Après la Catastrophe

6ÈME MOIS DE L'ANNÉE 53 RW. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

La guerre. Tu l’avais bien connue, pendant ton enfance, loin de Ya Tai… Cela te paraissait si lointain, et en même temps, ton âme restait marquée par cette période de ta vie. Les cicatrices avaient beau être pansées, elles n’en restaient pas moins les témoins des affres d’un passé révolu.

Oh, tu aurais pu être postée proche d’Omashu, mais les Esprits en avaient décidé autrement, en allant te positionner aux niveaux des villages les plus proches de la bataille, afin de veiller à leur sécurité. Une mission interminable, des minutes transformées en heures puis en éternité… pour laisser place à des nuits blanches…

Depuis combien de temps les combats avaient cessé ? En toute honnêteté, tu ne savais plus Aallyah… Marchant dans les environs du village sur lequel tu veillais depuis quelques jours, tu tentais de retrouver un semblant de calme et de sérénité… La forêt, si dense, mais si belle à l’orée du jour, offrait un beau spectacle pour tes prunelles fatiguées…

Les odeurs, les sensations… La solitude… Ou… presque ?

Des branches craquèrent… Quelqu’un approchait… Prête à combattre, main glissée vers ton arc, tu t’approchas lentement vers l’endroit où la chose vivante non identitfiée semblait… stagner. Puis, prête à lancer l’offensive, tu te jetas dans le buisson pour découvrir s’il s’agissait d’un animal ou non…

“Par tous les Esprits !?”

Non… Tu n’en croyais pas tes yeux.

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La bataille d'Omashu à peine finie, tu avais du fuir, sans te préoccuper de tes blessures, de tes douleurs, de la peur et de la mort. Tu avais fui ce champ de bataille dès que la Guerrière Kyoshi t'avait abandonné, fuyant pur sa vie quand les Rhino du Komodo étaient arrivés en masse. Toi aussi tu avais fait la même chose. Tu ne savais pas quel était le pire scénario : capturé par les maître de la terre t'aurait sûrement fait croupir en prison de longues années. Alors que capturé par les maîtres du feu... tu aurais été exécuté, malgré la victoire apparente. Pourtant, tu n'étais pas dupe, aucun des deux camps n'étaient ressortis vivants et c'est sûrement ce qui t'avait sauvé la vie.

Dans le chaos de fin de bataille, tu avais pu fuir. Tu ne t'étais arrêté qu'une fois pour voler un cadavre. Sa gourde encore pleine ne lui servirait plus jamais et son manteau - typique des guerriers d'Omashu - te sauverait peut être la vie. Ce manteau rouge, voyant, celui de l'uniforme de la nation du feu ne pouvait t'être d'aucun secours. Il ne fallait plus jamais qu'on te rapproche à cette nation qui ne voulait que te voir pendu pour l'exemple.

S'en était suivi d'une semaine de déambulation dans la forêt. Tu étais seul, perdu, sans la moindre ressource. Tu n'avais plus rien, aucune pièce, aucune nourriture, aucune couverture de survie. Tu sentais mauvais, tu avais mal à la tête, mais tu t'interdisais de t'arrêter, car, si tu te roulais en boule tu risquais de ne plus jamais te réveiller. Parfois, tu t'endormais en marchant, c'était ta chute au sol qui te réveillait en sursaut. Tu te relevais et continuais à marcher. Cela faisait soixante-douze heures que ton esprit n'était plus clair, que tes pensées n'avaient plus le moindre sens, tu ne savais plus où tu étais, qui tu étais et ce que tu faisais. Pourtant, mue par une inspiration divine - c'était l'envie de retrouver Ahloy bien sûr, même si tu ne le formulais pas clairement - tu posais un pas devant l'autre.

Le murmure de surprise te fait relever les yeux et tu reconnais ce visage. Un visage qui se rapprochait le plus de ce qu'on pouvait qualifier d'amical.

“C'est la lune noire ?” murmurais-tu sans trop savoir pourquoi, un instinct qui te rappelait une ancienne conversation, un rendez-vous peut-être.

Et, alors que pour la première fois depuis la fin d'Omashu tu n'étais pas en danger direct de mort, tu t'évanouis. Un semblant de sécurité permet à ton cerveau de lâcher prise et d'enfin, se reposer.

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Tu n’en croyais pas tes yeux. Comment est-ce que cela pouvait être possible ? Les yeux écarquillés, ébranlée par cette vision qui te fit alors douter sur ta santé mentale, tu restas quelques secondes figée, à contempler le corps de celui qui répondait au nom de Shao Jin.

Un miracle inespéré. Ou presque.

Consciente qu’il était temps d’agir, tu finis par te ruer sur lui afin de prendre son pouls.

** évanoui…**

Le soulagement balaya la peur, mais l’angoisse se profila à l’horizon une fois son statut de traître remis en tête. Pouvais-tu compter sur l’aide de ceux qui t’entouraient depuis la bataille ainsi que sur leur discrétion ?

La réponse vint bien vite et elle fut.. plutôt positive. En toute honnêteté, tu avais expliqué que Jin avait fui sa Nation et qu’il avait été capturé juste avant la bataille d’Omashu… Puis, tu avais fini par avouer que tu avais une dette envers lui car il t’avait apporté une grande aide. Le déblocage de tes souvenirs…

Bien sûr, ce n’était pas encore très clair ou indolore… Mais tu te rappelais des grandes lignes et c’était ça le plus important. Les détails venaient parfois te troubler, autant en journée qu’en pleine nuit… apportant des notes de joie, de tristesse ou de peur, à ce passé qui était resté dans l’ombre bien longtemps.

D’ailleurs, tu ne cessais d’y penser, à ce fameux temps passé, alors que tu veillais sur le blessé qui avait été placé dans une chambre d’une des auberges du village. Est-ce que son frère était en vie aussi ? Avait-il eu la chance de le revoir ? Comment avait-il réussi à s’en sortir après sa capture ?

À la vue des blessures, tu excluais une tentative d’infiltration… Tu espérais juste qu’il finisse par se réveiller en ayant toute sa tête… car on ne sortait jamais d’un affrontement sans séquelle, tu en étais la preuve vivante.

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Il te faut de longues secondes pour finir par comprendre ce qu'il se passe et où tu es. Et quand enfin tu mets des mots sur ce que tu ressens - la douceur du matelas, la fraicheur de l'air sur ton visage, la chaleur de la couette sur ton corps - tu paniques. En un instant, tu es debout et une flamme jaillit de ta main. Puis tu tombes à la renverse. Ta tête est si douloureuse.

Respirant laborieusement, tu tentes de calmer les battement effrénés de ton coeur, mais ta vision noircie et ta tête se remet à tourner. Tu t'assieds sur le coussin. S'il y a un ennemi, tu n'es vraiment pas capable de te défendre. Mais comme tu n'es pas attaché, tu oses espérer que ta vie peut durer encore quelques jours de plus. Un sursit. Parce que depuis la bataille d'Omashu - et les flashs des coups de la guerrière Kyoshi te reviennent en mémoire - tu n'as plus toute ta tête.

“Vous”

Tu l'aperçois enfin, tu es si soulagé, tu lui as fait confiance, plus d'une fois et voilà qu'elle t'a empêché de mourir.

“J'ai une dette énorme envers vous, vous m'avez sauvé la vie.”

S'il y a bien une chose que tu as apprise depuis tout ce temps, c'est l'humilité. Tu n'es rien sans les autres, tu es incapable de rester seul, tu as besoin d'une famille, d'ami, de soutien. Or tu es plus seul que jamais. Ton frère doit t'attendre depuis trop de lunes, Ahloy te déteste à nouveau et Taiyo... ne sera jamais un ami sur lequel compter. Aucun membre de la nation du feu ne te tendra plus jamais la main, les pirates qui t'avaient accueillis à bras ouverts tendront plutôt leurs armes vers toi. Tu es désespérément seul.

Assis sur le lit, tu attends de reprendre des forces, car tu te doutes que ce sauvetage s'accompagnera d'un prix.

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Tu ne bougeas pas d’un pouce à la vue de la flamme au creux des mains du blessé soudainement réveillé, tu ne pensas même pas à l’arrêter ou encore à dire un mot, par crainte de le voir prendre le chemin de la folie… les mains posées avec grâce sur tes genoux, tu attendis patiemment qu’il retrouve son calme pour te lever, et aller te poser à ses côtés en alliant douceur et agilité.

« Vous savez donc qui je suis ? » demandas-tu en affichant un air plutôt sérieux.

Cette question, on te l’avait posée lors de ton réveil il y a plus de seize ans…  Tu n’avais pas su y répondre, la mémoire bien trop altérée… Ainsi, tu craignais qu’il se fourvoie dans sa réponse malgré cette prise de conscience concernant la dette qui vous liait, te prenant pour quelqu’un d’autre… Alors que toi, tu savais qu’il était bien celui qui détenait toutes les réponses à tes questions. Ou du moins, presque, puisque tu avais bien remarqué sa folie lors de vos premiers échanges.

« Mais vous souvenez-vous de qui vous êtes…? »

L’inquiétude pouvait se déceler dans ta voix tant tu craignais les mots qui allaient sortir de la bouche de ce fameux Jin… Tu espérais sincèrement qu’il était seulement blessé, autant physiquement que psychologiquement, et non envoyé par la Nation du feu pour réaliser une mission d’infiltration.

D’ailleurs, tu avais une petite carte à sortir concernant ce dernier point… même si cela risquait de ne rien donner.

« Je vous ai fait préparer une boisson chaude. Bonne pour le corps et l’esprit. » expliquas-tu posément en jetant un œil vers la petite table de nuit qui laissait entrevoir une tasse fumante.

Des herbes du Jardin, et pas des moindres, puisque leurs vertus étaient prouvées. Un thé fin apaisant, permettant d’y voir plus clair, procurant un sentiment de quiétude et libérant le poids pesant sur des épaules devenues bien trop frêles, un thé qui s’avérait parfait pour la situation.

Si bien sûr, le blessé souhaitait le boire...

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A ses mots, tu acquiesces, tu sais qui elle est et ce qu'elle représente pour ta famille. Enfin non, tu sais juste qu'elle est la clef de la mémoire de ton frère, ce qui est déjà un savoir énorme et un soulagement dans tes épaules. Même si tu as perdu ton frère, même si tu n'es pas certain de le retrouver rapidement, même si vu comment tu es mal, il va te falloir du temps avant de reprendre la route.

“Je suis Jin” affirmes-tu avec un sourire.

Tu sais qui tu es, tu n'as pas l'impression d'avoir perdu beaucoup de souvenir, mais ton esprit était déjà en vrac depuis un certain temps et les souvenirs, les espoirs et la réalité se mélangent un peu.

“Nous nous sommes vus à Omashu, avant qu'on ne m'embarque m'obliger à rejoindre l'armée, avant qu'on ne me fasse me battre en première ligne, avant que je ne perde mon combat contre la guerrière Kyoshi qui m'a épargné pour on ne sait quelle raison. Depuis j'ai erré.”

Les larmes te montent aux yeux, ces mots ont été dur à sortir, parce que tu as vraiment vu la mort de près dans ce combat, parce qu'autour de toi, les autres prisonniers et déserteurs de la nation du feu ont péri, parce qu'elle t'a épargné pour sauver sa vie, sûrement, mais qu'elle aurait pu t'achever aussi, parce que tu ne mérites pas de vivre dans ce monde où tu as fait tant de mal, mais que tu es si soulagé de vivre encore un peu.

“Je vous fais totalement confiance” soupires-tu en tendant la main vers le thé.

Ta relation avec cette femme - Aallyah si tu te souviens bien de votre toute première conversation - est étrange, tout devrait faire de vous des ennemis, tout devrait vous opposer et pourtant, tu acceptes la boisson qu'elle te tend, en espérant de tout coeur qu'elle ne soit pas empoisonné.

La première gorgée te ravi, le thé est à la température idéale, parfaitement chaud pour profiter des saveurs. Tu fermes les yeux un instant et savoure ta gorgée, puis la suivante. Tu te sens un peu mieux, il y avait définitivement quelque chose dans ce thé. Tu souris en rouvrant les yeux et à cet instant tu crois voir quelque chose. Tu clignes des yeux plusieurs fois sans comprendre. Est-ce un souvenir ? Un flash de mémoire ? Est-ce une prémonition ? Pour quelle raison aurais-tu retrouvé Ahloy dans une caverne ? Tu chasses cette pensée d'un signe de tête, ce n'est pas le moment d'imaginer des choses.

“Je suis navré de vous causer tant de problèmes” murmures-tu conscient qu'elle s'occupe de toi alors qu'elle a sûrement bien d'autres choses à faire.

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Le corps du jeune homme ne respirait pas la santé, pourtant, son esprit, au combien complexe pour toi, semblait étonnamment… stable.

À l’écoute, mais surtout très attentive à ses expressions faciales, tu essayais de lire entre les lignes, comme si les paroles du blessé cachait un message.

Toutefois, il n’en fut rien. Shao Jin se souvenait de votre rencontre à Omashu, de sa capture et des combats… Il te faisait même entièrement confiance. Une confession faite avant d’avoir été apaisé par les bienfaits de ton thé qu’il décida alors de déguster. Tu n’avais aucun doute à voir le concernant. Il était sans doute un peu fou, oui, mais il était fiable.

Relâchant un tantinet la pression, tu l’observas à nouveaux, silencieuse… jusqu’au moment où il déclara être navré des problèmes causés. Une confession qui te fit rire avec légèreté…

« Vous ne me causez aucun souci. Bien au contraire. »commenças-tu à avouer en laissant finalement ton sourire s’estomper. « Vous avez réussi à apaiser des années de douleur face à une violente amnésie… Bien sûr, les souvenirs continuent de se faire de plus en plus précis mais… J’ai enfin les grandes lignes et je ne vous remercierai jamais assez pour cela. »

Le gorge nouée, les larmes aux yeux, tu finis par soupirer, consciente qu’il n’était sans doute pas trop approprié de se laisser aller maintenant. Alors, d’un revers de manches, tu allas estomper les larmes qui avaient commencé à perler au coin de tes yeux, puis tu repris, avec plus de légèreté.

« Je me souviens de votre frère, de ce plan pour vous aider à fuir… J’ai tant de questions mais… avant, j’aimerais que vous vous remettiez et que vous me direz ce que je peux faire pour vous aider… Demandez-moi ce que vous voulez. »

Oh, tu étais très sérieuse, et tu espérais sincèrement pouvoir te rendre utile pour celui à qui tu devais le retour de ta mémoire. Tu ne t’imaginais pas le questionner avant d’être assurée que tu pouvais devenir celle qui pouvait apaiser certains de ses maux.

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« Oh. »

Voilà tout ce que tu trouves à lui répondre quand elle te parle de l'éclaircissement que tu lui as apporté. Elle aussi été donc sujette à l'amnésie. Que s'était-il passé ce jour-là ? Le jour où Cheng avait été laissé pour mort, le jour où tu avais fui sur un bateau pirate. Tout était bien plus confus, les fils du destin bien plus emmêlés, les histoires bien plus liées que tu ne l'avais cru. Malheureusement, elle comme lui n'avaient que les moitiés de réponse, il fallait absolument qu'ils se retrouvent, si seulement tu étais encore capable de faire ça.

Reposant ta tête contre l'oreiller, tu essaies de calmer les battements frénétiques de ton coeur. Une nuisance sonore que tu n'avais remarqué, bourdonne dans tes oreilles et tu fermes les yeux pour tenter de la chasser. Il y a eu plus de dommage que tu ne l'aurais cru.

Quand elle essuie ses yeux, tu as envie de la serrer dans tes bras, de la réconforter, mais tu n'es pas sûr d'en avoir l'énergie et de toute manière, elle n'acceptera sûrement pas ton soutien de cette forme-là. Tu prends une longue inspiration et...

« En réalité, je ne sais pas. » soupires-tu mal à l'aise. Tu t'enfonces les ongles - qui ont trop repoussés depuis la bataille - dans la paume, vraiment gêné de la situation. Comment lui expliquer que tout va être diablement compliqué ? « Je... » tu t'arrêtes à nouveau
« Mon frère n'est plus le même, il a beaucoup perdu, pendant des années il a été de nouveau gradé dans l'armée, vous savez. » Tu ne sais pas ce qu'elle sait, ce que tu peux dire.
« Ses maux de têtes se sont fait plus présents à mon retour, et il ouvre les yeux, mais nous n'avons pas encore pu parler de tout, je suis ignorant sur tellement de détail et il se méfie tellement de son esprit qu'il n'en révèle que le moins possible. » Etrangement, révéler cette vérité te fait du bien, tu as l'impression que tu avances.

« J'ai un souvenir qui m'est revenu, un souvenir que je n'ai pas l'impression d'avoir vécu, plutôt comme un rêve ou une prémonition » Qu'est-ce que tu es sibyllin, mais tout est tellement confus ! « Dans une grotte, quelqu'un me parle d'une femme à trouver et c'est ce qui m'a menée à vous. Je vous suspecte d'être la clef qui rendra la mémoire à mon frère. » Tu as tout dit, tu as tout livré, cette confiance aveugle en elle sans réellement savoir ce qui elle est et quel maître elle sert.« Je ne suis pas la bonne personne donc, c'est avec lui qu'il vous faut parler. » conclus-tu avec un sourire désabusé.

La question qui tourne maintenant entre vous est : où est Cheng maintenant ?

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Tu avais beau être de nature positive Aallyah, tu ne pouvais faire comme si de rien n'était concernant le sort qui ne cessait de s'acharner sur toi depuis les sombres évènements de ton passé. Chaque réponse te coûtait cher, la preuve avec l’homme qui te faisait face, et qui, à l’époque, devait fuir aux côtés de son frère… Ses souvenirs paraissaient bien flous… Pouvais-tu réellement croire en ses mots ?

Le coeur serré, tu écoutais, sans trop comprendre… Comment Cheng avait pu rejoindre de nouveau sa Nation par la suite ? Qu’étaient ces maux de tête ? Les ennemis disposaient-ils de techniques secrètes afin de manipuler l’esprit au point de vous changer complètement ? Le récit de Jin te faisait… froid dans le dos… car si tu avais bien saisi, son frère était encore plus perdu que lui…

Tu ne pus t’empêcher de soupirer, attristée par la situation, peinée par le blessé qui tentait malgré tout de vouloir t’aider. Ce dernier fouilla avec force dans sa mémoire altérée, et finit par mentionner une femme, dans une grotte, et une histoire de clé pour venir en aide à son aîné.

Et c’était toi, cette fameuse clé.

Moue pensive, sourcils froncés, tu observais Jin avec… attention à présent, même s’il avait décrété qu’il n’était pas la personne dont tu avais besoin…

“Vous êtes exactement la personne qu’il me fallait.” déclaras-tu d’une voix lointaine, le regard un peu perdu dans le vide. “Même si… Même si je suis celle qui peut venir en aide à votre frère, je doute que des retrouvailles si soudaines aient un bon impact sur sa santé… La preuve avec l’effet que votre retour a eu sur lui si j’ai bien compris ce que vous venez de me dire.” finis-tu par avouer en ayant retrouvé ta finesse d’esprit. “Il faut que nous le retrouvions… Mais avant, il faut que vous alliez mieux…  Et que vous retrouviez un minimum vos esprits…“

Tu étais restée sur cette histoire étrange de grotte… Rêve éveillé ou simple vécu oublié ? Avait-on enquêté sur toi dans l’ombre ces derniers temps ? Encore des questions qui allaient rester sans réponse pour le moment…

Mais plus pour longtemps.

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Rien n'est vraiment clair et tu es encore épuisé, tu essaies de délivrer ton récit du mieux que tu le peux, mais aux mimiques du visage d'Aallyah tu doutes d'y être arrivé correctement. Tu n'as qu'une envie, c'est retourner dormir et t'abandonner.

« Vous avez raison, mais la différence entre nous, c'est que mon père me connait, il a pu donc mentir pendant des années à Cheng pour lui faire croire ce qu'il voulait. Vous... il ne doute même pas de votre existence. » Voilà la seule possibilité heureuse que tu trouves dans ce noir cauchemar. Tu as suffisamment vécu proche de ton paternel pour savoir comment il fonctionne et ce qu'il est capable de faire et le rôle qu'il a joué dans l'amnésie de ton frère. « Du repos, sans risque pour ma vie ? Je rêve, c'est un bonheur. » Depuis combien de temps n'as-tu pas dormi sur tes deux oreilles ? Sachant que rien ne pouvait t'arriver ? « Et peut être pourrais-je me rendre utile ? Je n'ai appris qu'à me battre jusqu'ici, sauf si on prend en compte les deux cours de peintures il y a de longues années, mais j'apprends vite. » Tu ne parles pas de ton expérience sur un bateau, là aussi tu as été capable d'apprendre de nouvelles capacités. Tu la regardes avec un léger sourire, heureux de te sentir en sécurité, même si tu sais au fond de toi que tu ne devrais pas confier ta vie à une inconnue, mais cette inconnue est trop importante pour que tu commences à douter.

Tu te rallonges sur le lit - tu avais relevé tes coudes pour la voir mieux quand vous parliez - et tu murmures. « Merci de me laisser dormir et reprendre des forces. » Parce que vraiment, personne n'a jamais été aussi bon pour toi que cette bande de pirate et sur elle aussi, tu as tiré un trait en trahissant Ahloy. Et cette dernière t'en veut sûrement terriblement depuis votre dernière rencontre. Non, décidément, tu n'es qu'une amie sur qui compter et elle se trouve dans la même pièce que toi.

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Tu écoutais attentivement les mots de Jin… Un père aux coutumes bien barbares, un frère à l’esprit brisé… La Nation du Feu ne faisait pas seulement des ravages sur le terrain face à ses ennemis, non… Elle était bien plus vicieuse que cela et elle allait jusqu’à détruire ses propres éléments lorsque ces derniers ne se trouvaient pas dans le droit chemin.

Du repos et du temps, voilà ce qu’il vous fallait, à celui qui commençait à sombrer, mais aussi à toi Aallyah, qui avait besoin de faire le point sur la situation. Qu’allais-tu faire de Jin ? Pouvais-tu en parler à un Maître des Jardins afin de trouver un moyen de le mettre en sécurité ? Ou alors, peut être pouvais-tu essayer de te rapprocher d’une organisation neutre qui accueillait les âmes en quête d'un foyer et de rédemption ?

Perdue dans tes pensées, tu restas silencieuse face aux dernières paroles du blessé. Ce dernier sombrait petit à petit, avec calme, happé par un sommeil réparateur dont il avait vraiment besoin…

« Reposez-vous. » chuchotas-tu avec bienveillance…

Combattant, peintre, danseur… Mais qui était réellement ce jeune homme ?

** Quelqu’un qui mérite d’être sauvé **

Tu étais décidée à faire en sorte qu’il ne retombe jamais entre les griffes de sa Nation de naissance… Après tout, n’était ce pas ce qui était convenu de faire il y a des années ?

Shao Cheng… Shao Jin… Les deux frères qui auraient dû vivre une autre vie d’après vos plans passés… Il n’était pas trop tard. Tu avais encore de l’espoir Aallyah… L’espoir de tenir les promesses d’une autre époque que tu pensais avoir oubliées.