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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Le Nouvel An Lunaire. Une fête si importante pour certains, tellement riche en souvenirs te concernant. Parce que tu avais beau avoir arpenté longuement le chemin de la haine, tu avais fini par renouer avec ton passé, et par accepter les moments de bonheur fugaces qui avaient illuminé ta vie aux côtés de ton père adoptif, Maeda Shinzo. La douleur s’était envolée lorsque tu repensais aux bons moments… parce qu’il était tout de même plus doux pour l’âme de se perdre dans la nostalgie que dans la rancoeur.

Ainsi, et parce tu avais pris la décision d’allier ton enquête actuelle à la fête pour la nouvelle année, tu décidas de suivre le chemin menant à Hikyo, la ville si proche de l’ancien endroit que tu avais fui, afin de rendre visite à celle qui t’avait prise sous son aile et dont le salon de thé devait toujours être en activité. D’après les informations réunies concernant la mission visant à retrouver la trace des fréres Shao, un des frères, le plus jeune, aurait été de passage dans le coin… Si cela s’avérait vrai le cas, alors ton ancienne sauveuse devait en avoir entendu parler… N’y avait-il pas plus commère en ce monde qu’une dame servant le thé aux langues les plus déliées du coin ?

Le voyage fut assez rapide, un tantinet angoissant à la vue du paysage qui te donna l’impression de faire un voyage au coeur d’une ancienne vie. Pourtant, bien vite, le visage si réconfortant de la commerçante vint balayer tes soucis. Des retrouvailles émouvantes pour celle qui t’avait cru dans le Monde des Esprits… Il fallait dire que tu avais disparu du jour au lendemain, sans aucune nouvelle, sans laisser ne serait-ce qu’un indice.

Pourtant, et malgré l’échange, tu souhaitas rester silencieuse sur ta nouvelle vie. Par pour toi non, mais plutôt pour les autres, ceux qui n’avaient aucune place dans ta guerre contre les Sakai et qui ne devaient être en aucun cas des victimes collatérales. Toutefois, tu mentionnas ta recherche de deux personnes issus de la Nation du Feu, deux frères répondant aux noms de Shao Cheng et Shao Jin…

Mais rien ne semblait avoir alerté celle qui se trouvait au centre des ragots du coin. Il lui fallait des détails, mais en pleine préparation de la fête qui s’annonçait, il lui était bien compliqué de t’accorder plus de temps. Alors, elle te demanda d’aller profiter un peu de la fête, et de rester quelques jours dans l’espoir de pouvoir te fournir des réponses plus précises… Ne te faisant pas prier, tu décidas d’être optimiste, et te de préparer pour aller flâner dans les rues de la ville.

Vêtue d’un Hanfu aux couleurs rubis, les cheveux noués en un chignon parfaitement exécuté, tu marchais à présent parmi la foule qui déambulait gaiement autour de toi. Détendue, tout en restant un minimum sur tes gardes, tu laissais tes yeux se balader sur les échoppes… Les odeurs sucrés au goût du passé, les mélopées qui donnaient envie de danser, tu te revoyais plus jeune, aux côtés de Hua, en pleine dégustation de sucreries. Un souvenir qui éveilla alors envie d’aller chercher des flocons de feu.

Le pas rapide, tu allas t’incruster dans une des files d’attente face à un stand de nourriture, et te laissas de nouveau attirer par le décor et les silhouettes qui bougeait à son centre… Mais alors que ton tour arrivait à grand pas, une sensation étrange te fit frissonner… C’était comme si… Quelqu’un te fixait… sans savoir sa position. Étrange pressentiment ou prémices de la folie endormie ?

Sur tes gardes, tu n’osais pas pivoter pour faire face à la personne qui attendait derrière toi… et tu ne te voyais pas non plus quitter la file si proche du but pour aucune raison…

Pourtant, tu finis par te tourner légèrement, pour jeter un œil à ceux qui se trouvaient le plus proches de toi…

Et littéralement tomber des nues.

résumé:

Seiya n’aimait pas la foule. Cela avait commencé très tôt, lorsqu’il était enfant ; lorsqu’il sortait avec Mère et qu’il sentait le poids de tous ces regards qui les jugeaient tous les deux. Il avait rapidement intégré le poids de ces regards, l’inconfort qu’ils pouvaient causer. Encore maintenant, parfois, il avait l’impression qu’on le regardait de haut - oui, même lorsqu’il portait le rouge de la Nation du Feu qui aurait pourtant lui assurer un parfait anonymat. En comparaison, le noir et pourpre du Temple attirait peut-être l’attention, mais il avait le mérite d’être aussi un repoussoir. Voire une armure. C’était paradoxal. Mais l’occasion en valait peut-être la peine aujourdh’ui. En pleine période du nouvel an lunaire, les stands de rue affluaient, échoppes des nourriture, de sucreries, de thé ;autant de choses qu’il aurait voulu ramener à Jun. Mais il ne pouvait pas ramener n’importe quoi non plus - alors il faisait pour l’instant le tour des stands, dans le but de juger de la qualité de la marchandise. Pinailleur ? Oui. Certainement.

Il songeait cependant, qu’il se sentait bien seul. Peut-être était-ce la période qui voulait ça. Il voyait les gens se déplacer en groupe en riant ; il voyait de jeunes mariés se promener candidement ; des grands-mères avec leurs petits-enfants.. et lui.. Et lui était juste là, à exister, à survivre plutôt, rongé par l’inquiétude pour Maître Kaori. Est-ce que encore une fois, il n’était pas assez ? Aurait-il pu faire plus, pour l’aider ? Il l’aurait dû, assurément..Tant de choses qu’il aurait dû faire, qu’il ne pouvait pas faire parce que..pour tant de raisons, certainement, sur lesquelles il n’aurait pu mettre le doigt..Il avait beau savoir qu’elle était dans de meilleures mains que les siennes, il avait l’impression d’avoir..échoué, d’une façon ou d’une autre. Décidément, le début de nouvelle année ne lui convenait guère. L’année précédente, il avait déprimé parce que son avancée dans l’art de la sorcellerie n’était pas suffisante ; ce souci avait été résolu cette année, et il avait même obtenu le respect de ses pairs du même âge désormais, mais un autre souci arrivait à peine le précédent réglé. Il tournait en rond. Et en conséquence, ses pensées aussi, comme un animal en cage..ou un essaim d’abeilles qui bourdonnaient.. Bourdonnaient, comme la foule autour de lui.

Peut-être se sentait-il d’autant plus seul qu’il était terriblement entouré. Un peu trop. Trop de bruits, trop de gens, trop de gens qui le bousculaient ; autant de choses qu’il détestait. Seiya aimait le calme et la tranquillité ; avec pour seules distractions le bruit du guqin de son frère et le bruissement léger de son propre pinceau sur le papier. Cela..cela il pouvait le supporter. Mais il fallait qu’il le supporte. Pour Jun. Allez, s’encouragea-t-il. Avec un peu de chance,pendant cette petite balade, il découvrirait des objets inattendus, ou des choses incroyables comme..

Eiko ??

Seiya se figea. Là, dans la file d’une échoppe à à peine quelques mètres, se trouvait Eiko. Eiko, sa soeur-dans-la-secte, aussi disciple de Maître Kaori, une des rares personnes avec laquelle il s’était réellement bien entendu ; Eiko qui avait disparu, qu’il avait crue partie pour toujours ; Eiko qui était de nouveau à Hikyo..En..bonne santé apparemment ? Pourtant..

Pourtant lorsque la jeune femme croisa son regard, il retint un pas en arrière. Elle avait changé ; son regard lui semblait..plus dur. C’était quelque chose d'indéfinissable. Dans le regard, dans l’attitude, dans...dans tout.

“Eiko?” osa-t-il demander, prudemment. “Est-ce bien toi ?”

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Ses prunelles se baladèrent alors sur la foule en quête de réponse, une fois son cornet de flocons de feu entre les mains, car cette sensation étrange d’être observée continuait de la mettre mal à l’aise mais aussi sur la défensive. Le Temple était proche, jamais elle ne s’était retrouvée aux portes de l’endroit qu’elle avait fui… Ainsi, elle se préparait à tomber sur les pires visages de la Secte lorsque son regard s’attarda sur une silhouette qui se détachait du lot. Une silhouette qu’elle connaissait bien…

** Non… **

Stoïque, l’ancienne apprentie ne bougea pas d’un pouce, les yeux rivés sur celui qui se trouvait être la seule personne qu’elle avait appréciée durant ses années d’errance colérique. Devait-elle faire comme si de rien était ? Fuir et le laisser en plan ?

L’idée naissante teintée de couardise finit par disparaître lorsque le jeune homme prononça son ancien prénom. Touchée en plein cœur, Saeko sentit le remords l’envahir, au point de la faire soupirer. S’il y avait bien une seule personne qui méritait d’être sauvée des griffes du Temple à ses yeux, c’était bien Matsumoto Seiya…

Ainsi, elle s’avança vers lui, d’un pas léger mais déterminé, sans le quitter des yeux.

« Tu veux des flocons de feu ? » lança t-elle sur un ton blasé en tendant son cornet vers Seiya une fois arrivée à son niveau.

Le malaise avait toujours eu le don de la rendre plutôt étrange et maladroite. Ayant toujours eu du mal à gérer ses émotions, même si, cela s’améliorait depuis quelques mois, elle n’avait pas trouvé mieux comme façon de faire pour briser la glace.

« Ils sont plutôt bons, mais il faut boire un bon thé après ça. J’allais rejoindre un salon, il y a beaucoup de bruit par ici. » articula t-elle sans reprendre son souffle, complètement perdue intérieurement face à ses retrouvailles imprévues.

Est ce que cela allait passer ? N’allait-elle pas prendre une vague de réflexions, amplement méritée, de la part du binôme qu’elle avait abandonné ? Prête à tout entendre, ou pas, Saeko luttait contre l’envie de disparaître au détour d’un stand pour ne plus avoir à faire face à son passé… Car retrouver des êtres détestables était bien plus simple que d’être confrontée aux regards de ceux qui avaient toujours eu une place dans son cœur noirci par la colère.

Seiya n’osait plus bouger, ni prononcer le moindre mot après le prénom d’Eiko. C’était comme s’il était en face d’un oiseau ; il avait peur qu’au moindre bruit, au moindre mot, son ancienne binôme ne prenne peur, et qu’elle s’enfuie loin de lui et surtout loin d’Hikyo. Et cela..cela il ne le voulait pas. La retrouver avait été si..inattendu. ! Il était tout simplement impossible de recréer les conditions d’une rencontre, alors…alors..il devait se surveiller, ne pas respirer trop fort, ne pas parler, rester calme, faire comme s’il n’avait pas senti de la joie et tellement, tellement de  soulagement à l’idée de la retrouver. Eiko allait bien, elle ne semblait pas blessée, tout allait bien. Le temps des questions viendrait après ; pour l’heure, il devait se comporter avec délicatesse envers elle. Délicat, il ne savait pas s’il était capable de l’être, mais il devait essayer…ou du moins, essayer de ne pas être brusque, et ne pas mettre inconsidérement les pieds dans le plat. Calme et diplomatie, se répéta-t-il. Il pouvait le faire. C’était…c’était comme si il tenait un oeuf dans sa main. Trop de pression, ou l’oeuf se cassait ; pas assez, et l’oeuf pouvait lui échapper. Métaphoriquement,bien sûr. Toujours était-il, il devait faire attention avec ses questions. Prétendre que tout était normal.

En tout cas, cela semblait marcher, vu qu’Eiko..s’approchait de lui, un cornet à la main. Tout va bien,reste calme, souris un peu, se répéta-t-il. Et effectivement,il sourit, d’un sourire léger, un peu timide - presque maladroit, surtout. Il était si peu habitué à sourire après tout - par contre, il était un expert en ce qui concernait la dissimulation de sentiments, parfois jusqu’à l’implosion, ou plutôt une nouvelle période où sa sensibilité était à fleur de peau et où il commençait à se comporter..de façon extrêmement défensive, jusqu’au moment où il craquait.

“Oh. Euh. Oui, je veux bien. Je te remercie.” Inclinaison du buste en signe de politesse, tout pour faire semblant que tout allait bien, que cela ne faisait pas des mois et des mois qu’ils ne s’étaient pas vus, qu’Eiko n’avait pas disparu. C’était une situation..qui sortait de l’ordinaire,voilà tout ; mais il se devait de ne pas reconnaître ce côté exceptionnel.  Devait-il encore considérer Eiko comme sa soeur martiale ? Devait-il encore l’appeler ainsi ? Il ne savait pas. D’un côté, les bonnes habitudes étaient difficiles à perdre mais de l’autre.. probablement pas. Elle ne faisait plus partie du Temple après tout.

Etait-elle partie, ou avait-elle été forcée à partir ? Une question qui se posait, mais qu’il devait retenir pour l’instant. C’était probablement un sujet qu’elle ne voulait pas aborder en public, ou plutôt qui ne pouvait pas être abordé en public de cette façon. Il s’agissait de réfréner sa curiosité, de se mettre un peu à sa place, et de se taire. Le silence était une vertu fondamentale, il devait s’en rappeler. Tais-toi, et apprends, et reste à ta place, leçon de base qu’il devait se répéter. Ici c’était plutôt Ne ne dis rien de stupide, ou plutôt, tais-toi. Laisse-la venir vers toi. Parce que s’il disait quelque chose spontanément, il risquait de mettre magnifiquement les pieds dans le plat.

“Très bonne idée. Je t’invite.”  Je tiens à toi, ne me repousse pas, essayait-il de communiquer. Eiko avait été son amie, d’une certaine façon ; ils avaient été liés par leur apprentissage au Temple sous la houlette de Kaori, et il l’avait appréciée. Ils avaient pratiqué la sorcellerie ensemble, s’étaient presque encouragés, confiés à demi-mots ;  il..espérait qu’Eiko n’était pas à ce point marquée par ce qu’elle avait vécu, quoique ce soit.. qu’elle..renie tout cela, ou décide que cela n’avait aucune importance. Il ne savait pas si cela, il pourrait le supporter.

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Comment ne pas se sentir perdu face à un visage qui semblait appartenir à un passé révolu ? Mastumoto Seiya avait toutes les raisons du monde de se sentir perdu, ou encore, méfiant, face à une Saeko, qui, en plus d'avoir fui le Temple il y a des mois, s'était littéralement transformée en une autre personne. Ou presque. Les blessures de son âme avaient été pansées, son pardon donné, sa colère dominée, et son passé retrouvé. Néanmoins, elle restait tout de même celle qu'il avait connu par le passé, et elle, de son côté, n'oubliait pas le lien qui les unissait, car il avait été un des rares à être positif au sein du Temple. Il y avait bien eu le Maître qu'ils avaient eu en commun au début... Mais tout avait changé en ce qui concernait Sakai Kaori.

Ainsi, elle n'essaya pas de fuir, ou encore de presser son ancien camarade, afin de lui permettre de se remettre un peu de ses émotions... Ce ne fut que lorsqu'il se proposa de l'inviter à boire un thé qu'elle décida de reprendre la parole, laissant alors le remord montrer le bout de son nez dans sa voix.

"Je pense que, c'est plutôt à moi, de t'inviter. C'est le minimum, tout de même..."

Le minimum pour se faire pardonner d'avoir fui, mais surtout, de ne jamais avoir essayé de le contacter par la suite, ne serait-ce que pour le rassurer sur son état. N'était-ce pas ce que les amis devaient faire en réalité ? Son apprentissage au sein du Temple avait été avorté, pour laisser place à celui qui avait pour but de la socialiser et la stabiliser. Et ce n'était pas bien simple pour Saeko qui se montrait toujours un peu fébrile et maladroite face aux interactions qui impliquaient des émotions.

" Je connais un bon salon, juste... ici. " finit-elle par dire sur un ton monotone qu'elle voulait léger en pointant l'enseigne du doigt qui se trouvait juste de l'autre côté de la rue, dans une petite ruelle plutôt calme. "On dévie de l'axe principal, on devrait pouvoir être un peu plus tranquille."

Suite à ses mots, Saeko fit un petit signe à Seiya, puis se faufila dans la foule telle une anguille pour rejoindre le point d'arrivée. A la vue de l'enseigne qui lui rappelait de bons souvenirs, elle laissa un fin sourire nostalgique étirer ses lèvres, puis, après s'être assurée qu'elle était bien suivie, elle pénétra à l'intérieur, et demanda un petit coin pour deux. Passant la clientèle au peigne fin pour être sûre qu'aucun autre visage connu était présent, elle attendit quelques secondes puis, alla s'asseoir en se sentant beaucoup plus... légère. On pouvait entendre la musique ainsi que les éclats de rire venant de l'extérieur, mais c'était agréable à l'oreille, ou surtout, beaucoup plus supportable. Un constat qui fit soupirer de plaisir l'ancienne apprentie...

" Je n'ai jamais trop apprécié les grandes fêtes sur le long terme. " avoua t-elle pour éviter au silence de s'installer. Toutefois... Tourner autour du pot n'allait pas servir à grand chose... Juste à installer un certain malaise... Alors, après un long soupir, Saeko planta ses yeux dans ceux de Seiya, et laissa les mots tant redoutés franchir ses lèvres. "Je suis désolée, d'être partie et de ne pas avoir donné de nouvelles. "

Excuses sincères, difficiles à garder pour elle après tout ce temps, mais obligatoires pour celui qui les méritait amplement. Elle ne savait pas ce que le Temple avait pu dire sur son départ... Et elle espérait vraiment ne pas avoir été victime de calomnies de la part de ceux qui l'avaient poussée à fuir... A savoir, les Sakai, et celle qui répondait au nom de Kuroda Akane...

Car elle ne supporterait pas de nouveaux mensonges. Pas de leur part.

Se détendre. Il fallait qu’il se détende, se répéta le jeune homme. Plus facile à dire qu’à faire, certainement ; c’était si compliqué pour lui. Tendu en permanence à l’extrême, comme la corde d’un arc - arc qu’il ne maniait plus qu’à peine, au bénéfice du Temple.Par moment il regrettait, un peu..Mais de l’autre, est-ce que l’arc lui aurait été utile ? Non. Autant qu’il se dirige vers ce qu’il était capable de faire…Même si pour le moment, ce qu’il était capable de faire face à une Eiko qui réapparaissait presque d’entre les morts, ce n’était pas grand chose. Essayer de ne pas l’accabler de questions ou de reproches, oui.  Mais se détendre, apaiser cette nervosité,  ce côté “j’ai peur de mon ombre parfois”, cette impression qu’il n’arriverait pas à trouver les bons mots ? C’était peut-être au-delà de ses forces. Il se jugeait ridicule, pitoyable. Que n’aurait-il pas donné pour un peu d’assurance, ou du moins d’aisance en ce qui concernait les relations sociales.

“Oui mais c’est moi qui t’ai dérangée dans ce que tu faisais.” répliqua-t-il. Eiko avait sans doute d’autres plans que d’aller prendre un thé avec cette bourrique de Matsumoto Seiya. Celui qui avait un orgueil plus élevé que le volcan d’Hikyo, qui n’était pas particulièrement intelligent, qui ne savait qu’à peine interagir avec les autres êtres humains..celui qui était plutôt ennuyeux, en réalité, quand on y réfléchissait bien,  et qu’importe ce que Jun en pensait. Il ne se jugeait ni incroyable, ni exceptionnel ni..ni rien en fait. Il n’était que le petit dernier d’une génération de cousins bien trop nombreuse, sans rien de particulier à son actif à part une vague action d’éclat à Chung-Ling. Pas de quoi en faire tout un plat ; les choses étaient redevenues normales, et Matsumoto Seiya était de nouveau un anonyme.

Dramatique lui ? Si peu.

“Je te suis.” ne put-il qu’ajouter en lui emboîtant le pas dans la foule. Pas un instant il ne pensait que cela pourrait être un guet-apens, qu’Eiko pourrait essayer de se débarrasser de lui parce qu’il l’ennuyait, ou qu’elle ne voulait pas qu’il reste avec elle ou..quoi que ce soit.  A cet instant il lui faisait entièrement confiance,  à elle qui avait été sa camarade au Temple - un instinct peut-être naïf, enfantin, voulait croire qu’elle le menait vers un simple salon de thé, parce que..parce qu’elle voulait passer un peu de temps avec lui, tout simplement ? Juste prendre une tasse de thé, pour rattraper le temps perdu, échanger quelques nouvelles ? Juste ça, sans arrière-pensée, juste entre amis?

Arrivés au salon de thé cependant, il ne savait pas trop quoi dire. Il ne connaissait pas du tout cet endroit ; mais Eiko si apparemment. Elle demanda un coin discret ; tant mieux. Mais d’un autre côté, d’aucuns ne risquaient-ils pas de se méprendre ? Oh et puis zut. Il n’avait rien à se reprocher. Dommage qu’il ne porte pas les couleurs du Temple ce soir-là ; cela aurait été le meilleur des repoussoirs à idiot..Mais on ne pouvait pas tout avoir.

“Moi non plus. La foule me fatigue.” Et cela le faisait se sentir encore plus seul, en réalité ; mais cela il n’allait pas l’avouer si facilement à haute voix. Ce n’était qu’un moment de faiblesse, une idée maussade passagère - il ne devait pas en faire tout un plat, surtout pas le signifier à autrui. Il devait être fort, résistant, solide ; il avait un nom à honorer. Sakai, Matsumoto, du pareil au même ; les deux, en réalité.  Il ne pouvait pas non plus se permettre de ridiculiser le Temple. Un membre du Temple ne pouvait pas avoir les nerfs à fleur de peau.

Néanmoins, la phrase qu’Eiko prononça ensuite le laissa pantois. Sa bouche s’assècha soudain, son regard se baissa.

“Eiko..” commença-t-il, la gorge serrée. “ Tu..avais tes raisons, je suppose.” Quelles qu’elles soient. Il essayait de ne pas paraître trop accusateur ou plein de reproches, et pourtant,il aurait pu. Il s’était senti..seul, abandonné. Bien sûr il y avait d’autres disciples avec lesquels il s’entendait, mais ce n’était pas pareil. Eiko était son amie, et perdre un ami..c’était délicat. “Je…me suis surtout inquiété.” N’avoir aucune nouvelle, c’était angoissant. Ne pas savoir si elle était blessée, si elle allait bien. Surtout du jour au lendemain. “En réalité, c’est peut-être moi qui devrais m’excuser. Si tu avais des choses qui te troublaient à l’époque et que je ne l’ai pas vu, que je ne suis pas allé te parler..je suis désolé. J’ai été un mauvais frère martial.” Mauvais ami, surtout, mais était-ce vraiment étonnant ? Il avait été (était peut-être toujours?) un mauvais frère pour Jun. Il ne savait pas maintenir ses relations, trop égocentrique, toujours à se plaindre en oubliant autrui.

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Cela faisait tellement longtemps que Saeko ne s'était pas replongée dans son passé qu'elle en avait oublié les points communs qui avaient fait naître un lien positif entre elle et Matsumoto Seiya. Ainsi, et lorsqu'il mentionna cette foule bien trop fatigante pour lui aussi, elle esquissa un brin de sourire... Remettre les pieds non loin du Temple lui avait pris du temps, tant elle avait eu besoin de travailler sur elle afin de passer au dessus cette rancoeur qui avait littéralement étouffée son esprit pendant les premiers mois. Une lutte qui avait eu une issue positives si elle se basait sur la tournure que prenait ces retrouvailles. Elle arrivait à oublier que son ami était lié à la Secte, aux Sakai, à... sa mère... Il était juste une des rares personnes à avoir gardé une certaine place dans son coeur.

Une place qui lui permettait d'être franc, même si le fait d'entendre son ancien prénom fit tiquer intérieurement celle qui avait retrouvé sa véritable identité... Cela lui avait fait bizarre, toutefois, elle n'en voulait pas le moins du monde à celui qui avoua s'être inquiété pour elle, mais qui surtout... s'excusa pour ne pas avoir pu anticiper son départ.

"Seiya..." soupira t-elle, un tantinet exaspérée mais surtout, troublée par autant de sympathie à son égard. "Tu as été le seul à être un ami, un véritable ami, alors ne dis pas de bêtise, et surtout ne t'excuse pas, ce n'est pas de ta faute." essaya t-elle d'expliquer maladroitement avant de poursuivre sur un ton plus dur. "Ce n'était pas prévu, tout s'est passé en une matinée..."

Ponctuant sa phrase par une bonne inspiration afin de ne pas céder à la colère, elle soupira longuement, sans détacher ses yeux de ceux de son ancien frère martial.

"C'est à moi de m'excuser, et moi seule. Je ne voulais plus jamais entendre parler de cet endroit. Et je n'ai aucunement envie de te mettre en danger aujourd'hui en te racontant ce qu'il s'est passé parce que tu es... "

Saeko marqua une pause, prise au dépourvu par cette déclaration qui mettait à rude épreuve ses difficultés à ouvrir son coeur. Pourtant, elle ne devait pas tergiverser plus longtemps. Ce n'était pas si difficile.

"Tu es mon ami, et une personne... vraiment gentille..." confia t-elle avant d'être interrompu par l'arrivée d'un serveur. "Heu... Un Thé noir pour moi s'il vous plait." demanda t-elle après s'être raclée la gorge avant de se tourner vers Seiya dans l'attente de son choix.

Elle espérait sincèrement que ses confessions n'allaient pas trop suscité la curiosité de son ami, de peur de devoir en dévoiler un peu plus sur ce qu'il s'était passé... Son expérience au sein du Temple s'était mal terminée, certes, mais elle ne voulait pas passer pour la trouble fête en quête de chaos.

Pas pour le moment.

Ah, voilà - Seiya n’était donc pas si nul, ou incapable, en matière de relations humaines. La preuve, il arrivait à faire sourire Eiko. Oh, pas un énorme sourire qui allait jusqu’aux oreilles, ce n’était pas le genre de son amie ; mais un sourire tout de même, et cela le ramena à des jours plus simples, où Eiko était encore là, où il n’avait pas besoin de lutter pour savoir quoi dire de peur qu’elle s’en aille de nouveau, et cette fois à tout jamais..en d’autres termes, qu’elle ne revienne jamais à Hikyo. Des jours où ils voyageaient ensemble, s’entraidaient pour leur apprentissage. Où ils étaient amis, tout simplement. Mais pas au point qu’il n’ait pas pu l’aider à la période où elle aurait eu vraiment besoin de lui ; parce qu’il était trop absorbé par son propre nombril, il n’avait rien vu.

Son coeur était serré, alors qu’il n’avait envie que de demander pardon à son amie.

“Oh.” murmura-t-il. Est-ce que c’était une partie de sa culpabilité qui s’envolait, en entendant que tout s’était passé en une matinée, et qu’il n’avait rien à se reprocher - qu’il n’avait rien à voir dans cette affaire? Oui. Il s’était senti si inquiet, si déprimé, au départ de son amie. Non, pire encore, il s’était senti si abandonné. Et seul, un peu comme un animal abandonné. “Est-ce que..quelqu’un t’a fait du mal ? Ou mal parlé de toi ? Un autre disciple ? Tu..veux que j’intervienne ?” Il était prêt à en découdre, pour rétablir l’honneur d’Eiko. Peut-être était-ce un peu inconsidéré  à cause de son rang, de sa jeunesse, de son manque de séniorité ; mais Eiko était son amie, et savoir que quelque chose ou quelqu’un l’avait marquée au point qu’elle ait quitté le Temple..Cela lui était insupportable. Il ne voulait pas néanmoins, se montrer indiscret mais..

Il pensait que si ce quelque chose n’était pas arrivé, Eiko serait restée au Temple, et qu’il n’aurait pas eu à traverser cette période de doute et de solitude, et qu’ils auraient pu continuer  à progresser ensemble en tant que frère et soeur martiaux.

“Me..mettre en danger ?” répéta-t-il, lentement. Ses yeux s’étaient écarquillés. Cela lui semblait une affaire bien plus sérieuse qu’il ne l’aurait pensé. Il luttait, fort, pour ne pas lui demander ce qu’il en était à son amie ; il se disait que c’était terriblement indiscret, qu’ils étaient en public, qu’elle ne voulait pas qu’on l’entende ; qu’elle venait littéralement de lui dire qu’elle ne voulait pas l’impliquer pour sa sécurité. C’était frustrant, c’était déchirant, au sens propre du terme. “Mais enfin, Eiko - “ commença-t-il, avant qu’elle ne lui confie ce qui le paraissait.. Il n’avait même pas les mots. Une énormité ? Oui peut-être.

“Je ne suis pas gentil. Je l’étais, avant, sans doute.  Mais plus maintenant.“   Oui, avant, avant qu’il ne se prenne la vie de plein fouet comme un rhino-komodo, qu’on lui fasse comprendre que cela ne mènerait à rien. Être gentil à Hikyo, surtout dans sa position, c’était dangereux ; il s’était débarrassé de cette gentillesse naïve comme un serpent se débarrasse de sa mue. Avant de renaître en tant que disciple du Temple du Soleil Pourpre, là où la compassion n’avait pas droit de cité. Seiya secoua la tête. “Je ne sais pas ce qu’il vous prend à toi et Grand Frère Jun, à me voir bien meilleur que je ne suis..” Et cela était la vérité. Jun semblait le voir comme la dernière merveille du monde, incapable d’entendre la moindre critique à son égard, ou pire, auto-critique. Cela lui faisait penser à Shi Xiaoliang, aussi - qui semblait penser que son petit tour pour se débarrasser de ses agresseurs était un acte incroyable, alors que c’était une technique ma foi assez basique.

“Je prendrai un thé au jasmin” ajouta-t-il à l’intention du serveur. Quelque chose de très traditionnel, sans doute, mais peut-être qu’il avait besoin de rester strictement dans les clous ce jour-là. Toujours pour se donner cette impression de normalité, alors que rien ne lui semblait très normal - se donner une ancre, en quelque sorte.

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Tu avais changé, Saeko, depuis ton départ de la Secte. Ton voyage t'avait permis de te recentrer sur toi-même, de retrouver un équilibre mental, encore fragile certes, mais maitrisé un minimum pour éviter de sombrer à nouveau... Tu avais réussi à pardonner, réfléchir, avancer, te confronter à la triste réalité. Cela t'avait fait évoluer, dans le bon sens, car tu étais bien plus douce et plus ouverte que par le passé.

Et il en avait été de même pour Seiya... Toutefois, dans un tout autre sens que le tien. Des mois s'étaient écoulés depuis votre dernière entrevue, des mois qui avaient forgé le caractère de cet ancien frère martial qui te montrait par ses mots, qu'il n'était plus celui que tu avais connu. Il avait... changé, mûri, évolué, grandi, mais surtout, pris en caractère. Tout en écoutant attentivement ses paroles, tu constatas que tu t'étais bien fourvoyée en souhaitant préserver ses oreilles de la vérité...  Il était prêt à se battre, et sans doute encore plus prêt à entendre ce que tu avais à dire...

Mais pouvais-tu réellement te le permettre ?

"Tu es bien meilleur que tu ne le penses, Seiya. On a toujours eu raison avec Jun." répondis-tu alors en laissant une ombre de sourire passer sur tes lèvres. "Mais là n'est pas la question." repris-tu avec sérieux interrompue par les thés déposés délicatement sous vos nez.  

Adressant un signe de la tête au serveur pour le remercier, tu perdis un moment ton regard au centre de ta tasse... Que pouvais-tu dire de plus pour qu'il comprenne que la situation était complexe, peu importait son niveau ou encore sa détermination.

"Si seulement, cela avait été des disciples..." soufflas-tu en fermant les yeux.

Kuroda Akane, Sakai Shohei, Sakai Kaori... Des pointures de la Nation du Feu... Du Temple du Soleil Pourpre... Ta famille aussi, mais tu n'arriverais pas à lui dire. Pas comme ça... Et puis, il était lié à ta mère biologique... Cet aveu pouvait mettre à mal tes projets de vengeance... Mais en même temps, tu voulais te décharger du poids qui pesait sur tes épaules.

Alors, que faire ?

"Tu seras en danger... Parce qu'il est... ignoble... et qu'il mérite de ne jamais avoir été un maître du feu" crachas-tu sans le vouloir entre tes dents serrées. Seiya allait-il comprendre que tu parlais de ce maître effrayant qui était de la famille maudite ? Tu n'avais aucun doute là dessus.  Cependant, tu avais osé franchir certaines limites... Et tu avais beau avoir un ami sous les yeux, il n'en restait pas moins un disciple de cet endroit que tu avais fui et que tu haïssais...

" C'est seulement... Un des trois... et... Désolée. Je ne devrais pas en parler."

Finalement, tu te ravisas, craignant de subir la colère de Seiya... Seiya qui avait changé, Seiya qui appartenait toujours au Temple du Soleil Pourpre... Si tu avais été trop loin, tu allais en être informée, et le thé de l'amitié allait vite avoir un goût amer...

Mais, n'avait-il pas voulu en savoir plus ?

Pour un peu il se sentait comme ramené dans le passé, à discuter paisiblement avec Eiko. C’était perturbant comme impression, alors qu’il y avait le rhino-komodo dans la pièce entre eux que ni l’un ni l’autre ne pouvaient ignorer : la disparition, ou, devrait-il dire maintenant qu’il avait un peu plus d’explication, la fuite de la jeune femme. Ils s’en approchaient, doucement, de ce sujet un peu sensible ; à tâtons, maladroitement. Mais il ne pouvait pas dire à Eiko qu’elle lui avait manqué, terriblement , ou qu’il s’était senti comme un chiot abandonné, encore plus terriblement. Il ne voulait pas la faire culpabiliser ; il ne voulait pas non plus trop se révéler. Peut-être qu’il retombait dans son travers que Jun ne semblait pas vraiment apprécier, à savoir toujours tout garder pour lui jusqu’à ce qu’il implose ;mais tant pis. En public, il devait se montrer digne.

“Je crains de devoir te contredire sur ce point.” Réponse rapide, amusée, désabusée même. Seiya n’entendrait jamais le moindre commentaire sur une prétendue gentillesse ou noblesse d’âme sans protester, peu importait le nombre de fois où on lui prétendrait le contraire. “Mais peu importe, en effet.” Sauvé par le serveur qui apportait le thé, effectivement ; il n’était pas mécontent que cette conversation soit interrompue. Il n’était pas à l’aise avec l’idée de faire une dissection, ah, de son caractère en public. La simple idée le mettait mal à l’aise.

Mais les sourcils de Seiya se froncèrent lorsque son amie reprit la parole. Si ce n’était pas des disciples, c’était qu’il fallait plus haut dans la hiérarchie du Temple. Pas des disciples seniors, donc..des Maîtres et des Grands-Maîtres, et là, cela semblait compliqué. S’il allait contre des personnes de ce rang, il lui en coûterait seulement. Que devait-il faire, entre rétablir l’honneur de son amie et faire profil bas, étant donné la dette qu’il avait envers le Temple ? Il ne savait pas, et Seiya se perdit un instant dans la contemplation de sa tasse de thé. Si seulement le chemin à suivre était aussi clair que son thé.. Est-ce que c’était égoïste de sa part, de penser aussi à lui, à sa situation, à sa dette aussi ? Le Temple lui avait tout donné, à commencer par un réel sentiment d’utilité.

“Tu n’as pas à en parler si tu n’en as pas envie, Eiko.” répondit-il, doucement. Elle lui avait déjà révélé beaucoup de choses ; à la fois trop et pas assez. Trois personnes lui avaient fait du mal..dont un homme, ignoble, qui méritait de ne pas maîtriser le feu. Cela pouvait sans doute correspondre à un certain nombre de personnes dans la Nation du Feu. Des personnes ignobles, il en connaissait un certain nombre, à commencer par sa propre famille. Et parfois, certaines personnes maîtrisaient le feu alors qu’elles n’en étaient pas dignes non plus. La vie était faite bizarrement. “Je suis juste..désolé que cela te soit arrivé.” Il ne pensait pas qu’il aurait du être là pour la protéger, enfin, si, un peu, mais il fallait malheureusement être réaliste ; face à un Maître ou un Grand Maître, il n’aurait pas tenu longtemps. Toujours cette histoire d’anneau-foudre, de techniques qui lui étaient encore inconnues..de sa propre médiocrité aussi. “Je ne suis pas encore assez fort pour protéger tous ceux auxquels je tiens, à ce que je vois.” Toujours pas. Toujours médiocre, et en attendant, c’était son entourage qui trinquait.

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Seiya était sage, bien plus que tu ne l'avais été lorsque tu arpentais les allées du Temple du Soleil Pourpre, même s'il ne semblait pas être conscient de sa valeur. Oh, tu ne comptais pas débattre là dessus, car il aurait fallu avoir son frère à tes côtés pour tenter de lui faire entendre raison... Et puis, il y avait tes aveux, qui venaient littéralement de changer l'ambiance...

Tu avais le droit de garder cela pour toi d'après lui, lui qui s'excusait pour ce qu'il s'était passé alors qui ignorait tout, lui qui s'en voulait de ne pas être assez fort pour ceux qui avaient une place dans son coeur.

Face à ses mots, tu finis par faire une chose complètement inattendue. Car tu me mis à rire, Saeko, à rire nerveusement bien sûr, mais il y avait de quoi surprendre celui qui n'avait jamais eu l'occasion d'être témoin d'une telle démonstration.

"Ahaha ! Non, Seiya, ce n'est pas une question de force... "

Pour sûr, il y avait cet héritage familial lourd, puis ces têtes connues à la puissance avérée qui s'étaient dressées sur ton chemin. A deux, contre le trio légendaire ? La vision était réellement comique... Mais pouvais-tu seulement lui en parler ? Pouvais-tu lui faire confiance et alléger le poids du secret qui pesait sur ta conscience.

" J'ai appris que ma mère biologique, était au Temple, depuis toutes ces années. Mais elle n'était pas seule." finis-tu par souffler à Seiya entre deux gorgées de thé visant à te donner du courage. Ton ancien frère de armes faisait partie des rares personnes qui étaient au courant pour ton passé. Cet épisode de ta vie un peu trouble, pour cet abandon au sein de la nation du feu alors que tu avais trois ans à peine... "Je ne pouvais plus rester là-bas.... C'était impossible. Rien n'aurait pu empêcher mon départ, ou encore la façon dont cela s'est fait." expliquas-tu avec sincérité, d'une voix calme et contrôlée. "Alors, ne t'en veux pas..."

Matsumoto Seiya était sage... Sans doute une des rares âmes, avec son frère, à être bonnes au sein de cette famille dont tu espérais te venger... Cependant, et afin de le préserver, tu te retins d'en dire plus... De peur de l'effrayer ou encore de semer le trouble dans son esprit. Chose qu'il ne méritait pas le moins du monde...

Et puis, ce n'était pas comme si le maître que vous aviez eu en commun, et qui restait à l'heure actuelle le sien, était en réalité ta mère..

Toujours ce besoin de prendre toutes les responsabilités sur ses épaules, de s’auto-flageller aussi parfois pour les choses les plus infimes, de se faire une liste de reproches plus longue que la hauteur Nord-Sud de la Nation du feu ; pour cela, Seiya ne changerait pas. C’était comme s’il avait un problème de dosage, pour parler comme les poisons qu’il affectionnait tant confectionner. Soit il était suprêmement (hautainement) indifférent, soit il se préoccupait trop. Et là, face à Eiko qui lui racontait avoir eu des soucis avec des membres du Temple, même hauts placés, de nouveau il se préoccupait trop, parce qu’Eiko avait été sa seule amie au Temple, et que pour cela il lui en était infiniment reconnaissant même s’il ne l’aurait jamais dit à haute voix ; alors l’idée que quelque chose lui soit arrivé, cela lui était intolérable, donc son esprit se figurait que tout était encore de sa faute, parce que c’était plus simple pour lui s’il pouvait s’auto-blâmer.  C’était de sa faute s’il n’avait rien vu, c’était de sa faute s’il n’avait pu protéger Eiko, et même s’il s’excusait des milliers de fois cela n’apaiserait pas sa culpabilité.

Que s’était-il donc passé, ce fameux jour..Question épineuse, à laquelle il avait un peu peur d’avoir des réponses. Il ne pouvait émettre que des hypothèses, et aucune n’était  satisfaisante. Malgré ce que disait Eiko, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait du être là à ses côtés pour affronter ce qu’elle avait affronté, et tant pis si cela aurait mal fini pour lui.  La culpabilité du survivant peut-être, d’un côté..Lui était resté, inconscient qu’un évènement dramatique s’était produit au Temple.Il se sentait bête.

“Si tu le dis..” lâcha-t-il, pas vraiment convaincu. Encore un échec, ne pouvait-il s’empêcher de penser. Il les accumulait, il n’était pas bon à grand-chose, peu importait ce que Jun disait. Enfin, heureusement qu’il pouvait boire une gorgée de thé pour donner le change, pour essayer de faire croire à son amie que tout allait bien dans son esprit, qu’il n’était pas du tout en train de se dévaloriser. Il ne savait pas si cela marchait ; il n’était pas très bon acteur, et détestait encore plus mentir à ses proches. Eiko avait beau avoir disparu sans laisser de nouvelles, elle appartenait encore à cette dernière catégorie.

“Ta..mère..?” répéta le jeune homme,lentement. “Au Temple ? ” Quelque chose n’allait pas dans cette affaire. Trop de zones d’ombres et de mystères qu’il avait peur de dévoiler.  “Et c’est..pour ça que tu es partie..” Il essayait de résumer tant bien que mal cette histoire qui lui paraissait assez incroyable. Et pourtant..Eiko ne lui aurait pas menti, n’est-ce-pas ? Pourquoi irait-elle raconter des mensonges aussi invraisemblables. “J’imagine le choc..” A peine oui, parce que son imagination parfois si vive ne lui permettait pas d’aller aussi loin. “Et est-ce que..ta mère..était quelqu’un que tu connaissais bien ?..Tu n’as pas à me répondre si tu ne veux pas, bien entendu..” Son esprit s’était complètement focalisé là-dessus. D’un côté, il était content pour Eiko si elle avait pu percé le mystère de ses origines, mais de l’autre, visiblement, cela ne s’était pas tout à fait passé comme elle l’aurait voulu, comme le choc avait été si violent qu’elle s’était sentie obligée de partir, de fuir même, cette révélation..

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1ER MOIS DE L'ANNÉE 54  FT @Matsumoto Seiya

Que dire de plus ?

En réalité, Saeko, tu étais un peu perdue face à la curiosité de Seiya... De toutes les personnes que tu avais côtoyées par le passé, il était sans doute une des rares à qui tu te sentais de dire la vérité. Malheureusement, sa proximité avec ta mère biologique allait sans doute faire tomber le rideau sur toi, ta nouvelle vie et cette identité retrouvée. Étais-tu prête à te révélée au grand jour ou préférais-tu rester encore un peu dans l'ombre pour réfléchir à une stratégie parfaite pour mettre un bon coup de pied dans la fourmilière ?

"Ce n'est pas que je n'ai pas envie de te le dire... C'est pour toi." avouas-tu avec une certaine inquiétude perceptible dans ta voix. "Il ne faut pas que mon fardeau devienne le tien."

C'était bien là, tout le problème. Toutefois, le jeune homme que tu avais sous les yeux venait de te prouver qu'il avait bien changé... Celui que tu avais connu à l'époque aurait sans doute eu du mal à supporter tes aveux...

Mais pas ce Matsumoto Seiya.  

Alors, après une bonne inspiration, tu allas planter tes yeux dans les siens. Le visage fermé, tentant de trouver les mots justes, tu finis par ne plus réfléchir.

Cela ne servait à rien.

"Sakai Kaori est ma mère."  sifflas-tu entre tes dents, avant d'aller saisir ta tasse de thé avec douceur afin d'en vider un peu le contenu.

Tout était dit. Il n'y avait rien à ajouter. Ton ancienne frère martial savait pour ton abandon, tu lui avais parlé de Maeda Shinzo à l'époque, ce père adoptif qui t'avait recueillie, seule, dans les rues de la Capitale... Tes parents n'avaient pas voulu de toi, ou plutôt, tout venait d'elle, selon cette tante un peu folle qui avait tant attendu ton retour...

Il y avait tellement de choses à avouer finalement...

"J'avais l'emblème des Sakai avec moi. Tout ce temps. Mais je n'avais jamais compris... J'ai été une idiote, aveuglée, perdue..." On pouvait sentir l'animosité dans ta voix, mais elle était contrôlée... "Cela ne change rien en réalité, je suis bien contente d'être partie. Je peux enfin avancer. "

Une conclusion hâtive mais nécessaire pour éviter d'alarmer celui qui venait de prendre une vague de vérité en pleine figure. Il fallait bien avouer que tu ne savais plus quoi dire, craignant déjà de devoir faire face à un flot de réactions en tout genre.

Alors, tu restas là, silencieuse, à fixer Seiya... espérant qu'il n'allait pas te fuir comme tu avais fui le Temple il y a presque deux années.