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This is war, but we’re steel here.

Début du 12ème mois de l’année 52 de l'ère de Ri Wu
Retour du raid contre la flotte du feu dans le sud.

Warning : syndrome post-traumatique, blessures de guerre, combats et morts.

Tu t’étais porté volontaire… Tu as demandé à te battre aux côté de tes frères et sœurs contre la tyrannie du feu. Pour ta famille, pour l’enfant à venir, pour tous les innocents qui subissent sans pouvoir se défendre… Tu savais à quoi t’attendre, tu l’as toujours su. Des batailles, tu en a vu d’autres, ce n’était pas ton premier combat… Et pourtant…

Pourtant, tu ne dors plus, revivant cette nuit encore et encore. Tu n’es plus à la tâche, ayant un mal fou a te concentrer sur quoi que ce soit. Tu tremble presqu’en permanence, comme si ton corps continuait de vivre la bataille. La blessure sur ton flanc droit, résultat d’une attaque au sabre visant ton bras combattant, te tiraille méchamment t’empêchant presque de respirer. Du moins tu mets cela sur une conséquence de ta blessure… Parce que tu si tu étais prêt à te battre, tu ne t’attendais pas à subir de tels retours de flammes…

Des flammes, vous vous en êtes ramassées à foison. Tu as vu des gens mourir, beaucoup trop… certains de tes mains… Tu te croyais prêt, toi qui à déjà tellement affronté… Comme tu te trompais…

Le retour vers le Nord fût long. Heureusement pour toi, tu n’étais pas seul : on ne laisse pas les blessés derrière. Tu as à la fois hâte de retrouver les tiens, mais aussi peur… Peur sur tout le trajet du retour que vous soyez attaqué, peur des représailles, peur pour Ahloy et son enfant face à cette guerre sans fin… Autant de peur qui en rajoute aux souvenirs bien trop frais de cette nuit… et des autres nuits…

Il faut croire que c’était la fissure de trop pour ton esprit déjà abîmé. Des cauchemars, tu en à toujours fait, tu as l’habitude de te réveiller en sueur, le souffle court et le bras douloureux ou la peur au ventre face à un fouet qui n’existe plus que dans tes souvenirs. Mais ici ce ne sont plus des cauchemars qui te maintiennent éveillés… Les souvenirs, anciens et récents, se mêlent pour créer des images qui te font hurler de terreur dans ton sommeil. Tu ne te reconnais plus, tu n’es plus que l’ombre de toi-même… toi qui à pourtant déjà tellement surmonté…

La journée est déjà bien avancée quand vous arrivez au village où Ahloy et les autres vous attendent. Tu es épuisé, tu as mal, et pourtant tu te redresses et plaques un sourire las et fatigué sur ton visage en apercevant la capitaine au loin. Mais en voyant qu’elle porte quelque chose dans ses bras, ton sourire s’agrandi et une douce chaleur viens brièvement réchauffer ton cœur. Prenant soin de ne pas écraser le petit être, tu enlaces ta sœur de cœur, la gorge serrée. Les câlins, ce n’est pas vraiment votre truc, mais tu t’en fiche bien en ce moment…

« J’suis si heureux de t’revoir…  »

Tu t’écartes un peu d’elle, sans pour autant la lâcher, et regarde l’enfant avec des larmes aux yeux que tu ne cherches même pas à contrôler.

« Alors il est là… Ou elle ?  »

Difficile à dire au premier coup d’œil, d’autant qu’il ou elle est bien emmitouflée… Tu n’as jamais eu à faire à des enfants, tu ne sais pas trop comment réagir face à celui-ci, mais c’est celui d’Ahloy, alors tu feras de ton mieux…

La chaleur n’est que passagère, bien vite les idées noires reprennent le dessus et ton sourire se fige quelque peu. Cet enfant va grandir en pleine guerre… tu ne sais pas si Ahloy va quitter le navire ou pas, et si oui si elle comptera revenir ou pas… Ce rayon de soleil apporte tellement d’ombres avec lui…

Mais tu te gardes bien d’exprimer tes pensées, t’efforçant de ne rien laisser paraitre. T’écartant un peu de la capitaine, tu as pourtant du mal à garder ton regard sur elle. Une main couvrant ta blessure, comme si cela aidait, tu attends qu’elle prenne à son tour la parole, ne sachant quoi dire de plus, de peur que tes mots trahissent ce qui te tourne dans la tête…

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Début du 12ième mois DE LA 52E ANNÉE DE L'ÈRE RI WU  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Les semaines avaient défilé, bien trop vite à mon goût... ou pas assez parfois. Entre les événements qui venaient nous mettre en danger, cet enfant qui grandissait et la triste vérité d'une mémoire envolée, j'avais carrément opté pour l'isolement. Dans une bulle, la mienne, fermée à toute question, perplexe... J'avais donc essayé de focaliser mon esprit sur la seule chose qui m'avait tenu sur pied... Le Cursed Lotus.

Cette famille, la mienne, qui ne méritait pas d'être lâchée, pas à cause de mes soucis personnels. Alors, j'avais fait en sorte de les protéger un maximum, de gérer les missions au loin, tout en essayant de faire taire ma peur dévorante de les perdre. Car oui, mes sens et mes sentiments exacerbés, je m'étais retrouvée en plein coeur d'un torrent d'émotions incontrôlables. La guérisseuse qui avait pris soin de veiller sur moi en ville m'avait pourtant prévenue. C'était cela, de créer la vie. Quelle veine.

Comment ne pas penser à Jin, à cette dernière rencontre qui m'avait brisée ? Comment ne pas être inquiète face au futur qui se profilait à l'horizon ? La guerre faisait rage, il avait fallu partir au front, sans moi. Nouvelle claque. Nouvelle peur.  

Et pourtant, parmi ce brouillard, un être était arrivé... Une petite fille en bonne santé qui m'avait fait tout oublier une semaine auparavant. Quelle étrange sensation indescriptible... Même si mon coeur s'était fissuré davantage en pensant au père qu'elle ne connaitrait peut-être jamais. L'avenir était incertain, je n'étais pas dupe, mais il était venu le temps de penser à l'instant présent, à terre, en attendant le retour des miens...

Je n'avais jamais été très croyante. A vrai dire, j'avais pensé la plupart de mon temps à blâmer les esprits qu'à leur demander de l'aide. Toutefois, à la vue de mon bras droit, mon boudeur préféré qui avait décidé de se battre, je ne pus m'empêcher de les remercier, dans un souffle.  La petite serrée contre mon coeur, j'observais Taiyo, qui, il fallait bien le dire, était dans un état pitoyable.  

* Bordel de... *

Les dents serrées, les yeux humides, je sentais la colère monter... même après l'accolade, même après avoir entendu sa voix fatiguée. Oh... La Nation du Feu allait payer cher. Je m'en faisais la promesse.  

"Elle est là oui..." soufflai-je sans sourire, bien trop occupée à le détailler des pieds à la tête. "T'es dans un état lamentable, et j'te laisserai pas. Donc, tu vas m'suivre, et on va regarder ça." lançai-je alors sur un ton un peu trop autoritaire. La faute aux émotions. Encore.  

Ni une ni deux, je fis demi-tour pour entrer dans le lieu où je résidais officiellement depuis ma convalescence. Tenant la porte de ma main libre afin que le blessé puisse me suivre.

"Va donc te poser, sinon tu risques de t'écrouler."

Avec lenteur, je lui montrai un endroit paisible où reposaient plusieurs couvertures chaudes. De mon côté, j'allais poser la jeune endormie dans son berceau, sourire niais sur mes lèvres, toujours attendrie par tant de douceur, avant de rejoindre celui qui, à cet instant, méritait ma plus grande attention.  

" J'ai de l'eau, des herbes de soin, et une vieille guérisseuse qui fait des miracles, notre Tibuo étant chargé du navire, il ne bouge pas... Alors... On va essayer de soigner tout ça, parce que vraiment, ça a l'air moche. Très moche."

Pire que la fois où il avait chuté de la falaise, ça ne faisait aucun doute... Et puis, je pouvais voir dans ses yeux... quelque chose avait changé... Et ça me donnait carrément envie de chialer. Pourquoi fallait-il toujours qu'il soit mis à rude épreuve alors que son coeur était empli de bonté ? Il n'y avait pas de justice...

Normal de ne pas vraiment croire aux esprits face à ça, non ?

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Retour du raid contre la flotte du feu dans le sud.

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Ahloy confirme qu’il s’agit d’une petite fille, mais tu n’as pas le temps de poser plus de questions qu’elle t’ordonne de la suivre afin de t’ausculter. Tu es bien trop las pour résister face à elle, aussi la suis-tu sans broncher, la remerciant d’un signe de tête lorsqu’elle te tient la porte pour entrer chez elle, ou du moins son chez elle actuel. Les lieux sont chaleureux.

Ce n’est que lorsqu’elle te montre un coin confortable pour t’installer que tu prends conscience du froid extérieur. Vous êtes au Pôle Nord après tout, mais le souvenir de la chaleur des flammes au Sud est si vif que tu as l’impression de toujours les sentir…

Tu t’assieds sur une couverture, raide, grimaçant sous l’effet de la douleur provoquée par le mouvement. Tu observe l’habitation d’un air absent. Ahloy te rejoint rapidement, les bras désormais vides. Il te faut une seconde pour te rendre compte qu’elle te parle et une de plus pour comprendre ses paroles.

« Tu devrais voir l’autre camps…  »

Tu prononces ces mots sans un sourire, sur un ton grave, les yeux détournés vers des images qui te font frissonnées

Tu porte alors ton regard vers le berceau, changeant de sujet..

« Elle s’appelle comment ?  »

Tu ne veux pas parler de toi, ni de ta blessure, ni de ce qui s’est passé…

« Et comment vont les autres ? Tu as eu des nouvelles du navire récemment ? D’autres membres ont besoin de soins, ils ont été braves. »

Heureusement, personnes n’est mort…

Tes mots s’enchainent sans vraiment de logique, tu n’arrive plus à agencer tes pensées. Tu sers les dents alors que ton flanc te lance, mais tu continue.

« Ils veulent retrouver le navire… »

Tout comme toi…

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Apprendre que les forces ennemies en avaient pris plein la tronche m'arracha un semblant de sourire même si la vision de Taiyon en détresse n'arrivait pas à me détendre. Pourtant le blessé, lui, essayait de faire la discussion, concernant son attention sur la petite qui avait rejoint son berceau... puis sur l'équipage...

Nouveau sourire, puis pincement au coeur à la simple pensée de mon absence sur le front... Je me sentais bien inutile...  Profitant alors des questions de mon bras droit pour concocter une boisson revigorante aux vertus cicatrisantes, je finis par aller me poser à ses côtés, tasse tendue vers lui, la mine sérieuse.  

"Ils sont tous revenus... Beaucoup sont encore en convalescence ici, d'autres ont rejoint Tibuo à bord qui gère la situation, t'as pas à t'inquiéter.." expliquai-je avant de prendre une bonne inspiration. "T'étais l'dernier... Toujours à m'foutre la trouille toi... "

J'essayais de me montrer légère, pourtant, mes yeux n'arrivaient pas à briller de malice. Non, ce bougre m'avait fait peur, j'avais cru le perdre... Mais le moment de chialer n'était pas arrivé. Pas encore.

"J'ai pas encore trouvé de prénom... ça craint, hein ?" avouai-je en me tournant vers le berceau.  

Oh, les idées ne manquaient pas en réalité, entre héritage familiale, connaissances marquantes ou autres, j'aurais pu me en choisir une depuis longtemps. Toutefois... j'étais bloquée. Sans Jin, je ne me voyais pas prendre une telle décision... Alors qu'il avait tout oublié... Alors que rien ne me poussait à avoir son avis au final même s'il en était le père.

Le père. C'était bien cela qui m'embrouillait l'esprit.  

"Bois donc ça, c'est bon pour le corps et la cicatrisation. Par contre c'est un peu dégueu au début... On s'y habitue vite, j'ai du boire ça pendant une semaine." ordonnai-je soudainement après un silence que j'avais trouvé trop long à mon goût.

Et oui, je ne connaissais bien Taiyo, et ça faisait bien longtemps qu'on n'avait pas parlé librement, sans filtre, depuis... Meixing. Pourtant, il allait falloir, je le sentais...

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La capitaine tente de détendre l'atmosphère, mais tu ne vois pas son semblant de sourire ni ne perçois le ton qu'elle veut léger dans ses paroles.

Elle répond d'abord à ta question sur l'équipage, assurant que tout le monde est revenu et est bien prit en charge. Tu es le dernier. Tu t'excuserai bien de lui avoir, une fois encore, fait peur, mais ta gorge est trop serrée pour que tu arrives à parler. Oh oui, tu lui en fais, des frayeurs... Combien de fois as-tu frôlé la mort depuis ta naissance? Quatre, cinq ? Sans compter les bagarres et les prises de têtes qui t'ont parfois bien amochés...

« Bien…  »

C'est tout ce que tu arrives à sortir. Tu prends la tasse qu'Ahloy te tend mais ne bois pas. Elle revient alors sur le bébé, avouant ne pas encore lui avoir trouvé de nom. Un peu surpris, tu te tourne vers elle, laissant un silence s'installer alors que tu attends qu'elle s'explique. L'enfant est-elle née très récemment ? Mais quand bien même, n'a-t-elle pas réfléchi à un nom durant sa grossesse ? Alors que tu t'apprête à lui poser la question, elle reprend en t'enjoignant de boire. Ses derniers mots te ramène à sa blessure, celle qui a failli lui coûter la vie. Depuis son retour, vous avez peu parler. En grande partie par ta faute... Tu es resté avec elle au nord jusqu'au raid, pour la protéger, mais tu restais distant malgré tout...

Tes pensées s'embrouillent soudain. Tu bois alors pour gagner du temps mais manque de recracher tellement le goût est fort. Le mouvement te fais grimacer alors que tu laisses échapper une exclamation de douleur.

« C'est répugnant...  »

Mais au moins, ça t'a remis les idées en place, du moins pour l'instant... Posant le breuvage sur une petite table à côté de toi, tu t'efforce de garder les idées claires. L'enfant est un bon moyen d'éviter le sujet de ta blessure, même si tu sais qu'Ahloy n'en démordra pas d'essayer de te soigner. Te voilà désormais bancale des deux côtés, ça devrait s'équilibrer, non...?

Chassant cette réfléxion stupide de ton esprit, tu te tourne à nouveau vers ta sœur de cœur.

« Pourquoi ? »

Tu laisses passer une seconde avant de te rendre compte que ta question n'est pas très claire. Tu reprends donc pour préciser.

« Pourquoi elle n'a pas encore de nom ? »

Tu t'es souvent posé des questions concernant la petite fille, à commencé par qui est son père, mais tu n'a jamais abordé le sujet, puisque vous n'abordiez plus vraiment de sujets de façon générale en dehors de ce qui touchait directement au navire... Mais là, tu as besoin de garder la discussion ciblée vers n'importe quoi d'autre que le combat et ses conséquences. L'enfant est un sujet qui tombe à point...

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Est-ce qu'il existait un médoc avec un bon goût sur dans ce monde ? Absolument pas, et je ne pus m'empêcher de grimacer en même temps que Taiyo lorsque ce dernier décida de boire la "potion" que je venais de lui concocter. Oh oui, c'était immonde, pour rester polie, mais j'en buvais depuis la naissance de la petite, alors..

On aurait pu rester là, à dériver sur cet infâme boisson, car j'avais fini par rire en voyant sa tête. Mais voilà, mon bras droit n'était pas dupe, et même dans un état des plus déplorables, son esprit restait vif. Un peu trop à mon goût peut-être.

Pourquoi la petite n'avait pas de prénom ?

"Heu..."

Seul son qui était sorti de ma bouche, trahissant ma perdition, ma faiblesse... Je devais rebondir, comme j'avais toujours l'habitude de faire, pour dissimuler la vérité, camoufler mes secrets, bref, pour éviter une confrontation qui, je le savais, n'allait pas me plaire même si elle apparaissait comme étant nécessaire.

"Les prénoms, c'pas mon fort, j'avais déjà du mal à trouver un truc bien pour des animaux, alors imagine, pour un enfant ?" tentai-je en prenant un air léger en avouant une certaine vérité. "J'veux pas quelque chose lié à ma famille déjà, j'trouve ça d'une débilité, et puis j'sais pas, c' trop important, imagine, ça lui correspond pas du tout au final ? Quelle merde, hein ?"

Plus je parlais et plus je me perdais, ça se sentait, autant dans ma voix, que dans mon regard. Regard qui ne quittait pas Taiyo, Taiyo qui ne semblait pas croire une seule seconde au baratin que j'étais en train de lui servir, ou alors c'était l'inverse... même si j'en doutais fortement. Alors je finis par soupirer, la tête penchée vers le sol, les mains passant dans ma chevelure, plus courte à présent...

"La vérité, c'est qu'j'y arrive pas. C'tout." avouai-je difficilement en me redressant. "C'con. J'peux pas décider seule. J'peux pas. Bordel..."

C'était douloureux. Ça faisait mal. La mâchoire serrée, le visage déformé par une douce mélancolie mais aussi une belle colère envers moi-même, je ne savais pas quoi dire de plus. Pourtant, il y avait de quoi. Rien que sur l'identité du père. De Jin. Prénom qui avait du mal à franchir mes lèvres, prénom que je gardais pour mois de peur de subir des remontrances, prénom lié à bien des souvenirs passés aussi plaisants que douloureux.... L'histoire était longue à raconter... Et en toute franchise, je craignais la réaction de celui qui était comme un frère pour moi, même s'il n'était pas vraiment en bon état.

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Apparemment, ta tête doit valoir le coup d’œil après avoir avalé la boisson vu qu’Ahloy en rit. Mais le sérieux revient très vite à ta question concernant le nom du bébé. Et la première réponse n’est pas très éclairante : Heu…
Tu fronces les sourcilles alors qu’elle reprend sur un ton qu’elle veut léger, noyant le poisson dans des explications qui t’arrachent un simple « Humhum...  » peu convaincu.

Tout comme tu sens qu’elle te baratine, elle doit sentir que tu peines à la croire vu qu’elle fini par cracher le morceau après un soupire et avoir détourner le regard de toi. Elle n’arrive pas a se décider seule...C’est légitime, tu ne la juge pas pour ça, tu le comprend même. Tu ne t’es jamais posé la question d’avoir un jour un enfant ou non, mais tu imagines que si ça devait arriver, tu souhaiterai probablement choisir son nom avec sa mère…

Tu devrais lui dire, que tu comprends. Mais au lieu de ça, tu détournes à ton tour les yeux pour fixer le berceau, laissant un instant de silence s’installer. Tu cherches tes mots, en fait. Tu essaies de tourner ta question de façon à ne pas brusquer la capitaine, mais cela te demande bien trop d’énergie et tu finis par abandonner, décidant d’y aller de but en blanc. Après tout, tu t’es retenu depuis le début et, là, ce serait louper une sacrée occasion que d’éviter une fois de plus le sujet.

Gardant les yeux sur le berceau, tu prends à ton tour une lente et profonde inspiration avant de lâcher ta question.

« Ahloy, qui est le père ? Pourquoi dois-tu décider seule ?»

Des pincettes ? Pour quoi faire ? Tu n’as ni l’envie, ni le courage de tourner autour du pot cette fois. Elle saura très bien t’envoyer balader si elle ne veut pas t’en parler, mais tu as besoin de savoir. Elle a fait tellement de mystères autour de cette enfant… Le moment ne pourrait être plus mal choisi pour faire des confidences, mais si ça peut occuper ses pensées, et les tiennes, autrement qu’avec le combat, cela t’importe bien peu. Tu es égoïste, Taiyo… Tu l’as toujours un peu été, mais là… Même dans ton état tu as bien remarqué le malaise de ta sœur de cœur, et pourtant tu continues…

Ramenant le regard sur elle, tu reprends avant d’attendre patiemment sa réponse, si tant est qu’elle te réponde…

« Tu ne nous à jamais rien dis concernant la petite... »

Nous. Parce qu’il n’y a pas que toi dans cette histoire. A-t-elle parlé à Rajni ? Ou a Tibuo ? Ou à quiconque sur le navire ? Tu espères, a nouveau égoïstement, que non...Tu serais extrêmement vexé si c’était le cas… Alors tu parles en « nous », considérant que personne ne sait, car s’est plus simple ainsi… et que tu as besoin de simplicité en ce moment, quitte à te mentir à toi-même...

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Taiyo avait décidé de ne pas tourner autour du pot, et de me confronter, directement, à cette vérité que je refusais de lâcher depuis des mois. Comme une enfant, je baissai les yeux, ne sachant pas par où commencer, ou encore quoi dire. D'une part car Jin devait garder sa couverture, et d'autre part... et bien parce que c'était Jin justement. L'homme qui nous avait trahi sur le papier, l'homme que j'avais tant maudit, haï... Comment expliquer la venue d'un enfant tout en assurant que rien de mal n'était arrivé ?  

Je soupirai, longuement, joignant finalement mes mains pour les positionner devant mon visage... J'avais entièrement confiance en l'homme que j'avais sous les yeux... Mais lui révéler la vérité allait le mettre en danger, et puis... ce n'était pas forcément à moi d'expliquer tout ça en détail.

Bordel... Par où commencer ?  Entre la fête, Ba Sing Se, la Prison, les rendez-vous, sa perte de mémoire... Il y avait de quoi tenir toute une nuit à discuter...  

"Hm... Déjà... Il faut que tu saches que... cet enfant n'est pas là à cause d'un plan glauque, hein, pas du tout." le rassurai-je d'entrée pour éviter qu'il ne pense au pire. " C'est... compliqué à expliquer car... Il y a des choses que je ne peux pas dire, sans que ça t'mette en danger... sans que ça vous mette tous en danger... "

En effet, il valait mieux que tout l'équipage pense encore que Jin était un traitre... Même si ses souvenirs concernant ces derniers mois s'étaient envolés, ça n'avait rien changé à la réalité. Il cherchait à sauver son frère, frère qui l'avait délibérément piégé... Mais ça aussi, je devais le garder pour moi...  ou... pas ?

Nouveau soupir, j'allai passer mes mains dans ma nuque, acculée par le poids qui pesait sur mon esprit, tiraillée entre l'envie de tout déballer et de rester muette... Pourtant, je devais faire un choix.

"C'est Jin." soupirai-je en fermant les yeux, sentant mon fardeau s'alléger instantanément. "Shao Jin, l'ancien membre de l'équipage... Mon ancien... enfin..."  Incapable de dire le mot "fiancé", je décidai de tenter une explication avant d'avoir la réaction de celui qui n'allait sûrement pas me ménager.  "Je sais c'que tu vas dire et, tu m'connais, j'change pas d'avis comme ça, c'est plus compliqué que ça. " tentai-je avant de relever la tête pour croiser le regard de Taiyo.

Qu'est ce que je ne venais pas de dire...  

J'étais foutue.

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Il faut du temps à Ahloy pour répondre. Ta question l’embarrasse clairement, pourtant tu te gardes bien d’interrompre sa réflexion, lui laissant bien le temps de trouver ses mots. L’analyse de ses gestes en dit déjà long… tu t’attends au pire, et lorsqu’elle prend enfin la parole, ses premiers mots sont bien loin de te rassurer. Elle s’enfonce même en essayant de fournir des explications qu’elle dit compliquées et dangereuses.

Tu t’apprêtes à parler à ton tour pour lui dire qu’elle commence plutôt mal lorsqu’elle fini par lâcher un nom. Un nom qui aurait dû tomber comme une bombe, et pourtant il peine à atteindre ton cerveau. Non pas à cause de ton état, quoi que ça aurait largement pu expliquer ta difficulté à assimiler l’information, mais bien parce que ton esprit ne veut tout simplement pas admettre ce qu’il vient d’entendre.

Shao Jin…

Le silence pèse après que la capitaine ait tenté de s’expliquer. Ton corps est tendu au point que tu ne respires même plus. Tu sembles t’être transformé en statue, les yeux écarquillés.

Finalement, c’est la douleur qui fini par te faire réagir. Sortant de ton apnée avec une grande inspiration contrôlée, le bras crispé sur ton flanc, tu craches quelques mots sur un ton glaciale.

« Shao Jin… C’est pas vraiment l’moment de blaguer, tu n’crois pas ?»

Le P’tit Mouton, père de la fille d’Ahloy… Voilà une blague de très mauvais goût.
Tu sais que ce n’est pas le genre de ta sœur de cœur, pourtant tu ne peux concevoir la chose autrement. L’homme que tu as juré d’éliminer ne peut être le même qui à fait un enfant à Ahloy. Elle ne l’aurait jamais laissé faire…

Si ton cerveau avait été en état de fonctionner, tu te serai souvenu des paroles de Jin lors de votre dernière rencontre, et tu aurai alors pu faire le lien. Sauf que voilà, tu es incapable de réfléchir clairement, aussi te diriges-tu d’instinct vers l’unique explication plausible pour toi : une très mauvaise blague... Et tout dans ton attitude affirme que tu ne trouves pas ça drôle du tout : Tendu, une colère froide illuminant ton regard rien qu'à la mention de son nom, un homme déjà mort à tes yeux... Un homme qui ne mérite pas un tel degré de haine envers lui, et pourtant... Pourtant tu as décidé que tous tes problèmes s'arrangeraient si cet homme disparaissait... Inconsciemment, tu l'as désigné comme la source de tous tes maux... Et voilà qu'Ahloy se met à faire des blagues de mauvais goût le concernant... Mais quelle idée...

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Je m'étais attendue à une palette de réactions en tout genre, mais jamais, Ô grand jamais, j'aurais pensé que Taiyo se figerait sur place, me balançant à la tronche que ce n'était pas le moment de plaisanter. Un peu perdue, je clignai des yeux, ne comprenant pas cette haine soudaine que je pouvais percevoir dans son regard. Comment pouvait-il donner l’impression de le connaître alors qu’il n’avait eu que mon récit en guise de présentation ? J’avais comme l'impression de ne pas avoir toutes les informations...

"Heu..." commençai-je sur la défensive, les yeux plissés. " Tu penses que j'ai la tronche d'une personne qui blague là ?"

Sérieuse, inquiète même, je commençais à imaginer les pires scénarios du monde en étant quasi certaine que j'allais de nouveau prendre une claque mentale sous peu.

"C’quoi le problème avec lui si on ignore cette fameuse nuit ? Parce que tu m'fais peur." avouai-je le visage déformé par la perplexité.  

Clairement, j'avais rarement vu Taiyo dans un état pareil... Silencieux, dangereux... A la limite, je préférais lorsqu'il se transformait en bombe au bord de l'explosion, c'était beaucoup plus simple à calmer. Là, pour le coup, j'avançais dans le flou... Et je ne pouvais m'empêcher de repenser à certaines idées noires concernant l'homme que jamais toujours... Homme qui avait soit-disant perdu la mémoire récemment... Si bien sûr, tout ça n'avait pas été qu'une belle mascarade...

Je craignais que mon frère de coeur ne me conforte dans une hypothèse que j'allais clairement refuser d'admettre et qui impliquait qu’ils se connaissaient depuis longtemps… Ou pas... Pourquoi réagir de la sorte sinon ?

*Putain c’quoi c’delire…*

Non, Jin ne pouvait pas être mauvais... Il ne pouvait pas m'avoir menti à ce point depuis notre rencontre il y a des années... Il y avait du bon en lui... Mais en même temps.. La Nation du Feu était capable de commettre le pire pour arriver à ses fins... Son frère en était la preuve vivante.. mais était-il le seul dans cette affaire ?

Tout était confus, alors que j'attendais une réponse, je laissais à nouveau mon esprit naviguer sur un océan de paranoïa. Je ne pouvais rien faire de plus... C'était plus fort que moi. Une petite voix me hurlait que la vérité allait sans doute me faire mal… Taiyo n’avait jamais été si… en colère… Ça ne promettait rien de bon du tout.

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Ahloy semble perplexe face à ta réaction. Sur la défensive, elle te retourne ta question en demandant si elle a l’air de blaguer. Ta mâchoire se crispe à cette réponse qui est loin de te convenir. Détournant les yeux d’elle, les dents serrées, il te faut un moment avant de pouvoir lui fournir les explications qu’elle réclame, à raison…

La capitaine ignore tout de ton passif avec le P’tit Mouton. Toi même tu ignorais qui il était réellement jusqu’il y a peu.
Si tu n’étais pas si faible, tu te serais levé pour faire les cents pas, au lieu de quoi tu serres le poing libre, celui qui n’est pas agrippé à ton flanc, à t’en faire blanchir les phalanges.

Essayant d’assimiler l’information et après un silence interminable, tu prends enfin la parole d’une voix tendue.

« Ce mec n’est qu’une marionnette, un lâche et… »

Tu peines à trouver tes mots. Comment verbaliser une haine inexplicable ? De rage, tu finis par te lever, ignorant les lancements de ta blessures. Tu t’approche du berceau tout en gardant tes distances, tournant le dos à Ahloy et fusillant la fillette du regard, comme si tu voyais son père en elle.

Les ongles enfoncés dans ta paume, tu te retournes brusquement et reprend.

« Comment ? Comment a-t-il fait pour que ça arrive ? Qu’est-ce qu’il t’a raconté ? »

Qu’a-t-il bien pu dire à la capitaine pour qu’elle lui pardonne à ce point et retombe dans ses bras ? Il n’a toujours fait que suivre les ordres, dans ton esprit c’est tout ce qu’il est capable de faire. Aucunes explications, aucuns repentis ne pourra changer ça. Pour toi, il a tromper Ahloy de quelque manière que ce soit, et cela attise un peu plus ta haine envers lui, si cela est possible…

Il ne mérite pas ça, mais tu t’en fiche bien…

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Les mots fusèrent, enfin. Et ils me figèrent, littéralement. Et bien...Que de beaux adjectifs. Mon cerveau fusait, dans tous les sens, pour tenter de comprendre pourquoi Taiyo me disait ça. J'avais comme l'impression que son ressenti ne se basait pas seulement sur mon récit... Il ne connaissait pas Jin. Et pourtant, tout me donnait l'impression que c'était l'inverse. Sa colère, contenue, pouvait se sentir à des kilomètres à la ronde... J'avais, en face des yeux, une vraie bombe au bord de l'explosion.

C'était quoi ce délire ?

Les yeux plissés, je le regardai alors se lever pour s'approcher du berceau. Instinctivement, et sans comprendre pourquoi, je me préparais mentalement à... me battre ? Le coeur battant, l'instant maternel ayant pris le dessus, je décidai de ne pas laisser le silence s'installer. J'avais mettre les pieds dans le plat, et pas de la façon la plus agréable du monde.

"Comment c'est arrivé ? Sérieux ? On vous apprend qu'la baston chez les Feu ? Parce que, vraiment, j'vais pas t'faire un dessin, même si t'insistes. " lançai-je avec sarcasme en me levant à mon tour. "Beaucoup d'adjectifs, mais beaucoup de rage, c'quoi ton souci avec lui ? Parce que tu vas pas m'dire que c'est juste le coup de la trahison que j't'ai raconté."

Je n'étais plus vraiment amicale, parce que je n'arrivais pas à faire semblant d'être sympathique. J'étais une vraie bourrue, qui ne prenait pas de pincettes pour dire les choses.

"Alors, tu m'parles d'abord de pourquoi t'as une tête de rageur constipé quand j'dis le prénom de Shao Jin, et après, j'te déballe mon sac si tu penses te contenir et pas embraser la ville de colère." ordonnai-je avec sérieux en allant me poser de l'autre côté du berceau, face à lui.

Depuis notre rencontre, jamais je ne l'avais vu dans un tel état. Et pour tout avouer, ça me foutait la trouille. Je ne craignais pas de l'affronter, non, j'avais plutôt peur de ce qu'il allait me dire, et qui allait sans doute mettre le bordel dans ma tête concernant l'homme qui occupait sans cesse mes pensées. Car c'était bien l'évocation de ce dernier qui venait de le transformer, littéralement.

Ça ne présageait rien de bon...

Rien de bon du tout.

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Début du 12ème mois de l’année 52 de l'ère de Ri Wu
Retour du raid contre la flotte du feu dans le sud.

Warning : syndrome post-traumatique, blessures de guerre, combats et morts.

La capitaine te répond avec sarcasme et tu ne peux t’empêcher de lever les yeux au ciel. Tu sais qu’elle t’as compris, et elle sait que tu n’es pas un bleu en matière de relation, même si tu es très loin d’être causant à ce sujet.

Tout comme tu ne lui a pas répondu, elle t’ordonne littéralement de t’expliquer avant qu’elle même ne te fournisse des réponses. Elle se lève à son tour pour se rapprocher du berceau. Le regard toujours assassin et le corps entièrement crispé, tu t’efforce de respirer calmement pour te détendre et calmer la douleur que la tension provoque.

N’arrivant pas à soutenir le regard de ta sœur de cœur, l’esprit en vrac, tu finis par répondre après un temps de silence.

« Je n’l’ai appris que récemment mais… il s’avère que j’connais Shao Jin... »

Tu craches ce nom entre tes dents, les yeux détournés vers la porte, comme si tu espérais qu’elle t’aspire loin de tout ça. Pourtant, tu continue, sur un ton glaciale et le visage soudain fermé alors que tu te replonge dans des souvenirs, récents, et anciens.

« Nous nous sommes croisés lorsque j’étais en prison… Malgré mon jeune âge, j’n’ai pas été tendre avec lui, mais c’était plus fort que moi… Il a toujours dégagé un... »

Un quoi… Un sentiment de soumission ? Non… de la faiblesse ? Peut-être…

« Enfin je n’supportais pas son côté suiveur, je crois... »

Le parfait petit soldat…

« C’est lui qui m’a annoncé la mort de mes grands-parents. A c’moment là, je n’pouvais juste pas le piffer, rien de plus… »

Et puis…

« Et puis j’ai appris qu’il s’agissait du Jin qui vous à trahi et... »

Et tu as craqué…

« Ça a été la goutte de trop… Qu’il soit un p’tit soldat bien dressé, c’est son problème, mais à partir du moment où cela à porté préjudice à ma famille, c’est devenu le miens…. »

Un peu léger comme explications. Mais comment exprimer un sentiments dont la source est inconsciente ? Comment faire comprendre à Ahloy à quel point tu considères cet homme comme l’archétype même du parfait petit mouton qui se laisse diriger sans poser de questions ? Comme lui expliquer que la haine que tu nourri envers lui n’est, au finale, pas fondée, alors que toi-même tu ne t’en rends pas compte ?

Cherchant à nouveau tes mots, légèrement plus détendu mais le visage toujours fermé tu finis par reprendre.

« C’est un menteur manipulé par sa nation… comme beaucoup trop d’gens... »

Tu n’as même pas relevé sa remarque concernant ta tête ni le fait que tu puisse embrasé toute la ville sous l’effet de la colère. Celle-ci n’est dirigée que vers une seule personne désormais, un seul point d’encrage pour toute une vie de labeur… Il te faut juste un coupable, au final...

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La révélation tant redoutée. Taiyo connaissait Jin. Comment ? Pourquoi ? Les liens les plus farfelus envahissèrent alors mon esprit, alors que je le contemplais avec force. Membre d'une même famille ? Un cousin ? Non, pire, un frère ? Plus jeune... Non ! Impossible. Et si... Et si celui qui malmenait tant mon coeur avait été un des bourreaux de la falaise le fameux soir où mon bras droit avait chuté le bras en feu ?

Par pitié. Non. Pas ça.

Le visage crispé, pendue aux lèvres du blessé enragé, j'écoutai alors ses mots... Sans trop comprendre ce qu'il voulait dire. Clignant des yeux, la bouche déformée par une grimace étrange, je restai pourtant silencieuse... Les deux hommes s'étaient connus en prison, le prisonnier et le geôlier... Mais... c'était tout ?

Assurée de ne pas avoir mis une goutte d'alcool dans le breuvage médical que je lui avais donné quelques minutes plus tôt, je croisai les bras, complètement paumée face à ses confessions qui... n'expliquaient pas grand chose... Jin, le suiveur, le mouton... Oui, je pouvais comprendre cette vision lorsqu'on ignorait la vérité...

" Je vois..." soupirai-je en posant mes yeux sur la petite qui dormait paisiblement. "Tu... n'as pas vraiment tort dans le fond... surtout... que je te connais toi."

Quelle phrase étrange, et pourtant..

"J'veux dire... Toi, t'as pris la décision de nous libérer, alors que t'étais qu'un gamin. T'as littéralement brisé tes chaînes... Mais lui...Il en a toujours eu..."

Est-ce que l'heure était venue de défendre mon point de vue ? Totalement. Mais je ne comptais pas me bercer d'illusions non plus.

"Chez les Feu, on aime pas mal la manipulation, et l'chantage. L'ancien Capitaine avait compris que Jin nous protégeait c'soir là... C'est... son frère... le fléau. Un homme qui a été déclaré, mais qu'est rev'nu à la vie en étant le plus gros connard du monde. Soit Jin revenait, soit il nous tuait tous. " expliquai-je calmement en relevant la tête. "J'ai r'croisé Jin, plusieurs fois ces dernières années. C'était violent. Mais j'ai su la vérité. J'l'ai confronté. On a discuté, parlé d'sa position délicate car il veut comprendre c'qui est arrivé à son frère et il est surveillé... Bref, on avait commencé à enquêter..."

Nouveau soupir et un noeud dans la gorge, je marquai alors une pause. Comment mettre des mots sur le capharnaüm qui me pourrissait la vie depuis que je l'avais revu ?

"Un truc a merdé. Sa mémoire, son attitude, j'sais pas... j'sais pas c'qu'il lui est arrivé.. J'comprends rien... J'peux pas l'revoir. C'trop dangereux... " expliquai-je maladroitement avant de conclure. "Réalité, ou mensonge parce que... La Nation du Feu, parce que t'as raison quand tu parles des menteurs, des manipulés... j'peux pas te contredire là d'ssus..." soupirai-je en prenant appui sur le berceau histoire de ne pas finir par terre tant mes jambes menaçaient de céder sous mon poids.

Ça ne cessait de trotter dans ma tête, cette histoire de mensonge... Et voilà que Taiyo m'en parlait... Comment ne pas douter encore plus ? J'étais perdue, un bateau sans phare, sans guide.

"Bordel, j'sais pas quoi faire... A part l'confronter... Une dernière fois... Même si... j'en ai pas l'envie non.. J'crois y'a rien à faire.."

À quoi bon ? Je ne voulais pas souffrir davantage... pas pour le moment.

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Comme il fallait s’y attendre, Ahloy ne semble pas convaincue par tes explications. Elle te laisse pourtant finir et se lance à son tour dans son récit. Et elle… défend Jin ?! L’histoire résonne en toi, avec une impression de déjà vu : la surveillance rapprochée, une position délicate… un homme déclaré mort et pourtant bien vivant… Cela est loin de t’adoucir pourtant, bien au contraire. Tout ce que la capitaine te raconte ne semblent être que des excuses, des mensonges proféré par le P’tit Mouton pour regagner les bonnes grâces de la jeune femme.

Et Ahloy confirme tes pensées en continuant son histoire. L’homme à apparemment  une fois de plus retourné sa veste, et elle en à l’air plutôt mal…

Retenant un haut le cœur face à ces révélations qui ne font qu’en rajouter à ta rancœur envers le soldat, tu t’efforces de te calmer en voyant la détresse de ta sœur. Enchaînant quelques profondes inspirations et expirations, tu arrive à poser à nouveau les yeux sur la capitaine, accrochée au berceau comme à une bouée de sauvetage.  Lentement, tu t’approches d’elle let a prends dans tes bras. Deux câlins en moins d’une heure, cela prouve bien que rien ne va plus…

Tu restes ainsi quelques instants, en silence, puis t’écarte d’elle en gardant les mains sur ses épaules, comme pour la soutenir.

« Crois moi, la Nation du Feu est éduquée pour que tous ses citoyens croient en sa grandeur, sa puissance et sa prospérité. »

Les leçons sont encrées dans ta têtes comme une marques au fer rouge...

« Ce Shao Jin a été entraîné et éduqué de façon à n’avoir qu’une seule vérité, celle qu’on lui a inculqué… Le confronter n’servira à rien à partir du moment où il ne fait que jouer avec toi pour t’imposer cette vérité… »

Elle tente de le défendre, tu joue donc sur ce terrain également. Conscient ou non, le P’tit Mouton reste un P’tit Mouton… Mais peut-être la pilule passera mieux si tu mets sur l’inconscient…

Sentant le feu bouillir en toi, tu relâches la capitaine alors que ton regard flamboie sous l’effet de tes pensées qui s’emmêlent dans ta tête. Alors comme ça, il continue de faire souffrir Ahloy… Si elle espère que ces explications vont suffire à atténuer ta haine et ta colère, elle se trompe lourdement. Au contraire, les motifs s’accumulent. Tu n’arrives pas à tout comprendre, à faire le lien entre tous les éléments, mais tu as retenu une chose : ta sœur de cœur à confirmé les faits : Jin n’est qu’un menteur et un manipulateur. Et peu importe les raisons qui l’ont mené à être ainsi, rien ne pourra plus l’épargner s’il se retrouve à nouveau face à toi...

« Ce salopard le paiera... »

Il paiera pour tout. Pour toi, pour elle… pour cette guerre…

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On aurait pu se battre, ou plutôt, défendre nos idées reçues avec plus d'entrain si nous avions été en forme. Au lieu de ça, une étreinte se fit, silencieuse, mais... nécessaire. Comment ne pas être surprise ? Surprise, et soulagée. Mon bras droit bouillonnait, je le savais, pourtant il se contenait. Et moi. Je me taisais.

Je comprenais son point de vue, consciente que je défendais un peu l'indéfendable au final. Très bien, il le haïssait, et je ne pouvais pas restée insensible face à ses arguments. Lui n'avait jamais donné son âme à son ancienne patrie, Jin, lui... c'était différent.

J'étais encore plus paumée d'un coup, surtout si je tentais de me remémorer le dernier échange avec mon "amant". Une mémoire envolée, un visage qui me renvoyait à ce fameux soir où tout était parti en vrille sur le navire, des bons souvenirs qui s'estompaient pour laisser place à l'amertume et la douleur... Est-ce que je l'avais définitivement perdu ?

Nouveau soupir, nouveau silence, je ne savais plus quoi dire... L'homme face à moi était tout simplement aussi inébranlable que déterminé. Une haine qui n'était pas bonne à garder pour lui... Au final, et après analyse de toutes les informations... Une idée me vint à l'esprit. Une idée complètement débile.

"Allons le trouver." lançai-je d'une voix cassée en regardant dans le vide. "Je crois que... c'est ce qu'il faut faire... Pour être fixés, tous les deux, sur lui... sur l'avenir..."

Et mon regard alla se perdre sur la bouille endormie de la petite qui paraissait bien innocente à nos côtés. Je ne devais plus rester là à me lamenter ou à me nourrir d'espoir... Il lui fallait un prénom, je devais aller de l'avant et Taiyo avait besoin de vider son sac.

"Qu'est c'que t'en penses ?"

Déterminée, le visage sombre et sérieux, je posai mes yeux sur mon bras droit... S'il ne souhaitait pas répondre positivement à ma requête, je ne comptais pas jouer l'inactive. Ça faisait bien trop longtemps que je dormais sur les terres gelées du Pôle Nord, l'heure était venue de me bouger les fesses.

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Ahloy garde le silence, longtemps. Vous vous perdez chacun dans vos pensées. Puis les mots tombent, lourdement : « Allons le trouver. » Tu te fige, le dos tourné à la capitaine, le feu crépitant au creu de tes poings serrés. Tu ne réponds pas tout de suite, tu ne la regarde pas non plus, de peur qu’elle lise toute la haine qui brûle au fond de tes yeux. Mais lorsqu’elle te demande ce que tu en penses, tu n’as pas le choix et t’efforces donc de répondre d’une voix que tu veux neutre, mais qui sort glaciale malgré toi.

« Ahloy, si malgré tout ça tu tiens à sa vie… ne serait-ce qu’en tant que père de ton enfant… mieux vaut que je n’le r’vois jamais... »

Parce que tu as juré de le tuer lors de votre prochaine rencontre… parce que tu n’es pas certain du tout de réussir à te contrôler en sa présence, même pour ta sœur de cœur…  et pourtant… Pourtant pourrais-tu la laisser y aller seule s’il elle décide malgré tout d’aller le voir ? Pourrais-tu accepter qu’elle le confronte à nouveau au risque de se faire berner une fois de plus par les belles paroles du soldat ? Si toi tu as besoin de mettre fin aux jours de cet homme pour divers raisons, dont pas des bonnes… Ahloy a besoin de faire le point concernant sa fille et son avenir, comme elle dit…

« Mais je n’peux pas n’pas t’accompagner si tu décides d’aller le trouver… Juste, es-tu consciente des risques ? »

Est-elle consciente que malgré tout ton amour pour elle, rien ne garantit ta retenue envers le P’tit Mouton ? Peu importe ta blessure, peu importe l’état de ta tête, l’effort que tu devras fournir pour ne pas le brûlé vif si Ahloy te le demande sera considérable…

Ta tête… tu es instables en ce moment, ce qui n’aidera clairement pas…

La gorge serrée, tu te sent sur le point d’exploser. Sans faire face à la capitaine, tu tournes le regard vers l’enfant paisiblement endormie. Un regard d’abord noir, mais qui s’adoucit peu à peu face à l’innocence.

« J’ai du mal à croire que ce soit fille... »

A tous les niveaux… L’imaginer avec Ahloy te rend malade, et cette enfant est si innocente qu’il est difficile de concevoir de qui elle descend… Enfin si, elle descend aussi d’Ahloy, ça doit beaucoup jouer…

Tu pousse un long et profond soupire alors que tu détourne à nouveau les yeux. Tu te sent mal, tu as mal… tu as l’impression de ne tenir que par la rage... Et si tu dois en venir aux flammes dans cet état, tu sais que ton feu sera violent et destructeur...  

« Je n’contrôle plus rien, Ahloy… Je n’veut pas te blesser de quelque façon que ce soit… mais lui faire face signerait probablement son arrêt de mort… ou le miens… »

Ou les deux...

« Tu dois le savoir... »

Tout comme tu sais qu’elle ne renoncera probablement, avec ou sans toi… sûrement sans toi, du coup… mais tu sais aussi que tu ne la laissera pas seule avec lui malgré tout...

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J'avais clairement sous-estimé l'aversion que portait Taiyo en lui... Ses mots me claquèrent aux oreilles avec violence et douleur. La rage était telle qu'il n'existait que la mort au bout du chemin. Les sourcils froncés, j'observai alors mon bras droit avec attention... Lui ou Jin, est-ce que j'allais vraiment devoir faire un choix entre les deux ? J'avais merdé en proposant d'aller à sa rencontre pour mettre les choses à plat... Ce lien qu'il y avait entre eux dépassait mon entendement, je ne pouvais pas comprendre, et encore moins prendre le risque de déclencher un combat entre deux personnes chères à mon coeur... Mais comment faire marche arrière ?

Lâchant un soupir, je passai mes mains dans mes cheveux avant de commencer à faire les cents pas dans la pièce. Si sa haine était proportionnel à l'amour que je portais, ou que j'avais porté, je ne savais plus, à cet homme, alors, il valait mieux rester prudent...

" D'accord, laisse tomber, j'refuse de perdre quelqu'un pour une envie d'discuter." commençai-je d'un air las. "Si nous d'vons nous r'voir, ce sera parce que le destin aura décidé d' nous mettre sur le même chemin."

Ce même destin avait joué avec mes nerfs et mon coeur pendant des années pourquoi est-ce qu'il arrêterait ? Si Jin devait être mis sur nos chemins, alors ça ne tarderait pas à se faire... Précipiter les choses n'avait jamais donné rien de bon... Et puis, est-ce que j'étais vraiment prête à le revoir, là, maintenant ? Pas vraiment. Trop fragile, trop faible, si jamais il était passé du côté de son frère, j'allais finir dans les geôles de la Nation du Feu... C'était arrivé une fois. Pas deux.  Et puis je savais pertinemment que mon palpitant ne s'en remettrait pas cette fois-ci. Dans tous les cas, choisir une confrontation maintenant était idiot...

" Mon libre arbitre est porté disparu depuis l'arrivée d'la petite, désolée...." expliquai-je lentement en posant mes yeux sur Taiyo. " Mais j't'ai compris, et si on doit tous se r'voir, j'serais prête. Prête à faire face au pire... ."

Des mots scellés, lancés comme une promesse ultime. Il était impératif pour moi d'imaginer le scénario le plus catastrophique si jamais une rencontre s'imposait pour ne pas perdre le contrôle.

Finalement, je n'avais plus vraiment envie de partir en quête de vérité ou de réponse... Non, profiter de l'instant présent, se concentrer sur la santé, les blessures à panser... C'était ça le plus important.

"Reposons-nous... et n'en parlons plus."

Du moins... Pour l'instant... Et jusqu'au jour où les Esprits en décideraient autrement.

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Tes mots sont lourd de sens, et Ahloy le sent bien. Elle ne répond pas tout de suite, et si tu sais qu’elle te regarde, tu gardes les yeux baissés au sol, toujours sans lui faire face. Finalement, elle lâche l’affaire, sans même chercher à discuter. Ça ne lui ressemble pas… Mais ni elle ni toi ne vous ressemblez en ce jour… c’est un fait indéniable…

Tu ne peux t’empêcher de laisser échapper un sourire amère à l’évocation du destin. Tu te demande bien à quoi vous étiez destiné à votre naissance, tout les deux. Si votre chemin était déjà tout tracé, semé d’embûches, de souffrances et de déceptions…

La capitaine fini par s’excuser et affirme que si confrontation il doit y avoir, elle est prête à faire face au pire. Tu fermes les yeux, la gorge serrée.

« C’est moi qui m’excuse… Je n’ai pas l’droit d’t’imposer ça... »

Ce choix… elle devrait pas avoir à le faire… Tu te sent sale de l’y obliger, d’une certaine façon, mais tu te dois d’être honnête avec elle. Et elle l’accepte, sûrement par résignation…

Ta sœur de cœur met fin à la discussion. Tu te sent vidé. Tes oreilles bourdonnes, tu tremble, et tu n’arrive toujours pas à posé les yeux sur elle Tu ne la mérite pas… Tu es trop égoïste, trop borné, et elle bien trop gentille sous ses airs rudes. Tu n’as rien à ajouter, et tu finis par te diriger vers la porte d’un pas lent.

« J’suis désolé Ahloy, vraiment... »

Désolé d’être un crétin fini et un frère indigne…

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