Rappel du premier message :



My best rival

Taiyo, 18 ans, en première à l’université

Le temps de cours touche à sa fin. C’est le début d’après-midi, mais tu as entraînement après, l’heure n’est pas à l’étude ou au repos. Pourtant, tu irai bien piquer un somme. La veille a été… arrosée… et tu manques cruellement de sommeil. Tu as du forcer pour garder les yeux ouverts pendant tes deux cours de la journée, et tu sent que l’entraînement va être douloureux, mais tu n’as pas l’intention de le sécher pour autant. C’est grâce à ton sport qu tu as pu rentrer dans cette université, tu ne comptes pas tout gâcher à cause d’une gueule de bois.

Une sonnerie annonce la fin du cours, te sortant d’un demi-sommeil dans lequel tu commençais à t’enfoncer. Sursautant, tu rassembles tes affaires avec lenteur, te demandant si tu aurais le temps de grappiller ne serait-ce que quelques minutes de repos avant d’aller aux vestiaires. Tu sors de l’amphi en décidant que oui, mais une voix t’interpelle alors. Une voix que tu connais bien.

- Taiyo ! Tu as entraînement aujourd’hui ?

C’est Ahloy, une jeune femme deux ans plus âgée que toi, capitaine des cheerleaders. Avenante, toujours souriante mais avec une autorité digne d’un général, mignonne sur tous les points, tu as vite compris que beaucoup de gens étaient sous son charme. Tu n’échappes pas à la règle… même si tu aurai préféré. En effet, parmi les nombreux prétendants de la capitaine, le capitaine de l’équipe est particulièrement virulent… envers toi… A première vue pas a cause de Ahloy, après tout ils sortent déjà ensemble, mais du coup tu ne sais pas trop pourquoi… Le mec semble avoir tout pour lui, et pourtant il n’aura fallut que quelques semaines pour qu’une rivalité quelque peu violente s’installe entre vous.

La jeune femme apparaît devant toi, et un sourire se dessine aussitôt sur ton visage, toutes pensées négatives quittant ton esprit.

« Ahloy ! Oui, mais j’ai encore un peu de temps avant de devoir me préparer. Pour ? »

Te reposer ? Pour quoi faire ? Tu ne te sent soudain plus si fatiguer, en fin de compte.

- Un peu, c’est-à-dire ? J’aimerai présenter une nouvelle figure à l’équipe, mais j’aimerai d’abord la tester, et pour ça j’aurai besoin de muscles. J’aurai bien demandé à Jin mais il n’a pas encore terminé ses cours.

Il ne te faut pas deux secondes pour accepter. Tu dois avoir quoi… 30 minutes avant d’être vraiment en retard pour te préparer ? Et tu seras déjà sur le terrain, au pire tu ne seras juste pas en tenue… Ce qui te vaudra probablement un blâme… mais le coach t’a à la bonne, tu es sûr qu’il comprendra si tu lui expliques que c’était pour aider les cheerleaders, et donc l’équipe. Car le rugby n’est rien sans les encouragements sans failles des cheers, c’est bien connu.

- Super ! Tu me sauve. Allons-y alors. Si tout se passe bien, je pourrais présenter la choré dès demain.

Sans te faire prier, tu suis la jeune femme vers le terrain de rugby qui accueille également l’entraînement des cheers. Tu n’as aucune idée de pourquoi elle s’est adressé à toi en particulier, mais tu ne vas certainement pas lui poser la question...

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

Jin est déçu... Tes oreilles sifflent désormais alors qu’il se recule sans pour autant détourner le regard, si ce n’est pour lever les yeux au ciel. Il te raconte alors enfin tout : la piscine, le baisé, ta réaction... Tu rougis à nouveau (tu vas finir par faire un malaise si ton sang continue à voyager de la sorte...) alors qu’il revient sur tes aveux indirects... sur comment il a interprété les choses... Et puis il lâche tout... et là tout prend son sens...

Enfin pas d’un coup, parce que clairement t’encaisse le choc...  

Mais lorsque Jin termine en te demandant de garder tout ce qu’il vient de te dire pour toi, tu t’obliges à respirer à remettre tes idées en place. Ton cœur te semble vouloir sortir de ta poitrine...

« Je... suis désolé... »

Ok... ce n’est pas vraiment ce que tu avais prévue de dire...

Tremblant, sous le choc, l’esprit encore en vrac, tu te redresses et fait un pas vers ton capitaine.

« Tu... L’alcool... Dark Taiyo... »

Bon, on respire et on reprend...

« Je... suis bi... mais... »

Chaque mot semble te coûter. Parce que tu n’as jamais admis ça en étant sobre... qu’il y a une raison à ça... parce que tu as peur... Mais ce que Jin vient de te dire... de t’avouer... Tu as l’impression de lui devoir cette vérité que tu te caches à moitié...

« L’attirance pour... les hommes... je ne l’admets que quand j’ai bu... beaucoup... normalement... »

Ça et le fait que tu te mettes en danger plus ou moins consciemment...

« C’est pour ça que... j’ai paniqué... Je ne savais pas que... »

Tu bredouilles, tu paniques de nouveau... Tu te laisses tomber sur le banc, les jambes flageolantes, à nouveau blanc comme un linge.

« J’suis désolé... »

Tu ne sais pas vraiment de quoi...

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Tu hausses les épaules, essayant de faire passer tout ça comme si ce n'était qu'une conversation normale, comme si tu ne venais pas de lui offrir ton coeur sur un plateau et qu'il l'avait écrabouillé avec ses mains. Tu tentes un sourire, mais ton visage est tendu.

« Ne sois pas désolé. »

En réalité, tu ne sais pas très bien pourquoi il s'excuse. De te repousser ? Peut être, mais ça, tu refuses d'y penser maintenant. Plus tard, dans ta chambre, quand tu seras seul et au calme. Ou peut être dans les bras d'Ahloy, elle aura les mots pour te réconforter, comme toujours. Ou alors tu iras voir ton père, tiens, c'est une bonne idée, son insolence te remettra les idées en place et tu oublieras cette discussion terrible.

Puis tu relèves la tête brusquement aux mots de Taiyo, il est bi. Tu avais donc bien raison, il y avait une possibilité, mais elle est minime vu ce qu'il dit ensuite. Tu te mords la lèvre, qu'importe qu'il existe une possibilité, s'il ne veut pas de toi, qu'il soit sobre ou bourré, ça ne change rien. Le résultat est le même : il ne veut pas de toi. Comment pourrait-il d'ailleurs ? Aimer un homme qui vous a harcelé. Tu serres les poings, qu'est-ce que tu as été con.

« Au moins, toi tu l'admets » murmures-tu en inspirant profondément. C'est la première fois que tu le dis à voix haute, même Ahloy n'a pas eu le droit à cette confession, bon il s'avère qu'elle le savait et l'a deviné tout de suite en voyant Taiyo, mais bon... tu reprends rapidement la parole. « Mais tu n'avais pas à me le dire, tu n'es obligé de rien, tu ne me dois rien. »

Ton coeur semble s'être calmé, mais il faut que tu t'en ailles, rapidement, parce que ça devient dur là.

« Je vais y aller, j'ai vraiment beaucoup beaucoup de devoirs à faire et... pardon de t'avoir menti, je... c'était mal. »

Tu en as conscience, et tu ne veux pas briser le faible équilibre auquel vous étiez arrivés. C'est sûrement trop tard, mais tu espères qu'il comprend tes motivations maintenant. Tu attrapes ton pantalon, l'enfile rapidement espérant sortir de la pièce et te réfugier ailleurs.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

Ton capitaine est blessé... Toi, au moins tu l’admets... Sauf que non... tu ne l’as jamais vraiment admis puisque tu n’as jamais gardé de souvenir claire de ces moments où... tu draguais des hommes... Parce que tu étais toujours beaucoup trop loin et que, surtout, tu ne voulais pas t’en souvenir... On te les a surtout racontés, et tu as fini par faire le lien...

Il te dit que tu n’as pas à te confesser... que tu ne lui dois rien... Il veut partir, il s’excuse...

Tu restes immobile sur le banc, silencieux... et ce n’est qu’au moment où il ouvre la porte des vestiaires pour partir que tu te relèves d’un bond.

« Attend ! »

Attend... quoi... Tu vas faire quoi là ?  

Tu t’approches de Jin d’un pas lent, ton esprit tourbillonnant dans tous les sens. Tu as une très, très... très mauvaise idée... Du genre que tu pourrais avoir eu la veille en étant bourré et shooté... mais qui se prête extrêmement mal au moment présent... quoi que...

Tu rejoins le capitaine prêt de la porte que tu refermes en plongeant ton regard dans le sien. Tu dois savoir... Si tu l’as embrassé hier, même “pour se foutre de sa gueule” comme il a dit, c’est qu’il y a une raison... et tu dois en avoir le cœur net...

Le souffle court, tu hésites un instant. Tu ne devrais pas... tu ne devrais vraiment pas... stop... alerte... Et merde...

Tremblant, le cœur battant à tout rompre, tu l’embrasses... Timidement d’abord, parce que putain non... il ne peut pas avoir été jusque-là dans tes remparts... il ne peut pas t’avoir percé à jour aussi loin... Puis un peu plus fougueusement... parce que tu es en colère... parce que tu lui en veux de ce que tu ressens...

Tu te détaches de lui en reculant vivement, essoufflé...  

« Putain mais comment tu fais ça... ?! »

Comment arrive-t-il à te mettre littéralement à nu... ?  

Parce que ce baisé, c’était pour te prouver qu’il n’y avait rien, que tu avais agis bêtement la veille... sauf que non... Tu ne sais pas pourquoi, tu ne sais pas comment... tu ne sais pas d’où ! Mais c’est là... Tu as ressenti quelque chose dans ce baisé... et ça te fait peur...

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Étrangement, il reste silencieux, ça t'arrange un peu, mais ça te vexe aussi. Dans les histoires, c'est là que l'autre rattrape la personne au coeur brisé, mais Taiyo te laisse partir. Tu as déjà ouvert la porte lorsqu'il t'arrête enfin. Tu fronces les sourcils quand il referme derrière toi. Tu te forces à rester calme, à ne pas laisser les espoirs t'envahir en vains. Tu ne veux rien croire tant que ça n'a pas eu lieu.

Taiyo est gêné, tu le vois, tu le sens. Maintenant, tu le connais assez pour reconnaître cette émotion fugace sur ses traits. Et tu as peur de ce qu'il pourrait te dire.

Ses lèvres se posent sur les tiennes, doucement, avec hésitation. Ton coeur bat à tout rompre, tu ne comprends pas, tu l'espérais bien sûr, mais tu ne comprends pas pourquoi maintenant après tout ce qu'il vient te de dire ou de ne pas te dire justement. Tu le regardes, cherchant à démêler tout ce qui vous traverse quand ses lèvres se posent une nouvelle fois sur les tiennes.

Si le premier baiser était chaste, le second n'en est rien. Et tu te perds dedans, tu l'embrasses en retour, ton coeur battant à toute allure, tes mains se levant naturellement pour attraper son visage, sa nuque, ses cheveux qu'importe, mais avant que tu ne puisses le faire, il s'éloigne.

Il murmure, horrifié et tu te sens te briser un peu plus. Jouait-il avec toi ? Et là, tu le comprends et tes yeux s'écarquillent d'horreur.

« Tu viens de faire une expérience c'est ça ? Tu voulais me démontrer que jamais tu ne pourrais... » Putain. Tu ne te contrôles plus. Tu es terrifié de t'être ouvert autant, d'avoir montré cette part de toi-même que tu n'aurais jamais voulu admettre et voilà qu'il joue ? « Taiyo, me fait pas ça putain, tu peux pas juste essayer, et te dire "non finalement" putain, mais je viens de te demander de t'embrasser, tu sais combien j'en meurs d'envie et là, t'es là, avec tes grands yeux ouverts et ta colère dans tes yeux et... » Tu es le premier à agir comme un connard, le premier à te mettre au centre de tout et tant pis pour les autres, et pour la première fois où Taiyo pense à lui en premier, c'est sur toi que ça tombe. Et ça fait mal. Ça fait extrêmement mal.

La porte s'ouvre à la volée, vous n'êtes plus collés, et de la colère brille dans tes pupilles. Tu es blessé, mais pas que, honteux aussi. « Connard » jettes-tu à Taiyo, par réflexe, comme pour te protéger et tu te barres vite fait. « Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? » entends-tu au loin. Tu n'as même pas vu quel joueur venait d'arriver dans les vestiaires et tu pries pour qu'il n'ait pas compris, que Taiyo ne dise rien et qu'aucune rumeur ne court sur vous. Parce qu'avec ton coeur en morceau, tu n'es pas sûr d'agir correctement.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

Tu n’aurais pas dû... Tu es horrible... Tu t’es reculé en sentant Jin te rendre ton baisé. Tu as paniqué... Ses mots... te font baissés les yeux. Tu es en colère oui... tu es surtout mort de peur...

Tu relèves la tête au moment où la porte s’ouvre et où Jin crache une insulte qui résume tout. Tremblant, t’obligeant à respirer, tu regardes le gars qui te fait désormais face et qui demande ce qui se passe.  

« J’vais être malade... »

Sans faire attention à l’autre, tu te rue dans les toilettes où de violement spam secouent ton estomac vide. Ca fait mal... c’est une bonne chose... parce que tu te dégoute fortement pour le coup...

Une fois la crise passée, tu t’appuies contre le mur de la cabine, essoufflé et une sueur froide recouvrant tout ton corps.  

« Taiyo, ça va ? »

Non... Tu as besoin d’être seul... Tu dois faire le point, réfléchir... t’excuser... mais pas tout de suite... d’abord réfléchir...

Bordel ce mec t’aura tout fait...

Tu sors de la cabine en disant que tu cuve toujours de la veille avec un petit rire nerveux et rentre tant bien que mal dans ta chambre. En voyant ta tête, ton colloque à au moins la décence de ne pas poser de questions et de te laisser tranquille. De toute façon, vu ta froideur des derniers temps, il s’attends juste à ce que tu le repousse à nouveau...

Tu ne bosse pas du tout ce jour-là... Et les deux jours jusqu’au week-end on ne peut pas dire que tu sois des plus concentré non plus...

Tu essaie de faire le point, de comprendre... de faire des liens... Tu sais avoir été horrible avec Jin... tu lui dois des explications... Mais tu ne sais pas comment revenir vers lui... ni quoi lui expliquer exactement...

Par chance, ou parce que vous vous fuyez mutuellement... tu ne le croise pas dans les couloirs. Aux entrainements, vous vous évitez soigneusement. Tu accueilles le samedi avec soulagement, mais aussi avec la boule au ventre... Tu ne peux pas rester sans rien faire...

Il te faut dix bonnes minutes pour réussir à écrire le message, effaçant et recommençant sens cesse. Finalement, tu optes pour la simplicité...

« Est-ce qu’on peut parler, stp... ? »

Tu envoies après encore cinq minutes à fixer ton écran. Il prêt de midi... il doit être avec Ahloy pour manger... ou en train d’étudier...  

Allongé sur ton lit, tu laisses échapper un long soupire. Tu ne sais toujours pas ce que tu vas lui dire... S’il daigne te répondre... et accepte de te voir... ce qui n’est pas gagné...

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La journée a été affreuse, tu as passé tout ton temps libre à bosser comme un forcené, tu as rendu les devoirs à temps, tu es allé en cours, tu as appris et retenu des informations, tu as à peine dormi... mais pas une seule fois tu n'as pensé à Taiyo. Chaque fois qu'il arrivait dans tes pensées, tu l'en chassais vite fait et te concentrais sur tes cours.

Les journées ont été longues, épuisantes et tu devais te battre contre ton coeur qui te demandait du repos, contre ton satané coeur qui bat pour la mauvaise personne. Le samedi midi arrive et tu es épuisé. Tu as refait les cauchemars de ton enfance cette nuit, songeant à ton père, qui est la raison principale de ta propre homophobie intériorisée. Si tu as mis autant de temps à l'admettre pour toi, il y avait bien une raison. Tu lèves la tête quand tu vois le texto de Taiyo et tu as envie de jeter ton téléphone par la fenêtre, de ne pas répondre, de dormir pendant des heures et sans rêves. Mais tu lui dois une réponse, au moins, qu'il cesse de se tourmenter, parce que malgré tout, tu ne veux pas vraiment le torturer. « Non. »

Voilà, au moins, il n'a pas d'espoirs insensés, comme tu es magnanime.

Dix minutes plus tard, on tambourine à ta porte, c'est Ahloy, tu reconnais les coups. « Bon, je t'ai laissé tout le temps qu'il faut, maintenant, tu me racontes et tu prends les bonnes décisions. » Cette meuf est insupportable, elle est aussi ton soleil personnel. Tu te rues dans ses bras et tu pleures enfin tout son soûl. Avec elle, tu as le droit de craquer, tu as le droit d'être toi-même et elle ne te juge pas. Finalement, avec coupure, rougeur sur tes joues et mordillage de lèvres, tu lui racontes tout. Comme toujours, tu n'as aucun secret pour elle.

De mauvaise grâce - en tirant la langue donc - tu sors ton téléphone et, trente minutes après le premier message, tu en tapes un nouveau. « Bon, après m'être fait engueulé par Ahloy (et tu ne veux jamais vivre ça), je te réponds par la positive, choisi le lieu et l'heure. » On dirait que tu réponds à une demande d'emploi ou à un street fight, tes messages n'ont pas de sens, mais au moins il est au courant, ce n'est pas toi qui veut aller lui parler, tu fais plaisir à Ahloy, comme toujours. Tu es toujours autant blessé, mais pour elle, tu ferais n'importe quoi. Même si ses envies à elle sont de t'aider à aller mieux. « Contente ? » dis-tu avec l'air d'un gamin mal élevé qui vient de réparer une bêtise.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

La réponse ne tarde pas, et c’est bien celle à laquelle tu t’attendais...

Au moins, il t’a répondu... Tu laisses échapper un grognement plaintif en enfouissant ma tête dans ton oreiller. Comme s’il allait accepter de te parler après ce que tu lui as fait...

Tu restes allongé sans bouger, la tête dans le coussin, jusqu’à sentir vibrer ton téléphone à côté de toi. Tu te redresses d’un bond en voyant le nom de Jin. Il accepte de te voir. Parce qu’Ahloy le lui a demandé, apparemment, mais quand même... s’est déjà ça...

Tu hésites de nouveau, puis fini par répondre.

« Ds 20 min ? Au café du campus... Ahloy peut venir si tu veux... »

Pas certain que tu arrives à parler en sa présence, mais si ça peut rassurer Jin...

Tu enfiles rapidement un t-shirt, un jeans et une veste et sort en trombe de ta chambre. Tu cours presque jusqu’au café, alors qu’il ne t’a même pas confirmé que ça lui allait... T’es pas possible...

Evidemment, tu es à l’avance, le café n’étant pas très loin des dortoirs. Vu l’heure et le jour, il y a du monde, mais tu arrives à trouver une table sur la terrasse. Le temps est doux, l’extérieur vous fera du bien. D’autant que tu as peu dormi ces derniers jours, et mal... Le soleil ne pourra pas te faire de mal...

Tu patiente, ne sachant toujours pas s’il va venir. Dans la précipitation, tu as oublié ton téléphone sur ton lit... C’est bien malin...

Et s’il vient, sera-t-il accompagné ou seul ? Et surtout, qu’est-ce que tu comptes lui dire, exactement... a part que tu es désolé...

Finalement, Jin se pointe bien, seul. Tu n'arrives pas a retenir un soupire de soulagement : du fait qu'Ahloy ne soit pas avec lui, mais surtout qu'il soit là, lui...

Lorsqu'il s'assieds en face de toi, tu commences direct. Parce que si tu attends, tu ne va pas y arriver... et surtout tu vas réfléchir... or tu ne dois pas réfléchir si tu veux que ça sorte...

« Merci d'être venu... Déjà... je voulais m'excuser... Parce que j'ai été un connard en effet... »

Une serveuse vient vous interrompre pour prendre votre commande. Tu la giflerais bien, mais si tu ne voulais pas être interrompu, tu n'aurais pas du choisir un café...
Tu prend un coca, attend qu'elle s'en aille et reprend sans laisser le temps à Jin de parler. Si tant est qu'il veuille parler...

« J'ai paniqué, je n'aurai pas dû faire ce que j'ai fait mais... ce n'était pas... vraiment... un test... »

Tu fais une courte pause...

« Enfin si, s'en était un... Mais... je ne voulais pas te blesser... Je voulais juste... m'assurer... »

Et là, ça ne veut plus... Je voulais juste m'assurer qu'il y a bien quelque chose...
Ca bloque...

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Tu as traîné jusqu'à la dernière minute, prenant trop de temps pour t'habiller - sans le moindre soin -, marchant lentement, faisant des détours, jusqu’au dernier instant, tu as hésité à repartir dans l’autre sens et aller te cacher, mais tu es venu et tu ne sias pas trop pourquoi. Sûrement un mixte de : faire plaisir à Ahloy et à Taiyo, parce que malgré tout, malgré ton coeur qui hurle de douleur, tu as encore envie de l’aider à panser ses plaies. Et s’il a besoin de te parler pour aller mieux, tu subiras encore une fois son rejet.

Tu t’assieds en face de lui, sans prononcer aucun mot, pas par méchanceté, mais parce que tu as peur de ce que tu pourrais dire, de ce qu’il ne veut pas entendre. De toute manière, il ne te laisse pas parler, il s’excuse.

Alors qu’il jette un regard si noir à la serveur qui vient de l’interrompre, tu sens une douce joie remonter en toi. Il est tellement entier ce gars, tellement lui-même jusqu’au bout que ça te fait du bien. Même s’il te rejettera encore, et encore, parce que jamais il ne pourra jamais croire qu'il puisse exister un vous.

Ses mots sont sibyllins et ne ressemblent pas vraiment à des excuses, tu fronces les sourcils, croise les bras et répond un peu sèchement. « T'assurer ? » Puis tu décroises les bras et soupire.

« Déso, j'suis à cran, c'est que putain ça fait mal en fait. » Tu ne sais pas comment tourner les choses, tu lui en veux, mais c'est beaucoup plus compliqué que ça. En fait, ce que tu ne digères pas, c'est te rendre compte que t'as été un connard qui a blessé des gens toute ta vie et qu'aujourd'hui tu essaies de changer mais c'est trop tard. C'est normal qu'il te déteste. « Taiyo y a pas à te justifier, je » T'es terriblement mal à l'aise « J'comprends que tu voulais juste me rendre la monnaie de la pièce, t'sais. » Et bordel, qu'est-ce que ça fait mal.

   

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

Tu n’arrives plus à continuer. Jin en profite, et tu grimaces alors qu’il appuie sur le “assurer”. Ouai, pas top comme choix de mot...  

Tu baisses les yeux alors qu’il continue en disant que tu l’as bien blessé, d’une certaine façon... Mais à ses derniers mots, tu relèves la tête. La serveuse choisit ce moment pour apporter vos boissons, et tu peine à cacher ton exaspération. Non, vraiment, tu aurais dû choisir un endroit plus calme...

Tu sors un billet de ta poche et lui fourre dans la main en lui disant de garder la monnaie. Elle s’apprête à protester qu’il y a beaucoup trop, mais elle se ravive en voyant ton regard et se contente de te remercier et de filer. Tu pousses alors un long soupire en passant tes mains sur ton visage. Jin dit être à cran, et toi donc...

Poussant ton verre sur le côté de la table, tu te racle la gorge le temps de trouver le courage de reprendre, parce que tu ne peux pas le laisser croire que tu voulais lui faire payer... même si ça aurait été bien plus simple...

« Si, je dois me justifier... parce que tu te trompes... »

Respire...

« Quand je t’ai... embrassé... il y a eu un truc...

Je sais pas si c’est bien ou mal... mais ça m’fait peur... parce que tu as un effet sur moi qui m’rend dingue... »

Tu parles avec hésitation, cherchant tes mots, gardant les yeux baissés sur tes mains jointes sur la table.

« Tu m’fais tout remettre en question... Plus j’te connais et plus... je sais pas... t’as l’art de m’embrouiller sans même t’en rendre compte... »

Tu prends une inspiration tremblante.

« Je sais jamais sur quel pied danser avec toi... je sais jamais quelle pourraient être tes réactions, je sais pas comment réagir... du coup je fais de la merde... »

Tu relèves les yeux brièvement.

« Ca n’excuse pas ce que j’ai faits... mais je voulais que tu le sache... »

Tu détournes à nouveau le regard et attrape le verre dont tu bois une bonne gorgée. Tu as la gorge sèches, mais aussi tellement serrée que tu manques de t’étouffer en buvant. T’as vraiment pas l’air con...

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A l'intérieur de toi, il y a une sensation qui grandit, qui menace d'exploser même, une sensation que tu mets du temps à reconnaître : c'est de l'espoir. Taiyo choisit des mots vagues pour te torturer - même s'il affirme le contraire - et pourtant tu ne peux t'empêcher d'y lire ce que tu espérais le plus trouver. L'espoir que, un jour, peut être, il puisse lâcher prise, il puisse se passer quelque chose. Quoi, tu n'en es même pas certain toi-même, tu as passé tellement de temps dans le déni que tu n'as même pas accepté la possibilité d'un après. Sauf que là...

Puis tu te ressaisis, il se bat contre ce qu'il ressent, il n'a pas envie de cet effet que tu as su lui, ses mots sont choisis avec soin, t'en es sûr, ça le rend dingue, fou, malade. Il les refuse, il les refusera toujours. C'est normal. Tu te forces à rester neutre, à ne pas laisser l'espoir envahir tes traits, à ne pas sourire, mais à ne pas soupirer et le rejeter en bloc non plus. Bordel, il ne pouvait pas être plus sympa et juste t'offrir un : "non c'est mort" ? Au moins, tu aurais été fixé.

T'as même pas regardé la serveuse, t'as même pas capté qu'il avait payé pour vos deux, tu es tellement concentré sur lui, ses mots, le souvenir de ses lèvres contre les tiennes, le coeur qui bat dans la poitrine, le souffle rauque. Tu secoues rapidement la tête pour chasser ces pensées, ce n'est clairement pas le moment.

« OK ? »

Ton assertion ressemble à une question, tu ne sais pas vraiment sur quel pied danser avec lui non plus. Tout s'embrouille, tu ne sais pas où tu vas, ni où il veut te mener, tu ne sais même pas si tu peux parler ou si ça a du sens que tu dises quelque chose. Tu te passes une main sur le visage, las.

« Je ne comprends pas trop cette conversation, » finis-tu par avouer faute de mieux. Comment lui dire que tu perds pied en sa présence ? Que tu as peur de la suite ? Et que pourtant, tu ne penses à rien d'autre que lui, tout le temps. « La seule chose que je peux te dire c'est » t'as presque honte de te livrer de la sorte « que je t'ai menti la fois où je t'ai dit que mon père m'avait forcé à retourner en cours, il en a rien à foutre de moi, mais ça, tu le sais. » Tu te mords les lèvres et continue sur ta lancée. « La vérité, c'est que moi-même je sais plus trop qui je suis non plus, si je suis retourné en cours, c'est pour toi. Pour te voir, pour être je sais pas si un pied d'égalité, t'es tellement intelligent que j'en complexais. » Les mots sortent plus facilement que tu ne l'aurais pensé, et le bruit autour de vous s'atténue. « J'ai changé depuis ... depuis que t'es là, tu m'étonnes que tu ne saches jamais ce que je vais faire, moi-même j'en ai aucune idée. J'dis pas qu'tu m'as fait évolué en bien ou que c'est de ta faute, prends pas sur toi, juste, j'ai d'autres but maintenant. » Et tu détournes la tête. De quel but tu parles ? Affirmer qui tu es ? Enlever ta carapace et ton masque ? Reconnaître ouvertement que tu es gay et que tout ce que tu as fait pendant toutes ces années c'était de l'homophobie intériorisée ? Que tu veux l'embrasser et rester avec lui ? Quitter cette fac de merde ? T'as aucune idée de ton prochain but et c'est peut être ça la réalité : au lieu d'être le meilleur capitaine qui terrorise ses coéquipiers, tu te concentres à être meilleur tout court.

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université            

Jin n’a pas l’air convaincu... Il te dit carrément ne pas trop comprendre cette conversation. Tu soupires. Toi non plus tu ne comprends pas trop...

Alors que tu cherches quelque chose à ajouter, c’est lui qui reprend. Tu relèves les yeux, surpris. Il se confie... il te valorise une fois de plus et heureusement pour lui que tu es de nouveau en apnée car il aurait surement mal pris ton soupire exaspérer...

Tu t’obliges à reprendre lentement de l’air. Tu ne sais pas trop quoi répondre...  

Le silence plane un instant, tu es mal à l’aise. C’est toi qui as demandé à le voir, tu ne peux pas rester là sans rien dire... Alors tu prends une grande inspiration.  

« Ouai... t'as changé... »  

Il est moins con... Plus ouvert... Moins sûr de lui... même s’il ne l’a jamais été en soi hormis en façade... Tu croises les bras sur ta poitrine en t’appuyant sur le dossier de la chaise pour essayer de te donner une contenance.

« Mais faut vraiment que t’arrêtes de m’idéaliser... Je t’ai assez prouvé que je n’suis pas parfait ou intelligent, non ? »  

Tu forces un sourire crispé qui disparait bien vite. Tu baisses à nouveau les yeux et respires lentement avant de reprendre.

« Pourquoi moi ? »  

Tu n’oses pas préciser ta question. Pourquoi est-ce que c’est toi qui lui as donné envie d’avouer qui il est ? Pourquoi est-ce qu’il ressent quelque chose pour toi spécifiquement ? En te faisant ces réflexions, tu reprends rapidement, de peur qu’il interprète mal.

« Te méprends pas. Ca m’gêne pas en soi... Juste, j’me pose la question... »  

Ca m’gêne pas... Mais putain faut vraiment que tu apprennes à t’exprimer... Tu es sensé être un beau parleur, te défendre avec les mots plutôt que les poings... et là tu n’es pas capable de dire clairement les choses...

Après, comment exprimer clairement ce que tu n’arrives pas à comprendre ou ce que tu refuses d’avouer par peur...

My best rival

Cette conversation est compliqué, tu n'es pas certain de pouvoir y survivre. Tu as peur de tout gâcher, peur d'aller trop vite ou pas assez, peur d'être à côté, peur d'être mis face à ses contradiction. Pourtant, tu restes là, tu essaies. Tu parles, tu te livres malgré toi, tu n'avais pas prévu de dire tout ça, mais si Taiyo trouve que ses barrières sont abaissées face à toi, l'inverse est aussi vrai. Tu ne t'es jamais autant confié à quelqu'un et Ahloy ne compte pas, elle a deviné la moitié toute seule.

« Oui, je sais, tu m'as déjà dit ce que tu pensais de ton intellect. » Tu es un peu saoulé, c'est toujours la même chose, Taiyo ne croit pas en lui et en ses capacités, mais toi si. Et tu continueras d'y croire pour deux, qu'importe ce qu'il se passe. « Je ne t'idolâtre pas, imbécile, je sais ce que je vois ok ? » Tu veux que Taiyo comprenne ce que tu ressens, que Taiyo n'imagine pas qu'il ait été posé sur un piédestal et que tu l'admires tous les soirs. Non, tu as conscience de la force de Taiyo parce que tu en sais plus que tout le monde et Taiyo a été tellement blessé qu'il a oublié ce qu'il valait.

La question suivante est plus difficile, plus personnelle, plus... intense. Tu restes immobile un instant, avant de relâcher l'air de ses poumons. Tu as envie de détourner le regard, mais tu te force à rester droit.

« Pour ça justement. » Tu montres Taiyo d'un geste de la main. « Regarde, j'ai été con, je t'ai blessé et pourtant, la seule et unique fois où toi tu me blesses, tu fais quoi ? Tu veux arranger les choses. Et tu t'excuses. » A cet instant tu te rends compte que tu ne t'es peut être pas assez excusé de ton comportement passé, mais pourrais-tu réellement en faire assez un jour ? « Parce que t'es là, t'es resté alors que tu me détestais, t'as accepté de voir mon père, t'a accepté que je t'offre ce costume qui te rend plus beau qu'un dieu grecque en grinçant des dents parce que tu ne veux dépendre de personne. Parce que t'es chiant, parce que j'ai pas compris avant que ce soit trop tard. » Tu hausses les épaules, espérant faire passer ta putain de déclaration d'amour pour juste quelques petits mots comme ça, comme si ce n'était vraiment rien, mais au fond de toi, tu trembles. Tu es fébrile, terrifié, mais t'es parti trop loin, tu ne peux plus reculer. « J'sais pas, Taiyo, j'ai pas de raisons précises, c'est un ensemble un tout. Je ne sais pas pourquoi c'est toi, je sais juste que c'est toi. » Wahou. Tu viens de capter l'énormité.

Tu écarquilles des yeux. « Mais si on a fini de parler je peux peut être rentrer chez moi maintenant ? » Tu n'attends surtout pas de réponse, tu n'en veux pas, tu veux pas qu'il te rejette, tu ne veux pas qu'il dise "merci mais non", tu veux pas qu'il se sente obligé de répondre. Surtout pas. Sauf que tu ne peux pas partir sans rien dire non plus. Bon sang, t'es coincé.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université              

Jin réagit à ta remarque avec une certaine irritation. Tu te retiens de lever les yeux au ciel. Ce qu'il voit... qu'est-ce qu'il voit exactement ?  

Toi, quand tu te regardes dans un miroir, tu vois un petit garçon effrayé qui se cache comme il peut derrière une muraille fragile... où voit-il de la force dans tout ça ?

Quand tu lui demande pourquoi toi, il prend le temps de répondre. Mais lorsqu'il répond... tu ne t'attendais pas à ça... parce que s'il t'avait déjà fait comprendre qu'il ressent bien quelque chose pour toi, là... il est impossible de nier l'évidence...

Tu restes figé face aux mots de Jin, ne sachant pas trop quoi répondre. Il se rend compte de ce qu'il vient de dire, et il veut... fuir ?  

Les bras croisés sur la table, les yeux grands ouverts posés sur ton capitaine, c'est le manque d'air qui te fait te remettre en mouvement.

« Ok... »  

Ok... non pas ok !

Dis quelque chose... n'importe quoi... ne le laisse pas partir comme ça... C'est toi qui as posé la question après tout... tu n'avais qu'à pas demander si tu ne voulais pas savoir...

Mais en même temps... qu'est-ce que tu peux faire ? Comment es-tu sensé réagir à ça ? Oui, tu ressens quelque chose... mais tu ne sais pas vraiment quoi... et surtout tu n'es pas sûr de pouvoir assumer ces sentiments...  

Tu baisses les yeux et déglutis avec difficulté avant de reprendre.

« Tu te rappelles quand je t'ai dit qu'il faudrait du temps pour qu'on devienne amis... ? Les choses ont déjà été beaucoup plus vite que ce a quoi je m'attendais... mais là... »  

Là tu ne peux pas...

« Là j'suis pas prêt... je peux pas assumer un truc que je renie depuis toujours... j'ai pas ta force pour ça... »  

Tu t’efforces de respirer, tu cherches tes mots, étant bien conscient que ce n'est pas la réponse que ton capitaine attend...

Tu enfuis ton visage dans tes mains, les coudes appuyés sur la table.

Il ne te demande rien... et tu sais que tu le blesse en répondant... tu veux lui faire comprendre que tu ne le rejette pas... mais tout est si compliqué...

Tu reposes tes bras sur la table et tu t’obliges à regarder Jin.

« Mais me fais pas dire ce que j'n'ai pas dit... c'est pas un rejet... »  

Bordel... tu t'enfonces... C'est toi qui veux fuir maintenant...

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« OK »  

A quoi t’attendais-tu ? A rien, à tout, mais certainement pas à ça. Tu as envie de te lever, de partir, de t’enfuir, putain, pourquoi c’est si dur ? Tu le regardes et là il recommence, il parle et ne s’arrête plus.

Ton souffle se coupe dans ta poitrine, tu es en état de choc. Pourquoi te torture-t-il de la sorte ? Tu ne lui demandais rien, tu ne voulais rien, mais surtout pas ça. Surtout pas un rejet. Il ne pouvait pas te laisser partir ? Sauf que tu n’y arrives pas, tu ne peux pas te relever, tu ne peux pas le regarder dans les yeux, tu n’arrives même pas à le stopper en lui demandant de se taire et ses mots sortent et sortent encore. Vers la fin, tu n’entends même plus, ton coeur bat trop vite et trop fort dans tes oreilles.

Soudain, il se tait et tu te lèves. Tu te sens idiot, mais c’est trop tard, tu as enfin retrouvé l’usage de tes jambes, de la parole aussi sans doute, mais ça ne sert à rien puisque tu ne sais plus quoi dire. Taiyo te regarde, il est gêné, tu le sais, tu le sens.

« Je sais tout ça, je t’ai rien demandé Taiyo, c’est toi qui m’a posé une question, j’y ai répondu. Maintenant, je vais rentrer chez moi. »

Tu as essayé d’être calme, de dire les mots sans violence, sans animosité. Sans tristesse aussi. Tu ne sais pas à quoi ça a ressemblé de l’extérieur, tu es comme détaché de ton corps et ton cerveau ne fonctionne plus.

Ses mots tu voudrais les effacer, parce que t’as peur de leur signification, peur qu’il te dise qu’un jour c’est possible. Mais possible de quoi ? Tu ne veux pas être un traumatisme pour lui, tu ne veux pas qu’il se force pour toi, tu ne veux pas qu’il essaie un truc qui le mette mal à l’aise. Tu l’aimes oui et ? La belle affaire. T’as mis des mois à le comprendre, évidemment que tu ne voulais pas qu’il te le dise en retour. Qu’il te dise quoi ?


T’es toujours debout, quelqu’un passe à côté de votre table et te regarde bizarrement. Tu sors de ta poche un billet, t’en as toujours un dans les poches, tu le poses à côté de Taiyo, parce que tu sais qu’il ne le prendra pas si tu le lui donnes en main propre.

« Bonne journée ? »

En vrai, c’était pas une question, mais l’intonation de ta voix en a fait l'intention. Tu t'éloignes, essayant d'avoir l'air naturel, mais vu ton visage, tu as plutôt l'impression d'être un robot, détaché de tout pour ne surtout pas craquer.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université              

Tu te tais, et ton capitaine se lève. Il ne te répond pas vraiment... Oui, tu lui as posé la question...

La gorge serrée, tu le fixe sans plus rien ajouter. Il est si... las ? Froid ? Tu as du mal à déterminé son absence d’expression...

Il reste debout un moment, ni l’un ni l’autre ne bougez ou ne pipe mot. Finalement, il pose un billet à côté de toi et te... souhaite une bonne journée ? Tu ne sais pas trop...

Son geste te fait serrer les dents, et tu dois faire appel à toute ta volonté pour ne pas lui jeter le billet à la figure. Il se fiche de toi là ? Tu peux encore lui payer un verre non ? Après tout, c’est toi qui lui as demandé de venir... et les choses n’ont fait qu’empirées...

Tu restes figé alors qu’il s’en va. A nouveau, c’est ton apnée qui te sort de ta torpeur. Prenant une grande bouffée d’air, tu tape du poing sur la table en jurant, faisant sursauter les gens autour de toi. Tu as envie de balancer les verres, de retourner la table, de frapper quelque chose... de te baffer toi-même...

A la place, tu te lèves en laissant tout là, y compris le billet, mais après quelques pas tu viens le récupérer et vider ton verre d’une traite. Par principe... et pour le billet tu le fourreras dans son sac après un entrainement...

Tu passes le reste du week-end à rattraper tes cours en retard, t’obligeant à rester concentrer là-dessus et sur rien d’autre. Le lundi, tu es convoqué concernant la bagarre. Pour ton plus grand soulagement, l’affaire est classée. A peine sortit du bureau, tu sors ton téléphone et écris un message.

« Je suis gracié ! »  

Tu t’apprêtes à envoyer mais te ravive en te rendant compte de ce que tu comptes faire. Tu fixes l’écran un moment, regarde le nom du destinataire, puis efface le message. Tu ne peux pas lui envoyer ça... Tu ne peux rien lui envoyer... Tu dois le laisser... et bizarrement, cette pensée te serre le cœur. C’est que tu t’es habitué à lui... malgré tout ça... malgré le passé et le présent...

Tu te rends en cours en trainant des pieds. Tu cherches son regard dans les couloirs et aux entrainements, mais en vain. Le billet à fini par rejoindre le pull sous ton lit. Et les jours passent... Il t’évite, et tu fais au mieux pour garder tes distances.  

Le samedi suivant, tu envoies un message à Ahloy, parce que tu n’en peux plus de cogiter. Tu lui demande si elle a parlé à Jin, tu prends de ses nouvelles via elle... Tu te sens con... Mais tu ne sais pas quoi faire. Tu ne sais pas comment lui parler, comment lui faire comprendre... Tu n’as jamais eu autant de mal à trouver tes mots...

Tu recommences à faire des cauchemars. Jin, ou l’art de remuer ton sombre passé... Il est insupportable...

Tu ne veux pas resombrer... Pas encore, alors que tu te remets à peine de ta dernière crise... Tu ne peux pas...

Durant la nuit pourtant, tu te réveilles une nouvelle fois en sueur et tremblant, des cris et des coups pleins la tête. Cela deviens récurant à nouveau... Haletant, tu rejoins les toilettes pour y remettre ton souper. Putain... T’en peu plus...

Tu restes assis un moment contre le mur froid, essayant de te calmer. Tu ne sais pas quelle heure il est...

Après plusieurs minutes, tu te relèves, te passes de l’eau sur le visage, et te diriges non pas vers ta chambre, mais vers celle de Jin. C’est le milieu de la nuit, mais tu ne réfléchis pas. Pourquoi lui ? Peut-être parce que, au final, c’est lui qui te connait le mieux, désormais...

Pâle et tremblant, tu frappes doucement à la porte. Il dort surement, il ne t’entendra pas... tu n’es pas certain de vouloir qu’il t’ouvre... et en même temps, tu ne veux pas retourner dans ton lit... tu ne veux pas te rendormir...

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Une semaine entière à te tuer au travail. Tu n'as jamais été autant concentré, tu bosses dans une aile de la bibliothèque universitaire, l'aile la plus petite, celle des cours où personne ne va jamais, mais au moins tu es tranquille. Tu as trop peur d'être dans ta chambre et qu'Ahloy te secoue, trop peur de croiser Taiyo et de ne pas résister à sa compagnie malgré tout ce qu'il t'a dit, tu as trop peur de te poser les bonnes questions qui font réfléchir et qui font mal. Alors tu fuis et tu te distraits par tous les moyens possible. Heureusement, les examens de mi-années sont là et tu as une raison de te plonger dans le travail. Cette année est la première où tu bosses autant, la seule où tu vas avoir les pires résultats, mais tant pis, tu as besoin de te retrouver seul.

Tu as même commis l'impensable : te dispensant de sport, pas de rugby pour toi cette semaine. Tu as honte, mais tu n'es pas capable de croiser le regard de Taiyo, dans les couloirs tu marches vite, la tête baissé, dans des fringues passe partout noires, si loin de ton style habituel où tout le monde ne peut rien faire d'autre que te regarder.

Et bordel, il te manque à chaque pas. Chaque seconde ton esprit dérive, chaque minute tu veux faire demi-tour. Sauf que tu restes, cloitré, caché, invisible. Repoussant ce sentiment qui te pousse à le chercher, son amitié t'es devenue si précieuse en un rien de temps, au fond de toi, tu es presque sûr que tu pourrais t'en satisfaire, tu préfères ce lien que rien. Sauf qu'il a besoin de temps, il a été clair et tu dois le lui donner. C'est pas en traînant avec lui H24 et en réveillant ses traumas - il t'en veut encore pour ça - que tu vas lui laisser la place d'exister. Le pire, c'est sûrement ça ; en l'évitant, tu as l'impression de bien faire.

Les coups frappés à ta porte te font sursauter, tu ne dormais pas, voilà bien des nuits que le sommeil t'évite. Tu bosses jusqu'au coeur de la nuit, encore et toujours pour chasser les démons. Mais les coups sur la portes, tu sais d'où ils viennent. Ahloy ne frappe pas, jamais. Des coups violents, ça aurait pu être du bizutage, mais depuis la deuxième année c'est toi qui le fait - faisait - subir à d'autre. Les autres gens évitent ta chambre de privilégiés. C'est forcément lui.

En deux secondes tu es devant la porte, en panique, le coeur battant à tout rompre. Tu essaies d'avoir l'air calme. Tu te composes un visage neutre et tu ouvres la porte. Tu n'as pas le temps de dire quoique ce soit que son visage t'effraie. Il ne va pas bien, pas bien du tout. Il n'est pas venu en colère pour t'hurler tes quatre vérités, il n'est pas venu pour t'insulter ou t'excuser. Il est venu pour lui. Et dans ton âme, une douce enveloppe d'amour se fait sentir, parce que tu es important, malgré toi.

Tu chasses bien vite ce sentiment et te décale pour qu'il puisse entrer, quoiqu'il ait à dire, cela ne se dira pas dans le couloir. Quand il a passé la porte, tu la refermes derrière lui. Ton visage reflète toujours la même inquiétude, tu ne sais pas quoi dire. Lui non plus apparemment. Tes épaules s'abaissent, tu tortilles tes doigts et murmures.

« Qu'est-ce qu'il ne va pas Taiyo ? »

Une semaine sans prononcer son nom et il te revient en pleine face, il t'avait manqué. Tu t'assieds sur ta chaise, lui désignant le lit, lui laissant toute la place dont il a besoin, alors que tu mourrais pour un peu de contact humain.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université              

La porte s’ouvre. Apparemment, Jin ne dormait pas. Tu le fixe un instant avant de baisser les yeux, ne sachant pas quoi dire. Il ne dit rien non plus dans un premier, te laissant simplement entrer, mais l’inquiétude se lit sur son visage et il te demande finalement ce qui ne va pas. Tu t’assieds sur le lit, les yeux fixés sur tes mains moites. Tu prends une courte inspiration avant de répondre.

« J'suis désolé de débarquer comme ça... J’arrive pas à dormir et... j’sais pas... Je me suis retrouvé ici... »

Tu serres tes bras autour de toi, essayant de respirer calmement.

« Comment tu fais ? Pour te détacher de l’emprise de ton père... »  

Tu t’exprimes à nouveau mal. Te resserres un peu tes bras avant de reprendre.

« J'veux dire... ça me pourri... J’ai beau jouer les forts, faire comme si ça allait, mais ça va pas du tout... Comment tu fais pour tenir ? »

La fatigue et le stress t’empêchent de réfléchir clairement. Tu ne comprends pas pourquoi tu es là, pourquoi tu te livres ainsi, à lui... Mais tu en besoin...  

Putain, tu as l’impression d’être un gamin sans défense, ça te tue... Tu es au bord des larmes. Des larmes de peur et de honte... Mais tu ne veux plus être seul, et il a dit qu’il serait là pour toi, non ? Même si cela signifie te mettre à nu devant lui... Au sens littéral du terme, évidement...

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Pour être honnête, tu ne t'attendais pas à ça, mais ça te fait encore plus mal. C'est toi qu'il va voir quand il est au plus bas, tu joues un rôle important dans sa vie et tu l'as abandonné quand il en avait besoin. Ça te prend en pleine face et tu culpabilises. Tu avales ta salive, te sentant con, cherchant une réponse, mais tu n'en as pas. Comment lui dire que t'es lâche toi ? Tu n'essaies même pas de te battre, la seule fois où tu l'as fait, c'était pour Taiyo. Pour toi-même, tu as abandonné.

« Ahloy, » avoues-tu dans un souffle. « C'est elle qui me fait tenir, c'est elle qui m'a aidé à rester moi-même malgré tout ça. Sinon, je ne résiste pas, tu le sais, tu l'as vu. Je laisse couler, je fais semblant que ça ne m'atteint pas. »

Les mots choisis sont violents, parce que tu admets quelque chose devant lui, tu reconnais enfin que ça te blesse, que ça te fait du mal, mais que tu fais semblant. Tu restes cloitré dans le déni depuis tellement d'année.

« La seule solution que je connaisse c'est de ne pas être seul. »

La honte envahi tes traits, tu rougis et détournes la tête, heureusement, il est trop concentré sur sa propre fragilité pour ne pas te regarder, il se serre les bras, il est mal à l'aise et toi, tu n'es concentré que sur toi. Tu n'as plus le droit de lui faire la moindre promesse, tu l'as déjà abandonné trop de fois.

« Sois pas désolé de débarquer, je t'avais déjà prévenu que j'étais là... si tu en avais besoin. »

Tu aimerais qu'il comprenne à quel point c'est vrai et à quel point tu as besoin qu'il soit égoïste, parce que toi, tu as trop peur de faire de nouveaux pas vers lui, trop peur de te reprendre le rejet en pleine face, mais tu as besoin qu'il soit là. Tu tournes la tête vers la porte, hésitant un instant.

« Une tisane t'aiderait ? Y a la machine au café au bout du couloir, j'peux... y aller ? »

Bon, la solution d'Ahloy c'était plutôt de boire de l'alcool, mais là, t'es pas certain que c'est ce dont il a besoin. Alors tu essaies de trouver une alternative pour lui donner ce qui le ferait se sentir mieux.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Jin te répond. Ahloy... évidement. Ne pas être seul... faire semblant... Toi aussi, tu fais semblant. Tu faisais semblant... mais tu n’y arrives plus aujourd’hui...  

Tu trembles, retenant tes larmes. La boule dans ta gorge t’étrangle. Jin te propose une tisane, mais tu secoues négativement la tête. Tu ne veux pas qu’il parte, même si c'est juste au bout du couloir. Une larme s’échappe et tu l’essuie rapidement avec ta main.

« Merde... »  

Tu sens l’angoisse montée. Tu te sens pitoyable. Tu relèves les yeux sur Jin, les traits tendus et les larmes coulant malgré toi sur tes joues.

« J'en peux plus... Les cauchemars... l’insécurité constante... la peur... »    

Tout ça, s’est remonté à cause de lui... et pourtant c’est auprès de lui que tu viens chercher du réconfort... C’est n’importe quoi...

Tu regrettes qu’il ne soit pas à côté de toi. Tu te balance légèrement, les mains désormais à plat sur tes cuisses et la respiration courte.  

« Putain j’fais vraiment pitié... »  

Et surtout, tu lui en demande beaucoup... Tu devrais rester loin de lui, garder tes distances pour lui éviter de souffrir, qu’il puisse t’oublier... parce que tu seras toujours trop lâche que pour admettre publiquement ton orientation sexuelle... parce que les cauchemars sont là pour te rappeler à l’ordre si tu ne fais qu’y penser... parce qu’il aura toujours une emprise sur toi, même en prison...

Tu paniques. Tu t’en veux. Jin ne mérite pas ça... Tu devrais partir, mais tu n’y arrives pas. Merde merde merde !  

Tu te laisses glisser au bord du lit pour te retrouver à terre, les genoux repliés contre toi et la tête enfuie dans tes bras. Il faut que tu te calme...

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Le voir dans cet état te brise le coeur, parce que t'as l'impression que c'est de ta faute. Suivant ses dires, ça l'est d'ailleurs. Sans toi, il aurait gardé tout ça enfui bien profond. Ou alors, c'est qu'avant, il n'avait vraiment personne vers qui se tourner.

Tu restes ici, comme il le demande enfin, il secoue juste la tête, mais ça t'a suffit, tu restes. Pourtant, t'es loin, bien trop loin mais tu ne sais pas comment réagir, toi tu te ruais dans les bras d'Ahloy quand tu en avais besoin, mais là... puis soudain si, tu oses.

« Est-ce que je peux te ... toucher ? Ou c'est pire ? »

Ce qu'il a vécu, plus jeune, a laissé des traces et tu préfères éviter d'envenimer la situation, mais tu te rappelles les états de détresses que tu as pu vivre et ... oui, les bras d'Ahloy étaient les meilleurs pour pleurer. Si Taiyo n'a pas une telle personne sous la main, peut être que tu peux lui apporter un semblant de réconfort. En parlant, tu avais ouvert les bras et attendu qu'il réponde, mais il n'a fait qu'un seul signe que tu as pris pour un oui.

Alors, doucement, tu t'es relevé pour aller le prendre dans tes bras. Avec toute la tendresse et l'amitié que tu es capable de lui offrir. Tu sens son corps se serrer contre le tien et sa tête s'enfouir dans ton épaule. Et bon sang, qu'est-ce que c'est bon ! Tu savoures l'apaisement que tu lui apportes et la tension précédente s'éloigne un peu plus.

« Vas-y, lâche tout, je suis là. »

Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu dis ça, est-ce que tu as envie qu'il pleure ? Qu'importe, ce qui compte, c'est de lui offrir l'espace dont il a besoin, s'il veut hurler, tu peux hurler avec lui et tant pis si les étudiants des chambres mitoyennes ne sont pas heureux. Tu es là, point barre. Après tout ce que tu as raté dans ta vie et tout ce que tu as brisé dans la sienne, tu lui dois bien ça.

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Le capitaine te demande s'il peut te toucher. Sans réfléchir, tu hoches simplement la tête. Il te prend alors dans ses bras, et bordel que ça fait du bien...

Tu te serres contre lui, enfui ton visage au creux de son épaule et t'agrippe à lui comme si ta vie en dépendait. Les larmes coulent désormais à flot et ton corps est secoué de sanglots silencieux.  

Tu ne sais pas trop combien de vous rester ainsi, en silence, toi pleurant dans ses bras comme un gamin...  

Mais tu finis par te calmer peu à peu. La crise d'angoisse passe, tu te détends un peu, mais tu ne lâche pas Jin... Les yeux fermés, ta respiration se calme. Tu ne t'endors pas, mais tu pourrais...  

Finalement, après un temps indéfini, tu relâches légèrement ta prise et te redresse un peu sans pour autant t'écarter, le regard baissé.

« Je... merci... »  

Tu ne sais pas quoi dire d'autre à part t'excuser... tu te sens honteux aussi... mais ça t'a fait tellement de bien...  

Tu prendrais bien une tisane maintenant... mais tu ne veux pas qu'il bouge... Tu finis par le lâcher complètement, mais tu restes contre lui, posant ta tête sur son épaule, les yeux à nouveau fermés, durant un instant.

« Désolé... »    

Tu rouvres les yeux et te redresse complètement, appuyant ton dos contre le lit. Tu te sens vraiment con...

« Ca... m’a fait du bien... mais désolé que tu aies dû subir ça... »  

Désolé de lui demander ça en sachant ce qu’il ressent et en sachant que tu ne peux lui répondre...

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Il te serre dans ses bras, plus fort que personne ne t'a jamais serré, il s'accroche à toi et tu as l'impression d'être une bouée, d'être un phare, d'avoir un objectif et d'être utile. Il y a moyen que tu lâches quelques larmes au milieu des siennes, mais comme il pleure plus fort que toi, il ne t'entend pas. Tu es presque soulagé qu'il ne sache pas ça, pourtant, il n'y a rien de honteux a être ému par la situation.

Quand il te relâche, tu es déçu, mais tu ne dis rien, surtout parce qu'il pose sa tête contre toi et que tu es heureux qu'il ne te lâche pas d'un coup, qu'il ne prend pas ce qu'il a à prendre, puis qu'il disparaisse. Il aurait pu, tu l'aurais laissé faire, mais... ça t'aurait fait mal.

Non, là il reste, juste à côté de toi, il finit cependant par s'éloigner un peu. Il est toujours à quelques millimètres, vous vous frôlez, mais... il ne te touche plus. Et il s'excuse. Tu fronces les sourcils.

« On peut savoir pourquoi tu t'excuses ? Je t'ai ouvert la porte de ma chambre, j'ai dit proposé de rester, j'ai t'ai proposé de tout lâcher, pourquoi tu devrais t'excuser ? J'étais là, je dormais pas, ce devoir de philosophie aura ma peau, pourquoi j'ai pris cette option ? Bref, j'étais là, tu avais besoin, c'est tout. Malgré tout, je crois qu'on est vraiment amis non ? »

Tu l'as dit en blaguant plus d'une fois, mais malgré tout ce que tu ressens, tu préfères l'avoir pour ami que rien du tout. Il sait et si ça lui va d'être tout de même ami avec toi, alors, continuez comme ça. Tu souris, puis t'as une idée. Tu te lèves d'un coup et va fouiller dans ton tiroir, celui du haut, qui renferme toujours une plaquette de chocolat. Quand tu reviens, tu t'assieds à côté de lui, mais cette fois-ci, tu ne prends pas l'effort de mettre une distance entre vous. Tu colles ta cuisse contre la sienne, ton bras contre le sien. Puis tu lui tends.

« Tiens, du chocolat, j'connais rien d'mieux pour remonter le moral. »

Et tu n'achètes jamais n'importe quel chocolat, c'est du haut de gamme et c'est ton préféré, mais ça, tu ne le dis pas, de peur qu'il le refuse.

 

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Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Ton capitaine te rabroue pour tes excuses. Tu gardes les yeux rivés sur tes mains que tu tortilles. Il tente de détendre un peu l’atmosphère en lâchant une remarque par rapport à son cours de philo qui t’arrache un petit rire, puis te demande si vous êtes vraiment amis. Tu relèves les yeux vers lui. Il sourit. Tu lui rends son sourire en hochant la tête.

« Ouai, on est amis. »  

S’il peut le supporter... S’il peut rester auprès de toi malgré ses sentiments...  

Tu te sens égoïste... parce que tu préfères que ce soit ainsi plutôt que de rester loin de lui. Parce que tu as besoin d’un ami, un vrai... un qui fait ce qu’il vient de faire, sans poser de questions. Mais sachant que lui espère plus, c’est cruel de ta part d’agir ainsi...

Jin se lèves soudain et va fouiller dans son bureau. Il va se rasseoir tout contre toi en te tendant une tablette de chocolat. C’est encore mieux que la tisane.

Tu prends la tablette avec un sourire reconnaissant.

« Merci. »    

Tu coupes un morceau et le lui tend avant d’en prendre un toi-même. A peine l’as-tu mis en bouche que tu écarquilles les yeux.  

« C'est trop bon ! »  

Sérieux, est-ce qu’il a seulement déjà mangé des trucs dégueu ou fade ? Cette pensée te fait sourire de plus bel.

« Sérieusement, faut arrêter d’me faire découvrir des trucs bons, tout le reste va m’sembler fade maintenant... »  

Ça te fait du bien de pouvoir passer à une discussion plus soft, sans s’attarder sur ta crise. Jin doit déjà avoir une idée de ce qui les déclenche. Peut-être qu’un jour tu lui raconteras les détails, pour qu’il comprenne vraiment... Qu’il sache pourquoi tu fuis...

Mais pas ce soir... La nuit est déjà bien avancée, tu es épuisé, tu as besoin de penser à autre chose...

« Les exams c’est la galère... C’est quoi le sujet de ton devoir ? »

Tu lui tends un nouveau morceau de chocolat pour en reprendre ensuite un a ton tour. C’est bon pour le moral, en effet.

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Il confirme et étrangement, au lieu de ressentir un pincement au coeur tu ressens une vague de chaleur. Tu ne fuiras plus, tu vas cesser de mettre des barrières entre vous, tant pis si ton coeur est malmené, tu as compris que tu l'aimes tant que tu préfères l'avoir à tes côtés plutôt que de ne plus le voir.

« Très bien, alors maintenant, attends-toi à me voir collé à tes basques jusqu'à la fin de l'année, je te laisse plus faire un pas tout seul, ok ? »

Et voilà, est-ce que tout est oublié ? Pas vraiment, mais tu feras un effort, pour lui, parce qu'il mérite qu'on l'apprécie et qu'on le lui montre. Il est trop seul, c'est pas bon.

Quand il s'extasie face au chocolat, tu ne peux t'empêcher de rire doucement. Tu n'aimes que le chocolat vraiment excellent, tu le fais parvenir de Belgique d'ailleurs, il n'y en a pas d'aussi bon ici. Tu souris encore, sincèrement heureux de cette fin de soirée qui ne ressemble en rien à ce que tu aurais pu imaginer.

« Ouais, et en plus, celui-là c'était une édition limitée, t'en aurais plus jamais, alors savoure-le bien ! Mais t'inquiète, un jour je t'emmènerai en Belgique, goûter ce chocolat incroyable. »

Tu parles de futur avec lui et tu assumes, tu l'as prévenu, maintenant il ne peut plus t'abandonner, tu seras encore plus accroché qu'une moule à son rochet. Et si tu n'as que son rire, ça te suffit.

« Arg, n'en parlons pas, je passe déjà trop d'heures dessus, j'ai la tête pleine de notion de compta qui vont me faire exploser. Toi, tes exams ça va ? »

Une notification d'une appli boursière que ton père t'oblige à suivre éclaire l'écran de ton téléphone et tu vois l'heure. Tu paniques, vous devez dormir rapidement sinon vous ne survivrez pas à cette journée, mais tu ne veux pas le quitter, pas maintenant que ça va mieux.

« J'veux pas être rabat-joie et j'adoooore parler chocolat avec toi, mais faut vraiment qu'on aille dormir, euh... tu veux prendre le lit ? Je finis un truc pendant que tu t'endors, t'inquiète. »

S'il part, tu ne le supporteras pas et s'il dort, tu peux, en tout bien tout honneur, te mettre sur un bout du lit. Il est assez grand - c'est un lit une place et demi - pour que vous ne vous touchiez pas. Mais pour ça, il faut qu'il ne réfléchisse pas, qu'il n'imagine rien, juste qu'il aille dormir à côté de toi.

 

My best rival

Taiyo, 18 ans, en première à l’université  

Quand tu confirmes que vous êtes amis, Jin te prévient qu'il ne compte plus te lâcher, désormais. Tu ris en imaginant la tête des autres s'ils vous voient toujours fourrés ensemble alors que vous étiez meilleurs ennemis il y a peu de temps encore...  

Seulement quelques mois sont passés, mais tu as l'impression que le début d'année était il y a une éternité...

Bien sûr, tout n'est pas résolu. Il y a encore des non-dits, des secrets, surtout de ton côté... mais l'idée d'avoir un ami te réconforte, et juste pour ça tu veux essayer de faire des efforts...

Lorsque tu goûtes le chocolat, le capitaine te fait remarquer qu'il s'agit d'une édition limitée. La bouche pleine, tu te figes aussitôt pour fixer des yeux ronds sur lui.

« T'es pas cherieux... »  

Du chocolat Belge... ce n'est pas une légende ce truc ?

Tu avales en prenant le temps de savourer et examine le paquet. Tu ne comprends en effet rien de ce qui est écrit...

« C'est vraiment un pays, la Belgique ? »    

Tu ne relèves pas son idée de t'y emmener un jour. Si le passé te semble loin, le futur l'est encore plus...

Lorsque tu abordes le devoir, il se plaint qu'il n'en peut plus de la compta et tu ris de nouveau. Il te demande ensuite comment vont tes examens, et tu prends un temps pour répondre.

« J’devrais m'en sortir... Ça n’sera pas aussi brillant qu'en début d'année, mais j’devrais pouvoir limiter les dégâts... »  

Pas évident de travailler avec tout ce qui s'est passé et tout ce qui est remonté en toi... mais tu restes confiant, tu as encore le temps de rattraper le coup...

Jin te fait remarquer l'heure et te propose de dormir avec lui. Ta respiration se bloque une seconde, le temps que ton cerveau procèsse. Tu ne veux pas retourner dans ta chambre, ça, c'est sûr. Tu te relèves alors à moitié pour grimper dans le lit, laissant le chocolat à Jin.

« Ça m’va. »  

Tu te glisses sous la couette avec un soupire satisfait.

« Juste pour rappel, demain c'est dimanche hein, t’as encore un peu de temps. »

Tu lâches ces mots alors que tu te blottis dans le lit. Il a son odeur...