Golden rays of sunlight

C’est le soleil qui baigne la demeure des Luo, au mois d’été qui marque ta naissance. Premier fils de ton père, ta venue emplit le patriarche de joie, lui qui n’avait eu des filles, jusqu’alors. Tu es le premier à pouvoir transmettre le nom des Luo, assurer un futur à la famille. Plein d’aspirations, il te nomme Chengxuan. Un nom auspicieux, résonnant, plein d’avenir. Un nom associé au bonheur, chanté avec amour, dans les premières années de ta vie, au son du hochet-tambour, puis, plus tard, du guqin.
Les années de lumière sont douces, glorieuses. Tu grandis comme un enfant sage, choyé par tes soeurs aînées, tes parents. Tu es un enfant brillant, qui a soif d’apprendre. Tu rends fier ton père, qui se dit qu’il a un digne successeur.
Tout le monde semble satisfait. Sauf peut-être la deuxième personne la plus importante de la famille : la matriarche.
Car si tu es le premier fils, Chengxuan, tu n’es pas un fils di (嫡子) mais un fils shu (庶子). Qu’importe à quel point ta mère est favorisée, elle reste la concubine de ton père.
Et si au début, les lèvres peintes de rouge de ta mère officielle s’étirent généralement en un sourire bienveillant, plus les années passent sans fils de son sang, plus elle devient amère, reportant sa colère et ses manquements sur toi. De deuxième mère aimée, elle passe à une personne que, du haut de tes cinq ans, tu sais déjà qu’il vaut mieux éviter.
Ton père, souvent à la cour, du fait de son poste de fonctionnaire, et récemment promu, n’a que peu de temps à consacrer à la gestion de la maisonnée. Et ne se rend pas compte que la matriarche vous met des bâtons dans les roues à toi et ta soeur aînée de la même mère. Vous ne recevez pas exactement les repas que vous devriez. Ou le charbon que vous devriez. Quand ta mère essaie de soulever le sujet, ton père temporise, conseille qu’elle s’entende mieux avec la femme principale. Après tout, ta mère officielle vient d’un clan proéminent : on ne peut se permettre de l’offenser.
Et puis, quand tu atteins tes six ans, vient enfin ce que tu crois, naïvement, être une délivrance : un frère, issu de l’épouse principale. Gamin que tu es, tu es enchanté de voir la famille s’agrandir, te disant que, avec un frère, les choses seront plus simples.
Si seulement.
L’enfant est choyé, dorloté. Ça ne te pose pas de problème, car tout nouvel enfant est apprécié au sein de la famille, tu aimes aussi beaucoup ta petite soeur. Et ta mère officielle sourit à nouveau, enfin. Peut-être pas exactement vers toi, mais elle sourit à nouveau, et c’est une bonne chose, non ?
(Non.)

Law of equivalent exchange

Tout gain est compensé par une perte. Chaque face a son côté pile.
Toute montée de l’un mène à la chute de l’autre.
Tu ne réalises pas tout à fait que quelque chose n’est pas exactement pareil, Chengxuan. Ou plutôt, les changements ont été si graduels que tu n’as pas remarqué tout de suite. Ton père passait déjà moins de temps à la maison depuis son nouveau poste, donc que tu le vois moins était normal. Ton petit frère était très jeune et fragile, et il fallait s’occuper de lui, c’était normal.
Les mois s’étirent. Les années. Tu perds des heures de leçons, tandis que ton petit frère, puis ton deuxième petit frère, en gagnent. À onze ans, tu te rends bien compte que ta place de premier fils ne vaut plus tant, face à ces deux fils di. Tu continues de recevoir une éducation de fils de lettré, mais les six arts ne sont plus à ta portée. Tes études se concentrent sur ce qui pourrait être utile à la maisonnée : les mathématiques, la calligraphie, et les rites. Ton arc de bambin est légué à ton frère, quand il est en âge de commencer à apprendre. Le poney que tu montais aussi. Les leçons de guqin sont désormais réservées à l’héritier également.
Tout ça, tu peux l’accepter, Chengxuan. Car tu gardes une place auprès de la famille. Tu sais que tu seras utile, que ton père n’a pas l’intention d’interrompre tes études. Tu n’auras peut-être pas la carrière brillante d’un fonctionnaire, mais tu pourras soutenir ta famille. Et tu t’entends bien avec tes frères, malgré tout.
Mais ta mère officielle, même si elle s’est adoucie à ton égard, craint ton ombre. Craint que tu ne voles la place qui devrait revenir à ses enfants à elle. Alors, elle suggère à ton père de t’envoyer au Jardin.
Pas de carrière de militaire. Pas de carrière de fonctionnaire. La voie d’un métier technique n’est pas envisageable pour votre classe sociale. Le Jardin semble un choix éclairé, doux, et surtout, sans risque. N’est-ce pas là qu’ont fini tant d’enfants de la noblesse qui n’ont pas eu la “chance” de naître en premier ? C’est loin d’être une voie déshonorable.
(Ce qu’elle ne dit pas, mais que tout le monde comprend, même toi, c’est que la cultivation est tombée en déclin au fil des siècles. Et que même si avec le regain de popularité grâce à l’établissement de nouvelles sectes en-dehors du Royaume pour pallier l’absence de l’Avatar, reste que, pour beaucoup, la cultivation n’est pas la voie la plus utile ou profitable possible.)
À douze ans, Chengxuan, tu sais qu’on t’envoie au Jardin pour ne pas être un obstacle.

Let a thousand flowers bloom

Le Jardin a au moins l’avantage de ne pas être trop loin de chez toi. Tu ne quittes pas Ba Sing Se, même si l’emplacement de la secte n’est pas du tout au même endroit que ton lieu de résidence. Il est décidé, assez tôt, que tu passeras la majorité de ton temps au Jardin, ne revenant au foyer familial que quelques week-ends. Être si près et si loin à la fois est démoralisant et désorientant pour le jeune garçon que tu es.
Si la devise du Jardin est enraciné, toi, tu te sens surtout déraciné. Tu es un peu âgé pour commencer la cultivation, mais le Jardin a la particularité d’accepter des disciples de tous les horizons. Ainsi, tu partages certaines classes aussi bien avec des enfants de six ans que des adultes dans la trentaine. Tu ne te sens pas totalement à ta place, Chengxuan, mais tu ravales ton mal-être, tu fais de ton mieux. Tu te dis que tu as au moins l’avantage d’avoir de solides bases en calligraphie, équitation, poésie et peinture. C’est plutôt le côté religieux et spirituel de ta nouvelle éducation qui te pose justement problème. Si tu n’as aucun mal à mémoriser les textes sacrés que tu apprends, tu as plus de mal à faire un lien direct entre eux et le qi que tu dois apparemment raffiner dans ton corps. Tu te consoles au moins sur le fait que tu n’es pas le seul à avoir du mal avec ça (les plus jeunes semblent y avoir plus d’aisance, et tu les jalouses un peu), et que tu es loin d’être le pire. L’apprentissage des arts martiaux est aussi quelque chose de neuf pour toi, et si tu parviens à exécuter les mouvements, tu es un peu lent, et tes gestes manquent de puissance. Ça viendra avec le temps, te rassurent tes nouveaux professeurs. On te dit que cette étape est la plus cruciale, et prend des années, qu’elle ne peut pas être précipitée. Ce n’est pas exactement ce qu’il y a de plus rassurant, pour l’enfant qui n’a jamais eu de difficultés d’apprentissage que tu es. Ou plutôt que tu étais, jusqu’à venir ici. Le Jardin te force un peu plus à l’humilité. Ici, ton statut ne détonne pas tant, tellement il y a d’enfants de la noblesse, comme toi, qui sont envoyés ici. Souvent des troisièmes ou quatrièmes fils, cependant, des héritiers dispensables, pas un premier fils comme toi. Mais le statut de ta mère joue en ta défaveur, et tu es loin d’être le seul dans le cas. Ce n’est pas exactement réconfortant, et tu ne sens pas exactement d’affinité avec eux à cause de ça, mais ça rend ton destin un peu plus logique, un peu plus compréhensible. Un peu moins amer.
Au fil des mois, tu te prends même à commencer à aimer le Jardin. À moins le voir comme une sorte d’exil doré, mais un véritable lieu d’apprentissage, une façon dont tu peux tracer ta voie. Ni fonctionnaire civil, ni militaire, mais tu peux être utile autrement. Tu peux aider autrement. Au Jardin, on vous dit que vos connexions familiales et vos statuts sont vos forces, pas vos faiblesses, que laisser les autres vous sous-estimer est justement un atout. Petit à petit, on t’apprend à regarder les choses sous un autre angle, aborder les problèmes d’une autre façon. Ce n’est pas la vertu des textes classiques auquel tu es habitué, Chengxuan, loin de là. Même à douze ans, bientôt treize, tu peux reconnaître que ce qu’on t’apprend dans ta secte n’est pas exactement ce qu’il y a de plus moral ou juste. On t’apprend non pas tant à être intelligent et droit, mais à être rusé et habile et terriblement pragmatique. Et petit à petit, Chengxuan, tu laisses le Jardin te cultiver, comme une de ses innombrables fleurs.

Under heaven thunder rolls

Les mois, puis les années, passent. Tu te fais à ce nouvel environnement, tu apprends comment le naviguer. Tu apprends à aimer ces grands espaces de verdure, et aussi, petit à petit, à y cultiver. Tu apprécies le parfum apaisant des fleurs de quelques jardins en plus particulier, et, suivant d’autres disciples, tu as commencé à les imiter, réguler ta respiration, te concentrer sur l’univers qui t’entoure. Et tout doucement, sans que tu ne t’en rendes totalement compte, tu as commencé à parcourir la Voie.
Tu apprends également à mieux connaître ton corps, et la façon dont il bouge et s’harmonise avec le monde. Tes mouvements deviennent plus aisés, plus légers. Le poids de l’épée est d’abord trop lourd, trop fatiguant. Ton bras est douloureux après chaque session, et tu apprends à faire la moue pour avoir la pitié de tes shijie et shimei, qui te disent quelles pommades appliquer pour faciliter la guérison. L’épée n’est pas encore une extension de ta personne, ne le sera probablement jamais totalement, tu penses, mais tu la maîtrises suffisamment pour ne pas faire honte à ta secte.
Quand on estime ta formation suffisante pour passer au niveau suivant, tu es rempli de joie. Et un peu d’appréhension. Tu sens que tu es lancé, que tu ne pourras plus revenir en arrière. La Voie de l’épée et de la spiritualité s’est ouverte à toi, et tu sais que tu ne pourras probablement jamais redevenir l’héritier présomptif de famille noble que tu étais, tout un temps. L’inconnu t’effraie, mais attise ta curiosité. Tu te laisses tomber dans le vide, espérant que les bras de ta secte te rattraperont.
Quand tu acceptes ton épée, à toi et rien qu’à toi, tu scelles ton destin de cultivateur. Wuwang (無妄), tu la nommes. Innocence. Inattendue. Intégrité. Un succès sublime suite à persévérance vertueuse. Un rappel à toi-même de toujours rester sur le droit chemin. De toujours pointer ton épée là où il le faut.

The sun sinks into the earth

C’est cependant à la création et l’utilisation de talismans que tu te démarques. Tu as toujours eu une bonne mémoire, Chengxuan, et une soif de savoir. Les livres ne t’ont jamais fait peur, et si tu es un disciple correct, sans être brillant, aux arts martiaux et à l’épée, passer aux talismans est pour toi comme un jeu, un puzzle, un casse-tête. Tu découvres et déchiffres les clés, comment les caractères sont agencés entre eux pour créer de la magie. Et de la magie, c’en est réellement. La première fois que tu allumes une flamme ou que tu accélères la pousse d’une plante grâce à un talisman, tu ne peux retenir ton excitation, ta joie éclatant en un sourire brillant. Et ta curiosité est récompensée, au Jardin, les portes de la bibliothèque, grandes ouvertes, les maîtres toujours prêts à répondre à tes questions. Tu te sens...accueilli. À ta place. Tant et si bien que les visites familiales s’espacent, non seulement parce que tu peines encore un peu à trouver ta nouvelle place dans ton foyer (ça va nettement mieux depuis que tu es entré au Jardin mais il y a encore parfois des moments où les sourires sont plus crispés et forcés qu’ils ne devraient l’être) mais simplement parce que tu préfères rester au sein de la secte.
Tes parents, et ta mère officielle, sont intrigués, et un peu mystifiés, quand tu rentres, que tu montres ton épée, tes talismans, les mouvements que tu as appris. Ils restent un peu méfiants devant cette magie qu’ils ne comprennent pas totalement, et tu les comprends. Si tu as toujours su que le Jardin et la cultivation existaient, cette forme de magie a toujours été nébuleuse pour toi, avant que tu ne te mettes à vraiment suivre la Voie.
Mais le moment que tu préfères ? Oh, le moment que tu préfères est quand tu as reçu ton arc. Des années que tu avais légué ton arc d’enfant à ton frère cadet, et tu n’avais plus vraiment eu d’arc à toi depuis. Quand tu tiens cet ouvrage finement travaillé, en bois chaud, corne blanche, entre tes doigts, tu sais déjà que tu préféreras infiniment utiliser ton arc pour cultiver que ton épée. C’est comme si quelque chose avait enfin trouvé sa place, un déclic.
Sans arc pendant des années, forcé de prendre moins de place pour ne pas faire de l’ombre à un frère cadet plus légitime que toi, tu as dû diminuer ton éclat, cacher la lumière que ton père t’avait pourtant donné en nom. Mingyi (明夷), souffles-tu, face à cet arc qui te donne la sensation de te retrouver toi-même. Lumière obscurcie, brillance blessée, intelligence cachée. Continuer et persévérer, à travers les temps durs, les positions difficiles. Un rappel et un encouragement à la fois.
Tes automatismes reviennent rapidement, et encocher les flèches, toucher les cibles, devient aussi facile que respirer. Canaliser ton énergie à travers le bois, la corne, le nerf, t’est infiniment plus simple qu’essayer de passer ton qi au métal de l’épée, qui t’a toujours donné la sensation de résister.
Après cela, tu progresses à vitesse fulgurante.

Brightness hiding

Tu te révèles un étudiant assidu, doué. Pas le meilleur aux arts martiaux ni à l’épée, certes, mais ça n’a jamais été l’aire d’expertise du Jardin et tu ne t’en veux pas de ne pas y briller plus que ça. Petit à petit, tu apprends, progresses. Les années passées à te faire plus petit, moins encombrant, au sein de ton foyer se traduisent bizarrement bien aux missions d’espionnage. Tu as pris l’habitude d’essayer de passer inaperçu, te faufiler dans ta maison sans attirer l’oeil de ta mère officielle, et ces compétences sont mises à profit aujourd’hui. Tu apprends à connaître les moindres recoins de ta secte, à jouer avec toutes les cachettes et zones d’ombre. Tu apprends à réguler ta respiration, ton rythme cardiaque, ta stature. Tu apprends à être une ombre silencieuse, à surprendre tes adversaires, et tu aimes ce défi. Cette brillance cachée, cette fois, volontairement.
Mais tu apprends également à paraître autre que tu es. À manier le verbe au plus haut degré. Les joutes verbales et débats sont quotidiens, au Jardin, et ton esprit s’échauffe, à essayer de trouver la faille, trouver l’argument qui détricotera le raisonnement de ton partenaire. Tu te sens sans cesse poussé à t’améliorer, à dépasser tes limites, à trouver un nouvel angle d’approche, une nouvelle solution, et tu adores ça.
Tu grandis, deviens adulte. T’épanouis au sein de ta secte, de la Voie. Les liens tissés avec les autres disciples du Jardin sont utiles, et ce réseautage parvient même à te faire retourner dans les bonnes grâces de ta mère officielle. Le fait que tu trouves des alliés et soutiens pour tes frères, de potentiels mariages intéressants pour tes soeurs, aide sans nulle doute à cela. Ta mère officielle s’enorgueillit même d’avoir conseillé de t’envoyer au Jardin, et tu ne peux lui en vouloir. Peut-être que ce n’était pas avec l’intention la plus pure, mais la situation s’est au final, révélée profitable à tous, et l’harmonie est revenue dans votre foyer.
Avec ton statut qui évolue au sein de la secte, les défis se font également de plus en plus grands. Les monstres, quand tu les chasses, se font plus tenaces, plus compliqués. On t’envoie de plus en plus loin dans le pays, sous des identités de plus en plus ambiguës. Tu apprends à jongler avec les apparences, à jouer les rôles. Certes, ceux de paysan, d’artisan ou de militaire ne te viennent pas facilement, contrairement aux sphères nobles et marchandes que tu connais nettement mieux, mais ce sont autant de défis que tu relèves. Tu améliores tes points faibles, apprends à moduler ta voix, adapter ton vocabulaire, changer ta posture. Tu apprends à utiliser tout autant de petits stratagèmes niveau habillage ou maquillage pour te faire paraître différent que tu ne l’es. Et toutes les informations qui reviennent entre les mains du Jardin sont autant de fleurs d’or déposées dans les mains de ton maître.

Master of my fate

Plus les missions se font complexes, plus tu apprends que les codes sur la moralité que tu as appris enfant étaient bien naïfs. Que la réalité est nuancée, plurielle, beaucoup moins idéale. Ceux qui gagnent sont rarement ceux qui ont raison, mais souvent les plus puissants, les plus riches ou les plus bruyants. Tu apprends à jouer dans ce monde, à te conformer aux attentes de tes adversaires, pour mieux profiter de leur complaisance ensuite. Tu apprends à avoir des coups d’avance, à deviner les intentions de tes rivaux. Bataille de persuasion et d’influence, plutôt que de poings et de lames. Plus tu évolues, plus tu apprends tes limites et tes faiblesses, plus tu apprends à les corriger.
La première fois que tu quittes la sécurité du Royaume de la Terre, tu es à la fois grisé et terrifié. Tu n’auras pas d’aide, si tu te fais découvrir. Tu ne peux compter que sur ton esprit et ta vivacité. Ta première mission est un échec cuisant. Pensant que la culture de la Nation du Feu relativement homogène, tu ne t’étais pas renseigné plus que ça sur l’île que tu devais infiltrer. Tu rates tant de références locales dans tes paroles, et très vite tu es découvert comme un imposteur. Tu ne t’en sors que grâce à une explosion provoquée par un talisman. (Tu as au moins eu la présence d’esprit de ne pas t’exposer via les papillons d’or que tu viens tout juste de maîtriser, ou tes armes.) Rentrant à Ba Sing Se la queue entre les jambes, ce premier désastre est une leçon durement apprise. Suite à cela, tu plonges dans l’étude des particularités de la Nation du Feu, explorant les îles d’abord en tant qu’ombre, avant d’essayer de t’y faire passer pour ce que tu n’es pas. Être confronté à une culture à la fois si différente et semblable te permet de mieux comprendre l’attitude ambivalente qu’a le Jardin vis-à-vis de sa secte fille bâtarde, ce Temple dont peu ici aiment reconnaître ouvertement la parenté. Comprendre la logique et le cheminement de pensée des locaux, les trouver intriguant, cohérents, mais être horrifié par les extrêmes jusqu’où va la Nation du Feu. Il y a des limites que tu refuses de franchir.
Cependant, tout n’es pas centré sur la Nation du Feu (loin de là, le Jardin travaille surtout sur l’intérieur du pays), et tu progresses dans tes études, apprenant petit à petit à travailler le métal, à maîtriser une danse compliquée. Passer maître ne fut pas aisé mais fut oh combien gratifiant.
Aujourd’hui, si tu as maîtrisé la culture des fleurs empoisonneuses, ce n’est pas encore le cas des protections infusées dans le bois. Mais tu progresses, à ton échelle, et tu navigues avec aisance dans les eaux troubles du Jardin, un de ses nombreux et confirmés maîtres. Ce que l’avenir te réserve, tu ne le sais pas encore, mais tu feras tout pour qu’il soit brillant.

01. Quel est ton avis sur ta nation ? T'y sens-tu bien intégré ? L'aimes-tu ? Trouves-tu des choses à en redire ?

Ta nation est ta nation. Tu ne sais pas si tu peux être considéré extrêmement patriotique car le Jardin t’a appris à être fidèle à ta secte avant ton pays. Parce que tu vois ses artifices aussi bien que ses dessous peu reluisants, tu sais exactement ce que vaut ton pays. Riche mais corrompu, grand mais divisé, raffiné mais décadent. Avec un bon dirigeant, et une bureaucratie nettoyée de ses éléments les moins compétents, tu es sûr que ton pays pourrait prospérer, pourrait s’élever et vaincre la Nation du Feu. Avec un bon monarque, une bonne coopération entre les pouvoirs provinciaux, une bonne redistribution des ressources, des citoyens mieux éduqués et entraînés, tout serait possible. Hélas, le monarque actuel est jeune et timide et le Dai Li bien trop férocement implanté près de lui. Ton pays stagne et ça te frustre.

02. Quel est ton avis sur les autres nations ? Les connais-tu bien ? Es-tu plutôt ouvert et tolérant ou l'inverse ? As-tu déjà voyagé en-dehors de ta nation ?

Tu ne peux pas dire que tu connais très bien les Tribus de l’Eau ou les Nomades de l’Air. Tu as bien croisé quelques membres de ces groupes lors de la bataille d’Omashu, mais tu ne peux pas dire en avoir été très proche, davantage concentré sur la bataille et tes shidi et shimei. Et tu dois avouer ne pas porter d’intérêt particulier à leur culture, trouvant celle des Tribus de l’Eau assez primitive, et celle des Nomades de l’Air trop fermée. Non, si une nation étrangère retient davantage ton attention, c’est bien votre ennemi, la Nation du Feu. Tu t’es déjà rendu dans celle-ci, t’infiltrant parmi la population, apprenant à les connaître, à passer pour eux, mais ne t’approchant que des îles éloignées du pouvoir ou des colonies plutôt que de la capitale. Tu préfères y aller progressivement et d’abord mieux connaître l’adversaire avant de tenter d’infiltrer Hikyo. Mais ce que tu as observé dans ce pays te pousse à la fois à l’admiration et au dégoût. Si tu peux reconnaître les progrès que fait la Nation et en être envieux et curieux, tu te demandes aussi également à quel prix ?

03. Que penses-tu de la situation politique actuelle ? De la guerre ? Est-ce que tu y prends part ?

Si la Nation du Feu n’était pas si agressive, si violente, peut-être aurais-tu pu adhérer à ses idées. Peut-être à l’époque de Sozin et de ses grands discours, tu aurais pu croire à une prospérité commune et être attiré par une telle perspective. Tu sais après tout à quel point ton propre pays est divisé et parfois à la traîne. Tu sais à quel point l’empire du feu est son total contraire en matière de pouvoir. Mais la Nation du Feu a choisi la voie de la guerre, et pour cela, ils sont davantage des ennemis que des modèles. Comme les autres membres de ta secte, tu participes parfois à la guerre de façon périphérique, et généralement sur demande. Surveiller et infiltrer les camps ennemis, repérer leurs positions et leurs armements, sont autant de mouvements et informations précieuses à faire payer. Ta secte se concentre après tout plus dans les conflits internes que la guerre. Les ducs et marquis du Royaume paient bien plus pour s’entre-déchirer que pour terrasser l’ennemi.

at midnight, he was given the first seat,
not asked about ordinary people, but spirits
(Li Shangyin)

Si tu as d’abord vu ton départ pour le Jardin comme un exil doré et si les débuts ont été difficiles, tu es à présent totalement intégré à ta secte, et un fier membre de celle-ci. Tu apprécies les opportunités que le Jardin t’a offert, sa liberté, une quête de brillance autre que celle à laquelle tu te croyais destiné. Tu ne pensais pas la Voie pour toi, et pourtant.
Aujourd’hui, tu y es maître, pas si loin d’être grand maître. Tu préfères te focaliser sur la maîtrise de la culture des fleurs empoisonneuses, plus utile selon toi, que la construction de bâtiments en bois protégés spirituellement. Si infuser des protections dans des bijoux n’était déjà pas aisé (le métal n’a jamais été ton élément préféré, le trouvant trop dur et froid...sans surprise, tu as une préférence pour l’or, très malléable, précieux et chaud), le volume beaucoup plus petit rendait le travail plus facile, contrairement à l’échelle que demande cette dernière technique que tu n’as pas encore maîtrisé.
Dans ta formation, tu as définitivement une préférence pour les talismans, l’archerie et l’art de la parole. Tu aimes beaucoup la délicatesse et versatilité d’utilisation des papillons d’or. Tu es un bon cavalier et un épéiste et un artist martial correct, sans plus. La danse du qilin t’a été particulièrement dure à maîtriser, et tu gérerais difficilement la tête, même aujourd’hui. Tu n’en aimes pas la musique, que tu trouves très bruyante et peu raffinée, mais tu ne l’avoueras pas à ceux qui te l’ont enseignée, tu ne veux pas paraître ingrat. Tu cultives majoritairement avec ton arc, Mingyi (明夷) plutôt que ton épée spirituelle, Wuwang (無妄), bien que tu as souvent les deux sur toi et qu’une épée est généralement plus présentable et moins encombrante. Ton arc est plus ouvragé que ton épée. Tu prends au sérieux ta mission de cultivateur, mais digne disciple du Jardin, tu te spécialises davantage en espionnage et information qu’en combat. Pour ces missions, tu travailles généralement en solo, alors que tu préfères chasser en groupe. Tu n’aimes pas du tout le combat rapproché, n’y étant pas particulièrement habile, et préfères largement utiliser ton arc ou des talismans. Tu gardes la cicatrice d’une vilaine morsure d’un yao serpent à la cheville.