périr faire partie de la vie

début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

La conversation avec le jeune prisonnier avait bien remué l'esprit de Jin. Il n'avait pas compris pourquoi les mots l'avaient autant touché, mais il sentait bien que le gamin était bercé par un idéal absolument nul qui le portait. Et cela le rendait fou. Jin, comme beaucoup d'être fasciné par un régime, était persuadé qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule solution. Or, si les deux étaient sûrs qu'ils étaient dans leur bon droit... l'un devait avoir tort. Evidemment, c'était le gamin, mais... et si ? Jin n'était pas encore parti à la guerre, il n'avait pas encore affronté d'autres troupes alors qu'il en rêvait, mais déjà il remettait en questions certains détails. Il voyait les visages des vieux soldats, fatigués, qui revenaient harassés, sans cette flamme qui brillait à leur départ dans leurs yeux. Que s'était-il passé ?

Trituré par ces questions, Jin n'était pas dans son état normal, ce qui retarda un peu sa prise de poste et le fit tourner en rond. Il décida alors d'agir pour se sortir le gamin de la tête, le mieux étant - selon le jeune soldat - d'en savoir plus sur lui pour comprendre comment il en était arrivé là. Il se renseigna et découvrit ainsi le nom du gamin, mais il préférait continuer à l'appeler gamin dans sa tête, ça le rendait moins humain, moins dangereux et moins réel. Il chercha au sein de sa famille et se rendit compte qu'il avait eu raison, l'enfant n'avait pas de père. Seulement, au lieu d'inscrire un sourire victorieux sur ses lèvres, il ressentit de la peine pour Taiyo. Il fouilla encore et appris le décès ressent de ses grands-parents qui l'avaient éduqué. Le décès si récent que le gamin ne pouvait pas le savoir. Et le doute l'assaillit. Enfin ! Il tenait quelque chose contre l'enfant, mais... il ne pouvait pas passer outre.

Finalement, il se confia à son frère, à Chang, celui qui savait tout et qui pouvait répondre à tout. Après de multiples explications - passant outre ses accès de colère - ils décidèrent de lui annoncer, mais sans que ce ne soit pour se moquer ou le blesser. Juste pour qu'il soit au courant. L'aînée des Shao laissa le plus jeune s'en charger, comme s'il savait qu'il avait besoin de le faire. Seulement, Taiyo n'était plus en cellule individuelle.

Heureusement, les prisonniers adultes devaient travailler, de temps en temps, pour la nation du feu. Jin décida d'empêcher le gamin de s'y rendre pour profiter du calme de la cellule collective et lui annoncer la nouvelle. Il n'avait pas hâte, mais il fallait le faire. Et puis, il se doutait que le sourire énervant du gamin risquerait de le faire sortir de ses gongs une fois de plus. Il serra les poings, se promit d'être calme - même s'il passerait outre cette promesse sans le moindre doute - et s'avança vers les cellules.

« Nomura reste aujourd'hui » annonça-t-il d'une voix forte pendant que les autres sortait. Le gardien haussa les épaules, s'en fichant sûrement et il les laissa seuls une fois la porte refermée à clef. La salle vide résonnait et Jin fit jouer une boule de feu entre ses doigts pour se réchauffer. Ce n'était pas une menace, mais une manière de se donner du courage. Il ne restait qu'à savoir comment l'autre le prendrait. « Comment ça se passe en prison ? » commença-t-il d'une voix incertaine. Il n'était pas juste là pour prendre de ses nouvelles, mais il ne savait pas vraiment comment aborder la chose. Il ne pouvait pas lui crier la nouvelle et se barrer aussi rapidement non ? « Tu t'es fait des copains aussi butés que toi ? » Il ne ricana même pas.

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début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

Il ne ressemble plus au gamin que Jin a rencontré quelques semaines plus tôt, il regard le sol, reste calme. Décidément, les maître du feu qui gardent la prison font bien leur travail. Cela leur a pris peu de temps et pourtant, le voilà déjà qui rentre dans les rangs. Alors pourquoi le coeur de Jin se serre ? Pourquoi se sent-il triste pour l'enfant ? Il chasse ses questions dérangeante de son esprit, il n'est personne et ne doit pas penser. Seul l'ordre mit en place par le Grand, le Beau, le Fort Seigneur du Feu existe et doit être. Jin n'a rien d'autre à vivre.

Une légère pique du gamin soulève les lèvres de Jin pour les étirer en un sourire victorieux, mais bien vite Taiyo s'excuse. Jin ne peut pas l'encourager alors il se permet une remarque acerbe. « Ahh, on t'a enfin appris les bonnes manières et tu as compris où était ta place. Bien. » Il se retient de pousser le bouchon trop loin, de lui demander de s'agenouiller. Il sait bien que le gamin n'en fera rien. Jin éteint les flammes qui brûle entre ses doigts et dévisage l'enfant, comme celui-ci ne le regarde pas, il peut se le permettre. « J'avais une information pour toi » commence-t-il doucement, avec un air amusé « mais je ne suis pas certain que tu le mérites après tout. La première chose que tu m'as dite » Il soupire et relâche ses épaules, comme s'il était déçu « c'était comme si ta mauvaise habitude, celle qui te fait croire que tu es exceptionnel » Il se met à chuchoter pour les mots suivants « alors qu'il n'en est rien » puis il reprend d'une voix égale « revient constamment. Il est temps que tu grandisses. » Finalement Jin n'arrive pas à être lui-même face à lui. Il se sent obligé de montrer qu'il est plus grand, plus fort, plus... dans les clous. Dire qu'il venait avec - presque - de bonnes intentions aux débuts.

Il se recule de quelques pas et s'adosse aux grilles qui ferment la cellule commune. « Alors, veux-tu l'entendre cette nouvelle ? Et surtout, la mérites-tu ? » Il sourit. Puis il se rend compte de ce qu'est cette nouvelle et son visage blêmit. Peut-il réellement jouer de la sorte avec l'annonce de la mort de ceux qui le chérissaient ? Il tente de garder consistance, mais espère que le gamin trop futé n'a pas relevé les yeux et n'a pas aperçu le trouble qui traversait le visage du maître du feu.

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début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

Sans rien faire, sans même sourire ou le regarder, Taiyo arrive à transmettre son dédain pour Jin. Et le soldat ne comprend même pas comment c'est possible, suinte-t-il de sa peau ? Le jeune Nomura n'est pourtant pas un sujet de potin dans la salle des gardes, or s'il avait continué à agir comme il l'avait fait avec Jin, le maître du feu en aurait entendu parler. Alors pourquoi cela est-il réservé à Jin ? Le soldat se passe une main sur le visage, Taiyo a choisi sa victime, voilà tout et, une fois de plus, Jin a sauté pied joint dans son piège. Le piège, donc, d'un gamin de 13 ans. C'est honteux, mais à sa décharge, Jin n'est pas un gamin beaucoup plus âgé ni élevé avec amour. Il lui manque beaucoup de compassion ou d'empathie. Cela viendra avec le temps, peut être.

Et le voilà qui sourit, qui soupire, qui s'assied comme s'il était le maître ici. Comment arrive-t-il à renverser la situation à chaque fois ? Jin doit serrer les poings pour ne pas sortir de ses gongs. Ah, l'égo mal placé des maîtres du feu, ils parlent sans cesse d'honneur, mais clairement ce n'est que de l'égocentrisme avec une pointe de vexation. Jin le dévisage sans se retenir, lui à le droit de lever - ou plutôt baisser - les yeux sur le prisonnier. Il lui est supérieur, alors pourquoi n'arrive-t-il pas à s'affirmer ? Parce qu'il manque de confiance en lui et peut être de foi en leur cause. Il a envie d'y croire de tout son coeur, mais la tenacité de l'enfant le perturbe.

Après la tirade de Nomura, Jin éclate de rire. « Ah, tu en rêves ! » Libéré, avec un frisson d'effroi, Jin se demande s'il le sera un jour. A moins de lui faire subir un lavage de cerveau, il y a peu de chance qu'un tel enfant soit libéré. Les maîtres croient qu'il est difficile de réparer quelque chose d'aussi abîmé qu'un enfant déjà déviant.

« Très bien, fait l'malin. »

Jin hausse les épaules, sachant que c'est lui, l'enfant, qui va être mal après l'annonce, autant le laisser rire avant. N'est-ce pas encore plus cruel ? Voilà donc bien la manière dont Jin va se venger. Il lève sa main devant ses yeux pour regarder ses doigts et ainsi éviter de croiser le regard du petit.

« Il y a une semaine, quelqu'un dans la nation du feu, a organisé une célébration pour l'enterrement des deux derniers adultes Nomura encore en vie. »

Encore en vie, parce que ses parents étaient déjà morts, Taiyo ne peut pas avoir le moindre doute. Ou alors il va penser qu'il vient se moquer ? Il sort donc de sa veste le papier, qui indique où sont enterrés les deux corps et tend le bras vers l'enfant pour couper court à ses réclamations, railleries ou autres doutes qu'il pourrait sortir. Jin n'est pas là pour s'amuser - il aurait pu pourtant - mais il ne veut pas essuyer une crise de larme non plus.

« Bonne nouvelle ? »

Il n'a pas pu s'en empêcher, le revoilà mauvais.

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début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

Il s'effondre, blêmit et Jin n'en tire pas le moindre plaisir. Il fait jaillir une flamme, devant son visage, juste pour cacher son propre regard. Il ne veut pas que l'autre s'aperçoit qu'il n'est pas si heureux, qu'il n'est pas si vil. C'est bien plus simple s'il arrive à rester dans son rôle, mais qui est assez cruel pour blesser volontairement un enfant de cet âge-là ? Il éteint sa flamme.

Malheureusement, Jin a plusieurs noms en tête. Voilà pourquoi il voulait lui annoncer lui-même, pour que cela ne deviennent pas un jeu pour les autres, un nouveau chantage, pour lui faire miroiter un mensonge. Il inspire, expire et voit le gamin reprendre contenance. Tant mieux, ça l'aidera.

Le voir en colère l'aide à reprendre son rôle et sur la face de Jin, c'est un masque de neutralité. Ni joie, ni peine. Il a juste l'impression d'en avoir rien à faire.

« Tu penses vraiment que j'ai rien d'autre à faire que venir te faire chier ? Et bien, dis tout ce que tu penses de moi, je t'en pris. » Il lève les yeux au ciel puis lève la main. « Evidemment, c'était rhétorique. » précise-t-il avant d'avoir une grêle d'insultes gratuites.

Il soupire et s'adosse une fois de plus au mur de la cellule. Depuis combien de temps les autres sont partis ? Quand vont-ils revenir ? Jin se demande s'il ne préfèrerai pas fuir, maintenant, tout de suite.

« Il n'y a pas de partie ou de jeu en cours, gamin. » Le dernier mot a été dit sur un ton insultant « Il n'y a que la vie. Si je voulais gagner, comme tu dis, il me suffirait de te frapper un bon coup et ne t'inquiète pas, je n'ai pas été dans les meilleurs de ma promotion pour aucune raison. »

Un instant son esprit s'égare vers Ruiling, qui elle, était l'une des meilleures et du nombre de coup bas dont ils ont fait preuve l'un envers l'autre. Et sa rage remonte, le temps n'a pas adoucit cette blessure-là. Une nouvelle flamme jaillit entre ses doigts, éclairant son beau visage d'enfant.

« Maintenant, crois ce que tu veux pour mieux dormir, moi j'ai rempli ma mission. »

Pourtant, il ne fait pas le moindre pas pour s'éloigner ou quitter la prison.

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début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

Jin a réellement essayé de rester calme, maître de lui, de lui expliquer la vérité sans s'énerver, sans se battre. Et voilà qu'il continue à le défier ? Au fond de lui, Jin sait que Taiyo est perclus de douleur, que ce n'est qu'une façade pour se protéger, mais le soldat réagit tout de même. Surtout au moment où il voit le feu jaillir de ses mains serrés. Cela lui rappelle qui il est.

Il s'approche, une boule de feu énorme dans la main, il a envie de le déstabiliser, de le frapper de l'autre poing, dans le ventre ou sous la gorge, pour le bloquer, lui faire peur, lui faire mal. Mais il ne fait rien. Malgré lui, le gamin a raison. Jin n'a pas envie de le frapper. Même si les conséquences seront sûrement minimes pour lui, contrairement au prisonnier.

« Merci » siffle-t-il « Tu vois que je remplis mes missions parfaitement donc. »

Il l'a mauvaise, il est amer. Evidemment que ce n'était pas sa mission, et les deux le savent parfaitement. A moins que l'ado se mente à lui-même encore.

Jin soupire, hausse les épaules. Il ne part vraiment pas. « Qu'est-ce que tu veux ? Vas-y, dis-moi ce que j'aurai appris. » Il n'y croit pas une seule seconde en réalité, mais comme il ne se déplace pas, autant parler.

Seulement, sa dernière phrase lui tourne et retourne dans la tête. Quels sont les autres mensonges qu'on lui a servi ? Est-ce qu'il sait quelque chose ? Est-ce qu'il est sûr qu'on lui a menti ?

« Et toi ? T'es quoi à part un p'tit merdeux ? T'as jamais menti peut être ? Tu t'prends pour qui ? Je viens de t'assurer que je t'ai pas menti, je viens alors que j'ai pas besoin de venir, que personne ne m'a rien demandé, je viens pour t'annoncer la nouvelle et que tu aies le temps de la digéré, parce que tu le sais comme moi que tu vas jamais sortir. »

La colère gronde, le ton monte, le feu aussi. Jin se stoppe net. Il inspire doucement pour éteindre le feu entre ses doigts.

« Tu l'as bien compris, je ne te frapperai pas, c'est pas une raison pour me foutre ta putain de rage dessus. »

Jin n'a jamais été amical, mais là, il dépasse les bornes.

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début de l'année 38 de l'ère de Ri Wu, quelques mois après [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] (Jin a 16 ans)

La colère qui le traverse me rappelle la mienne, celles des jours précédents. Aujourd'hui, je suis surtout las. Je ferme les yeux un instant, comme pour me soustraire à son image, mais je sais qu'elle m'habitera longtemps.

Et ses mots aussi, résonneront pendant longtemps. Je crois qu'il comprend que je lui dis la vérité, sauf qu'il est tout bonnement incapable de l'accepter. Et je dois bien l'admettre, c'est normal. Il ne devrait pas faire face à autant de problème, à autant de difficulté. Oui, mes parents ne m'aimaient pas, mais j'ai pu grandir accompagné de Cheng et rien que ça, ça a suffit à ce que je ne devienne pas fou. Or, lui, n'avait que ses grands-parents, qui deviendrai-je sans mon frère ? L'idée me terrifie. Je ne veux pas me mettre à sa place.

« Parce que j'ai 16 ans imbécile. » grondai-je.

Parce que je suis jeune et inexpérimenté, parce que je ne suis pas un barbare brutal prêt à frapper un gamin en prison, parce que .. tu m'fais penser à moi plus jeune. Je refoule toutes ces émotions, tous ces mots et ne dis rien.

Je le regarde, d'un air dédaigneux, une fois de plus. Pour tenter de me détacher de la scène, pour faire comme si tout allait bien et que j'étais à ma place.

« Et puis tu veux quoi ? Que je te frappe alors que t'es déjà à terre ? »

Je me mords les lèvres, c'est ce qu'il doit vivre au quotidien. Je songe à mes parents, j'ai essayé d'attirer leur attention pendant des années, en vain. Je pense à Ruiling, que j'embêtais avec joie, mais parce qu'elle savait me le rendre. Je ne me suis jamais attaqués au plus jeunes ou à ceux qui ne savaient pas se défendre, est-ce de la gentillesse ou de la connerie ? J'avais besoin de répondant dans ma vie. Je suis masochiste, c'est une affirmation.

« P't'être que j'me sens seul. » avouai-je soudainement en haussant les épaules.

Je ne peux clairement pas lui dire tout ce qui m'est passé en tête, mais je me dois de lui répondre, il mérite au moins ça. Pour la phrase suivante, j'imagine Ruiling en face de moi, cette tête brûlée qui savait me répondre comme personne. Exactement comme Taiyo, mais un Taiyo debout, fier, droit, qui sait qui il est.

« P't'être que t'es juste la victime idéale quand j'ai envie d'être supérieur. »

Et voilà, ça sonne faux. Je le sais, il le sent. Tant pis. Mais ses mots m'ont trop perturbé. Pourquoi ne me ment-il pas ? Et pourquoi me l'a-t-il dit ? Il sait qu'il risque sa vie si je le dénonce, si je montre qu'il n'a pas changé, qu'il est toujours aussi tête brûlée. Et pourquoi ai-je la conviction que je ne dirai rien ? Rha, ce gamin me fait trop réfléchir, je déteste ça.

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Il m'aide pas ce petit con. Il a toujours réponse à tout, il est toujours prêt à taper là où ça fait mal et ses changements d'émotions ne me prennent pas de court, parce que je le connais. Je suis capable de passer de la colère à la paix intérieure assez facilement, il me suffit de regarder ma maîtrise du feu. Le feu, si destructeur et dangereux, m'aide souvent à me calmer. Parce que j'ai un but, j'ai quelque chose à faire, mon existence tourne autour de ma pyromancie. Plus tard, j'apprendrai que je suis capable de me débrouiller autrement, seul, entouré d'amis, mais pas aujourd'hui.

Je le regarde, d'un ton que je veux hautain, mais ses mots m'arrachent le coeur. Un suiveur. Je déteste ce terme, je ne veux pas. J'ai envie de hurler, de tempêter, de tout faire brûler, mais je ne fais rien. Je lui montrerai qui je suis autrement. Ce n'est pas à lui que je dois prouver quoique ce soit, mais à moi-même.

« Mais tu te prends pour qui, t'es encore plus embêtant qu'un cochon-coq ! »

Doucement, je me force à reprendre une respiration calme et délicate. Je fais jaillir une flamme dans ma main et toute la colère s'évapore enfin. Je crois qu'il est temps que je parte.

« Je suis venu t'annoncer cette nouvelle pour que tu sois au courant, je ne suis pas venu me faire insulter par un gamin. » Idiot vu que j'en suis moi-même un. « Je suis un soldat de la nation du feu et je pars très bientôt en guerre, nous ne nous reverrons plus jamais et je pense que c'est tant mieux. » Les mots me font sourire, j'ai tellement hâte de partir, mes doutes n'existeront plus une fois que je serais face à l'autre armée, une fois que la bataille aura commencé, une fois que je serais dans mon élément. « Alors crois-moi ou non, je n'en ai rien à faire. »

Je reste debout, encore quelque seconde, essayant de soutenir son regard. Je n'ai pas encore tourné les talons, pas encore dit cet adieu qui n'aura peut être du sens que pour moi. Pourtant, il est plus que temps de clore cette réunion.

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Ses mots me semblent si froid, si détachés et pourtant... il y a quelque chose dedans. Est-ce parce qu'il a fait tomber le sarcasme et qu'il a cessé d'être un petit con ? Ou alors, c'est le p'tit soldat, comme s'ils avaient partagé quelque chose et qu'ils gardent un souvenir de l'autre ? Jin n'est pas - totalement - idiot, il a bien compris que ce n'est pas un adieu déchirant d'un petit garçon.

Jin éteint ses flammes, éteint son regard et, d'une voix sourde, lance le dernier mot.

« Adieu. »

Et, enfin, il se retourne, pour clore la conversation. Et toutes celles qui ne viendront jamais. Leur avenir est incertain de chaque côté, mais une seule chose est sûre : leurs chemins ne se recroiseront plus. C'est la dernière fois que Jin voit Taiyo et l'inverse est vrai aussi. Le jeune soldat en est persuadé.

Il ferme la porte à clef et part sans se retourner.

Pourtant, au fond de lui, il sait que cette conversation restera gravée en lui et le fera évoluer, lentement, mais elle remplira sa mission.

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