Feng Ruiling Comme à son habitude, il a obéi. Enfant, on lui a dit de ne pas trop s’approcher de cette étrangère, alors il a gardé ses distances, l’observant du coin de l’œil, cette tempête sous forme humaine. Il fallait être courtois mais pas trop, ne pas paraître impoli mais ne pas se lier d’amitié. En secret il l’admirait un peu mais il n’a pas voulu aller contre les ordres de ses parents. Ironiquement ses parents lui demandent aujourd’hui le contraire. La réputation des Feng n’a pas failli et la fille sang-mêlé est désormais capitaine. Aux yeux de sa famille, elle est devenue intéressante. Une union entre les deux familles serait profitable, alliant ancienneté et prestige. Alors encore une fois, il a obtempéré. Avec un peu plus d’entrain cependant, ravi de renouer avec elle après toutes ces années. On dit de lui qu’il est charmant, surtout les vieilles dames, mais il s’est surpris à déployer des techniques de séduction inattendues, allant même jusqu’à s’essayer à la poésie. Le problème avec Ruiling, c’est qu’il a peur. Effrayé par ce qu’elle suscite en lui, ce brasier qui le consomme lui toujours si calme et tempéré. Elle a insufflé un feu, soufflant sur des braises qu'il croyait éteintes depuis longtemps, réveillant une attraction lointaine, la muant en une passion dévorante. Avec elle ce n’est jamais assez. Il est un glouton. Il veut plus qu'un regard, plus qu'un sourire. Une journée entière en sa compagnie ne suffit pas à calmer sa faim. Son manque d’expérience le rend incertain et il tente maladroitement de se protéger en prétextant agir au nom de sa famille, effrayé à l’idée qu’elle rejette son affection. Ruiling, encore moins expérimentée que lui, semble se plier elle aussi à la volonté familiale mais se fâche soudainement sans qu’il en comprenne là raison. Tour à tour ils se soufflent le chaud et le froid, ne sachant sur quel pied danser.