Mr & Mrs Smith

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Contexte du Rp

XXIème siècle, époque actuelle

Est-ce que l'histoire de Jin et d'Ahloy était écrite ? Quelle que soit leur époque, leur maîtrise, leur âge ou leur vie ? Sûrement, parce que les voilà transposé au XXIème siècle, les voilà amants maudits, une fois de plus. Parce qu'ils s'aiment, évidemment, mais ils n'ont de cesse de se mentir l'un à l'autre. N'ayant pas confiance ... et à raison.

Leurs visages

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AHLOY Malgré une enfance chaotique et compliquée, Ahloy a finalement trouvé le bonheur dans une famille d’accueil des plus surprenantes… La police. Elle s’était donnée corps et âme pour rejoindre ceux qui l’avaient sauvée de la misère et elle se retrouve à présent Capitaine d’une section d’espionnage en plus d’être une simple « flic ». Elle traque le gang de Jin/Zhen sans savoir que l’homme est celui qui fait battre son cœur et qui partage sa vie depuis trois mois. Entre la famille et l’amour… elle va devoir choisir.

JIN alias ZHEN a très tôt appris à se débrouiller seul. Abandonnés par leurs parents très jeunes, son frère et lui ont rejoint un gang pour survivre. Après des années à faire des boulots ingrats, Jin a une nouvelle mission : sous une fausse identité, il doit séduire la flic qui les surveille pour tenter de récupérer des preuves et la mener sur le mauvais chemin.

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 Bien sûr, rien n’avait jamais été facile dans ta vie, constamment tu avais eu des merdes sur ta route, chaque fois qu’une mission semblait facile, tu te plantais en beauté. Sans ton frère, tu aurais été retrouvé dans un caniveau plus d’une fois, mais il avait toujours été là pour rattraper tes erreurs et, avec le temps, tu avais appris à les masquer toi-même. Et puis, tu as un jolie gueule, c’est ce qu’on te dit tout le temps avant de t’envoyer faire une connerie plus grosse que toi, peut être est-ce pour ça que parfois les autres sont plus indulgents avec toi ? Qu’importe, tu fais de ton mieux, avant de te planter en beauté.

Et aujourd’hui, tu t’es puissamment planté. Ta mission était simple, claire, nette : retrouver la personne qui vous fliquait et la faire taire une bonne foi pour toute. Sauf que… tu n’avais pas pu voler des preuves, tu n’avais pas su qui était la personne la plus douée pour vous retrouver, tu n’avais pas compris avant qu’il soit trop tard. Avant que tu tombes réellement amoureux d’Ahloy. Cette petite flic à des lieux de ce que tu es toi. Cette femme incroyable que tu allais devoir trahir. Cette nana avec qui tu partageais une bout de ta vie et votre lit.

Ahloy est coriace, ça fait trois mois que vous êtes ensemble, trois mois que tu la séduis à coup de fleurs, de mots doux et de regard langoureux, trois mois que tu ronges ton frein parce qu’elle ne dévoile rien de son boulot, trois mois que chaque jour, tu glisses un peu plus du mauvais côté.

Ce soir pourtant, tu ne fais pas dans le sentimentalisme, même si tu devrais jouer ton rôle jusqu’au bout, l’argent facile te manque, c’est risqué, tu le sais, mais c’est un ancien client, un de ceux que tu connais bien, depuis des années, un de ceux qui ont toujours payé en temps et en heure. Et puis, tu pourras acheter un beau cadeau à Ahloy, genre un voyage, pour vous barrer loin d’ici et peut être ne jamais revenir.

Adossé contre le mur, dans ton costume élégant, tu attends dans l’ombre. Le lampadaire éclaire l’autre côté de la rue, si bien que tu vois qui arrive. Tu entends le moteur, mais il te semble différent de d’habitude, à cet instant, tu commences à te poser des questions que tu balaies d’une main. Est-ce que c’est elle qui t’a rendu moins méfiant ? Tu t’avances en même temps que la porte s’ouvre, restant à la limite de l’ombre, la mallette à la main. Et tu retiens ton souffle quand la silhouette se découpe dans la lumière.

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 C'était le grand soir. Mon coeur battait furieusement dans ma poitrine, au rythme de l'adrénaline qui faisait gonfler mes tempes. Enfin, on allait coincer un des membres du Gang le plus important de la ville... Après tous ces mois d'enquête, de traque, de cul-de-sac... J'en avais passé, des nuits blanches... Car il fallait bien l'avouer, mon boulot, ça avait toujours été toute ma vie. Ou plutôt, la base la plus saine.

Ma famille biologique, je l'avais fui, pour des raisons... spéciales. Les riches aristos qui vénéraient le mariage arrangé et considéraient la femme commun objet avait eu raison de ma fugue. Entre la misère et la vie prisonnière d'une cage dorée, mon choix avait vite été fait. Pourtant, j'avais galéré, connu des situations plutôt... désagréableS, mais des mains tendues m'avaient sauvée. Un binôme de flics qui décida de me prendre sous son aile après mon sauvetage... Mes anges... Mes protecteurs... Et voilà que ma vocation s'était tracée naturellement. Je voulais suivre le même chemin, parce que la grande famille de forces de l'ordre m'avait accueillie, aidée, mais surtout, permis de renaître littéralement.

Ainsi, j'avais tout fait pour passer les concours et monter en grade. La joie de devenir Capitaine d'une escouade plutôt secrète quelques années plus tard avait gonflé mon égo au maximum. Simple flic en apparence, je jouais un double jeu, parce que j'avais toujours été douée pour ça et surtout parce que c'était... enivrant.

Alors quel plaisir d'être mise sur une grosse affaire ! Mais en même temps... Un challenge. Car oui, la vie avait décidé de mettre un homme sur mon chemin, l'amour d'une vie sans doute même si ça faisait seulement trois mois que nous étions ensemble. Pile au moment où je devais faire mes preuves, la plaie non ? Mais. la situation complexe allait enfin prendre fin car une fois le Gang à terre, ma vie allait redevenir... un peu plus normale. Ou presque.

Essayant de ne pas penser à Zhen et à cette vérité que j'allais lui devoir sur mon véritable job, je fixais la route, prête à en découdre... J'approchais du lieu de rendez-vous... La consécration... Le client habituel, qui était de notre côté depuis tout ce temps, n'allait pas débarquer non. C'était à moi de le faire,, prétextant être son bras droit, pour coincer la première pièce du puzzle. Pièce qui devait m'attendre sagement d'ailleurs.

* C'est bon.. *

Le monteur se coupa, et j'inspirai longuement en regardant mon reflet dans le rétroviseur. Un chapeau noir, aussi large qu'élégant couvrait ma tête et camouflait une partie de mon visage une fois incliné... Le corps piégé dans une longue robe tailleur de la même couleur que le couvre-chef, je pris une bonne inspiration avoir d'ouvrir la porte afin de faire claquer mes talons sur le sol.

D'un rapide coup d'oeil, j'avais perçu une silhouette au loin, sans en savoir plus. Baissant la tête pour éviter d'afficher clairement mon visage, et garder une belle part de mystère, je décidai de me faire entendre, d'une voix qui aurait pu rappeler celle de ma mère. Horrible aristocrate au balais coincé dans un certain endroit du corps.

"Mr Lovkoz ne pouvait pas se déplacer pour vous ce soir. Je suis Liv, sa pupille. "

Ainsi, j'avançai, toujours le visage camouflé par l'ombre de mon chapeau... jusqu'à être à quelques mètres de ma cible.

"Et vous... vous êtes ?" lançai-je avec assurance en relevant enfin la tête pour fixer ma proie.

Grosse erreur suivie d'une belle claque.

*PUTAIN DE ??!!! C'EST QUOI CE DÉLIRE*

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 Ok ça pue. C'est clair, c'est une femme qui sort, magnifique dans sa robe près du corps, même s'il fait bien trop sombre pour admirer ses courbes. Le grand chapeau noir qui recouvre sa tête m'empêche de bien la voir. Et soudain, la méfiance reprend le dessus. C'est mon job, c'est toute ma vie et même si j'ai un sixième sens proche de zéro - la preuve je suis encore là à attendre qu'il se passe quelque chose au lieu de déguerpir vite fait - je commence à trouver ça louche.

Une voix s'échappe depuis le visage masqué et j'ai un frisson désagréable. Cette voix est affreuse, emprunté aux vieux bourgeois que j'exècre, ce qui ont tout dans leur vie, ceux qui sont heureux et roulent sur l'or pendant que je galère à récupérer des miettes. J'ai les poings qui se serrent. Je veux voir mon client habituel, cette nana-là, clairement, elle vient pas pour ça, elle ressemble à rien de ce que je vois d'habitude. Oh, des femmes j'en ai servies, mais pas des comme elle. Je recule d'un pas, instinctivement, pour ne pas être trop proche de la lumière, mais l'autre elle ne fait qu'avancer.

La deuxième phrase qu'elle prononce m'arrête net. Il y a moins la pointe d'arrogance, et on ton plus déterminé qui me rappelle quelqu'un sans que j'arrive à savoir qui. Jusqu'à ce qu'elle relève la tête. Oh non. Oh non non non.

En quelques secondes mon coeur se met à tambouriner contre ma poitrine et ce n'est pas de l'amour, c'est une frayeur énorme. La peur me paralyse le cerveau et les liens ont du mal à se faire. Est-ce que je viens de faire la pire erreur de ma vie ou ai-je été traqué tout ce long ? Est-ce elle la fautive, la menteuse ? Est-ce réellement elle qui nous traquait ? Les battements de mon coeur ne diminuent pas et mon souffle se bloque dans ma gorge. Il faut que je prenne une décision, maintenant, tout de suite.

Alors, je décide de courir.

Je la connais, je sais combien elle est efficace, musclée et rapide, je sais qu'elle va me rattraper et qu'elle a largement la force de me plaquer au sol, mais je compte sur son air choqué, je compte sur le fait qu'elle n'ait jamais eu à courir pour se sauver la vie pour gagner quelques secondes d'avances. Ici, c'est chez moi, mon quartier, mes rues, si j'arrive à être assez rapide, je peux la semer. Je cours à m'en perdre haleine, je saute sur une poubelle, j'essaie de grimper, mais c'est Cheng qui est doué pour ça. Pas moi.

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 Zhen ? Non. Impossible. J'hallucinais. Clairement. Il occupait tellement mes pensées que je venais de voir son visage, il n'y avait pas d'autre explication, non ?

Mais pourquoi fuir ? Car oui, alors que je m'étais décomposée en faisant voler en éclat ma couverture et mon faux air de garce richissime, l'homme avait... détalé comme un lapin. Figée, fixant le vide un court instant, tentant de reprendre le souffle que je venais de perdre, je restai quelques secondes sans rien faire... Bien trop... chamboulée.

* J'ai rêvé...*

C'était évident. Zhen n'était pas un truand, et encore moins un membre de ce fichu gang. Mon amour m'avait aveuglé. Et je devais rapidement corriger mon erreur, sous peine de voir plusieurs mois de travail voler en éclat. Il avait un frère, je le savais... Et si j'avais mal vu ?

Ni une ni deux, j'enlevai mes talons en les faisant valser dans les airs avec violence, puis, arrachai cette fichue robe afin de pouvoir courir beaucoup plus rapidement. Le bougre avait beau avoir de l'avance, je comptais bien le rattraper. Attrapant alors au passage l'arme qui était restée coincée dans une sorte de porte-jartelle camouflé au niveau de ma cuisse, je fonçai, tête baissée, mâchoire serrée, encore secouée...

Rapide, je l'étais, mais... Le fait d'avancer un peu plus vers ma proie venait me troubler. Vraiment, de dos... C'était lui.

* Arrête tes conneries putain. *

Nouveau virage, nouvel obstacle. Une poubelle. La Sainte Poubelle même car elle me permit de stopper ma course, arme pointée sur ma cible après avoir fait entendre le cliquetis caractéristique d'une mise en joue.

"TU N'BOUGES PLUS ! MAINS AU D'SSUS D'LA TÊTE !" criai-je avec force et rage.

Mon coeur s'arrêta net à la vue de la silhouette de celui dont l'identité me perdait. Et si... c'était bien lui ? Pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à poser cette putain de dernière question ?

"TU...TU !"

Les mots voulaient sortir, mais je les retenais. Je ne voulais pas imaginer le pire, ou même y être confronter. Pourtant, rester dans l'expectative n'était pas bon. Je devais être fixée...

"TU VAS T'RETOURNER, LENTEMENT."

J'avais lancé mon ordre, l'arme toujours pointée sur lui, le palpitant au bord des lèvres. Dans quelques secondes, j'allais savoir. Savoir si j'avais halluciné, ou si 'l'homme que j'aimais m'avait menti depuis le début.

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 C'est la poubelle la fautive, la poubelle qui me fait m'arrêter net, je suis pas fait pour la cavale. Je suis doué pour faire des sourires ou me cacher dans un trou, pas pour tout le reste.

Son cri, il est inhumain, mais c'est le cliquetis de l'arme qui m'empêche de rire. Elle est capable de tirer ? En règle générale, les gentils ils ne tirent pas vraiment, ils menacent, ils veulent gagner c'est sûr, mais est-ce qu'ils tirent ? Et Ahloy, va-t-elle tirer ? En est-elle capable ? Car je n'ai plus le moindre doute, c'est n'est pas une gentille flic qui fait d'la paperasse devant moi, c'est une traqueuse qui est sur ma trace depuis des mois, des années. Comment j'ai fait pour le louper ? Elle m'a embobiné ? J'efface tout ça de mes pensées, mon coeur bat à tout rompre et je sais que je n'ai plus que quelques secondes pour obéir à ses ordres, après, personne ne sait ce qui risque de se passer.

Lentement, je lève mes mains. Je suis toujours dos à elle et je pose mes mains sur mon front. J'ai même pas attrapé mon arme dans ma course, mais aurais-je été capable de l'utiliser contre elle ? Les sueurs froides qui glissent le long de mes joues me font hésiter, j'ai toujours été un lâche, je n'étais pas sur le devant de la scène, moins doué que mon frère, j'en profitais pour me cacher derrière lui.

Elle hurle encore ses ordres, heureusement qu'il n'y a personne dans cette partie-ci de la ville à cette heure-là, parce que sinon, on aurait déjà eu un groupe de commère au bord des fenêtres. J'avale ma salive avec difficulté, je me force à respirer un grand coup pour tenter de calmer la course effrénée de mon coeur dans ma poitrine et, avec une lenteur extrême je me retourne.

Merde. Elle est affreusement canon comme ça. Le souffle court, les mains tendues, la jupe classe fendue sur le côté qui laisse voir son porte-jarretelle dans lequel devait se trouver son arme. Elle est bandante. Je suis malade de songer à ça maintenant ? Certainement, mais je peux pas m'en empêcher. Si elle m'envoie en prison, qu'au moins j'ai eu droit une dernière fois à ses caresses.

- C'est injuste tu sais, commençai-je doucement, que tu sois incroyablement sexy dans cette situation.

A part parler, je n'ai pas bougé, j'ai suivi ses ordres, j'ai encore les mains sur la tête, j'ai encore mon costume qui me fait crever le chaud et je crois bien qu'un des boutons de ma chemise a sauté dans la course.

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Je n'y croyais pas. Putain, non, je ne voulais pas y croire en réalité. Et pourtant, c'était bien Zhen qui se trouvait là, essoufflé, chemise à demi-ouverte en guise de provocation ultime pour me rappeler de tendres souvenirs, alors que la colère prenait place dans mon esprit avec sa meilleure amie, l'incompréhension.

Qu'est-ce qu'il foutait là ? J'avais la réponse en y réfléchissant bien, mais mon cerveau n'était pas en jambe pour une partie de casse-tête. Les mains soudainement tremblantes, je restai silencieuse, le souffle rauque, les yeux rivés sur l'homme qui avait trouvé une tirade totalement déplacée en guise de réponse. Un acte qui me fit réagir instinctivement.

"BORDEL MAIS FERME-LA" hurlai-je soudainement de rage en sentant des larmes me picoter les yeux.

J'avais voulu tirer à ses pieds, juste pour lui foutre la trouille mais j'avais refusé d'attirer l'attention sur notre position... Et puis vu dans l'état dans lequel je me trouvais, ça aurait été clairement risqué. Il me fallait un homme vivant, pas un cadavre... Même si ma colère ne s'apaisait pas le moins du monde.

"C'est quoi ça ? Hein ?" grondai-je en essayant de retrouver un semblant de calme. "Qu'est c'tu fous là Zhen ?"

Question bête. Je savais la réponse, non ? J'avais seulement besoin de l'entendre, oui de l'entendre de sa bouche... Face à son mutisme, je gardais mes œillères.. et mon arme braquée sur lui...

Lui. Zhen. L'homme que j'aimais et qui d'un coup, me paraissait inconnu. L'homme avec qui j'avais partagé ma vie pendant trois mois, et à qui j'avais espéré dire la vérité sur mon métier complexe un jour... Comment j'avais pu me planter à ce point sur son compte ? L'amour m'avait rendu aveugle ? Mais d'ailleurs, ce sentiment... Il avait été réel ou bien... ?

Mes tripes se retournèrent à la simple idée d'une fausse idylle. J'allais sans doute trop loin dans mon raisonnement. Déformation professionnelle. Je devais arrêter de réfléchir, pour me concentrer sur lui, et son fichu bouton de chemise disparu.

 

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Nouveau cri de rage de sa part, elle est bouleversée, je le vois. Et moi... je sens la barrière s'effondrer. C'était facile de penser à autre chose, c'était aisé de courir pour sa vie plutôt que de se poser les bonnes questions. J'ai toujours construit d'énormes murailles autour de moi pour justement éviter ce cas de figure qui me terrifie. Être pris, pire, être trouvé par la personne la plus chère que j'ai dans ce monde. Ahloy. Et dire que ça ne dure que depuis trois mois, mais maintenant que je suis sur le point de bascule, je peux mieux envisager ce déchirement. D'un côté c'est Ahloy, pleine de vie, cette femme incroyable qui me fait rire et soupirer. De l'autre, c'est à peine une demi-vie, maudite et dangereuse. En réalité, l'unique possibilité qui me retiendrait c'est mon frère. Cheng, je ne peux pas l'abandonner.

Mais aujourd'hui, quoiqu'il se passe, j'en abandonnerai un.
Et mon coeur se brise en morceau.

Ce n'est plus le moment de jouer, mon masque s'efface, mes épaules s'affaissent, même si je fais bien attention à ce que mon visage lui soit visible - je ne veux pas être tué pour rien. Mes yeux se font aussi brillants que les siens. J'inspire profondément, la vérité, je lui dois la vérité.
 
- Je m'appelle Jin, Zhen... Zhen n'est pas mon nom.

Mon coeur bat à tout rompre et mes yeux me brûlent, mais je ne lâche pas son regard. Je veux qu'elle sache que je lui dévoile tout, que j'arrête de courir, que j'arrête de me battre, c'est fini pour moi. J'espère qu'au moins, elle, pourra continuer.

- J'étais censé te séduire pour te mettre hors de cause, j'ai perdu, tu as gagné.

Lentement, toujours sous la menace de son arme, je tends mes mains devant elle, en signe de reddition. J'abandonne, j'ai tout perdu. Son amour, s'il a un jour existé, ne peut pas traverser cette épreuve. Et j'ai aussi fait défaut à mon frère. En prison je ne leur serais pas utile. Maintenant, il ne me reste plus qu'à me taire et ne rien dévoiler d'autre, le gang, ce sera mon ultime action : ne pas les trahir. Puisque j'ai trahi tout le reste.

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"Putain de."

Le juron était sorti tout seul face à la révélation de la fausse identité. Bordel, je m'en voulais... Je m'en voulais d'avoir été piégée comme une bleue. J'avais envie de fracasser mon poing contre le mur jusqu'à en avoir les phalanges brisées, pour me défouler, pour vider cette colère et cette tristesse qui prenaient mes tripes en otage. Mais malgré tout, je restais là, à fulminer, le regard noir, l'arme toujours pointée sur ce fameux Jin que je ne connaissais pas. Pour le coup, je ne tremblais plus.

Pour le moment.

Car bien sûr, le pire arriva. Le genre d'aveu bien violent, le genre à dépasser l'échelle humaine de la douleur psychique.

"Non..." grondai-je en baissant mon bras armé, la machoire serrée.

Je déraillais. Prendre en pleine face que le sentiment humain le plus fort au monde avait été au coeur d'une belle manipulation m'avait littéralement mise à terre. Le souffle court, les mains passant dans cesse dans mes cheveux, je me mis à tourner le dos à mon adversaire, pour faire les cent pas, pour essayer de trouver de l'air...

* Un enfoiré, putain, c'est un enfoiré. C'pas possible... C'pas possible. *
"Comment j'ai pu...être aussi CONNE !!!!!"

Nouvel élan de colère, j'avais hurlé en m'en déchirer les cordes vocales, les yeux emplis de larmes. Galvanisée par ce sentiment néfaste qu'était la haine, je repris ma position initiale, mon arme à nouveau en bonne position pour commettre l'irréparable, tremblante. Encore.

Mais alors que je comptais partir dans un monologue teinté de venin, mon portable se mit à sonner.

L'équipe qui entendait mon feu vert devait s'inquiéter.

"Tu. Bouges. Pas." articulai-je entre mes dents tout en décrochant de ma main valide, haut parleur enclenché.

"Echo appelle Alpha, quels sont vos ordres ? "

Incapable de répondre. Complètement perdue, je regardais Zhen, enfin, Jin, pour tenter de déceler quelque chose, pour essayer de comprendre davantage... Espoir futile visant à sauver une idylle perdue. J'étais pathétique.

"Alpha à Echo. Rejoignez ma position." tranchai-je d'une voix glaciale.

Combien de temps est-ce qu' on avait encore rien que tous les deux ? Quelques minutes... Minutes qui allaient être longues mais pas assez à mon goût. Je n'étais pas redescendue, je n'allais pas avoir l'occasion de le faire, je me connaissais trop bien. Mes capacités d'analyse venaient de voler en éclat, les larmes coulaient chaudement sur mes joues malgré mon faciès qui se voulait stoïque...

Déçue, brisée, perdue, je gardais cependant la tête haute.

"Oh non, j'ai pas gagné espèce de salaud. J'ai tout perdu."

Et oui. Au final, dans cette histoire... Il n'y avait pas de vainqueur... Il n'y en aurait jamais.

 

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"Comment j'ai pu...être aussi CONNE !!!!!"

Elle s'effondre, je la vois. Je la sens partir en couille. Ne pas gérer les informations. Et un léger espoir renaît en moi. Et si... et si tout n'était pas que mensonge ? Et si elle ne savait vraiment pas pour moi ? Clairement, elle n'est pas en train de jouer double, je la vois bien réfléchir à toute vitesse mais être incapable de prendre une décision.

Puis l'appel. Et là je comprends que c'est la fin. Rejoignez ma position. Nous n'avons quoi, plus que quelques minutes. Après, ce sera trop tard, après ce sera fini. Après je la perdrais à tout jamais.

C'est le désespoir qui me fait parler. Mes mots s'échappent de mes lèvres à toute vitesse, parce que c'est mes derniers instants, après, il ne restera plus rien de nous. Je resterai seul avec mes souvenirs et ça me terrifie.

- Ahloy, j'avais pas prévu non plus. Je ne savais pas tout. Je te jure. Je te croyais vraiment petite flic, je pensais juste, je sais pas, qu'ils voulaient me tester, je dirais rien sur le gang parce que je peux pas, j'leur ai déjà tout fait perdre, mais toi Ahloy... c'était vrai. C'était la première fois que c'était vrai, la première fois que ça comptait.

Je sais qu'elle ne veut pas m'écouter, je sais qu'elle s'en fiche, que c'est trop tard, que je l'ai brisé autant que je suis brisé moi-même. C'était une mauvaise idée, depuis le début, mais je veux qu'elle finisse sa vie en songeant à moi de manière positive, qu'elle garde un sourire en songeant à ces quelques mois ensemble. Trois mois, pour une vie entière. C'est rien. Putain de rien. C'est pas juste. Mes mots se déversent à nouveau, je ressens cette urgence qui me pousse à me confier.

- Ahloy pardon, pardon, pardon. C'est pas juste, rien n'est juste, mais je te jure, que si c'était à refaire, tout, la fin en prison comprise, je le referai, rien que pour passer ces trois mois avec toi. Ils ont été les trois plus beaux mois de ma vie, tu es un soleil, une putain de comète qui brûle tout sur son passage et je veux encore me brûler les yeux en ta compagnie. Parce que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans lumière. Alors merci de l'avoir été, pendant ce cours laps de temps, et pardon, pardon d'avoir tout gâché.

C'est en essuyant mes joues que je me rends compte que je pleure. Je repose rapidement mes mains sur ma tête, je ne veux pas qu'elle croit que je lui mens, que je vais la doubler. J'avais jamais prévu de la doubler. C'est bien ça le problème avec moi, je ne réfléchis pas assez, j'agis et je regrette ensuite. Mais l'avoir aimé, ça, je ne le regretterai pas.

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Et voilà qu'il parlait, parlait sans s'arrêter, parlait sans me laisser le temps d'en placer une. Entre envie de le frapper, d'hurler et de l'écouter déblatérer ses conneries, je me contentais de le regarder, les yeux plissés, tout en gardant ma position.

Comment le croire ? Mais surtout, pourquoi ? Mon coeur battait à une vitesse vertigineuse, ses dernières paroles m'avaient achevée, littéralement. J'avais envie de lui faire confiance, de penser que le sentiment qu'il y avait eu entre nous et qui répondait au doux prénom amer de "l'amour" avait été pur, sincère... et pas une putain de mascarade.

Il me donnait envie d'y croire ce salaud...

"Oh... Tais... toi..." soupirai-je en fermant les yeux un court instant pour laisser quelques larmes rouler sur mes joues avec douleur.

La bataille faisait rage dans mon esprit, entre vérité et mensonge, rêve et raison... Le tableau ressemblait clairement au série dramatique à l'eau de rose saupoudré de tragédie. Un couple interdit, une romance cachée... Pourquoi est-ce que je n'avais rien vu ?

J'aurais bien voulu avoir le temps de réfléchir plus, mais je craignais le moment fatidique. Celui où mes collègues allaient débarquer... Bien sûr, il nous restait de longues minutes encore, car le plan n'aurait jamais dû se dérouler ainsi, mais quand même....

Je devais agir, et vite. Prendre une décision. Une décision difficile, mais sans doute la plus importante de ma vie.

"Casse-toi." tranchai-je alors malgré l'envie de me lancer dans un monologue à mon tour.

Car oui, j'en avais, des chose à dire. Cependant, ma gorge nouée et la colère montante ne m'aidaient pas.

"Tu sais, je." commençai-je avant de rire faussement. "Non. Rien. Dégage. Vite. Avant que la simple flic change d'avis."

Il valait mieux qu'il en soit ainsi. Sinon, ça risquait de finir en baston, ou pire... Arme toujours en main, je me montrai soudainement plus menaçante malgré mon faciès qui traduisait l'inverse.

Pourquoi il avait fallu que ça me tombe dessus ?

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Son ordre n'en est plus un, mais je lui obéis tout de même. Je me tais. J'ai laissé passer ma chance, j'ai avoué tout ce que j'avais à dire et maintenant... maintenant c'est terminé. Je reste silencieux, immobile. Les larmes sont sèches sur mes joues, et, si je n'ai jamais été réellement courageux, je sens que je suis incapable de faire le bon choix. Trop de possibilités s'ouvrent à moi.

Peut être est-ce le meilleur moment pour mourir. Si je fais un truc dangereux, elle me tira dessus et ce sera de la légitime défense. Personne ne prendra mon parti et elle sera libérée. Ou alors je peux ne rien dire, jamais et croupir en prison pour tous les autres. Ou partir en courant, fuir, loin, et la perdre définitivement. Non, ça non.

"Casse-toi."

Je secoue la tête, j'y crois pas. Elle me sauve la vie ? Elle veut quoi ? Me prouver qu'elle est meilleure, dans tous les domaines ? Ou qu'elle est juste humaine. Et suis-je totalement têtu et imbécile de rester là ? Parce que oui, je reste sur place. J'ai envie de m'avancer, pour la voir, pour entendre ce qu'elle a me dire, mais elle rit, elle change d'avis, elle ne veut plus me parler.

- Non, commençai-je, je pars pas, pas sans toi.

Et voilà, j'avais gâché toutes mes chances d'être sain et sauf. Plus rien ne m'attendrait jamais.

Je me redresse, j'ai pris ma décision, maintenant, je suis plus sûr de moi.

- J'ai fait des putains de conneries toute ma vie, aujourd'hui, j'ai pas envie de partir sans savoir ce que tu as à me dire, sans savoir si c'est rattrapable et de quelle manière. Je... Ahloy Prononcer son prénom est toujours la plus belle chose du monde J'ai aimé être Zhen, être un mec bien, pour une seule fois dans ma vie, je veux pas que ça s'arrête.

Je la cherche du regard, mais je suppose qu'elle m'évite volontairement. Je la comprends, je serais face à moi, j'aurai envie de me démolir, pas d'être embrassé. Mais elle est bien la seule à pouvoir me sauver, la seule à pouvoir faire de moi une personne humainement capable, mais il faut qu'elle se dépêche, parce que l'heure continue de tourner et que le reste de la cavalerie arrive.

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Son "non" me hérissa le poil. Littéralement. Comment ça, "non" ? Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait se tirer sans rien dire bordel ! J'avais envie de lui lancer des objets à la figure, pour qu'il dégage de ma vue, parce que sa simple présence et son envie de rester ne pouvaient signifier qu'une chose.

Il tenait sûrement à moi...

Ses nouvelles paroles allèrent dans ce sens... Un point qui, me fit mal. A croire que j'aurais préféré le voir déguerpir après toutes ces révélations. Il souhaitait que je me décharge, que je lui réponde... Je lui devais bien ça au final, non ?

"Ah ouais ? T'veux que j'vide mon sac, hein ?" grognai-je en commençant à baisser mon bras armé. "J'avais confiance... en toi... en nous... Putain..."

Je soufflais, j'essayais de faire le tri dans mon esprit pour ne pas m'éparpiller et partir dans tous les sens.

"T'auras beau m'servir tes belles paroles, comment tu veux que j'te crois, hein ? Zhen, Jin, j'te connais même pas ! Alors que.. moi... moi.... J'AI ÉTÉ SINCÈRE MERDE !!!" explosai-je alors en laissant les larmes couler, les yeux plantés dans ceux de l'homme que je ne pouvais pas haïr sans ressentir encore cet amour qui venait de se briser. "T'étais la bonne personne, c'était toi ! COMMENT T'AS PU ?! "

Je ne contrôlais plus ma voix, à vrai dire, je ne contrôlais plus grand chose à présent. Agitée, ayant l'impression d'être au bord de l'explosion, je me laissai aller...

"J't'aimais... ." avouai-je entre tristesse et colère avant de commence à faire demi-tour après un dernier regard.

S'il ne voulait pas disparaitre, alors c'était à moi de le faire. Il fallait mieux pour lui... et pour moi;

"Adieu, Zhen..." lançai-je dos à lui, avant de tourner la tête vers lui une dernière fois. "La prochaine fois où nous nous r'verrons ça n'se passera pas comme ça, Jin."

Je venais de perdre ma moitié, j'étais perdue complètement effondrée mais je devais tenir... Même si je ne contrôlais plus les larmes qui coulaient silencieusement sur mes joues. Craquer maintenant pour mieux revenir dans la bataille par la suite, tel était mon plan...

Zhen n'était plus, pour laisser place à Jin... Mais moi j'étais toujours Ahloy... Une Ahloy qui allait devoir surmonter tout ça, le coeur en miette, l'esprit torturé par les souvenirs d'un doux passé...

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Elle parle enfin, relâchant sa rage, sa tristesse, sa surprise, sa rancoeur. J'ai mal, partout, mais surtout au coeur. Et ses mots sont les plus beaux et les plus tristes à la fois. Je songe à toutes les histoires d'amour de l'histoire qui terminent mal, comme ça. Pourquoi est-ce qu'on s'inflige cette peine d'ailleurs ? La vraie vie est suffisamment désastreuse pour retrouver ces coeurs brisés dans la littérature.

- Mais j'ai pas eu le choix !

Je m'écris, enfin, coupant son flot de parole. Ses cris, ses larmes, ça me brise. Je suis incapable de la consoler, elle ne veut sûrement pas de mon toucher. Elle veut que je m'en aille, que je suis, que j'abandonne, que je sauve ma vie. A-t-on déjà vu plus grand coeur ? Elle est au bout, à cran, elle souffre, et elle songe à moi ? Je ne la mérite pas, cette affirmation me percute en pleine poire et mon coeur se met à battre plus vite.

- Et moi je t'aime.

Trois mots qu'on ne s'est jamais dit, mais qu'il est trop tard pour s'avouer. Elle a choisi le passé. Je préfère le présent. Je sais qu'on a très peu de temps, que je ne pourrais pas la convaincre, mais tant pis, je veux tout faire pour essayer, tout faire pour me rattraper, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Alors, au moins, je n'aurais pas ces regrets-là, j'aurai essayé.

- Je sais que tu ne peux pas me faire confiance, je comprends, mais je t'assure que je peux être Zhen, juste Zhen. Je veux jeter Jin dans le fleuve, je veux me débarrasser de cette double-peau, je veux fuir cette vie, oui, mais avec toi. Je sais que je regretterai toute ma vie de ne pas te l'avoir dit, alors je le fais maintenant. Je t'aime Ahloy.

Je cours, parce qu'elle s'en va. Elle a pris cette décision pour nous deux. Ce n'est plus moi qui fuit, c'est elle qui retrouve sa brigade, qui va leur mentir. Ah, elle aussi m'a menti, je ne suis pas le seul fautif. Même si je dois reconnaître que pour beaucoup... elle est du bon côté. Pas moi.

- Il n'y aura pas de prochaine fois, parce que cette fois-ci ne va pas se terminer. J'ai menti sur mon métier, oui, mais tout le reste, tout le reste c'était vrai. Tu me connais mieux que quiconque, mieux que mon frère même. Et pourtant, avant toi, je lui disais tout. Et toi, toi-là, juste en étant toi, tu m'as changé. Tu m'as redonné espoir, tu m'as donné envie de rêver, de vivre, de continuer, de me battre. Le monde n'est pas pourri comme je le croyais, il existe une lumière. Tu m'as révélé tout ça... mais quand la comète s'éloigne, quand tu vas partir, tout va redevenir sombre, encore pire qu'avant. Ne me laisse pas.

Je n'ai prévu aucune parole, aucune discours, les mots sortent de ma bouche avec la force du désespoir. Cheng se moquerait de mon émotivité, mais j'y peux rien, c'est elle qui m'a fait naître toutes ces émotions, qui m'a donné envie de les découvrir et les expérimenter. Je suis incapable de me taire, je suis lancé, j'ai besoin qu'elle m'entende, besoin qu'elle comprenne.

- On ne sait rien l'un de l'autre, parce que ça n'fait que trois mois. Trois mois et pourtant j'ai l'impression que ça fait mille ans. Mon âme t'a toujours cherché Ahloy, toujours. T'as pas l'droit de briser le destin de deux âmes réunies.

Et je la touche. Parce que je suis incapable de la laisser s'en aller, incapable de rester seul dans le noir. Mes doigts se posent sur son épaule et j'ai l'impression d'être dans un animé. Ma peau se met à brûler et je jurerai voir une lueur quitter mes doigts. Je l'ai dit, je le crois, nos âmes étaient faites pour se rencontrer, elles sont soeurs.

- Ahloy, reste.

Ma voix est suppliante, mes doigts s'agrippent à elle. Ahloy est si proche et si loin de moi à la fois. Je veux la serrer dans mes bras, je veux sentir ses lèvres contre les miennes, je veux savoir que tout va bien aller, parce qu'on est ensemble.

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Il m'agaçait. Et pourtant, je continuais de marcher, de m'éloigner, de le fuir, littéralement. J'aurais aimé courir, mais mes jambes n'en avaient tout simplement par la force. J'étais fragile, je ne contrôlais plus rien, j'avais besoin de me poser, de relâcher la pression, pour enfin réfléchir de façon mature...

- Et moi je t'aime.

Mes yeux se fermèrent, laissant couler mes dernières larmes, et ma course se fit... plus lente. Déroutée, par ses mots, par le son de sa voix, par cette sincérité que j'arrivais à percevoir, je ne comprenais pas... ou plutôt, je refusais de comprendre. Pourquoi insistait-il ? Pourquoi fallait-il qu'il m'avoue ça, maintenant...

* Fuis Ahloy, Fuis... *

Incapable de me retourner, alors qu'il parlait, alors qu'il avançait, je le sentais, j'essayais de maintenir la distance, luttant grandement contre l'envie de poser mes mains sur mes oreilles pour ne plus l'entendre... Chacune de ses paroles me touchait en plein coeur, coeur brisé mais encore battant, coeur en miette dont les morceaux semblaient sur le point de se reformer pour exploser à nouveau... Une véritable torture dont je refusais de me passer... parce qu'elle maintenait ce lien que je souhaitais briser avec l'homme qui avait partagé ma vie ces derniers temps...

Si seulement, ça s'était arrêté là.

Mais non.

Lorsque je sentis sa main sur mon épaule devenue fragile, je me stoppai... tête baissée, perles salées au coin des yeux... Je tremblais face à ce trop plein d'émotions, je souffrais, parce que toute cette situation était véritablement un enfer... Aucun mot n'arrivait à franchir mes lèvres, seul mon souffle saccadé se faisait entendre...

Les trois mois, la Police, l'enquête, le gang, les fous rire, les mensonges, la traque, les bons moments, la rencontre, Zhen, Jin, l'appartement, les balades nocturnes, les heures au boulot, l'appel, la fuite, les renforts, le temps qui s'écoulait...

Qu'est ce qui m'importait le plus, au final, dans cette vie ?

Sans dire un mot, j'attrapai alors mon portable... puis après un dernier regard, je le jetai au sol, pour l'écraser avec violence avec mon talon à nu. Guidée par mon choix, je me retournai afin pour faire face à l'homme que je venais de choisir, enfermant une de ses mains dans les miennes.

"Il... il faut fuir... loin... je..." balbutiai-je sans trop savoir si je venais de prendre la bonne décision, perdant mon regard larmoyant dans le sien.

Pourtant les choses étaient claires... L'homme en face de mes yeux était dans une situation complexe... Il n'agissait clairement pas de son plein gré, prisonnier d'un monde dont il ne voulait plus... Du moins, pour ce que j'avais cru comprendre...

L'amour m'avait-il influencé ? Un peu oui, mais... pas seulement... Même si mon état était déplorable, je savais reconnaître la sincérité et la détresse...

Au final, nous étions deux âmes en peine... perdues... face à la croisée des chemins.

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Quand elle agit, je panique. Elle prend enfin la décision que j'attendais et soudain c'est trop. Suis-je prêt à tourner le dos a cette vie définitivement ? Pour elle, je crois bien que oui, mais tout de même.

Mon coeur bat la chamade, ma main dans la sienne me raccroche a la terre et l'univers des possibles se met en branle. Partir. Fuir, mais avec elle. Un sourire s'étire sur mes lèvres.

- Oui.

Juste un seul mot, mais mon regard brûlant parle pour moi, je suis à elle. Je risque et je risquerai ma vie pour elle, même si à chaque fois ça se termine en catastrophe, même si je ne la connait que depuis trois mois, parce que ma vie ne vaut plus rien sans sa lumière.

Je ne réfléchis pas plus longtemps, je me mets à courir avec elle, dans le sens inverse, là d'où ses collègues pourraient venir. J'ai un sourire qui grandit sur ma face et je dois me retenir de rire, c'est l'euphorie pour l'instant, la conscience viendra plus tard. Cette fois-ci, ma bonne connaissance des ruelles et coupe-gorge de la ville nous permet de nous échapper. Je tourne à droite, deux fois a gauche, on grimpe au travers d'une rambarde et on pousse une porte d'un local désaffecté.

Le souffle court, je m'arrête pour lui faire face.

- Merde. J'y croyais pas, je pensais pas, je... je n'sais pas quoi faire maintenant.

J'inspire et expire, l'excitation qui me gagne, la peur qui se mêle, la folie de ce qu'on vient de faire. Je lui touche le bras, pour pas qu'elle pense que je la rejette, parce que jamais, jamais je ne pourrais faire ça.

- Tu regrettes pas ? Je sais pas dans quoi on se lance, mais pour ce que ça vaut, je suis fier de me lancer avec toi.

Est-ce normal que mon coeur bat si fort, que mon esprit est incapable de songer à la suite et à ce qu'il pourrait se passer ? A tous les dangers que nous devrions affronter, à tous les obstacles qui se mettront sur notre chemin ? Pourquoi alors suis-je si heureux ?

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On courait, vers où ? Pourquoi ? Me laissant entraîner dans cette folle aventure, je n'arrivais plus à réfléchir, c'était comme si... le vide avait pris place entre mes deux oreilles. Pourtant mes jambes tenaient le coup, et je ne lâchais pas un seul instant la main de l'homme qui venait d'emprisonner mon coeur. De toute manière, il était impossible de faire demi-tour... J'avais fait mon choix...

Choix qui semblait avoir surpris mon amant d'ailleurs.

Un comportement qui me fit redescendre et prendre conscience qu'on se trouvait à présent dans un vieux bâtiment. Est-ce que ma décision l'avait autant chamboulé que moi ? Mon regard perdu dans le sien, le souffle court, je restai silencieuse, un court instant... En vérité, j'étais paumée, fatiguée et... complètement choquée ?

"J'sais pas, je... " tentai-je en essayant de retrouver mes esprits. "Va falloir qu'tu m'expliques.. parce que...j'ai l'impression d'avoir... sauté dans le vide sans élastique."

Aveu fait avec une voix lointaine, confession qui traduisait parfaitement mon ressenti à cet instant. Mon instinct, sans doute faussé par l'amour, m'avait poussé à faire l'impossible... et à suivre celui qui devait se trouver dans une situation catastrophique pour avoir agi de la sorte. Est-ce que j'avais le syndrome de l'héroïne amoureuse ou est-ce que j'étais complètement débile ?

Les deux, sans aucun doute.

Comprenant que je ne pouvais plus faire demi-tour, je sentais ma tête tournée à une vitesse bien trop vertigineuse à mon goût. Allant alors enfouir mon visage dans mes mains, lâchant au passage celle de "Jin", je tenais d'inspirer et d'expirer calmement... Il me fallait une idée, le plan parfait pour éviter qu'être traqués...

"Mais avant...Il faut... que j'leur fasse croire que... je joue à l'infiltrée... Sinon... Ils vont penser... qu'vous m'avez enlevée et..." tentai-je de formuler malgré la panique en passant mes mains dans mes cheveux.

Ça allait être bien pire si je ne laissais pas d'indice... et je ne comptais pas perdre la personne que j'avais sous les yeux.

"Il faut... qu'on puisse fuir... loin... ensemble..."

"Ensemble" c'était le choix que j'avais fait finalement, alors que la colère m'avait rongée quelques minutes plus tôt, alors que j'avais vécu trois mois dans le mensonge... Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ?

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J'ai envie d'exploser de rire, de laisser cette vie sortir de moi et de reprendre mon sérieux, mais j'ai soudain peur de sa réaction. Et si elle venait de faire la plus grosse connerie de sa vie ? La mienne est déjà foutue, je ne peux pas faire pire, elle par contre. Personne ne s'est jamais fié à moi comme elle l'a fait et j'suis pas certain d'avoir les épaules pour supporter l'attente qu'elle peut placer en moi.

Si jamais on s'enfuit, genre vraiment, je ne ferai que la suivre.

J'inspire et je la regarde.

- Tu formes déjà un plan.

Mon regard se fait plus assuré, mon coeur se calme et mes pieds s'enfoncent dans le sol. Finit l'euphorie, le trouble, la peur. Tout se met en place. Je suis doué pour suivre les ordres - enfin ça, ça dépend auxquels de mes chefs vous vous adressez -, mais ce qui est sûr, c'est que c'est plus facile que de créer une situation. Là, j'panique.

- Je te fabrique des indices ? Tu veux quoi, j'peux me griller un de mes alibi ou faux-nom si ça t'aide ? Un instant d'hésitation Par contre, on ne va pas là-bas. Regard fuyant, elle va vite comprendre que le là-bas signifie le qg ou l'une des planques du gang Ils me crameraient tout de suite et... je peux pas te perdre.

Cette aventure démarre et nous sommes deux, nous resterons deux. Je souris.

- Comment tu vois les choses, je te suis. Je regarde autour de nous. Il nous faudrait nous changer aussi. Je fouille dans mes poches. J'ai pas grand chose sur moi.

J'étale devant moi, mon téléphone, je sors la puce pour la détruire, normalement, le téléphone peut continuer d'être utile ? J'ai de l'argent - une de règles de mon frère, j'en ai toujours sur moi, au cas où - et ma livraison. Elle, je vais devoir l'abandonner. Je lui donne tout.

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C'était la panique, même si nous arrivions, par je ne sais quel procédé, à ne pas nous éparpiller dans tous les sens. Mon amant me proposait son aide pour réussir à mettre mon plan à exécution, mais notre position n'était pas vraiment idéale... D'un côté se trouvait mon camp, et de l'autre... le sien. Ou plutôt, celui auquel il appartenait par dépit.

Inspirant et expirant calmement, je fermai les yeux.. Je devais ignorer le flux d'émotions qui ne cessait de me faire trembler, il fallait à tout prix que je retrouve mes capacités à analyser les problèmes pour nous fournir des solutions parfaites. Ou du moins, qui éviteraient qu'on se fasse lyncher sur la place publique.

"Garde ça avec toi plutôt.." commençai-je calmement en lui rendant ses affaires. "Il faut... Il faut d'abord que je me charge des miens..." expliquai-je en allant fouiller dans le petit sac qui avait accessoiriser ma tenue très inconfortable pour en retirer un dictaphone miniature. "Ça... c'est parfait." lançai-je ç moi-même avant d'appuyer sur un des boutons. "Infiltration réussie. Immersion totale prévue, affaire trop importante, détails fournis plus tard, pas de recherche, discrétion de mise, fin de transmission." fis-je à voix basse sans trembler un seul instant pour éviter d'être décrédibilisée.

Soupirant de soulagement après avoir mis fin à l'enregistrement, je me tournai vers "Jin"...

"Je dois leur laisser ça mais..."

Plus de chaussures, ou encore de chapeau, des indices laissés sur place et qui allaient attirer l'attention en plus de susciter la curiosité, il ne me restait que mon "accessoire de mode"...

"J'mets ça là d'dans, à vue, ils le trouveront et comprendront... Mais... On doit bouger... Et trouver une solution pour toi... " tranchai-je alors après avoir déposé mon sac sur la poignée extérieure de la vieille porte.

Puis, sans lui laisser le temps de parler, j'attrapai sa main pour l'entraîner à l'opposé de l'endroit où le danger se trouvait autant pour lui que pour moi. Il fallait se changer, être en sécurité mais aussi semer le " gang" qui allait sans doute débarquer en voyant que leur membre ne revenait pas.

"Partir loin d'ici... Et... on verra...C'trop dangereux" pensai-je à voix haute en essayant de trouver la planque idéale, sans lâcher la main de l'homme un seul instant.

Ma décision était prise, mon esprit devenait plus clair... J'étais une héroïne débile qui pensait sincèrement pouvoir sauver l'âme de l'amour de sa vie, et j'allais me battre pour en ressortir victorieuse, peu m'importait le prix.

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Je récupère mes affaires puis je m'immobilise. Je me tais pendant qu'elle parle, pendant qu'elle met en marche le plan. J'ai des sueurs froides en l'imaginant là-bas, pour de vrai. Je sais qu'elle n'est pas fragile, mais j'aurai peur qu'elle se fasse bouffer tout de même, le milieu n'est pas vraiment tendre. Elle risquerait sa vie constamment, comme moi. Je chasse ses pensées-là de ma tête, Ahloy en fugitive à mes côtés, c'est la seule chose que j'ai le droit d'imaginer.

En parlant de vêtement. On n'a que peu d'argent, passer dans un magasin nous ferait - en plus - perdre trop de temps. Il reste la solution de voler, elle ne va sûrement pas aimer ça. Brutaliser quelqu'un pour lui piquer ses fringues, c'est sûrement pire. Il faut choisir rapidement la moins pire des options.

C'est elle qui prend les devants en attrapant ma main, je la suis sans poser de questions. J'aime quand elle prend le lead. Je souris pour ne songer qu'à ça, au lieu de paniquer en pensant à l'immense connerie qu'on est en train de vivre. Après, si j'y réfléchis un tout petit peu, je crois que je referai mille fois ce choix, plutôt que de passer à côté d'une vie sans elle.

Dans la ruelle, on arrive face à un escalier en ferraille extérieur que je reconnais.

- Au sixième, y a une vieille dame qui vit, elle laisse toujours sa fenêtre ouverte et... elle a tous les vêtements de ses petits enfants dans ses placards. Suis-moi.

Je ne lui laisse pas le choix, je sais qu'elle va refuser si jamais je lui demande son avis. En montant les marches quatre à quatre, j'arrive rapidement au bon endroit, je pousse la fenêtre entrouverte, comme toujours. La vieille fait une sieste, allongée sur le canapé. Elle ronfle. S'ils sont rapide, elle ne se réveillera même pas. Je rentre, le parquet ne grince pas. Nickel.

Je pousse la porte de la petite chambre et récupère des fringues, rapidement. Je me tourne vers Ahloy, persuadée qu'elle m'a suivi, mais elle n'est pas là. Merde, elle n'est pas monté ? Ou la vieille s'est réveillée ? Tant pis, il attrape un pull et un pantalon qu'il juge à sa taille et repasse dans le repart.

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Où est-ce qu'on allait ? J'en avais fichtrement rien. J'avançais, sans trop savoir, sans trop réfléchir, parce la fatigue était là, physique et psychologique. Alors, je remerciai le ciel d'entendre mon amant soumettre un plan plutôt... simple mais qui allait briser toutes mes principes.

Voler des fringues à une grand mère n'était pas un délit des plus traumatisants... Mais, et si elle nous voyait ? Pourquoi ne pas tenter une approche officielle pour avoir des trucs à nous mettre sur le dos ? Ce n'était pas comme si nous étions couverts de façon banale de la tête au pied. Il me manquait des chaussures, ma robe était arrachée sur le côté et mon collant avait rendu l'âme... Un simple coup d'oeil me concernant pouvait sûrement faire naître de la pitié.

Toutefois, avant d'exprimer tout ce capharnaüm qui me prenait la tête, Jin s'était glissé dans l'appartement, à la manière d'une ombre silencieuse. Incapable de l'imiter, je restai là, devant la fenêtre, à observer l'intérieur de l'habitation... La propriétaire dormait si je me fiais à la mélodie des ronflements... Qu'est-ce que je risquais ?

*Putain... *

Imitant mon prédécesseur, la mâchoire serrée, je pénétrai dans les lieux, puis manquai de me heurter à celui que je cherchais à trop être concentrée sur la vieille endormie.

"????"

Contenant un cri malgré mes yeux écarquillés et le palpitant en dehors de la poitrine, je le poussai à faire demi-tour, afin de retourner sur ses pas, par crainte d'avoir mis fin au sommeil de la gardienne du coin. Ainsi, une fois dans la chambre, je me mis à chuchoter..

"J'suis une criminelle maintenant..."

Attrapant les frusques qu'il avait trouvées, je me débarrassai de ma robe, sans aucune honte ou gêne. Ce n'était pas si c'était la première fois qui me voyait en tenue légère. Puis j'enfilai mon nouvel ensemble avec une certaine boule au ventre.

La limite venait d'être franchie, il m'était impossible de faire demi-tour... J'allais devoir me fier à un homme que j'aimais sans vraiment le connaître. Mes yeux dans les siens, main dans la main, pour faire face à notre destin.

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Dans le salon, la vieille ronfle toujours malgré notre collision. Je l'attire vers la chambre. Elle est montée, elle m'a suivie, elle n'a pas hésité. Je suis hyper fier d'elle tout en me demandant ce que je suis en train de transformer en elle. D'ailleurs, ses pensées doivent y faire écho parce qu'elle murmure.

Je la regarde, j'arrête tout ce que je fais, je mets mes mains sur ses épaules et la force à lever ses yeux vers mon visage.

- Non. Ma voix est douce, mais elle peut y ressentir la force de mon non. T'es pas une criminelle, tu fais ce qu'il faut pour survivre. Pense pas comme ça, ne te flagelle pas, tiens-moi pour responsable.

Mon coeur se brise tellement c'est réel, je suis le responsable, je suis la cause de sa déchéance, de son malheur, de la perte de son confort, de sa future vie. Sans moi, elle serait encore ailleurs, à faire régner le bien. J'inspire pour me calmer, je ne dois pas partir sur cette pente glissante ou nous seront foutus tous les eux.

- On peut laisser des sous à la vieille et t'inquiète, elle est généreuse. J'ai beaucoup joué avec ses petits-enfants gamins.

Cette vieille, je l'ai peut être considéré comme ma grand-mère. Puis, le gang nous a rattrapé, elle a coupé tous les ponts avec moi, rejetant en boule tous nos choix de vie. Je sais aujourd'hui qu'elle avait raison, je sais aujourd'hui que j'aurai dû mieux l'écouter, mais je peux pas. Et j'espère vraiment qu'elle ne va pas se réveiller, je sais pas combien elle m'en veut. Elle est peut être capable d'appeler la police, je sais que Cheng et moi l'avons beaucoup déçue. Mais si elle me voit avec Ahloy, si elle comprend ce que je veux faire et me racheter, elle nous couvrira peut être. J'en sais rien. Le mieux, c'est qu'elle ne se réveille pas.

Évidemment, je ne dis rien de tout ça à Ahloy, pas besoin d'ajouter de la douleur ou de la culpabilité à sa vie. Je m'habille rapidement à la suite d'Ahloy puis je sors la tête par la porte. Elle ronfle encore. Parfait.

- Tu te sens capable ?

Je plonge mon regard dans le sien et attrape ses mains. Je suis là. Je veux qu'elle le comprenne, je serais toujours là. C'est pas une promesse en l'air, c'est la plus belle et la plus vraie que j'ai jamais faite de toute ma vie. Je l'aime, bon sang, qu'est-ce que je l'aime !

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J'étais à la croisée des chemins, je le sentais clairement. Je pouvais encore faire demi-tour, choisir de revenir à cette ancienne vie donc je m'éloignais de plus en plus... Ou bien choisir d'embrasser l'nconnu en suivant un homme que j'avais aimé durant trois mois sous un autre nom et que j'aimais toujours autant sans le connaître. C'était une sensation étrange, indescriptible... Comme être au bord d'un précipice, prête à sauter, la peur au ventre face au vide...

Bien sûr, le coup de laisser de l'argent à la vieille vint m'apaiser un peu... Car pendant quelques secondes j'eus vraiment l'impression de retrouver mon amant, celui qui avait partagé ma vie ces derniers temps. Au final, seul son prénom semblait avoir changé... Est-ce que ce n'était pas le signe que j'avais attendu toute la soirée depuis que j'avais appris la vérité ?

Fermant les yeux un cours instant alors qu'il tenait mes mains entre les siennes, je restai plongée dans le silence, ou du moins seulement rythmé par les ronflements de la propriétaire des lieux. Qu'est-ce que je voulais vraiment faire de ma vie ? Quel objectif me restait-il à atteindre dans ma vie personnellement ?

Aucun.

Alors mes yeux se rouvrirent pour aller se noyer dans ceux de Jin. C'était lui mon nouvel objectif, lui que je devais suivre, lui que je devais sauver... parce qu'il avait été mon passé sous un autre nom qu'il était mon présent et mon futur à venir.

"Je t'aime."

Déclaration faite dans un souffle, un aveu comme pour lui faire part de mon accord, de mon envie de le suivre... Aucun autre mot de vint franchir mes lèvres. Il n'y avait rien d'autres à dire maintenant...

Il fallait fuir sans jamais se retourner et faire en sorte de le libérer de ses chaînes pour retrouver la liberté.

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- Je t'aime.

A cet instant-là, j'ai su. C'est la première fois qu'elle prononce ces mots précis, la première fois qu'elle le dit à voix haute, mais je le savais déjà. Elle me l'avait déjà montré auparavant, elle me l'avait avoué en brisant son téléphone sous son talon, en agrippant ma main pour fuir, mais là, dans cette chambre qui sent le renfermé, pendant que nous essayons tant bien que mal de nous habiller pour faire face à notre nouvelle vie... je ressens un immense élan d'amour et une vague d'apaisement.

Avec elle, main dans la main, j'irai au bout du monde sans même me retourner.

J'ai envie de rire, de sourire, de danser, de l'embrasser, de l'allonger sur ce lit qui grince sûrement trop.

- On a un sacré timing quand même.

Je souris doucement et, délicatement, je pose mes lèvres sur les siennes. Je veux lui dire que je l'aime, mais pas comme une réponse banale à ce qu'elle vient de dire. Je veux la surprendre, plus tard, quand elle ne s'y attendra pas. Et dans mon baiser, je transmets toutes ces émotions. Elle me rend fou cette fille, fou d'amour et d'espoir. Je n'avais pas ressenti ça depuis ma naissance, elle seule a su creuser un passage entre mes murs en brique qui protégeaient mon coeur.

- Heureusement qu'on a encore l'éternité devant nous.

Nous ne sommes pas immortels, mais vraiment, je vois le futur se dessiner sous mes yeux, la possibilité d'avancer et de ne plus jamais avoir peur. Je mérite d'être heureux à ses côtés.

- Allez viens mon amour, le monde nous attend.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait, je ne sais même pas si je vais survivre à la prochaine heure, mais je m'en fiche, parce qu'elle est là. Avec moi. Pour toujours.

Mr & Mrs Smith

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