelez. Il signe chacun de ses textos d'ailleurs. Tu es heureux de ne communiquer que rarement avec lui par ce biais.
« Je voulais m'excuser pour ma réaction d'hier soir, » des excuses, il doit jubiler. « mais j'avais besoin de savoir, avez-vous parler à la police à ma place ? » Un long silence à l'autre bout du fil, tu te sens fébrile, puis il répond, de sa voix grave et dure. Il t'explique de la même manière qu'il t'explique les choses depuis que tu es haut comme trois pommes : d'une voix exagérément lente comme si tu étais débile et avec des mots compliqué pour que tu ne comprennes qu'un quart. C'est déstabilisant, mais au moins tu as acquis un excellent vocabulaire, que tu n'emploies jamais cela va sans dire. « Très bien, merci. Et pour le joueur de l'équipe qui était avec moi ? » Merci. Désolé. Ces mots te sont odieux, tu le détestes. Mais son influence t'a toujours profité, tu es obligé de t'écraser devant lui. Et il savait tout ça, voilà pourquoi il t'a laissé partir hier. « Oh, d'accord. Ce sera fait. Bonne journée. » Tu raccroches d'un geste rageur. Et t'espère que Taiyo t'a répondu parce que t'as besoin de lui expliquer que ton père est un connard.

Il n'ira effacer le casier de Taiyo que si vous faites quelque chose pour lui. Tu le hais. Il te méprise. Vous faites la père, ton père et toi. Il te manipule à tous les étages et tu vas galérer à convaincre Taiyo, pire, il espère juste se moquer de vous, t'en es certain.

Enfin, tu retrouves Taiyo dans le parc, tu te laisses tomber à ses côtés, la tête entre les mains. Tu prends le temps de trouver le courage de prononcer ces mots. « Mon père... » tu soupires, comment tu peux lui infliger ça ? « a une seule condition pour effacer cette aventure des esprits de tout le monde. » Tu te racles la gorge.  « Un dîner après-demain, avec lui, dans le restaurant L'Abysse au Pavillon Ledoyen » soit le plus cher de toute l'île « Bien sûr, il faut que nous soyons en costume trois pièces et que tu saches te servir d'un service à cinq couvert. » L'élégance à l'occidentale. Pourquoi ne pas faire simple ?

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin ne répond pas tout de suite. Peut-être qu’il s’en fout ? Ou qu’il a peur ? Peur de quoi... de ta réaction ? Il sait ce que tu penses de la haute société, de leurs façons de faire... Peut-être que tu as visé juste en pensant que ton père est intervenu pour lui... Mais alors pourquoi pas pour toi ? Ce n’est pas logique...

Ton téléphone vibre, c’est le capitaine qui répond. Tu n’as pas le temps d’ouvrir le message que deux autres arrivent dans la foulée. Wow, on se calme...

Tu hésites à quoi répondre. En fait, tu hésites à répondre tout court...  Mais tu veux en avoir le cœur net. Tu veux savoir à quoi joue le père Shao. Tu fini donc par répondre où tu te trouves. Tu répondras à sa première question de vive voix... De toute façon, il doit se douter que ça a un rapport avec la veille...

Tu t’installes sur un banc et attend. Jin ne tarde pas à arriver, à croire qu’il était déjà en route sans même savoir où tu te trouvais... La façon dont il se laisse tomber à côté de toi et la mine qu’il tire ne te dis rien qui vaille... Tu le fixe, attendant qu’il parle, qu’il te repose la question de la convocation ou s’explique sur le fait que lui n’ai rien reçu. Vous ne vous êtes même pas salué. Tu ne prends même pas le temps de le remercier de t’avoir ramené avec Ahloy... Tu ne sais pas tout ce qu’il a fait exactement, tu n’as même pas cherché à savoir... T’es qu’un putain d’égoïste...

Jin fini par prendre la parole. Il n’y va pas par quatre chemins : son père à bien pensé à effacer ton dossier également, mais à une condition. Et cette condition, tu ne la comprends pas...  

« Attend... c’est tout ? »    

Non, ça ne peut pas être que ça, il doit y avoir quelque chose d’autre... C’est trop simple pour ne pas cacher une couille...

« C’est une blague ? »    

Tu ne ris pas, pourtant...

« Je suis convoqué demain matin pour espérer avoir une chance de m’expliquer sur les évènements d’hier, et ton père m’invite à diner dans un resto de bourge le lendemain pour que je joue les bitchs en espérant qu’il repassera derrière pour effacer le dossier ? »

Oui, le voilà le piège... Ton dossier ne sera pas encore clôturé d’ici mardi, mais ils auront tous les éléments, et tu sais qu’en tant que boursier, même si tu n’es pas en tort, tu pourrais être accusé et perdre ta bourse pour avoir troublé l’ordre public, et ce peu importe ta défense...

Tu ne sais pas comment, mais le père de Jin doit le savoir aussi... et ce diner, tu pressens qu’il compte t’y afficher et t’y juger afin de voir si oui ou non tu mérites qu’il intervienne à nouveau pour toi. Et s’il intervient... Tu lui seras redevable...

Ton résumé est dure, mais vrai, tu en es sûr... Rageux, tu te lèves du banc et fait les cents pas.

« J'vais pas m’abaisser à lui lécher les bottes, je m’débrouillerai seul, comme je l’ai toujours fait... »

Et quoi que Jin en dise...

Tu n’as pas peur de participer à ce diner, même si tu n’as jamais manger de menu 5 services dans un resto étoilé, tu sais te tenir. Tu a appris à être discret, à ne pas te faire remarquer lorsqu’il le faut, à comprendre et à faire ce qu’on attend de toi vite et bien pour éviter les coups. Non, tu n’as pas peur, mais tu refuses de devoir quoi que ce soit à des gens tel que cet homme...

Tu ne sais pourtant rien de lui, tu l’a à peine aperçu la veille, mais cela t’a suffi... Ca, et Jin...

My best rival

Tu l'observes quand il parle, tu vois comment les informations se font, comment ça monte au cerveau, tu remarques les rouages de son cerveau qui se mettent en place. Oui, ton père est bien plus retors qu'il n'y parait, ce n'est pas juste un simple dîner. Il y a toujours pire, toujours plus.

Et le voir vouloir se battre te fait du bien, il te fait penser à toi. Au début aussi, t'as essayé de te battre, quand Cheng est parti, quand tu n'étais plus protégé par sa douceur envers toi, et puis tu as vite déchanté. T'es bien plus doué pour courber l'échine et aplatir le sol sous ses pas. Tu le regardes et dans tes yeux se lisent toutes les excuses du monde, tu regrettes tellement de l'avoir mêlé à ta vie, à lui, à tout ça.

« Le problème, » soupires-tu en fuyant son regard « c'est qu't'es fichu dans tous les cas. » Tu serres les poings. « Je, je sais ce que tu penses, mais y a pas d'échappatoire.  » Tu inspires doucement, et le regarde. « Si tu savais combien je m'en veux de t'avoir mêlé à tout ça, putain. » Tu as envie de frapper quelque chose, tu ne le fais pas, parce que Taiyo est là. « Taiyo, il a tout calculé, et .. il a tout le monde dans sa poche. » Il a dû deviner où tu voulais en venir. « Si tu refuses, tu risques vraiment gros. » Ton père paie tout le monde. Un jour, peut être, quelqu'un le fera tomber, mais il a assuré ses arrières depuis longtemps. Et toi, toi t'es faible, toi tu peux rien faire. « Je suis désolé. »

Ton coeur se serre. Adieu, fini les grands rêves, fini les fins heureuses. Si Taiyo essayait de faire des efforts, après cette soirée - qu'il finira par faire parce qu'il est pieds et poings liés - il ne t'adressera plus jamais la parole. Et tu comprendras bien pour toi.

« Je... je peux essayer de le convaincre d'amener Ahloy avec nous, il l'adore, peut être que ça allégera l'atmosphère. » C'est toi que t'essaies de convaincre, jamais il n'acceptera qu'Ahloy soit là. Il veut diriger toute son ire contre toi. « Je sais que t'es capable de tout, mais Taiyo, je crois pas que tu te rendes compte de sa puissance, si » tu inspires « si je suis comme ça, c'est à cause de lui, mais hier soir, c'était la première fois depuis que Cheng est parti que je m'opposais à lui. Il a dû bien rire. Il se venge, c'est tout. » Cheng. Peut être que lui pourrait le résonner ? Non, tu ne t'abaisserais pas à lui demander ça, ton père serait fou de joie de te voir ramper. Enfin, dans tous les cas, tu vas ramper. « Et ... je ne peux pas te laisser te battre contre lui. » Tu détournes le regard, t'as tellement honte, mais s'il y a une confrontation, tu prendras la défense de ton père, malgré tout, malgré toi. Tu te dégoûtes.

 

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin est mal... Tu le vois... Il tente de te résonner, il s’excuse, il te met en garde... Tu ris jaune, tu secoues la tête négativement, refusant ses paroles. Tu continues de faire des aller-retours face au banc, nerveux.  

Il se venge, c’est tout... Son père est un monstre... d’un autre genre que le tiens, plus vicieux, sûrement plus dangereux... Le psychologique est bien plus violent que le physique...

Tu t’arrêtes soudain et fais face à Jin. Tu t’apprêtes à parler, te retiens, hésites... Tout comme tu refuses qu’on ait pitié de toi, tu te refuses à ce qu’il croit que tu as pitié de lui... Alors tu cherches tes mots. Tu te remets à marcher, les mains dans la nuque. Le mouvement t’oblige à respirer. En d’autres temps, tu aurais ris face aux paroles du capitaine. Tu lui renvoyer une pique bien pensée, plantée bien où il faut pour faire mal. Mais tu ne le fais pas, car tu sens qu’il est sincère... Aussi doué sois-tu avec les mots, tu ne fais pas le poids face à un magnat manipulateur et véreux... Mais tu ne comptes pas te laisser faire pour autant... Tu n’as pas quitté le joug d’un père violent physiquement pour tomber sous celui d’un violent psychologiquement, qui n’est pas le tiens qui plus est.  

Tu t’arrêtes de nouveau et parle enfin.  

« Ok... »    

Cette nuit noire t’a vraiment du bien. Tu arrives à nouveau à réfléchir, mais par contre tu trembles toujours... Alors tu serres les poings pour te contrôler, et tu reprends comme si tu étais en train d’établir une stratégie de rugby...

« Je ne jouerais pas la bitch pour son plaisir... Et s’il me propose d’effacer mon dossier, je refuserais... Mais j’irai à ce diner, et je te garantis que je serai tellement parfait qu’il finira par douter de ma classe sociale... »    

Il veut jouer ? Très bien. Tu useras donc de tes mots contre lui, tu ne te laisseras pas faire. Tu sais que tu es capable. Il y a juste un petit souci...

« Mais tu vas devoir m’aider... Ton père ne piègera pas par la parole, et je peux me débrouiller avec le diner... Le costume par contre... »

Tu détestes ça... Tu as une veste de costume pour “les grandes occasions” que tu mets par-dessus une chemise blanche, sans cravate et avec un jeans... Si tu débarques comme ça au diner, tu es foutu d’avance...

« Ton père à l’air d’être un beau salaud, mais j’ai appris à me battre sur son terrain... »

C’est ta défense, ton moyen de te protéger. Il t’aurait provoqué dans un match de boxe, t’aurais eu l’air beaucoup plus con...

Tu as envie de dire à Jin que tu es désolé pour lui, pour son père... Il veut te protéger, mais qui le protège, lui ?

Cette pensée est fugace, elle part aussi vite qu’elle est venue... Tu ne saurais pas lui dire... pas encore...

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Son ok te surprends si fort que tu cherches à croiser son regard pour y lire une détermination dans le sien. Sauf qu'il n'a pas fini. Au moins, il a accepté et tu as deux jours pour le convaincre de ne pas ruiner son futur. Et quand il te demande de l'aide pour un costume - ton coeur se met à battre plus vite, parce qu'il ose te demander quelque chose et que ça te fait un bien fou - tu souris en effaçant tout le reste de tes pensées.

« J'ai hâte de te voir à l'oeuvre. » Tu songes à vos premières rencontres, quand tu l'avais jugé et que tu as découvert qui il était vraiment, bien sûr qu'il est capable de revêtir ce masque là. Tu souris à pleines dents, t'as hâte de voir ton père se heurter à un mur. Puis tu te rappelles qui il est vraiment et t'as un petit peu peur de la tournure des évènements, mais la possibilité que, peut être, Taiyo remporte la bataille suffit à t'y faire croire.

« Aloors pour le costume, on n'a pas d'autres choix qu'aller t'en faire un sur mesure. Promis c'est merveilleux comme sensation et ça t'ira toute ta vie. Si je t'en passe un des miens il le saura direct et puis, t'es plus petit que moi, mais pas moins large d'épaule. » Ça te ferait trop mal d'admettre qu'il a des épaules plus fortes que les tiennes, pourtant c'est la vérité. Tu sors ton téléphone pour faire une recherche rapide. « Y a la boutique où on va régulièrement en famille » ouais, paie tes sorties familiales... « où la concurrente, les deux ont leurs points forts et les points faibles. » Tu te mords la lèvre en réfléchissant à l'argent que tu peux mettre dedans pour lui, en espérant que tu puisses payer les trois quart sans qu'il ne le sache, mais il t'étonnerait s'il ferme les yeux. « Tu peux sortir 150 euros ? » Tu le sais boursier, mais tu ne sais pas avec quoi il vit. Il faut au moins mettre 500 euros dans le costume pour réussir à impressionner ton Père et tu espères vraiment que vous allez le faire. Pas un instant tu songes à son refus ou à sa volonté de prendre un truc plus simple ou pire, à la revente du costume après coup. Même si t'en portes jamais à la fac, tu adores les revêtir le reste du temps, parce que les costumes vont si bien à Cheng et que tu espères avoir la même allure que lui.

« Mon père n'est pas quelqu'un de bien non. » Tu as encore du mal à l'insulter, même en privé, c'est une chose qu'Ahloy a compris très vite alors qu'elle-même n'a aucun mal à dire la vérité sur les gens, mais elle s'en garde de dénigrer ton père. Votre relation est si complexe - et si malsaine - que tu espères toujours qu'il finira par ouvrir les yeux et t'aimer comme tu le mérites.

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université

La capitaine semble... amusez par la situation ? Non... il n’y a rien de malsain dans son sourire... Il n’y rien du Jin qui se comporte comme un connard pour faire peur aux autres. Et tu ne comprends toujours pas comment vous en êtes arrivé là...

Mais tu n’as pas le temps de t’attarder sur le sujet. Jin te sort qu’il va te falloir un costume sur mesure. Tu le regardes, les yeux écarquillés.

« Ca aussi c'est une bague..., hein ? »

Tu n’as pas les moyens pour un costume sur mesure... Et Jin le sait surement... pourtant il est lancé dans sa recherche, t’expliquant le pourquoi du comment il ne peut pas juste t’en prêter un à lui. Sérieusement, ça l’amuse en fait... Pas parce que tu es dans la merde, juste... quelque chose l’éclate...

Bouche-bée, tu le regardes évoluer dans son monde, à mille lieux du tiens. Quand il te demande si tu peux sortir 150 euros de ta poche, tu essaie de te reprendre.

« Pour un costume de location, ouai...Mec, je vais pas me faire faire un costume hors de prix en plus du reste... Dois y avoir une autre solution... Ok un des tiens ne m’ira pas... »

Tu ne doutes pas une seconde qu’il en a plusieurs...

« Mais y a le seconde main ou la location... »

D’autant que tu risques de ne jamais remettre le truc...

A ta réplique sur son père, Jin confirme de manière... moins brutale... Tu baisses brièvement les yeux. Tu as aucun mal à insulter ton géniteur. Cet homme n’est plus ton père depuis longtemps, mais ce n’est pas la même chose pour le capitaine... Il est toujours sous le joug de ce type...

« Ca se passera bien, j’te le promet... »

Tu ne sais pas trop pourquoi tu cherches à le rassurer, mais tes mots sont sincères...

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Tu as envie de rire et de pleurer à la fois. Taiyo ne comprend pas, comment lui faire entrer dans la tête qu'il vaut mieux agir exactement comme ton père s'y attend pour limiter la casse ? « Non c'est pas une blague et non, c'est mort pour un costume de location. » En réalité, ça pourrait passer. Prendre un costume pour une seule soirée et qu'il ne veuille jamais le remettre... tu peux comprendre, mais tu ne veux pas ça. Tu veux que Taiyo connaisse... une idée te traverse l'esprit. « Viens, je vais te montrer ce sera plus simple. » Tu tends le bras, par réflexe pour l'attirer à toi dans une course délirante jusqu'à ta chambre, mais au dernier moment tu te retiens. Tu ne peux pas le toucher comme ça, sans arrière pensée, t'as pas le droit. Tu baisses ta main et tu te mets à courir.

Tu es touché qu'il essaie de te réconfortant, ça t'émeut qu'il s'élance dans ce dîner sans trop réfléchir. Dire qu'il a dit non il n'y a pas quatre minutes et voilà qu'il cherche un costume maintenant. Tu cours le plus vite que tu peux, parce que tu sais qu'il est plus rapide que toi et qu'il te dépasserait aisément s'il connaissait le chemin. Sauf que tu ne le lui laisses pas le choix, tu ris en voyant les regards se tourner vers vous, tu espères que les gens tireront les mauvaises conclusions. Ton coeur n'a pas été apaisé depuis si longtemps que ça te fait un bien fou. Les choses sont normales, ordinaires et pourtant, elles n'ont jamais été autant extraordinaire depuis des années.

Vous arrivez, essoufflé pour ta part, devant la porte de ta chambre, l'une des rares sans colocations. Privilège de derrière année et de fils à papa. Normalement c'est assez propre, mais tes fringues d'hier doivent reposer à même le sol de la salle de bain, tu étais trop occupé à discuter avec Ahloy pour faire un brin de ménage. Tu ouvres la porte. « L'antre de ton Capitaine adoré. » annonces-tu en ouvrant la porte. Tu t'effaces pour le laisser franchir le premier les lieux, puis tu te rues dans ton placard. Tu sors deux costumes. Le premier est fait sur mesure, c'était ton cadeau de fin premier cycle, pour ta mention. Il est parfaitement découpé, dans un tissu hors de prix venant d'Italie et a coûté plus de mille dollars. Le deuxième est un costume tout simple, un de ceux acheté dans une boutique, que tu ne mets que pour faire chier ton père. « Voilà, assied-toi là, sur le lit et je vais te montrer la différence entre les deux. » Tu t'enfermes dans la salle de bain, pousse du pied les vêtements crades et met le premier costume, soit le deuxième en fait, celui ordinaire. T'es beau dedans, évidemment, mais il va comprendre.

Avant de sortir, tu lances de la musique depuis ton téléphone sur l'enceinte dans ta chambre. « Un costume, tout ce qu'il y a de plus basique. » Oui, évidemment, il t'a tout de même couté plus de cent dollars et il y a pire que celui-là, mais c'est ce que tu as de moins bien dans tes tiroirs. Tu marches ensuite telle une miss univers en bougeant les fesses jusqu'à la salle de bain. Et tu te changes rapidement, tout en prenant soin de bien remettre le costume sur le cintre, sinon t'es bon pour retourner au pressing. Quelques minutes plus tard, te voilà de nouveau dans ta chambre, sous les yeux de Taiyo et t'espère, bon sang, t'espère qu'il te trouve beau. Et tu t'en veux d'avoir eu ensuite une telle pensée. « Et voilà mon costume préféré. Alors, c'est quand même giga mieux non ? » Ce costume est parfaitement adapté à ton corps, mettant en valeur ce qu'il faut mettre en valeur. T'es beau, sexy, classe, dedans et tu le sais. La couleur n'est pas tout à fait noir, ni tout à fait bleu. Un mélange, tu brilles comme la nuit, c'est discret, c'est élégant.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin t’assure que tu n’as pas le choix, qu’un costume de location ne suffira pas. Il VEUT que tu ais du sur mesure... mais pourquoi ? Tu es de plus en plus persuadé qu’il s’amuse...  

Le capitaine veut te montrer. Lorsqu’il tend le bras vers toi, ton corps se tend malgré toi. C’est bref, presqu’imperceptible, c’est un réflexe... Un Réflexe qui confirme tes dires de la veille : il va vous falloir du temps...

Il se retient de te toucher et part en courant. Tu hésites une seconde puis le suis avec un soupire. Il est chiant... Tu es certain que tu pourrais juste louer quelque chose. Et pourtant, tu le suis... sans trop savoir pourquoi. Il court vite, et tente de rester devant toi. Les gens vous regardent passer, étonnés. Si Jin ne riait pas, ils pourraient croire que tu le course pour lui défoncer la gueule... En fait, même s’il rit... il aurait juste pu te jouer un sale tour qui le satisfait grandement...

Vous finissez par arriver à ce que tu supposes être sa chambre. Tu es essoufflé, parce que ton corps est encore sous le choc des dernières semaines...  

Il confirme qu’il s’agit de sa chambre en ouvrant la porte et tu ne peux retenir la réplique à ses mots.

« C’est ça, cause toujours... Qu’est-ce qu’on fout là ? »    

Tu entres avec une certaine retenue. Jin, lui, semble... aux anges. Il est en territoire connu, dans tous les sens du terme... Toi... tu ne te sens pas à ta place... Et tu veux aller jouer les parfait petits bourgeois... Ton égo est sûr assez disproportionné...

Le capitaine sort deux costumes de son placard et te fais asseoir sur son lit. Tu te demandes ce que tu fais là... Si on t’avait dit deux jours plus tôt que tu finirais dans la chambre de Jin, tu aurais ris ouvertement. Tout va trop vite. Beaucoup trop vite...

Les mains crispées sur tes cuisses, mal à l’aise. Une musique se lance, et le capitaine sors de la salle de bain (qu’il a privative...), avec un costume qu’il définit de banale. Pour toi, c’est un costume comme un autre, vous êtes d’accord. Il lui va bien, mais parce qu’il sait le porter. Toi, tu aurais l’air... guindé, là-dedans... Et tu te rends compte que tu t’es peut-être avancé un peu vite sur le fait de pouvoir faire face à ce diner... Tu n’aurais jamais dû accepter...

Tu t’apprête à parler, de plus en plus mal à l’aise, mais la façon dont Jin retourne à la salle de bain te coupe la parole. Il vit sa plus belle vie le mec...  

Tu devrais rire, mais tu es trop... sous le choc ? Ce n’est pas le Jin que tu connais... ni celui qui s’est dévoilé et t’as avoué... ses sentiments... en quelques sorte... Est-ce qu’il est ainsi avec ses potes ? En privé ? Ou avec Ahloy ? Joyeux, rieur...  

La transition est brusque, totalement inattendue, et te laisse pantois...

Tout comme le capitaine lorsqu’il sort à nouveau de la salle de bain avec un autre costume. Bordel, il a raison ce con... C’est totalement différent, même toi tu peux le voir...

« C’est... un costume... »    

Tu bredouilles, t’es pas crédible pour un balle... Ca se voit à ta tête, t’en es sûr. Jin est classe, ce costume lui va à merveille, tu ne peux pas le nier.  

Tu as la gorge sèche, et il te faut quelques secondes pour réussir à reprendre la parole.  

« Ok... j’admets que c’est pas la même chose... Mais je vais pas me faire un costume sur mesure juste pour un diner... Déjà parce que ça doit couter une fortune, et ensuite... »

Parce que tu n’as pas sa classe naturelle...  

Tu n’’es clairement pas à l’aise... C’est trop soudain... Ce Jin est trop... familier... Tu es face à une personne que tu ne connais pas et qui te perturbe... Et lui semble juste... profitez...

My best rival

T'es fier de ton coup, t'as vraiment l'impression que le moment que vous partagez est chouette, qu'il est bête d'avoir dit que lui et toi ça prendrait du temps mais pourtant, quand tu ressors la deuxième fois, rien ne se passe comme prévu. Il ne te regarde pas vraiment, il semble pas à sa place, il n'est pas à l'aise. Tu te sens con. Évidemment, toi, t'es totalement dans ton environnement, t'es la personne que tu es censé être, t'es plus le gars qui n'en fait pas assez. Avec Taiyo, tu peux être le joyeux luron que tu sais être, mais y a que Ahloy qui a vu cette personne avec lui, parce qu'Ahloy te connait depuis toujours, depuis tout petit. En fait, vous avez été élevé ensemble, maisons voisines, mais une famille bien plus aimante dans la sienne, voilà pourquoi tu y étais toujours fourré. Votre couple a donc semblé logique aux yeux de votre entourage, mais ce n'est qu'à la fac qu'il s'est concrétisé et encore, c'était une idée d'Ahloy pour t'aider, encore une fois. Ahloy, sûrement la personne la plus chère à ton coeur aux côtés de Cheng.

Seulement, là, tu es avec Taiyo et les tambourinements de ton coeur n'ont rien à voir avec ce que tu connais d'habitude. Tu le regardes là, assis sur ton lit et son regard te fait mal, parce qu'il n'est pas heureux, pas joyeux, pas content d'être là. Tu ne comprends plus rien. Et si tu devrais hésiter au risque de froisser inutilement ton costume, tu ne perds pas une seconde et vient t'assoir à côté de lui.

« Allez, dis-moi. » Tu soupires, tu n'es plus dans le même mood, t'es vexé un peu, mais bien moins que touché par sa gêne. « Qu'est-ce que j'ai fait encore ? » Tu es certain d'être fautif, il n'y a rien d'autre qui puisse expliquer son brusque revirement de situation. « Et comment je sais que ça ne va pas ? » Tu veux essayer de le faire rire, mais pour ça, faudrait qu'il accepte de te regarder. « "Ce n'est pas la même chose" » tu fais des guillemets avec tes doigts et essaie d'imiter sa voix, mais la tienne est trop grave pour pouvoir y déceler les notes de douceurs de celle de Taiyo. « Bien sûr que ce n'est pas la même chose, je suis carrément putain de bandant là dedans je le sais, tu le sais, t'as même pas fait une vanne, t'as même pas des étoiles dans tes yeux, alors, tu vas me dire tout de suite ce qui ne va pas. » Tu es hors d'haleine, t'as peut être parlé un peu trop vite et trop fort, putain, c'est plus fort que toi n'est-ce pas ? « Le prix, l'excuse, ça se sent que c'est pas ça. Juste pour un dîner, franchement, une fois que t'as une fringue comme ça dans ton placard, t'inquiète que tu la ressors à toutes les occasions. » Tu hésites à continuer, mais les mots dévalent tes lèvres avant que tu ne puisses les retenir « Comment crois-tu qu'Ahloy est tombée dans mes bras ? » C'est évidemment faux, pour plein de raisons comme : tu as eu ce costume après être officiellement sorti avec Ahloy, mais ça, il n'est pas censé le savoir.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Tu l’as vexé, une fois encore...  

Son sourire disparait à ta réponse. Il vient s’asseoir à côté de toi et veux te faire parler, encore... Sauf que ses mots, sa façon de tout prendre sur lui, t’énerve autant qu’elle te serre le cœur. T’as envie de lui balancer que tout n’est pas toujours de sa faute, que c’est juste... tout ça... cette situation totalement incongrue, ce piège posé par son père, cette convocation sur laquelle repose tout ton avenir...  

Respire...  

Jin tente de t’imiter, ce qui t’arrache un petit sourire. Le con...  

Tu fixes tes mains, essaie de te détendre, un peu en vain... Mais tu ris pourtant lorsque le capitaine lâche un flot de paroles. Putain de bandant... Tu tique sur ces mots, t’efforçant de ne pas rougir, mais c’est loupé... Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça ? Tu lui renverrais tellement la balle en temps normale... Tu le ferais redescendre de son piédestal en quelques mots à peine... Mais là... tu n’y arrive pas... A la place, tu t’obliges à relever les yeux vers lui et à prendre une grande inspiration avant de répondre.  

« C'est juste que...Je n’m’attendais pas à ça... »    

Tu ne t'attendais pas à ce Jin... Il se comporte comme si vous étiez potes, sauf que vous je l'êtes pas vraiment... Pas encore...  

Tu devrais le lui dire, mais tu te retiens... Tu ne sais pas trop pourquoi... Tu ne veux pas le blesser... Tu ne comprends pas vraiment pourquoi il est si réjouit de vous savoir amis, pourquoi ça semble si facile pour lui... Mais si c'est moins simple pour toi, tu ne veux pas le repousser pour autant...  

Alors tu cherches tes mots, le regard détourné le souffle court.

« Je t'avais dit qu'il faudrait du temps... J'suis désolé... »    

Vraiment.  

« Te méprend pas, je préfère de loin celui que je vois ici à celui qui me pourrissais la vie... Mais... »  

Mais quoi... Pourquoi est-ce si compliqué ? Toi aussi, derrière ton mur, tu es plutôt avenant, tu aimes rire et déconner, mais là... La situation est trop irréelle pour toi... Du jour au lendemain, tu fais face à une tout autre personne qui se comporte avec toi comme si vous vous connaissiez depuis toujours, sauf que non.... Vous vous connaissez à peine...  

« OK... T’sais quoi ? Je t'ai demandé de l'aide, j’vais donc te suivre... Mais j’te préviens, t'as pas intérêt à jubiler d’me voir en costar de riche... Et vient pas pleurer si Ahloy me trouve plus sexy que toi. »  

Tu changes de sujet. Tu fuis... Tu ne sais pas comment t'exprimer, alors tu fuis. Toi qui sais pourtant si bien jouer avec les mots en temps normale...  
Jin n'a pas fini de te faire tourner en bourrique...  

Tu accepte non pas parce que tu en a envie, mais parce que ça semble lui tenir à cœur, et ça, au moins, tu le faire... pour lui... Faute de pouvoir lui rendre son amitié de la façon dont il la perçois... (s'il s'agit bien d'amitié....).

Tu glisses tes derniers mots avec un petit rire destiner à détendre un peu l'atmosphère. Tu lui renvois ses paroles. C'est un peu maladroit, sachant qu'il est jaloux de toi concernant Ahloy... Entre autres... Mais tu ne trouves pas mieux.

Tu as rougi malgré toi lorsqu'il s'est dit bandant, tu l'as senti, et ça te perturbe, parce que ce type te retourne le cerveau et tu n'arrives pas à savoir si c'est parce qu'il t'oblige à te révéler sans que tu ne sache comment ou si c'est autre chose...  

Décidément, tu ne le comprends pas...

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Ah. Tu es allé trop vite, tu le comprends enfin. Tu te sens bête, t'as cru que tu pouvais ouvrir ton coeur, t'as cru avoir trouvé une personne qui te comprendrait, tu as cru que ce que vous aviez partagé suffisait, mais en fait.. tu oubliais tous ces mois où tu lui as craché dessus, où tu l'as humilié, fais du mal. Bien sûr que c'est plus simple pour toi. « Ah ouf, j'ai cru qu'il fallait que je t'écrase pour que tu veuilles rester. » Ton humour tombe à plat, ça n'a rien de drôle. Tu te sens con une fois de plus.

Par contre, il ne va pas au bout de ses phrases, il les commence et change ensuite, beaucoup de pauses et de silence... comme s'il y avait autre chose. Tu n'arrives pas à mettre le doigt dessus, pourtant, tu voudrais qu'il ose se confier, ce sujet-là - aka toi même - est tout de même bien moins lourd que son passé, non ? Apparemment, si. Tu te redresses quand il change une dernière fois de sujet, semblant retrouver son état d'esprit précédent. Il porte donc bel et bien un masque, même en ta présence. Toi, tu l'as enfin laissé tomber. Tout ça, te chamboule beaucoup.

« Moi ? » Tu fais de grands gestes, un visage choqué  « pleurer ?? » Tu fais du sur-jeu, parce qu'il sait. Il t'a déjà entendu pleurer, vous n'en avez jamais parlé, mais il sait que t'es capable de ça aussi. Tu te relèves et part te changer une fois de plus. Par contre, s'il y a bien une chose que tu ne peux pas faire : c'est de ne pas jubiler. Evidemment, que tu vas être méga heureux quand il va le porter, mais par contre, ce que tu peux promettre, c'est de ne pas te moquer ni de dire "je te l'avais dit". Ça va être dur, mais... pour lui tu peux le faire.

« Ok, alors euh » dis-tu une fois revêtu d'habit normaux. « Tu préfères y aller seul à la boutique ? » Tu baisses les yeux, t'as bien compris que c'était toi le problème dans sa vie, tu ne fais rien pour lui faciliter la tâche. « Ou, alors avec Ahloy si tu veux. » Se rend-il compte de l'effort que tu fournis ? Pour lui ? Bon sang, tu te fais de la peine à être si pressé de le mettre à l'aise alors qu'en fait, tu ne peux rien faire pour qu'il t'apprécie. Il dit vouloir faire des efforts, mais t'es persuadé que vous ne serez jamais amis ou quoique ce soit, parce qu'il a toujours peur de toi. Tu le regardes et tu souris. « Ahloy m'a souvent accompagnée, elle fait mieux les noeuds de cravate que moi. » Qu'y a-t-il qu'Ahloy ne sache pas faire ? « Mais par contre, là, c'est toi qui a l'interdiction de jubiler ou fanfaronner. » Et ton regard se plante dans ses yeux, tu surjoues encore, mais c'est peut être trop tôt d'en rire, parce que ce regard noir-là, il le connait bien. Tu lui as servi de trop nombreuses fois. « Par contre, ils sont fermé le dimanche, et demain matin t'es au poste. Demain midi ? T'as quoi comme pause ? Il faut qu'ils aient le temps de l'ajuster, bon normalement ça prend plusieurs jours, mais... Si je donne le nom de mon père. » Tu grinces de dents, bien sûr que pour ton père tout le monde se plie toujours en quatre. Mais pour toi ? Accepteront-ils vraiment ? La balle est dans le camp de Taiyo. Il peut encore reculer et refuser, mais bon sang, qu'est-ce que tu as envie de le voir en costume ! Et un vrai s'il vous plaît.

   

My best rival    

Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Jin fait mine d’être soulagé, sortant une vanne qui n’en est pas vraiment une et qui te fait froncer les sourcilles. Tu hésites une seconde, puis fini par répondre.

« Au moins le costume coutera moins cher si je suis aplatit... Faudra moins de tissu... »    

Tu ne ris pas, ces “blagues” ressemblant plus à des conneries pour combler le silence qu’à une façon d’alléger l’atmosphère...

Par contre, la réaction du capitaine sur le fait de pleurer t’arrache un petit sourire. Tu es mal placé pour le charrier à ce sujet... Si tu l’as entendu, lui t’as carrément vu, plusieurs fois...

Jin va se changer une nouvelle fois. Pendant ce temps, tu restes immobile sur le lit, fixant tes mains jointes sur tes genoux. Tu ne sais pas trop quoi faire, comment agir... Tu as l’impression de tout faire de travers, et en même temps... Est-ce si improbable qu’il te faille du temps pour combler la faille qui se creuse entre vous depuis le début de l’année ? Est-ce si inconcevable que “la victime” ai besoin de temps pour pardonner à “son bourreau” ?

Tu soupires à ces pensées. Jin fait des efforts, tu ne peux pas le nier, mais quelque chose cloche... tu n’arrives pas à dire quoi, et ça n’aide pas...

Le capitaine revient et de demande comment tu veux procéder pour la boutique, si tu veux y aller seul, ou avec Ahloy, et quand. Ahloy... il sait que tu as dormi dans sa chambre, il n’y a même pas fait allusion une seule fois... et là il te propose qu’elle t’accompagne pour te faire habiller. Il sait, pourtant, que tu as des vues sur elle...  

Tu respires lentement, frottant les mains sur ton jeans. Tu te sens tellement con...

« On... pourrait y aller tous les trois ? »    

Tu essaie de montrer ta bonne volonté malgré tout... Y a aller à trois permettrait de ne pas vexer à nouveau Jin tout en évitant d’être seul avec lui... et ainsi éviter le malaise...

« Faudra juste voir si nos horaires se mettent... Je n’ai pas cours avant 16h demain... »  

Tu avais cours le matin, mais tu vas les louper du coup...

********

Vous avez fini par vous mettre d’accord pour vous retrouver vers midi. Ahloy ne cache pas sa surprise de voir que Jin et toi ne vous entretuez pas. Jin doit lui avoir expliqué la situation, au moins dans les grandes lignes, mais ça doit tout de même faire un choc...

Heureusement, elle garde sa bonne humeur habituelle et fait en sorte d’éviter les malaises, désamorçant les situations gênantes et vous charriant l’un comme l’autre tout au long de la sortie.  

- J’vous préviens, on va manger un bout après ! Je meurs de faim !

Tu ris à cette réplique venue du fond du cœur... ou plutôt de l’estomac. Tu es plus détendu, plus toi... enfin le toi à la réplique acerbe et au sarcasme mal placé, mais au moins tu es moins taiseux... et tu essaie d’éviter les mots blessants, restant dans l’humour et la dérision.

La boutique où Jin vous emmène t’ébloui et t’écœure à la fois. Elle est plutôt sobre, chic et classe... mais tu ne t’y sens tellement pas à ta place...  

Heureusement, le vendeur est très professionnel et se contente de prendre tes mesures, te proposer divers costumes à ajuster, et ce sans un regard ou une remarque condescendante.  

Tu te sens tellement con sur ton estrade à jouer les mannequins. Mais ni Jin ni Ahloy ne font de réflexions. Tu le fais tout seul comme un grand...

Tu as l’impression d’être un pantin... Et c’est un peu ce que tu es, pour le coup...

Tu as fait un rapide compte rendu de ton audition du matin en retrouvant les deux autres, mais tu n’as pas voulu t’attarder sur le sujet. Le préfet de l’univ était là, ta mère aurait dû l’être aussi mais elle est loin...  

Tu as raconté ce qui s’est passé, n’ayant pas pu donner de détails sur le moment entre le match et la bagarre puisque tu n’y étais pas... Les deux équipes pourront en témoigner... Tu as hésité à mentir sur la raison qui t’a fait rentrer si tard, mais cela ne jouerait pas en ta faveur, alors tu as parlé de ta crise d’angoisse... Tu as juste menti sur la raison qui l’a provoquée...

Tout a été noté, mot pour mot... Tout ça pour une simple bagarre entre étudiants... Tu te sens manipuler, et tu déteste ça...  

”Parfait, j’ai tout ce qu’il me faut. Ce costume vous ira à merveille, jeune homme. Vous avez bien choisi.”

Tu n’as rien choisi du tout, c’est Jin et Ahloy... Mais tu ne contredis pas le gars qui t’as sorti de tes pensées, te contentant d’un sourire pincé.  

Une fois libéré de l’estrade et alors que le vendeur disparait un instant dans l’arrière-boutique, tu prends Jin à part.

« Ca va couter un bras... J’ai pas les moyens... et je sais que tu le sais et que tu comptes participer... Mais j’te rembourserai... me faudra juste un peu de temps... »  

L’idée de devoir de l’argent à Jin est très loin de t’enchantée. Tu n’aurais jamais dû accepter... Tu as mis les pieds dans un monde qui n’est pas le tiens, qui est hors de tes moyens... Et ça t’irrite de devoir demander de l’aide... particulièrement financière...  

Tu te sens tellement comme un pantin...

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Vous êtes glauques, tous les deux, à faire des blagues qui n'en sont pas, juste pour éviter que le silence vous entoure de sa présence glaçante. Tu cherches à sortir de là, à virer Taiyo de ta chambre mais tu n'as aucune envie de le voir partir. Foutue émotions complexes qui te font tourner la tête. Et, quand tu vois que lui aussi fait des efforts, tu retrouves le sourire. Un mince sourire certes, mais un sourire tout de même.

Le lendemain, vers midi, Ahloy et toi êtes assis dans les larges fauteuils confortable pendant que Taiyo se fait prendre des mesures. Tu chuchotes à Ahloy. « Putain, j'comprends mieux pourquoi tu venais à chaque fois, déjà c'est trop drôle de le voir comme ça, mais en plus t'avais le bon angle pour me mater le boule. » Tu lui jettes un regard coquin, juste pour l'empêcher de te contredire et t'espère qu'elle n'ira pas dire quoique ce soit sur ton potentiellement matage du cul de Taiyo. Ahem.

Quand le vendeur fait des remarques, c'est toi ou Ahloy qui répondez, pas un seul instant vous ne laissez la parole à Taiyo. Il semble être d'accord puisqu'il ne fait aucune remarque, alors qu'il n'est pas vraiment connu pour son calme et sa grande retenue. En réalité, tu ne peux même pas te moquer de lui, tellement t'es bouche bée devant son dernier essayage. Une fois les retouches faites, il sera parfait. Tu souris au vendeur, d'un air de connivence, tu es passé, un peu plus tôt dans la matinée pour régler la grosse partie de ce que ce costume peut coûter et tu lui as bien expliqué la situation.

Le vendeur s'éloigne dans l'arrière boutique et Taiyo te prend à part. Tu avais préparé dans ta tête plusieurs situations probables et si celle-là précisément ne t'était pas venue en tête, tu as tout de même une réplique toute faite. Tu ris à ses mots. « Bon sang Taiyo, je sais que je suis quelqu'un de merveilleux mais » tu ris encore doucement « payer pour toi ? T'es sérieux ? » Tu ne veux pas te moquer de lui, mais il te faut une réaction franche, pure, quelque chose qu'il pense de toi et qui pourrait être plausible. « Je t'ai demandé 150 et, quand on est arrivé, tu m'as entendu demander au vendeur de ne pas dépasser ce montant non ? » C'est vrai qu'il l'a fait discrètement, mais une fois sûr que Taiyo était à portée d'oreille. Tu souris. « T'as rien à me rembourser, sauf si ça dépasse un peu et que tu n'as pas plus sur toi, et si tu veux, ça peut être Ahloy, elle est aussi riche que moi mais ça te dérangerait moins de rembourser ma copine, me trompe-je ? » T'as joué jusqu'au bout.

Tu es clairement en pleine représentation théâtrale. Tu insistes, tu roucoules, tu l'appelles "ma copine" juste pour le déstabiliser. Evidemment qu'Ahloy ne déboursera pas le moindre centime pour ce costume, mais s'il veut le croire, grand bien lui fasse. « Pour te prouver mes dires, va payer, je reste là, je ne bouge pas et tu verras bien. » Si le vendeur fait une gaffe, tu le tues. Mais sinon, tout ira bien dans le meilleur des mondes. N'est-ce pas?

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université    

Tu es soulagé d’en avoir fini avec les retouches. Mais lorsque tu prends Jin à part pour lui faire part de ton inquiétude pour le coût, sa réponse te fait serrer les dents. Tu te détourne de lui, te passant les mains sur le visage, entre exaspération et désespoir. Il te prend pour un con... Ca, c’est le Jin auquel tu es habitué... Celui qui essaie de te prendre de haut.

Lorsqu’il te propose de plutôt rembourser à Ahloy si jamais cela dépasse le budget qu’il t’a promis, tu jettes un regard à la jeune femme en grimaçant.  

« Putain t'es con... J’te l’dirais jamais assez... »    

Bien sûr que tu non tu ne préférerais pas devoir de l’argent à... sa copine...  

Tu soupire, les poings serrés. Le capitaine insiste sur le fait qu’il ne devra rien débourser, mais tu ne le crois pas. Même en location tu n’aurais pas pu trouver un costume pareil pour ce prix-là... Il se fout ouvertement de toi, ça te rend dingue...Mais tu ne veux pas t’énerver devant Ahloy... ni en plein milieu de la boutique...

Le vendeur revient et tu te diriges vers lui en lançant un regard noir à Jin. 155 euros et des cents. Il est dans le coup... Très bien... Jin veut la jouer ainsi ? Toi aussi tu peux être sournois. Tu pourras venir récupérer le costume le lendemain début d’après-midi, et tu comptes bien venir seul cette fois et arracher le prix réel au vendeur. Qu’il le veuille ou non, tu rembourseras Jin, car tu es certain qu’il a payé pour toi, et peu importe son petit jeu de bourge qui se croit mieux que tout le monde, tu n’en crois pas un mot... Tu ne sais pas pourquoi il fait ça exactement, ce que ça lui apporte, et au fond tu ne veux pas vraiment le savoir... Tu es déjà bien trop embarqué dans cet univers qui n’est pas le tiens...

Tu règles cette note bien trop légère e retourne vers Ahloy, boudant clairement Jin. Tu veux lui faire comprendre que tu n’es pas idiot... pas à ce point du moins...  

Tu n’as pas vraiment faim, mais la tentation de te “venger” est bien trop forte, alors tu affiches un grand sourire à Ahloy et t’adresse à elle de ta voix la plus enjouée.

« Bon, on va manger ? »    

Tu passes un bras autour des épaules de la jeune femme dans un geste purement amicale, mais que tu sais qui sera mal pris par le capitaine.

« Merci pour ton aide précieuse Ahloy. Et toi aussi Jin... »  

Tu lui fais un clin d’œil empli d’insolence. C’est bas, c’est vous...

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Il ne peut pas juste dire merci cet imbécile ? Faire l'autruche, imaginé que ça n'a vraiment coûté que 150 et basta ? Non, il faut toujours qu'il fasse plus. « A force, ça va devenir vexant. » réponds-tu avec un faux sourire.

Tu te détournes de lui pour rejoindre Ahloy, au moins elle est de bonne humeur elle. Tu la prends dans tes bras et dit d'une voix un peu trop forte juste pour que Taiyo t'entende, mais c'est un jeu, n'est-ce pas ? « Et bien, qui aurait cru que se cachait quelqu'un de pas trop moche sous cette carapace ? Avec un costume, n'importe qui devient beau. » Elle rit, te tape la tête et sort de tes bras. « Ne l'écoute pas, il est juste jaloux que ce costume t'aille mieux à toi qu'il ne lui ira jamais. » Et vous voilà en train de vous chamailler. Elle te fait rire Ahloy, elle a toujours réponse à tout et tu es de bonne humeur - presque, Taiyo vient de l'assombrir avec ses mots.

Et, alors que Taiyo a enfin payé - ça lui a pris un siècle et demi ! - tu t'apprêtes à ouvrir la bouche quand il te devance. Il a l'air heureux, il ne regarde qu'Ahloy, il lui sourit tout en t'évitant volontairement. Il n'y a pas d'autres mots, c'est bien ça qu'il fait. Ton coeur te trahit et ton souffle se fait plus fort. Tu serres les poings. Il veut jouer au con ? Ne se souvient-il pas ce qu'il s'est passé la dernière fois ?

Allez, tu seras plus mature. Nan. T'as aucune envie d'être mature. Rha ! Mais tu ne dis rien dans le magasin, vu l'argent que tu viens de dépenser, t'as pas envie qu'on parle de toi dans ton dos. Vous sortez tous les trois, Ahloy est toujours collée contre Taiyo, elle te fait un regard, un de ceux que tu connais bien, celui qui dit fais gaffe. Alors, tu fais gaffes. Tu la laisses parler, discuter avec Taiyo, tu la laisses choisir le restaurant.

Et, à l'intérieur de ton coeur, ça gronde. Le pire, c'est que tu n'es pas certain de la jalousie que tu ressens. Que ce soit de la jalousie, ça, tu n'as pas de doute. Mais est-ce que l'attention qu'Ahloy offre à Taiyo, ou l'inverse ? Tu respires pour te calmer, pour éviter de voir rouge et surtout pour ne pas bouder. Tu ne comprends pas ce qu'Ahloy veut. Tu ne comprends pas ce que Taiyo veut.

Devant le resto, un kébad, tu fais cette moue dédaigneuse que tous te connaissent. « Vraiment ? J'mange pas ça moi. » En réalité, tu t'en fiches, tu veux juste que Taiyo paie, puisqu'il voulait taaaant payer. Tu lui jettes un regard. Un de ceux qui dit, tu voulais payer ? Paie. « J'ai bien envie d'huitre, mais bon, tout le monde n'a pas les moyens. » Ahloy se retourne d'un coup sec. Tu te ratatines sur toi-même. « Oula, on va vraiment devoir marcher sur des oeufs parce que l'gamin est pauvre ? » Pourquoi t'es redevenu dédaigneux ? Pourquoi t'es autant blessé dans ta fierté ? Au moins, Taiyo jouait avec les mots et plus de finesse. « Eh bien, allez manger en amoureux et laissez-moi tranquille. » finis-tu par dire d'un ton que tu as volé à un gamin de quatre ans. « Jin, s'il te plaît. » Ce ton, cette voix, c'est si doux, c'est suppliant, elle ne te demande pas de revenir elle te demande de réfléchir, parce qu'elle te connait par coeur, elle sait tout de toi et peut être même qu'elle en a deviné plus que tu ne le sais toi-même. Elle te brise le coeur. Tu sais que tu pourrais la perdre, tu sais que sans elle, ta vie n'est plus la même. Ahloy est l'autre moitié de ton âme, c'est ta meilleure amie, ta confidente, ta copine bien sûr, mais elle est tellement plus que ça.

De dos, tu serres les dents et essaie de détendre tes poings. « Nan, désolé, je m'habituerai jamais à votre amitié. » craches-tu « Si vous voulez passer du temps ensemble, faites-le sans moi. » Et, cette fois-ci, tu pars sans te retourner. Laissant cette scène te briser de l'intérieur. Encore une fois, tu t'es auto-saboté.

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université

A ta réplique sur le fait qu’il soit con, il rétorque que ça va finir par le vexer. Il n’y a que la vérité qui blesse, n’est-ce pas ?

Alors que tu vas payer, Jin rejoins Ahloy et te renvoie une pique qui te fait rouler des yeux. Heureusement, Ahloy est là pour calmer le jeu. Les voir ensemble te serre le cœur. Il y a un truc entre eux... ce n’est pas juste une histoire de couple populaire...

Tu ne veux pas leur voler ça, même as à Jin, mais ta putain de fierté prend le dessus, alors tu t’immisces...

Tu vois la réaction du capitaine, tu le sens se contenir, et tu jubile, parce que c’est ce que tu voulais. Ne me prend pas pour un con manipulable. Il le sait pourtant...

Tu ne peux pas comprendre qu’il a payé parce qu’il le voulait, parce que ça lui faisait plaisir. Tu ne peux pas concevoir ça, pas encore...

Voilà pourquoi il vous faut du temps... Pour savoir comment l’autre fonctionne exactement, à quel moment il joue ou non... Vous en êtes si loin en ce moment...

Ahloy choisi un kébab pour manger. Simple, rapide, et surtout pas cher. Sauf que son mec n’est pas d’humeur à manger “pauvre”, selon ses dires.

« J’aime pas les huitres. »

D’ailleurs, tu auras l’air fin s’ils en servent le lendemain au resto... Tu détestes vraiment ça...

Mais là, tu ne t’en préoccupes pas. Tu as répondu sur un ton calme, faisant comme si tu n’avais pas entendu ses remarques concernant tes moyens et soutenant son regard dédaigneux. C’est tellement plus facile de soutenir ce regard là... C’est tellement plus simple de lui rendre un regard sarcastique et insolent, provocateur...

Pourtant, alors que tu remporte la partie, ton cœur se serre à nouveau. Jin s’en va, vexé comme jamais, et même Ahloy n’arrive pas à le retenir. Toi, tu le fixe toujours alors qu’il s’éloigne, et tu hésites... Tu hésites à le rattraper et à t’excuser ou à juste rester avec Ahloy et le laisser cogiter. Tu hésites car tu doutes... Tu doutes de ses intentions... de ce qu’il veut, de ce qu’il attend... Est-ce qu’il cherche à te faire culpabiliser ? A cette pensée, tu serres les poings. Tu entends Ahloy te parler, mais tu fini par t’excuser sans lui répondre et t’élancer à la poursuite de Jin. Mais qu’est-ce que tu fou bordel ?!

Tu le rattrape facilement, tu le fais se retourner sans ménagement en lui attrapant l’épaule et tu plante les yeux dans les siens. Tu es en colère... Et peut-être blessé aussi, dans ton égo...

« Tu espérais quoi Shao ?! Que j’allais te remercier de m’avoir pris en pitié ? Tu peux pas comprendre que j’ai une putain d’impression d’me faire manipuler de tous les côtés et que ça m’rend dingue ?! Je sais pas dans quoi je m’embarque avec ton père, et je flippe grave, c’est déjà assez compliqué comme ça, tu n’crois pas ? »

Alors ça... Sous le coup de la colère, voilà que tu lui balance tout, une fois de plus... Non, tu ne le remercieras pas ni ne t’excuseras pas...

« Tu peux pas comprendre que j’ai besoin d’avoir un minimum de contrôle sur ma vie en ce moment ? En deux jours je risque de tout perdre ici, j’ai prise sur rien ! Alors oui, j’suis pas pété de tunes comme vous, mais ça ne m’empêche pas de savoir gérer mon argent ! Sur ça au moins je peux garder la main... Alors vient pas m’en empêcher en voulant jouer les bons samaritains et venir bouder après parce que je réagis mal ! »

Comme vous... Tu as inclus Ahloy dans ce “vous”, parce que tu as eu confirmation aujourd’hui qu’elle est bel et bien du même monde que Jin... Parce qu’ils vont bien ensemble, qu’ils se comprennent...

La jeune femme se tiens derrière toi, silencieuse. Tu as le souffle court d’avoir enchainé ainsi avec force et colère. Tu n’as pas crié, mais cela a rendu ta tirade bien plus tendue, bien plus acérée... Tu ne sais pas pourquoi tu as tout déballé de la sorte... mais il fallait que ça sorte... il l’a cherché... Il le cherche toujours, à te faire parler...

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Tu t'en veux d'être parti de la sorte, tu t'en veux d'avoir pris à coeur cette réaction - normale - de Taiyp. Vous n'avez fait que vous asticoter depuis votre rencontre, c'est normal que vos réflexes de survies rejaillissent. Seulement, toi, tu as tellement changé. Tu refuses de mettre des mots sur ce qu'il se passe dans ton esprit, mais tu sais que tu ne seras plus jamais le même. Alors t'es parti. En boudant et en ronchonnant certes, mais t'es parti. Au moins, tu lui as pas craché dessus. Youhou, quelle victoire.

Ce sont ses pas que tu entends ? T'espères qu'il revient pour s'excuser ou pour parler ou qu'il revient tout court, mais t'es pas assez naïf pour y croire. Alors, quand on te retourne brusquement et que tu fais fasses à Taiyo, tu ne retiens pas le hoquet de surprise.

Face à ce discours, tu restes sans voix. Il n'a pas haussé le ton, juste lâché ce qu'il a sur le coeur, comme toujours. Tu commences à en avoir marre, sa langue se délie en ta présence et il te dit ce qu'il ressent sur le ton de la colère et ensuite il t'en veut.

« Grand bien te fasse. » dis-tu en haussant les épaules, prêt à te retourner.

Tu ne veux plus avoir à faire à lui, tu veux aller bouder dans ton coin et réviser pour ce fichu examen de la semaine prochaine qui déterminera ton classement. Sauf que tu captes le regard d'Ahloy, sauf que tu la vois reculer, elle te laisse ça, elle te laisse t'expliquer avec lui et pire encore, elle ne t'écoute pas. Elle te respecte trop et elle en a trop fait pour toi pour que tu la déçoives encore. Je te hais. disent tes yeux. Moi aussi je t'aime réponds son clin d'oeil et son baiser envolé.

« Taiyo, » soupires-tu en le regardant. « T'es chiant tu sais ? Je voulais pas te faire la charité, je voulais pas te moquer de toi, je voulais t'aider, mais je savais que jamais au grand jamais t'aurais accepté mon aide. » Tu lèves une main, pour que surtout, il ne te coupe pas. « Et c'est pour ça que j'ai fait mine de rien, pour ça que j'ai déjà payé ce matin en venant plus tôt. Pour ça que je n'ai rien dit. Je ne veux pas que tu me rembourses, c'est un cadeau ok ? Ta vie est suffisamment merdique à cause de moi, alors laisse-moi me racheter. Sans moi, mon père ne se serait pas... intéressé à toi. » Ta voix se brise, tu détournes le regard. « Je casse tout ce que je touche, je brise tout ceux que je croise, la seule lumière dans ma vie c'est Ahloy, ok ? » Tu serres les poings, ton coeur bat si vite, t'as peur, tu stresses, t'as envie de chialer. Puis tu inspires et tu le regardes droit dans les yeux. « Et j'ai été égoïste, jaloux de vous deux, je le suis encore, mais s'il te plaît, accepte juste que je te paie ce putain de costard et laisse-moi tranquille. »

Tu as presque dit la vérité et c'est pour ça que tu dois fuir. « Déteste-moi, c'était plus simple finalement. » murmures-tu avant de partir. Et bon sang, finalement, t'espère qu'il ne t'a pas entendu.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université      

Ses premiers mots te donnent envie de le frapper. Tu vois son regard glisser derrière toi, tu te retournes sur Ahloy puis reviens sur Jin qui reprend la parole. Il te fait signe de l’écouter jusqu’au bout, et si, à la fin, tu as toujours envie de le frapper, c’est désormais pour une tout autre raison. La gorge sèche, le souffle coupé, tu as envie de lui crier d’arrêter de gindre, de lui dire que tu as eu la preuve qu’il peut arriver à quelque chose s’il le veut vraiment... Mais tu te retiens... Parce que tu es mal placé pour lui sortir ça...

Toi aussi tu te plains... en sa présence... Toi aussi tu donnes l’impression d’avoir le poids du monde sur tes épaules... Et lui aussi est manipulé par son père...

Tu desserres un peu les poings à cette pensée. Tu te sens soudain con, égoïste et égocentrique... Lui aussi souffre...

Voilà pourquoi il vous faut du temps...

Tu ne sais pas quoi dire... Tu dois déjà penser à respirer...  

Les derniers mots de Jin finissent de te clouer sur place. Et, cette fois, tu le regardes partir sans bouger, parce que tu en es incapable.

C’est la main de la jeune femme sur ton épaule qui te sors de ton apnée.  

« Fais chier putain ! »      

Tu enrages, mais pas contre Jin cette fois... Non... Tu enrages contre toi-même, contre sont père, contre la relation qu’il a avec Ahloy... Pourquoi cela te blesse autant ? Il dit être jaloux d’elle et toi... et pourtant tu as tellement plus de raisons d’être jaloux d’eux... Il l’a dit lui-même, elle est sa lumière... La seule peut-être, mais au moins il en a une.

Ahloy te demande si ça va. Tu hoches la tête sans répondre. Non, ça ne va pas...

« Tu ferais bien d’aller le retrouver... J’dois aller en cours de toute façon... »      

Sans attendre sa réponse, tu t’éloignes vers un chemin différent que celui prit par le capitaine. Ce sera plus long, mais tu ne veux pas risquer de le croiser... Pas tout de suite...

********

Tu as eu du mal à te concentrer en cours, et tu as à peine dormi. Vous avez eu un entrainement, Jin et toi ne vous êtes pas adressé la parole... Tu as cogité toute la nuit, par rapport à cette... dispute... et par rapport au diner qui t’attend ce jour.

Tu t’es levé tôt pour aller récupérer le costume, seul. Il est parfait, évidement...

Tu ne demandes pas le prix au vendeur. Tu te dépêches de le déposer dans ta chambre et va en cours. Cette fois, c’est toi qui cherches le regard de Jin dans les couloirs. Tu ne sais même pas où et quand vous devez vous retrouver... Alors, au dernier cours, tu lui envoie un texto.

« Comment on s’organise pour tout à l’heure ? »    

La fin du cours arrive sans réponse. Stressé, tu décides de t’apprêter, au cas où... Et au moins cela t’occupera, car tu n’as pas la tête à réviser...

Tu prends une longue douche brûlante, essaie de te coiffer “à la bourge” et enfile le costume. Ton colloque arrive au moment où tu vérifies les ajustements et il ne peut retenir un sifflement d’admiration.

« Et bien mon poto... T’as été recruté par la CIA ou quoi ? »

Tu t’efforces à rire pour répondre.

« Si seulement... »

Et, le laissant sur ses questions, tu quittes la chambre pour te diriger vers celle de Jin. Les gens se retournent sur ton passage, les filles gloussent et les mecs ouvrent des yeux ronds. Tu devrais être flatté, mais toute cette attention te met plutôt très mal à l’aise. Tu n’as rien de classe dans ce costume, t’as juste l’air de t’être trompé de peau...

Tu vérifies une dernièr fois que tu n’as bien pas eu de réponse et frappe à a porte.

« Jin, t’es là ? C’est Taiyo... »

Tu ne te rends même pas compte que tu l’as appelé par son prénom...

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Ahloy t'a rattrapée et a essayé de te changer les idées, mais c'est peine perdue. T'es juste trop las, trop honteux de toi-même, trop saoulé de répéter toujours les mêmes schémas. Tu voudrais sourire pour donner le change, mais tu n'y arrives même pas. Elle décide donc de te faire travailler. Toute l'après-midi vous n'allez pas en cours, vous bossez. Enfin, elle sèche les cours pour que tu t'en sortes pour ton examen et ton coeur se gonfle d'amour, tu sais combien tu as de la chance de l'avoir dans ta vie.

Le lendemain tu ne quittes pas l'amphi B3. Tu as cours toute la matinée et ton après-midi est libre, tu ne manges qu'un rapide sandwich et reste sur place pour travailler. Pour la première fois en un mois, tu ne cherches pas Taiyo et t'es presque heureux de ne pas - trop - songer à lui. Tu  arrives même à te concentrer un peu. En réalité, si tu veux éviter de songer à ton ami, c'est parce que la soirée qui se prépare te terrifie. Ce repas avec ton Père, ce dîner qui n'a rien de familial ou délicat, tu sais qu'il va tout faire pour te blesser et pour faire du mal à Taiyo. Oui, décidément, tu fais bien de ne songer qu'à tes formules d'économies.

Pour éviter de te déconcentrer, tu as éteins ton téléphone et ce calme, ce vide te fait du bien. Tu ne t'occupes que de toi-même et de tes notes. Au alentours de six heures, tu quittes ta salle d'étude et tu te dépêches de prendre une douche. Tu ne peux paraître négligé. Tu te coiffes, passe un coup de maquillage nude - t'as appris ça auprès de Ahloy et depuis chaque fois que tu dois voir ton père, tu améliores ton teint, tu caches tes cernes et gomme tes défauts - et t'habilles.

Tu es en train de boutonner ta veste quand tu l'entends.

Jin, il t'a appelé par ton prénom. Tu écarquilles les yeux, surpris, avant de te reprendre.
Pourquoi ça te fait autant de mal que de bien ?

Une expression sciemment calculée sur le visage, tu lui ouvres la porte.

« Et bien c'est parti, Taiyo. » Est-ce que tu as accentué son prénom volontairement, oui, tout à fait.

Dans les couloirs vous attirez tous les regards, tu en joues. Tu fais une révérence et tu observes Taiyo rougir, ah bon sang, les rumeurs vont aller bon train, même si aucune ne sera à la hauteur de ce que tu pourrais un jour espérer.

« Ahloy n'a pas pu se rendre disponible. » C'est faux, en réalité, tu n'as même pas demandé à ton père, tu savais qu'il refuserait et tu ne voulais pas lui offrir cette occasion. « Mais je me conduirai très bien. » Depuis qu'il a ouvert la porte, tu ne l'as pas regardé dans les yeux, tu n'as pas cherché à croiser son regard, tu t'es empêché de trop l'admirer dans ce costume, tu sais que tu ne pourrais pas cacher ton admiration et ce soir, il ne doit pas savoir combien il est splendide dedans.

Une fois sortis des bâtiments, une voiture noire vous attend. Evidemment, il étale sa richesse, son pouvoir partout. « Après vous, beau jeune homme. » Tu le penses vraiment, mais il va penser que tu te moques de lui. Qu'importe, un jour il comprendra. Vous entrez tous les deux dans la voiture, encore une fois, tu évites son regard et tu n'as rien à lui dire, pas quand le chauffeur est à la solde de ton père et peut tout lui répéter. « J'ai passé la journée à réviser pour mon examen prochain, c'était une bien belle journée productive. » que tu lances, en l'air, comme si vous reprenez une discussion commencée. Et tu le regardes enfin, juste un léger regard, pour qu'il suive.

Vous n'avez pas discuté de marche à suivre, vous n'avez pas préparé un alibi, des sujets de conversation. Tu étais trop en colère hier soir et lui ... tu retiens un soupire, tu n'as pas le droit de lui en vouloir. Après tout, il se jette avec toi dans la gueule du loup.