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I'm on fire !

Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

Me voilà donc à nouveau sur la route. Ce voyage est devenu nécessaire Mon père pourra surement me fournir les réponses que je cherches et enfin éclaircir ma lanterne et me sortir de ce flou dans lequel je flotte depuis trop longtemps à mon goût. Ma sœur est restée à Ba Sing Se. Même si cela me fend le cœur et me fait paniquer plus que de raison, il est nécessaire que j'entreprenne ce chemin seul. Enfin, seul, je ne le suis pas tout à fait. En effet, Moriyama Miku m'accompagne. Je ne saurai pas trop dire comment nous en sommes arrivé à faire la route ensemble, mais sa présence me rassure.

Le trajet pour retrouver la caravane doit durer quelques jours, la famille étant sur les côtes est du Royaume de la Terre. Cela me fait du bien de marcher. Je retrouve mon élément. Je parle ici du voyage, évidement, le feu étant toujours capricieux entre mes mains...

Lors du troisième jours, nous nous arrêtons non loin d'un village le temps d'un léger ravitaillement. Miku étant partie aux courses, j'en profite pour faire une énième tentative de maîtrise, qui se solde par un nouvel échec. Prit de panique, j'en arrive même à foutre le feu à quelques buissons alentours. Sérieusement, un gamin de 3 ans ne ferait pas mieux...    

- Bordel, mais c'est pas possible !

Je hurle presque ces mots avec rage et frustration tout en essayant d'éteindre les flammes comme je peux, vidant nos gourdes et regrettant que ma sœur ne soit pas là pour étouffer le feu avec de la terre. Mon cœur se serre à sa pensée, mais le moment n'est pas au sentiments. Si elle n'est pas là, c'est aussi parce que je suis persuadé qu'elle me cache quelque chose. Si je veux régler mon problème, je dois le faire seul... Et si possible sans foutre le feu à tout le pays...

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I'm on fire !

Courant du 2e mois de l'année 53 de l'ère Ri Wu [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Après de longues années à faire exactement ce qu'on attendaient d'eux, les frères Shao étaient enfin libres. Ils avaient profité de leur mission commune pour s'émanciper de la nation du feu. Ils étaient maintenant des soldats déserteurs sauf si on avait cru à leur morts. Ils avaient mis le paquet pour cela, foutant la plus grosse trousse de leur vie aux autres soldats qui les attendaient, seulement... les parents Shao devaient savoir... ou finirait par le comprendre. Ils n'étaient pas dupes, malgré toute l'acharnement de Jin, malgré toutes ses fausses promesses, ses fausses idées. Il avait tenté de leur faire croire qu'il était rentré dans le moule, mais  Jin n'arrivait plus à mentir à ce point-là. Maintenant, c'était terminé.

Enfin, une partie de leur mission était terminée : fuir. Ensuite, il fallait retrouver Ahloy et espérer démêler le vrai du faux. Son coeur battait à tout rompre en imaginant la jeune femme, l'amour de sa vie, mais sa mémoire sûrement effacée l'empêchait de se résoudre. Et si elle mentait ? Et si elle ne voulait que le blesser à son tour ? Les poings serrés, enfonçant ses ongles dans sa paume, Jin tentait de maintenir un sourire sur son visage. Il envoyait des messages contradictoire à son cerveau parce qu'il n'était plus que ça : une contradiction ambulante.

- Bordel, mais c'est pas possible !

Jin s'était éloigné de la ville, pour marcher un peu, pour mettre ses pensées au clair, mais c'est la virulence d'un - mauvais - maître du feu qui le fait sursauter. Il est encore un peu en retrait, caché par la nature, mais il devine la scène et il hésite. Doit-il intervenir ? Que fait ce maître du feu si loin ? Puis il tranche : s'il avait été un fier membre de la nation, il aurait été entraîné et doué. Tout le monde fait des erreurs, mais un gamin qui s'éloigne d'une ville pour s'entrainer, ne peut pas lui causer beaucoup de torts.

Il reste à distance et essaie de calmer les flammes. Il ne peut pas l'éteindre, une feu lancé est dangereux, c'est l'une des premières règles, mais l'autre maître réussit à vider toutes ses gourdes sur le feu et le buisson se retrouve noir et brûlé, mais il n'y a plus de flammes.

- Et bien, pauvre buisson.

Jin s'exclame en sortant de sa cachette, il n'a pas encore décidé de la marche à suivre, mais il a envie d'en savoir plus. De comprendre ce que fait ce pyromancien ici, loin de sa nation, dans ce coin perdu. Mais bien vite, il perd le faux sourire qui s'est inscrit sur ses lèvres et se met en position de combat. Il porte une veste ample, comme les commerçants du royaume de la terre. Et un large chapeau qui cache un peu les traits de son visage, des traits reconnaissable facilement pour quelqu'un qui a grandit dans la nation du feu ou passé sa vie à se cacher d'eux. Sa position de combat est celle d'un homme se battant à l'épée, pas d'une maitrise. Celle qu'il a appris à manier durant son exil sur le bateau pirate.

- Qui es-tu ? Que fais-tu ?

Sa voix est dure, rauque. Il espère lui faire peur, parce qu'ainsi, il ne pourra pas mentir assez vite, ou alors ses mensonges seront emprunts de vérité. Et Jin pourra la deviner.

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Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

A force d'acharnement, et toute notre eau, je fini par réussir à éteindre les flammes. Bras balands, je reste devant le buisson carbonisé, complètement perdu. Une voix me fait alors sursauter. Un homme apparait, ayant apparemment assisté à la scène. Il sourit, ce qui devrait me rassurer, et pourtant...

Pourtant, je n'ai pas le temps d'émettre le moindre son que son sourire disparait et qu'il se met en position de combat. Par réflexe, et du peu que je m'y connais en self défense, je l'imite, mais on sent l'hésitation dans mes mouvements.

L'homme me demande qui je suis et ce que je fais. Abandonnant aussitôt ma position, je lève les mains en signe d'apaisement, le regard paniqué.

- Je m'appelles Shi Xiaoliang, je ne suis qu'un simple voyageur... Le buisson, c'était un accident...

Je parle vite, ayant peur qu'il attaque. Je n'ai pas envie de me battre. Et quand bien même je le voudrais, j'en serai bien incapable, particulièrement en ce moment... Lui, par contre, semble sûr de lui.

- Je ne sais pas ce que vous pensez, mais je jure que je ne comptes faire de mal à personne... ni brûler quoi que ce soit... volontairement...

Je ne pense même pas a lui retourner sa question concernant son identité. Je ne vois pas bien son visage, mais il est habillé comme un habitant du Royaume de la Terre. Dans ma tête, il s'agit donc de ça, rien d'autre. Les complots, tout ça, j'en suis très loin, et rien ne pourrai me laisser douter de ce qu'il est. Je ne soupçonne même pas pourquoi il réagi ainsi à mon égard : le feu... toujours le feu...

Pense-t-il que je vais brûler le village ou que sais-je ? Ai-je une tête de pyromane ? Certes, je sais la maitrise du feu mal vue par ici, mais de là a diaboliser tout les élémentaux feu...

Me voilà bien naïf, pour quelqu'un qui, à 15 ans, à renié une part de lui... mais l'a oublié...

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Courant du 2e mois de l'année 53 de l'ère Ri Wu [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le jeune homme agit par réflexe face à Jin, il se met aussi en position de défense. Ainsi donc, il s'est déjà fait attaquer ou il a une notion du danger, intéressant. Pourtant, quand sa voix s'élève, Jin y ressent toute l'assurance qu'il n'a pas su montrer dans ses gestes. Il ne semble pas très bon menteur, il doit dire la vérité. Il parle vite, ses mots sont hésitant mais veulent sortir à tout prix, Jin est vraiment de plus en plus sûr qu'il a quelqu'un du bon côté face à lui, mais comment faire confiance ? De toutes ses expériences, il vaut mieux être méfiant que faire confiance.

- Les soldats de la nation du feu ne sont pas en odeur de sainteté par ici.

Sa voix est lente, mais moins grave, le danger semble écarté. Jin se redresse et, s'il reste à l'affut, il n'est plus en position de combat.

- Mais j'ose espérer que vous n'en êtes pas un ?

Le regard de Jin est froid, il ne connait pas cet homme, mais connait-il tous les soldats de la nation du feu ? Evidemment que non, mais au vu des défaites récentes, ils sont rares à être ailleurs qu'au sein de l'armée établie sur les terres de la nation. Jin s'approche.

- Vous essayez de faire quelque chose en particulier ?

Il hésite un instant, juste un instant, mais depuis le début, il ne se sent pas en danger face à cet énergumène incapable de ne pas faire brûler un buisson entier, puis il regarde autour de lui, vérifie qu'ils sont bien seuls et fait jaillir une flamme de sa main.

- Je peux peut être vous aider ?

Proposer son aide, risquer sa couverture, Cheng lèverait les yeux au ciel, mais Jin est là pour ça : pour faire la différence. Et si ce pyromancien faisait la différence plus tard ? Un homme peut faire pencher la balance, Jin n'hésite plus. Il sourit, timidement.

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Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

L’homme répond que les soldats du feu sont plutôt mal vu dans le coin. Abandonnant sa position de combat, il me demande si j’en suis un. Je hoche aussitôt la tête négativement.

- Je suis marchand… J’ai peut-être mis les pieds deux ou trois sur les terres du feu de toute ma vie… Croyez moi, je n’ai rien d’un soldat, quel qu’il soit...

Je ne devrais probablement pas fournir autant d’informations à un inconnu qui se méfie bien plus de moi que moi de lui, mais tout dans son attitude me fait dire que j’ai intérêt à coopérer si je ne veux pas m’en prendre une… S’il s’agit d’un élémental terre, je n’ai aucune chances… En fait, je n’ai aucune chance même s’il décide de juste se battre au corps à corps… Pitoyable…

L’homme s’approche de moi, l’air moins agressif, mais cela ne me détend pas pour autant…
Il me demande si je cherche à faire quelque chose en particulier. Je fronce les sourcilles à cette questions, me demandant bien pourquoi il me la pose, et sursaute lorsqu’il fait jaillir une flamme de sa main. La bouche ouverte sur un « oh » muet, il me faut quelques secondes pour reprendre la parole, hésitant.

- Vous… vous n’êtes pas un soldat non plus, n’est-ce pas ?

Sa façon de m’interpeller, ses questions, sa tenue… Si j’étais un tant soit peu dans les machinations militaires, j’aurai pu supposer qu’il s’agit d’un soldat sous couverture, même si du peu que j’en sais les soldats du feu n’ont pas tendance à se cacher, bien au contraire… Pourtant, sa proposition semble sincère, et malgré ma question je suis bien loin d’imaginer qu’il pourrait être un soldat de la Nation du Feu. Ma demande n’est que le retour de la sienne, histoire d’enlever tout doute éventuels.

M’efforçant de me détendre, le regard passant de la flamme à son timide sourire, j’en reviens à sa question concernant mes tentatives. Toujours un peu hésitant, mais pas pour autant méfiant, je reporte les yeux sur le buisson calciné avec un soupire.

- Pour être honnête, j’ai l’impression d’être redevenu un gamin qui découvre sa maîtrise… Même les bases sembles m’échapper…

Et pour cause, je ne les ai jamais  vraiment apprises…

Je ne sais pas pourquoi je raconte ça a cet homme. Peut-être est-ce la fatigue et la frustration qui font que je n’ai pas envie d’être suspicieux envers lui, tout comme je n’ai pas envie de me battre… Je ne réfléchi pas clairement, comme une enfant qui accorde trop facilement sa confiance au premier venu qui lui propose son aide.

Je me masse doucement les tempes d’une main, essayant d’atténuer un mal de crâne qui commence à pointer.

- Je suis désolé, je suis dans une situation assez compliquée et fatiguante… Je ne sais même pas si vous pourriez m’aider...

Et son intervention quelque peu brutale n’a pas vraiment aider, il faut bien l’admettre. Le coup de stress retombe vite et lourdement sur mon esprit déjà bien fatigué… Reste à espérer qu’il soit réellement bien intentionné

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Courant du 2e mois de l'année 53 de l'ère Ri Wu [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Il est fou, c'est certain. Jin risque tout, pourtant, il a envie de faire confiance. Il a envie de croire que les autres sont aussi prêt à se battre, que tout peut changer, que le monde va se relever de cette guerre infinissable. Est-il naïf de croire qu'il pourrait faire changer les choses ? Sûrement, Jin ne le sait pas encore, mais la guerre est loin d'être prête à s'arrêter, seulement, depuis qu'il a pris la décision de bouger, de prendre sa vie en main, de retrouver Ahloy et de se battre, il veut se rattraper.

Dans son esprit, certaines choses sont confuses, mais il a le sentiment qu'il doit faire ses preuves, qu'il doit se rattraper. Et, s'il ne sait pas pour qui, il sent que c'est important alors il le fait.

- Non, je n'en suis pas un.

Ce n'est pas un mensonge, bien sûr, mais il aurait pu dire la vérité entière. Avouer qu'il en avait été un et qu'il ne veut plus jamais faire partie de cette armée, mais Jin souhaite aller de l'avant, il regarde encore son passé avec honte, alors il essaie de songer le moins possible à lui. La seule chose qui compte, c'est qu'aujourd'hui, il va faire le bien.

Les mots du jeune homme le trouble, il y ressent comme une pointe de désespoir. Comme si quelque chose s'était passé et qu'il l'avait sur le bout de la langue, mais qu'il était incapable de saisir quoi. Y a-t-il des similitudes entre les deux hommes ? Le regard sévère de Jin s'adoucit.

- J'ai, j'ai appris le feu par la manière forte, mais on peut revoir les bases tout de même ?

Sa voix n'est plus violente, dure, sèche. Jin est interrogateur, lui laissant le choix, d'accepter ou refuser. Il a un peu de temps, très peu devant lui, mais tout de même. Puis le rôle qu'il a dû jouer pendant la traversée de l'océan l'a... brisé. Savoir que c'était faux, ne rendant pas les critiques plus acceptable. Il a besoin de se défouler.

- Le feu c'est la vie autant que la mort, il faut garder les deux en tête, accepter les deux faces de la même pièce. Le feu demande une maîtrise délicate et une grande connaissance de ses émotions. Pendant des années, j'ai alimenté mon feu grâce à la colère, la haine, la peur.

Jin fait une grimace, il se dévoile, bien trop, mais c'est la seule manière qu'il connait pour donner à l'autre envie d'essayer. Parce que l'autre méthode est bien trop violente, puis... il est trop tard pour lui inculquer de force tout ce qu'il a appris. Surtout que maintenant il a bien conscience que ce n'était pas une bonne manière de faire. Quand les émotions sont fortes et le feu est violent, mais la pyromanie c'est tellement plus que juste une gerbe de feu destructrice.

- J'ai mis des années avant de pouvoir utiliser ma maîtrise différemment, mais quand je pense aux personnes que j'aime, au monde qui est beau, à la possibilité d'une victoire du bien, alors j'arrive mieux à utiliser mon feu. Je suis plus précis, plus doué. La rage ça fait des grandes flammes, et ça brûle tout, mais le feu, c'est bien plus que ça.

Depuis qu'il s'est réconcilié avec sa maîtrise, Jin en est fier. La pyromanie ce n'est pas que le rôle des méchants, aujourd'hui, il en est convaincu.

Il regarde son élève d'un jour et, d'un signe de tête, lui propose de s'assoir par terre. Jin se met en tailleur, à même le sol et ferme les yeux.

- Inspire, doucement. Expire de la même manière. Laisse le soleil caresser ta peau, sent la chaleur qui brûle en toi.

Être conscient, c'est peut être le plus important. Les yeux fermés, Jin utilises ses autres sens, il respire doucement. Et il fait attendre l'autre. Combien de temps va-t-il tenir ? Jin n'a jamais été très patient lui-même.

- Maintenant, ouvre les yeux et appelle le feu, juste une minuscule flamme dans ta main. Il faut qu'elle ait une taille précise, celle que tu as demandé, celle que tu visualises. Doucement, mais sûrement.

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Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

Le maître du feu, dont je ne connais toujours pas le nom, affirme qu’il n’est pas un soldat non plus. Cela me rassure un peu.

Perdant toute agressivité, il me propose alors de revoir les bases de la maîtrise. Surpris, me demandant bien pourquoi il fait ça, je hoche pourtant lentement la tête en signe d’acceptation.

- Ok… cela ne pourra pas me faire de mal, en soi...

Si je veux retrouver mon élément, je ne peux définitivement pas faire ça seul, et le chemin est encore long jusqu’à ce que je rejoigne mon père…

L’inconnu m’explique alors ce qu’est le feu. Ses paroles sont sages, et résonnent étrangement en moi. Cette histoire de vie et de mort, pourquoi cela me perturbe t-il ? Et surtout… Les sourcille froncés, le regard fixé sur les reste du buisson, je m’efforce de savoir quel est mon combustible, à moi…

Je relève les yeux sur l’ homme alors qu’il reprend. La mine toujours dubitative. Non pas par rapport à ses paroles, qui sont plutôt justes, mais par rapport à la gêne que je ressent avec l’idée d’un feu non destructeur.

En silence, quelque perdu (pour ne pas changer ces derniers temps), j’imite mon professeur du jour et m’installe en tailleur face à lui. La méditation, ça, je connais, je la pratique tous les jours depuis… à peu prêt toujours… Mais je me garde bien de le lui faire remarquer, le laissant guider la leçon dont j’ai grandement besoin…

J’exécute ses consignes avec calme, m’efforçant de chasser tous les doutes qui me pourrissent l’esprit depuis des semaines. Je me laisse porter par la méditation, essayant de conscientiser le ressentit du soleil sur ma peau, l’effet qu’il provoque en moi.

Je ne saurai dire combien de temps s’écoule avant que l’inconnu ne reprenne la parole. Ouvrant les yeux, j’hésite une seconde avant de m’atteler à l’exercice. La main levée devant moi, je visualise une toute petite flamme dans ma tête, pas plus grosse qu’un dé à coudre. Quelques secondes après, la flamme se matérialise au creux de ma main. Laissant échapper un sourire, je referme le poing pour étouffer la flamme.

- Vous avez de sages paroles… et vous semblez savoir de quoi vous parlez. Mais je ne peux décemment pas continuer a profiter de votre temps sans même connaître votre nom...

Que je sache quand même qui remercier pour la leçon, même si celle-ci ne fait que commencer...

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Courant du 2e mois de l'année 53 de l'ère Ri Wu [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Assis en tailleur, par terre, au milieu de nulle part, Jin se différent. Il n'est ni un pirate, ni un soldat, ni maître, il est lui-même. Grâce à Ahloy, il a beaucoup appris sur lui-même et, même si son esprit est embrouillé, même si tout n'est pas clair, il sent que ce qu'il fait, là maintenant, est juste. Il enseigne le feu comme il aurait aimé qu'on le lui apprenne.

La méditation lui fait du bien. Elle le recentre. Cela faisait des années qu'il n'avait pas pris ce temps. On ne médite pas dans l'armée de la nation du feu. Il rejette tout l'air de ses poumons dans un souffle puissant, puis lève les yeux vers son élève. Il sourit. Cette parenthèse au milieu du monde en guerre est bien agréable.

- Je suis touché de vos mots, je n'ai jamais cru pouvoir enseigner ma maîtrise un jour, surtout... il ne détourne pas le regard depuis que j'ai fui ma nation.

Il l'a sous-entendu déjà, au vu de sa maîtrise cela semblait évident, mais le dire à voix haute ça reste difficile. Fuir sa nation était un rêve depuis tant d'année, un rêve qu'il espérait accomplir pour Ahloy et pour elle seule. Seulement... Ahloy est enceinte et il n'est pas certain d'en être le père. Ahloy a peut être continué sa vie et lui.. lui se retrouvera alors seul.

Le coeur serré, il chasse ces pensées de son esprit. Ce qui compte, c'est Cheng, son frère. Il l'a retrouvé il ne le lâchera plus. Il regard un instant son élève-pour-un-jour et hésite, mais il est las du mensonge.

- Jin, je m'appelle Jin.

Jin s'allonge sur le sol, levant le regard vers le ciel bleu tout en laissant le soleil brûler sa peau. Sans se relever, il se met à parler laissant ses doigts créer des flammes délicates, jouant avec l'air léger du vent qui les rafraichi.

- Je devrais arrêter d'utiliser ma maîtrise ici, ce n'est pas bien vu... C'est cruel, parce que mon amour pour le feu ne m'est venu que récemment. Et puis, ce n'est qu'une fois que j'ai décidé d'arrêter que je me suis rendu compte que j'en étais dépendant.

L'arrêt pendant les neuf longues années sur le Cursed Lotus n'ont pas été aussi difficile. Là-bas, il l'utilisait pour les mauvaises raisons et il se détestait lui-même. Aujourd'hui, tout est différent et devoir s'en passer lui brise le coeur.

- J'ai sauté sur l'occasion de l'employer avec vous et du temps, j'en ai a revendre, mais je ne peux que vous recommander d'être prudent, cette maîtrise n'est pas un don par ici. Il se redresse sur ses coudes, cessant de fixer le ciel pour regarder son compagnon. Et vous Xiaoliang le marchand, pourquoi commencer à maîtriser votre feu seulement maintenant ?

Leur conversation n'a ni queue ni tête, ils ont commencé par un simulacre de bataille avant de méditer et maintenant de parler comme de vieux amis ?

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Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

L’homme est touché par mes mots et m’avoue ne jamais avoir pensé enseigner sa maîtrise un jour. La fin de sa phrase confirme ses origines déjà sous-entendues un peu plus tôt. Je ne réagi que par un léger sourire de compréhension. La Nation du Feu semble rude du peu que j’en sais. Contrairement à moi qui n’y ai jamais vécu, lui l’a fuit, et probablement pour de bonnes raisons. Je ne compte pourtant pas le questionner sur le sujet. Libre à lui d’en parler s’il le désire…

L’homme fini par se présenter, donnant juste son prénom. Cela me surprend un peu, mais je ne relève pas.

- Et bien enchanté, Jin.

Il s’allonge et commence à jouer avec le feu. Je l’observe en silence, conscient que, tout comme moi, il doit être dans un sacré désarrois, même si j’en ignore les raisons. Il reprend alors la parole, et je fronce les sourcilles à ses mots. Ceux-ci résonnent étrangement en moi, comme si je le comprenais sans le comprendre… La sensation est plus qu’étrange…

Jin continue, m’enjoignant à la prudence. La maîtrise du feu n’est en effet pas bien vue par ici, ni ailleurs, d’ailleurs. J’en suis bien conscient, et pourtant j’ai réussi à vivre avec jusqu’à maintenant… Du moins c’est ce que je crois.

L’homme se redresse alors pour me demander pourquoi je commence seulement à apprendre la maîtrise maintenant. Je fronce les sourcilles de plus bel à cette question, la mine clairement dubitative. Je m’apprête à répliquer que je ne suis pas un novice, mais j’hésite, comme si les mots refusaient de sortir.  

- Je...

Je m’agite, repliant mes genoux contre ma poitrine. Quelque chose me dérange, mais impossible de savoir quoi…

- Je ne débute pas… Je… n’arrive juste plus à maîtriser…

Je passe mes bras autour de mes genoux.

- Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme si j’avais tout oublié. Je n’arrive même pas à me souvenir quel niveau j’avais...

Oh oui, j’ai oublié, mais pas ce que je pense… On ne peux pas oublier ce qu’on a jamais appris…

Levant à mon tour les yeux vers le ciel, je reprends d’une voix incertaine.

- Ce qui est étrange, c’est que j’ai voyagé à travers tout Ya Tai et je vis à Ba Sing Se depuis un moment maintenant, et je n’ai jamais eu de problèmes avec le feu… Et puis, du jour au lendemain, rien ne va plus… Les gens qui m’entourent ne comprennent pas quand je leur dit que j’ai perdu ma maîtrise. Ils me disent que j’ai juste besoin de repos, mais je sent bien que quelque chose ne va pas...

Je baisse les yeux vers Jin, un sourire contrit aux lèvres.

- Désolé, je vous embête avec mes problèmes… Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça…  

Je me remet en tailleur et reprend.

- En tout cas, je suis ravi de pouvoir être votre élève pour un jour, Jin.

Non mais vraiment, il doit me prendre pour un fou à lui déballer ma vie comme ça...

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Ses mots sont comme un uppercut dans son estomac. Jin commençait enfin à être apaisé, à ne plus songer à tout ce qu'il avait traversé les derniers mois. Il avait fini par admettre qu'Ahloy devait avoir raison, qu'il avait pu oublier certaines choses, mais il ne savait pas quoi. C'était là le problème de l'amnésie, si on se rappelait ce qu'on avait oublié, il n'y aurait pas de maladie.

Jin se frotte le front, évitant de regarder son élève du jour. Il aurait pu reprendre la leçon, lui apprendre autre chose, lui donner confiance en lui, mais le voir se confier lui fait un bien fou. Jin est très seul, à part Cheng et encore, leur entente est très récente, il ne peut se confier à n'importe qui. Et parler un parfait inconnu peut être libérateur, comme extrêmement dangereux.  Il décide de donner une demi-vérité.

- C'est hyper intéressant de voyager, depuis peu je découvre aussi ce bonheur, même si dans mon cas, je ne profite pas réellement puisque je suis en constante vigilance.

Il a déjà annoncé sa fuite de la nation, il ne peut pas le reprendre, mais il ne parle pas de ses longues années comme pirate. Les Shao ont été élevés dans l'art du mensonge, c'est devenu une seconde nature. Il rouvre sa main et joue encore avec les flammes. Il s'entraîne chaque jour avec son frère dès qu'ils peuvent trouver un endroit solitaire et reculé, mais ce ne sont que des entraînements militaires, ils ne savent se battre que de la sorte.

- Ton problème... ça me fait penser à mon frère. Grande inspiration. Il a perdu la mémoire, après avoir failli mourir. Il ne se souvenait de rien, pas même de nous. Cheng savait qu'il avait un frère, ce qu'il a oublié c'était les liens qui les reliaient. J'ai mis six ans avant de pouvoir lui rappeler la vérité. Son coeur se remet à battre à tout rompre, rien qu'au souvenir de ces années si délicates et terrifiantes. Il... il ne savait même pas qu'il lui manquait quelque chose, il croyait que tout s'était toujours passé de la sorte, j'ai cru moi qu'il avait juste changé d'avis, ce que j'aurai pu comprendre aussi. En lui brisant le coeur bien sûr. Et puis, au bout de cinq ans j'ai fini par comprendre que ce n'était pas juste une façon de penser, c'était une perte de mémoire, un oubli total de tout ce qu'on était. Il... Jin soupire, c'est dur d'en parler. Il a finit par m'écouter, par accepter ma version des faits, mais aujourd'hui encore, je ne sais pas s'il se souvient.

Jin s'arrête de parler, car il sent qu'il va se mettre à pleurer. Pendant le trajet, quand ils ont du s'engueuler pour jouer leurs rôles... c'était extrêmement dur pour Jin qui se revoyait des années en arrière.

- Pardon, j'ai divagué, ce n'avait peut être aucun rapport en réalité et j'espère que ce n'est vraiment pas ça. C'est juste que je me revois gamin ... et j'ai fait brûler plusieurs buissons.

Il aurait pu se mettre à sourire en repensant à cette période, mais leur père n'était pas quelqu'un de drôle, et Jin a du apprendre à replanter lui-même toutes les plantes qu'il brûlait. Pour le peu que ses connaissance lui ont servit... Il soupire. Il tourne le regard vers Xiaolang.

- Tu veux faire un autre exercice ?

Il songe à Ruiling, avec qui ils se sont tellement battus enfants, c'était son ennemie jurée des classes de la nation du feu, mais il n'a jamais autant progressé que lorsqu'il était avec elle.

- Fais jaillir une petite boule de feu dans tes mains, de cette taille là environ, dit-il en montrant la propre boule qu'il a créé dans ses mains. - Puis quand j'aurai éteint la mienne, tu me l'envoies. Le but c'est de la faire voler entre nous deux. De me viser moi uniquement et de la rattraper quand je te la renvoie. Cette fois-ci, le souvenir déclenche un sourire. Ruiling et lui avaient mis le feu au stade, et pas littéralement. Leur boule avait grossi jusqu'à la maîtrise parfaite et ils avaient gagné l'épreuve haut la main.

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Courant du 9e mois de l'année 52 de l'ère Ri Wu
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Jin affirme que voyager est très intéressant, et je ne peux que l’approuver sur ce point. Mais la fin de sa phrase assombri quelque peu le tableau. Mais, cette fois encore, je me retiens de poser des questions, ne voulant pas le brusquer.

- Ce n’est pas la meilleur façon de découvrir le monde que d’être en fuite...

Mes mots sont sincères. Je le regarde jouer avec le feu, tout naturellement, un peu envieux. Il semble perdu dans ses pensées, aussi je garde le silence, attendant qu’il reprenne la parole quand il le sentira. Et il fini par reprendre, lâchant à son tour ce qu’il a sur le cœur. Il parle de son frère, de sa perte de mémoire, et je ne peux m’empêcher de froncer les sourcilles face a ses révélations qui n’ont rien d’encourageant… Aurais-je moi aussi perdu la mémoire ? Mais si oui, de quoi ? J’espère que mes parents pourront m’éclairer sur ce point…

Toujours silencieux, je suis sorti de mes pensées par l’homme qui reprend en s’excusant. Je secoue alors la tête négativement.

- Ne vous excusez pas. C’est horrible ce qui est arrivé à votre frère… Je crois que si quelque chose devait arriver à ma sœur, j’en perdrais la raison...

Même si elle est quelque peu insupportable ces derniers temps...

- Je suis désolé pour ce qui vous est arrivé, et plus encore que vous en soyez réduit à fuir… J’espère que vous pourrez trouver la paix sur votre chemin.

A nouveau, mes mots sont sincères. C’est peut-être la méditation, ou cette discussion, mais je me sent plus calme, même si pas vraiment moins perturbé…

Après un soupire, Jin propose de continuer, si je le désire. Je hoche la tête avec un petit sourire en guise de réponse, et il m’explique alors l’exercice. Je me relève et me concentre afin de créer la boule de feu. Même ça semble compliqué...

- Ok… Je crois que je suis prêt.

Beaucoup de questions tournent dans ma tête, mais je m’efforce de concentrer mon esprit sur l’exercice. Cet homme ne semble pas avoir eu une vie facile… Son frère non plus, d’ailleurs… Je ne pourrai jamais remercié assez les Esprits pour ma famille, et je regrette sincèrement que tous n’aient pas la même chance que moi…

Pourtant, tout n’est pas rose de mon côté non plus… mais ce n’est pas familial, juste… personnel…

Je focalise mon attention sur Jin avec une profonde inspiration et lui envoie la boule de feu lorsque la sienne s’éteint, prêt a recevoir le retour des flammes. On dirait un jeu d’enfant, mais je ne me souviens pourtant pas y avoir déjà joué… Ai-je déjà seulement créé une boule de feu avant ?

Concentre toi… reste concentré...

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Jin se sent bête, il a cru être subtil, il a cru ne pas trop en dévoiler, mais Xiaoliang est plus perspicace qu'il en a l'air parce qu'il a tout de suite compris. Il sait ce que Jin est : un déserteur de l'armée. Et le coeur du maître du feu se soulève. Comment pouvait-il penser qu'il était prêt à affronter le monde quand il se trahit face ua premier venu ? Cheng a raison, il passe son temps à l'exhorter d'être plus prudent, à vérifier six fois avant de faire quoique ce soit, à passer derrière lui. Jin le pensait mère-poule et lui en voulait, mais il ne comprend que maintenant qu'il a raison. Et, si Jin admire Cheng de tout son coeur, ça fait plus de quinze ans qu'ils ne sont plus meilleurs amis autant que frère, ils ont tous les deux grandis et ils continuent de se battre avec leurs démons, alors forcément, leur terrain d'entente est étroit.

Et il lui a fallu se dévoiler face à un quasi-inconnu pour s'en rendre compte, mais il s'auto-jure qu'il fera plus attention à l'avenir.

- Oui, c'est horrible.

Il confirme les mots de Xialiang et ça lui fait du bien, de dire tout haut ce qu'il chuchote dans son lit. C'est affreux, point, il n'y a pas besoin de trouver d'autres façons de le dire, de tourner autour du pot, de se convaincre qu'en réalité, ça prévoit un beau futur. Non, c'est juste horrible.

- La paix, ça fait longtemps qu'elle m'a déserté.

Les mots sont sortis tout seul, mais c'est la réalité. Même enfant, il n'était pas en paix, Jin. Il brûlait de colère, de haine, de rancoeur. Le seul moment où il était en paix, c'était sur ce navire pirate, c'était il y a une éternité. Et elle a volé en éclat de sa propre faute, alors maintenant, il sait que la paix ne reviendra jamais en lui. Il n'est pas naïf et ne croit pas en de jours meilleurs. La guerre s'intensifie, le monde sombre dans le chaos, et lui, Jin, tente maladroitement de tenir debout.

- Très bien, encore une dizaine de passe.

Jin l'encourage en renvoyant la boule. Ils vont doucement au début, pour que Xiaoling prenne ses marques, le but c'est le contrôle, la visée importe peu, vraiment, la seule chose qui compte, c'est que la boule de feu garde exactement la même taille et qu'il soit concentré. Une fois qu'il l'aura fait une dizaine de fois, Jin va accélérer de plus en plus pour vérifier que Xiao arrive à suivre. Ce n'est pas forcément compliqué, mais ça demande une réelle concentration.

Jin récupère une nouvelle fois la boule et change la direction, au lieu de l'envoyer face à face, il lui fait décrire une cloche. A Xiao de s'adapter.

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(quelque part entre Ba Sing Se et l'est du Royaume de la Terre)

L’homme semble peu confiant quant-à l’avenir. Cela peut se comprendre… Je ne connais pas les détails de sa situation, n’ayant fait que des déductions qu’il n’a ni confirmé, ni infirmé, mais il ne doit pas être simple de voir un avenir radieux au bout d’un chemin sombre et semé d’embûches…

Mais l’heure n’est plus à la discussion, pour l’instant du moins. Nous voilà lancé dans un entraînement improvisé qui demande toute mon attention. Les premières passes sont maladroites de mon côté, mais je prends peu à peu confiance, jusqu’à ce que Jin change la trajectoire sans prévenir. Surpris, je rattrape la boule de justesse. Elle vacille un instant entre mes mains, mais je prends le temps de la stabiliser avant de la renvoyer avec un soupir de soulagement.

- On dirait que vous avez souvent réalisé ce genre d’exercices.

Je n’ai, pour ma part, aucun souvenirs d’entraînements de ce genre… Je revois mon père m’apprendre la méditation lorsque j’étais petit, je l’entend me donner des conseils pour contrôler le feu sans blesser mon entourage, mais cela remonte à loin…

Cette réflexion dévie mon attention et je manque la passe, laissant cette fois la boule de feu tomber et s’éteindre au sol. Je pince les lèvres, peu fière.

- Désolé… Ma concentration en ce moment est à l’image de ma maîtrise… nulle...

Détournant les yeux, honteux, je fais quelques pas avant de reprendre.

- Vos paroles ne me rassure pas… concernant la mémoire… J’ai peur d’avoir oublié quelques chose d’important, et cela m’empêche de garder mon esprit clair...

Et pourtant, cela semble bien dérisoire face à ce que l’homme m’a raconté de son histoire...

- Je me sent idiot… Ce n’est pas grand-chose, je ne devrais pas vous ennuyer avec ça...

Je me répète… En plus de perdre la mémoire, je commence à radoter, ça promet…

- Vous semblez être un très bon professeur, mais je crains de ne pas être un très bon élève...

J’affiche un faible sourire sans joie à ces paroles. Cet homme à bien plus de problèmes que moi, et pourtant c’est lui qui m’apporte sont aide, cela n’a aucun sens…

- Mais si je peux vous aider pour quoi que ce soit, n’hésitez pas.

Tant que ça ne touche pas au feu...

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L'équilibre de la boule de feu est précaire, mais finalement Xiaoliang se rattrape. Il accuse sa concentration, mais de ce que Jin voit, il a plutôt l'impression que c'est son inexpérience. Cet exercice, Jin aurait pu le faire les yeux bandés, il ressent la boule de feu jusque dans ses entrailles. Bon, évidemment, personne ne le fait jamais les yeux bandés, les risques sont bien trop gros, mais dans l'idée... Jin sourit.

- Vous voulez me tirer les vers du nez, n'est-ce pas ? Malheureusement, si je vous dis tout, je vais devoir vous tuer ensuite.

Il blague, évidemment, ça se voit à sa tentative timide de sourire.

Et, bizarrement, il se sent en confiance. Jin a envie d'en dévoiler plus sur lui, mais il sait combien c'est dangereux. Seulement, l'autre n'a vraiment pas l'air méchant, il est juste curieux et d'un naturel affable. Et ça, ça lui manquait.

Dans la nation du feu, personne ne peut avoir l'air gentil s'il ne l'est pas et, bon sang, il ne connait pas d'être profondément bon autour de lui. La guerre fait rage et personne n'a le moindre choix. Il faut essayer, avancer, se trouver une place et se frayer un chemin. Jin espère finir par devenir quelqu'un de bien, quelqu'un de digne, mais il a conscience que, pour l'instant, il en est très loin.

Il s'assied en tailleur à même le sol. S'ils sont en guerre avec le royaume de la terre - l'autre plus grande armée de Ya Tai - ils ne sont pas si opposés non plus. La terre peut nourrir le feu autant que lui éviter des dommages. Il malaxe la terre entre ses mains et ferme les yeux.

- Vous avez deviné une grande partie de mon passé de toute manière, je ne suis pas aussi doué pour le cacher que je le voudrai.

En réalité, il l'a été. Pendant des années il a menti à tout le monde, sur ce bateau qui l'a recueilli et élevé. Personne ne savait qu'il était une maître du feu. Et voilà que ce garçon lui fait perdre son masque en une après-midi ? Bien trop doué. Enfin, de toute manière, il a déjà dévoilé sa maîtrise, le reste n'est que secondaire.

- J'ai été élevé pour être un soldat de la nation du feu, j'ai appris les bases du feu avant même de savoir marcher. Les exercices... celui que je vous proposé faisait partie de ma première démonstration, lors de ses quatorze ans, face à un public énorme, j'ai...  Il sourit au souvenir avec ma partenaire on se haïssait, on a failli mettre le feu à l'arène qui nous accueillait.

Jin revoit la scène, qu'il tente de décrire du mieux qu'il peut, mais c'est son frère aîné qui, en applaudissant la performance, a changé la donne. Au lieu d'être punis, ils ont du être récompensés.

- Je m'entraîne depuis toujours et certains exercices sont de l'ordre du réflexe. J'ai... j'ai pas l'impression que tu aies ces réflexes. Il se mord la lèvre maintenant, il ne veut pas lui faire du mal, mais lui donner matière à réflexion. Pendant quelques années, une dizaine pour être précis, j'ai arrêté d'utiliser ma maîtrise, par choix personnel. Les années les plus heureuses de toute son existence. J'ai du réapprendre à me battre ensuite, et j'ai fini par retrouver ces réflexes, mais ça a été dur.

La première année de son retour dans l'armée a compté parmi les plus violentes de toute son existence. On le jugeait constamment, on le traitait d'imbécile, son père ne lui adressait par un regard - l'indifférence comme l'avait appris Jin à l'époque est le pire des supplices - et surtout, il ratait tous ses entraînements. Il a sauté un nombre incalculables de repas et d'heures de sommeil pour se remettre au niveau. Heureusement que son père l'avait entraîné depuis son plus jeune âge, il avait pu retrouver une base similaire à ce qu'il maîtrisait déjà, mais tout ça, avait été extrêmement dur.

- Ne vous en voulez pas, ne vous jugez pas trop sévèrement, vous êtes capable, d'accord ? Croyez en votre professeur du jour. Il pourrait presque rire de cette phrase. J'ai confiance en vos capacités, donnez-vous juste du temps.

Jin le regarde d'un air amical et hésite un instant avant de continuer. Il a peur que Cheng se mette à sa recherche, peur que Xiaoliang ne soit finalement pas celui qu'il semble être, peur d'avoir fait une connerie et mit leurs vies en danger.

- Je crois qu'il est temps pour moi de m'éloigner, et, s'il vous plaît, ne parlez de moi à personne. Je... je tiens à la vie et ça serait plus sûr pour nous deux que cette conversation n'ait jamais existé.

Jin se gratte la nuque, encore un peu indécis, il n'arrive pas vraiment à partir non plus.

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A ma remarque concernant l’exercice, l’homme fait une tentative d’humour qui m’arrache également un sourire.

- Je tiens à la vie… On va donc éviter de sortir les vers de leur trou.

Je lui retourne l’humour un peu maladroitement. J’ai tellement l’habitude de rencontrer des gens dans ma vie que c’est plutôt naturel pour moi, normalement, mais au vue de mon esprit brouillé et de mes doutes, plus le premier contacte plutôt brutale, je dois avouer être moins enjoué qu’à l’accoutumée.

L’exercice prend fin, Jin s’assied et je limite tout en l’écoutant. J’ai deviné oui, je ne sais pas trop comment… peut-être ses mots, son état… ou le peux que je connaisse de la Nation qui a vu naître mon grand-père… celle qui m’a transmis le feu qui coule dans mes veines et que je n’ai pourtant jamais porté dans mon cœur…

Je grimace à cette pensée, quelques chose remuant dans un coin sombre de ma tête sans que je puisse identifier de quoi il s’agit.

L’homme fini par dévoiler un peu de son histoire. Il était donc soldat…

- Honnêtement, si j’ai pu deviner que vous êtes en fuite, je n’aurai pas pu dire que vous étiez soldat… Je ne suis pas coutumié des bataille et de la politique...

J’en suis même très loin… Et apparemment, cela se voit, car d’après lui je semble manquer de réflexes acquis par l’entraînement. Réflexes qu’il a lui même perdu après des années sans pratiquer. Lèvres pincées, je reste silencieux face à ces mots. Il est plus que temps que je retrouve mon père, en espérant qu’il puisse m’aider a faire le point sur tout ça…

Finalement, mon professeur du jour m’encourage, m’arrachant un petit sourire.

- Merci beaucoup. Il y a définitivement quelques chose qui ne va pas, j’espère pouvoir trouver de quoi il s’agit… mais je dois admettre que vos mots ne me rassurent pas vraiment… Mais vos encouragements me touchent.

Je baisse les yeux, triturant une brindilles ramassées à côté de moi.

- Et merci pour la leçon, je ne l’oublierai pas.

Jin indique qu’il devrait y aller, mais il ne bouge pas pour autant. Ma compagne de voyage ne devrait pas tarder à revenir également. Me redressant, j’affiche un sourire plus franc.

- Rassurez-vous, je ne parlerai pas de cette rencontre à qui que ce soit, vous avez ma parole.

Même si je pense que je ne l’oublierai pas de ci-tôt… Dans le bon sens du terme.

- Et j’espère vraiment que la suite de votre voyage se passera sans embûches malgré votre situation….

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Avouer la vérité à cet inconnu plus si inconnu me fait un bien fou. Je lâche une partie de mon fardeau, je me sens compris. Beaucoup d'humain n'auraient pas réagi de la sorte, même si j'avais déserté, le doute et la peur dans leurs yeux auraient été plus fort. Lui, il s'en fiche. Peut être parce qu'il est un maître du feu aussi et qu'il ne peut pas totalement se renier non plus ? Je souris.

- Oh, tant mieux si je ne passe pas pour un soldat, mais bon, vu mon physique, ma nation d'origine n'est pas compliqué à deviner et avec les tensions actuelles... il est préférable que je reste caché.

Caché, tout le contraire de ce que j'ai fait avec lui. Peut être que finalement, je pourrais réussir à me mêler à une communauté. Laquelle, je ne sias pas encore, tout dépendra de Cheng. On cherche tous les deux à améliorer notre futur et trouver des réponses. Je ne sais pas encore où nos questions nous guideront.

Je me relève un peu avant de lui demander de garder cette conversation secrète, pour ma vie comme pour la sienne. Si je suis recherché et qu'il dit m'avoir vu, je ne sais pas s'ils seront clément avec lui.

- Merci murmurai-je en plantant mon regard dans ses yeux.

Il est doux cet homme, il est bon. Je le sais, je ne l'oublierai pas. Mais j'ai peur que nos chemins ne se croiseront plus jamais... je ne l'espère pas par contre. Avoir un allié du bon côté me ferait du bien, vu que je me suis mis tous les autres à dos. Je me relève et lui tend la main pour qu'il fasse de même.

- J'espère ne pas trop vous avoir embrouillé.

Je souris encore, ça vient plus facilement maintenant et quand je repense au début de la conversation ! Quel chemin parcourut ! Je le regarde et espère qu'il arrivera à démêler un peu les fils embrouillés, sa vie n'a pas l'air si facile non plus, on a tous nos démons.

- Bonne route et... continuez à répandre le bien.

Je m'éloigne en disant ça, lui montrant par là ce qu'il m'a apporté et combien je lui suis reconnaissant de cet interlude dans ma cavale. Oui, je n'oublierai pas Xiaoliang, c'est certain et c'est une très bonne chose.