feat @Zhang Xiaoyan

La Tour semblait vraiment silencieuse depuis que Li Feng est revenu de la bataille d'Omashu. Sa convalescence n'est pas la chose la plus facile. Le jeune homme a du mal à rester au repos. Il tente de compenser cela par la méditation, sans succès. Cela a longtemps été quelque chose de facile pour le cultivateur.
Désormais, à chaque fois qu'il ferme les yeux, il les voit. Il les entend. Le coup des armes qui se fracassent les unes contre les autres. Les cris d'agonie. L'odeur du sang.

Feng frissonne. Il souhaite pouvoir fermer les yeux et tout oublier. Le silence assourdissant qui pèse sur la Tour ne l'aide pas à déplacer son esprit vers autre chose. L'immobilité à cause de sa blessure le laisse alité une bonne partie de son temps. Lire des livres ne l'amuse plus. Il a besoin de prendre l'air. De mettre son corps en action.

Le jeune cultivateur se lève avec difficulté, déplaçant lentement sa jambe pour éviter de reouvrir les points. Au moins il n'y a pas d'infection. La douleur le tient éveillé. C'est une forme... de punition qu'il doit traverser pour n'avoir pas été aussi efficace qu'il aurait dû. Yeling a disparu. Son père a été blessé. Beaucoup d'entre eux sont revenus hantés, quand ils ont pu revenir. Certains visages ne reviendront plus du tout. Toute une génération perdue dans une guerre qui les dépasse.

Il fait assez frais ce soir, la légère brise est au moins agréable, chassant la légère sueur qui fleurit sur sa peau.
Feng se dirige d'un pas lent, s'aidant de sa canne, vers une des terrasses communes sur laquelle il appréciait souvent d'y passer du temps. À cette heure tardive, il ne devrait rencontrer personne. Il n'a pas le cœur à faire la conversation. Il n'a jamais été un homme de parole, de toute façon.

La lune brille fort ce soir. Observer le ciel étoilé le distrait temporairement. Le jeune adulte soupire, se cramponnant à sa canne. Il se sent déjà épuisé. Plus d'une fatigue mentale que physique. Il se sent... prisonnier en quelque sorte. Feng a fui les siens, se servant de sa convalescence et feignant de dormir quand ses proches tentent de l'approcher. Il ne sait pas quoi leur dire. À quoi bon ? Il ne sait pas où est Yeling. Son frère disparaît pourtant régulièrement depuis quelques années. Il est habitué à faire son chemin seul. Mais cette fois-ci, c'est différent.

Toutes ses pensées, couchées dans son carnet, le hantent. Il finit par s'asseoir, posant son guqin devant lui. Distraitement, il y pince quelques cordes. La musique a toujours été une façon d'apaiser l'esprit, n'est-ce pas ? Pourquoi ne le rend-il plus comme avant ?
Il n'est même pas assez alerte pour faire attention aux pas qui s'approchent lentement de sa petite retraite nocturne. Jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine à côté de la sienne. Voir l'homme qui l'a élevé comme s'il était son propre enfant biologique serre son cœur davantage. Li Feng baisse la tête, une légère salutation, mais surtout une honte de ne pas pouvoir regarder son propre père adoptif dans les yeux. Alors, il se contente de pincer quelques cordes supplémentaires.

Il se voit ouvrir la bouche plusieurs fois, mais aucune phrase ne veut sortir. C'est toujours le silence ces derniers temps.