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Are you kidding me ?!

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.

J’avais les réponses à mes questions, enfin. Mon père m’avait éclairé sur les zones d’ombres qui me pourrissaient l’esprit depuis des semaines. Mais l’info n’avait pas été simple a avaler pour autant… Découvrir que mon « problème » avec le feu n’avait en fait rien à voir avec un oubli de ma formation, mais qu’il s’agissait en fait d’un reniement conscient de mon élément m’avait fait un choque. Pendant des jours, je me suis muré dans mes pensées, car dès lors un choix s’offrait à moi : renouer avec cette part de moi que j’avais refoulé voilà plus de 15 ans, ou continuer à l’ignorer. Après mure réflexion et une très longue discussion avec mon père, j’ai fini par opter pour la première option. Je vois désormais dans cette perte de mémoire une seconde chance. Une possibilité de renouer avec moi-même. Mais pour cela, je devais reprendre un entraînement rigoureux, revoir les bases, et je ne pouvais pas y arriver seul. A contre cœur, je suis donc resté auprès de mon père. Loin d’être un maître accompli, il pourra au moins me réapprendre les bases et une maîtrise saine... J’ai écrit à ma sœur pour lui expliquer la situation et la prévenir. Elle me parut ravie dans sa réponse, m’enjoignant de prendre mon temps et de ne pas m’inquiéter pour elle, que son maître s’occupait bien d’elle et que je pouvais penser a moi uniquement. Plus facile à dire qu’à faire... Heureusement, les déplacements constants de la caravane et mes entraînements m’occupent suffisamment l’esprit que pour éviter que je m’inquiète trop.

Parlant de déplacement, nous nous sommes justement arrêtés non loin d’une colonie du feu. J’aurai bien aimé trouver un maître, comme avec Shao Jin, mais mon père m’avait bien fait comprendre de ne pas utiliser ma maîtrise à la légère et n’importe où, et encore moins face à n’importe qui. Si, prêt d’une colonie, je pouvais aisément me faire passer pour un colon du feu, mon manque de pratique attirerai trop l’attention sur moi… et il vaut mieux éviter cela…
Je ronge donc mon frein, me contentant de repasser les leçons dans ma tête lorsque je ne peux pas pratiquer.  

Aujourd’hui, je suis de tâche provisions. Je reviens du village, les bras chargés de sacs pleins, lorsqu’un homme m’interpelle sur un ton railleur.

« Besoin d’aide pour porter tout ça ? »

Tout dans sa voix et sa façon d’être m’indique qu’il ne propose pas réellement son aide. Gardant mon calme, je refuse poliment et continue ma route, mais il me barre le chemin, rejoins par deux congénères.

« Aller, ça a l’air lourd. T’as peur qu’on te vole ? C’est pas notre genre. »

- Vraiment ?

La réponse est sortie toute seule, e je la regrette aussitôt. Le gars me bouscule, l’air vexé, et je lâche mes sacs pour garder l’équilibre.

« Et ben, c’est quoi ces manières ? On te propose notre aide et tu nous traite de voleurs ? »

Gardant mon calme, j’affiche un sourire qui se veut apaisant.

- Je n’ai jamais dit ça.

« Tu nous traite donc de menteurs ! »

Désemparé, je cherche un moyen de désamorcer la situation, mais ces hommes semblent juste vouloir la bagarre, quoi que je dise ou fasse. L’un d’eux donne un coup de pied dans un de mes sacs. Je lève les mains en signe de paix.

- Je ne veux pas me battre… Si voulez prendre les sacs, allez-y.

« Ooooh, n’espère pas t’en sortir si facilement mon gars. On n'aime pas trop être insulté, tu vois. »

Mais ils se sont insultés tout seuls… ! Je me prends le premier coup de poing sur cette réflexion. Ils cherchent vraiment juste la bagarre. A trois contre un, quelle honte…

Vacillant, je me reprends rapidement et recule pour éviter le deuxième coup. Les hommes rient et lancent des insultes. Espérant leur faire peur, je tente de lancer une boule de feu, sans les viser évidement. Mais dans mon empressement, je loupe mon coup et rien ne se produit, à peine un peu de fumée. D’abord surpris, les hommes éclatent de rire et un nouveau coup fuse, dans les côtes cette fois. Plié en deux, le souffle coupé, j’essaie d’attraper mon couteau à ma cheville mais un coup de poing au visage me met à terre avant que j’y parviennes.

« Et bien et bien, qu’est-ce que tu as voulus nous faire là ? »

Je me pose la même question... Allongé sur le dos, tentant de reprendre mon souffle, la lèvre en sang, je tente de réfléchir à comment me sortir de là. Je ne peux décemment pas me laisser tabasser sans raison… et pourtant, cela semble bien partit pour...

Les colonies..Ce n’était pas de gaieté de coeur qu’il y allait, comme à chaque fois. En plus du trajet qui lui paraissait interminable (trop tendu qu’il était à surveiller ses affaires comme un aigle-faucon), autant le dire : pour Seiya, les gens des colonies étaient des sous-citoyens de la Nation du Feu, bien qu’ils soient quand même moins méprisables que les habitants du reste du Royaume de la Terre. Ils étaient trop loin pour pouvoir réellement profiter des grandeurs et bienfaits de la Nation du Feu. (Après, eh, quelques-uns avaient choisi cet éloignement, auquel cas il ne pouvait que dire : bien fait pour eux.) Et pourtant, d’un côté..il se sentait moins..tendu. C’était paradoxal. D’un côté il surveillait un peu ses poches, de l’autre, il profitait de ne pas être à Hikyo. Il n’aimait guère la capitale, la façon dont il avait perpétuellement l’impression d’être surveillé..Ici, personne ne venait l’embêter sous prétexte qu’il était petit-fils de l’ancien Seigneur du Feu -encore fallait-il qu’il le révèle, ce qu’il ne faisait pas. Surtout qu’il n’était pas ici pour le plaisir. Loin de là. (Comme s’il allait venir dans les colonies pour le plaisir. Urgh. Non. Jamais.)

Il était là pour le compte du Temple, bien entendu. Il s’agissait de patrouiller dans les environs, ce qui n’était, d’accord, pas absolument fascinant, mais c’était toujours mieux que de ronger son frein à la capitale, perclu d’angoisses de mal faire comme à l’accoutumée. Il n’était pas si incompétent ; on pouvait lui faire confiance pour qu’il accomplisse sa mission. En espérant ne pas tomber sur une créature ou un esprit trop coriace pour lui. Il avait beau marcher en silence aux côtés du disciple senior qui l’accompagnait, il n’empêchait qu’ils n’étaient pas maîtres, et qu’à ce titre, ils pouvaient être vulnérables. Enfin. D’abord penser à ce qu’il pouvait faire au lieu de réfléchir à ses faiblesses, se répéta-t-il. Sinon il allait glisser sur une pente ô combien dangereuse.

Rien à signaler pour le moment. La journée semblait relativement calme, bon point pour lui. Cela voulait dire pas de combat épuisant contre une créature, même si à terme, et dommage, ça voulait dire, pas de récupération de matériaux pour le Temple. Il soupira, intérieurement ; on ne pouvait pas toujours avoir ce qu’on voulait. Dommage,dommage.Mais alors qu’ils s’approchaient d’un village, il fut témoin d’une scène bien singulière : un homme, chargé comme un boeuf, se faisant alpaguer par..des bandits de grand chemin ? Il grogna mentalement. C’était bien sa veine - encore plus quand son aîné, d’un regard, lui indiqua d’y aller, apparemment pas désireux de se salir les mains. Oooh, il y aurait des conséquences, ça c’était sûr. décida-t-il. Abandon de disciple moins avancé, refus d’aider un citoyen de la Nation du Feu - fût-il des colonies, il avait quand même envoyé une boule de feu. Pas son problème si son aîné allait s'attirer des ennuis, pensa Seiya alors qu’il crapahutait en direction du petit groupe - pas assez vite pour empêcher l’homme seul de se faire rosser. Oui, bon.

“Puis-je savoir ce qu’il se passe ici ?” déclara-t-il, d’un ton royalement neutre. Ne pas se laisser atteindre. Rester au-dessus de la mêlée. Ne pas lancer de suite les hostilités. S’il avait été dans la Nation du Feu, ses robes pourpre et noir auraient été un signal suffisant pour qu’on ne vienne pas lui chercher des noises. Ici..eh, peut-être ? “Puis-je savoir pourquoi vous vous en prenez à une personne seule ?” Toujours ce ton strictement professionnel. Calme, calme, toujours rester calme..

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Are you kidding me ?!  

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.

Alors que je suis à terre, le premier homme s’apprête à frapper de nouveau, mais une voix se fait alors entendre, stoppant net son mouvement. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un soupir de soulagement en ne voyant pas le coup venir.  

Tous les regards, le miens y compris, se tournent vers l’homme habillé en pourpre et noir. Cette tenue me dit vaguement quelque chose, mais impossible de savoir quoi. Et il faut croire qu’il en est de même pour les trois autres, aux vues du moment de perplexité qui traverse leurs visages.

L’homme à l’attitude calme et à la posture droite s’adresse au trio, me permettant de me redresser tant bien que mal, les côtes et la tête douloureuses. Le gars qui doit être le chef du groupe se remet de sa surprise et répond sur un ton hargneux.

« Ce gars nous a insulté, on n’allait pas se laisser faire. Hein les gars ? »

Les deux autres acquiescent vivement. Une belle brochette d’idiots, mais des idiots qui ont du muscle... Assis, massant ma mâchoire douloureuse, je jette un œil à l’homme dont la robe me dit décidément quelque chose. J’ai déjà vu ça quelque part.… mais où ?  

« Te mêles pas de ça si tu veux pas y passer aussi. »

La voix d’idiot en chef me rappelle que l’heure n’est pas vraiment à la réflexion. Crachant pour ne pas avaler trop de sang, je fini par enfin prendre la parole à mon tour.

- Je n'ai insulté personne. Je n’ai fait que refuser poliment votre offre de m’aider à porter mes sacs.

Je me demande si les trois vont également s’en prendre au nouvel arrivant. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dis qu’ils auront moins de chance avec lui qu’avec moi...

Le chef lève les yeux au ciel et réplique avec un faux rire grinçant.

« On n'a pas la même notion de politesse il me semble. »

Aaah ça, clairement pas...  

- Je veux juste rejoindre les miens, rien de plus.

Mon regard se pose sur l’homme en noir et pourpre. Loin d’être suppliant, on y lit clairement un appel à l’aide pour me sortir de ce mauvais pas...

Fallait-il qu’il ait été maudit, grogna mentalement Seiya. C’était évidemment le jour où il était de patrouille qu’il se retrouvait à jouer le gardien de la paix dans un conflit entre locaux, alors que ce n’était absolument pas dans ses attributions. Normalement, son “rôle”, c’était d’affronter des créatures en tout genre, et si possible, de récupérer des matériaux intéressants. Pas..d’intervenir dans une bagarre. Ca c’était le rôle des soldats - pourquoi n’étaient-ils jamais là lorsqu’ils avaient besoin, d’ailleurs ? Bande d’incapables, de mous du bulbe, de foutus bidasses tout juste bons à rouler des mécaniques dans les rues de Hikyo. Ce n’était pas au Temple de jouer aux gardiens de la paix. Oooh, il s’en souviendrait de cet incident.

“Vous étiez presque devant mon nez, je ne pouvais pas ne pas me mêler de cela. J’aurais préféré passer mon chemin..” Oh, il commençait à l’agacer celui-là. D’où lui parlait-il sur ce ton, comme s’ils avaient gardé les cochons ensemble ? Le nez du jeune homme se fronça, de dégoût. Ah, visiblement, les couleurs de ses robes étaient inconnues par ici. Dommage pour lui. Ah là là. Quelle merveilleuse journée qui s’annonçait, vraiment. N’aurait-il pas du consulter son horoscope avant de mettre le nez dehors ? Peut-être, mais il doutait que ses supérieurs du Temple ici auraient apprécié ce genre d’objection. Du coup, eh, voilà qu’il se retrouvait dans une situation surréaliste, qui normalement n’aurait pas du le concerner.

Heureusement pour lui - ou pas- , l’homme qui se faisait un peu violenter prit la parole avant que le crétin en chef n’ait le temps de répondre. Sacrifice, ou juste inconscience ? Peut-être un peu des deux, mais dans tous les cas, sur le coup ça arrangeait bien son affaire. Si le génie du trio pouvait éviter de lui adresser la parole, c’était toujours ça de gagner. La bêtise, c’était répugnant. C’était laid. (Que n’aurait-il pas donner pour rester sagement à Hikyo, à étudier sous la houlette de Maître Kaori. Ah..on n’avait jamais ce qu’on voulait dans la vie, visiblement.) Et décidément, il avait vraiment une dent contre l’homme à terre..

“Ah. Votre conception de la politesse consiste donc à vous en prendre à un homme seul alors que vous êtes trois, sous prétexte qu’il n’a pas voulu de votre aide pour transporter sa marchandise. Il faut avouer que cela paraît un peu étrange.” Toujours cette politesse glacée, même s’il commençait à se sentir d’humeur un peu mauvaise…d’humeur à les titiller un peu.  “Pourquoi vouliez-vous à ce point l’aider ? D’aucuns pourraient dire que c’était uniquement pour vous approprier la-dite marchandise.” Seiya pencha la tête de côté, à moitié amusé, alors qu’il voyait le trio commencer à bouillonner. Il semblait donc qu’il ait touché un point sensible..

“Mêle-toi de tes oignons, j’ai dit !” fit le chef du trio, tout en lui balançant un coup de poing. Enfin, en essayant. Car Seiya n’était pas né de la dernière pluie. Il savait qu’en poussant l’autre à bout, il s’exposait à une tentative d’agression, et il s’y était préparé. D’autant plus qu’il avait deux ou trois tours dans son sac, même s’il n’était pas un combattant. Il attrapa le bras de son adversaire au vol, et le frappa à quelques endroits bien précis. L’effet fut immédiat ; le bras de l’homme fut bloqué, complètement inutilisable. Ah, le blocage du qi. Cet art si noble.

“Soyez heureux que cela ne soit que votre bras.” Seiya se redressa de toute sa hauteur, les observant avec un dédain glacé.  “Vous risquez bien pire, à tenter d’attaquer un disciple de la Secte du Temple du Soleil pourpre. Maintenant, déguerpissez.” Voilà, il avait joué franc-jeu, et il jubila intérieurement de voir l’expression du trio de crétins se transformer.  Ce nom était connu, et peut-être pas en bien. Ce nom inspirait la terreur. Bien.

Et pour la énième fois, Seiya regretta de ne pas posséder d’anneau-foudre. Les choses auraient été mille fois plus simples.

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Are you kidding me ?!  

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

D’après les dires du jeune homme, il n’est pas ravi d’avoir dû intervenir. Cela peut se comprendre, qui aurait envie de faire face trois bandits, aussi idiots soient-ils ? Je lui en suis d’autant plus reconnaissant qu’il aurait en effet pu passer son chemin...

L’homme semble avoir bien comprit la situation, ce qui n’arrange pas le trio. Le chef commence a s’énerver sérieusement, allant jusqu’au tenter de frapper mon sauveur. Mais celui-ci réalise une action qui me laisse perplexe. En quelques coups, le bandit se retrouve avec un bras ballant, mou...  

« Mais qu’est-ce que... ?! »  

Lorsque l’homme pourpre reprends la parole, un frisson me parcours l’échine. Il est si froid...  

La sensation désagréable que je ressens semble partagée par le trio qui, en entendant le nom du Temple du Soleil Pourpre, pâli et s’enfui sens demander son reste, bredouillant des excuses maladroites dans leur course. Je les regarde fuir une seconde avant de me tourner vers l’homme qui m’est venu en aide. Voilà donc pourquoi sa tenue me disait quelque chose...

Je me relève en grimaçant et lui tend une main peux assurer. J’ai déjà entendu parler de ce Temple, et pas en bien... mais il vient de m‘aider, je me dois donc de le remercier comme il se doit.  

- Merci beaucoup. Ces hommes m’auraient surement bien tabassé si vous n’étiez pas intervenu...  

Il faut vraiment que je travaille mes techniques de combats...

- Puis-je vous inviter à notre table en remerciement ?  

Cet homme est un parfait inconnu, et la réputation de son Temple le précède, mais mes parents me sermonneraient malgré tout si je ne faisais pas bien les choses sous prétexte de ses origines...

- Ou au moins à boire un thé ? Ce serait la moindre des choses, sans vous nous n’aurions pas manger ce soir...

Et je serai bien plus amoché...

Seiya soupira intérieurement, en voyant la réaction du pauvre guignol. Eh voilà. C’était toujours pareil. Il n’avait pas eu envie de se mêler de cette histoire lamentable, et voilà qu’il s’était retrouvé bien plus impliqué qu’il ne l’aurait voulu. Tellement impliqué qu’il s’était retrouvé à utiliser ses techniques pour ramener le calme dans cette situation. Et maintenant, le responsable de cette situation rocambolesque se retrouvait à avoir une tête horrifiée maintenant que le jeune homme était intervenu. Oh et puis zut. C’était de sa faute. S’il ne connaissait pas les couleurs des différentes sectes, c’était son problème d’ignare. A proximité d’une des colonies de la Nation du Feu, c’était criminel de ne pas connaître le pourpre et noir. Tant pis pour lui. Enfin, au moins le nom du Temple ne lui était pas inconnu, à lui et ses collègues de tentative de vol. Seiya essaya de ne pas avoir l’air trop satisfait alors qu’il les voyait pâlir, puis détaler comme des lapins. Au moins, à défaut de leur apprendre à ne pas s’en prendre à une personne seule, peut-être cela leur apprendrait à ne pas s’approcher de toute personne portant les couleurs pourpre et noir. Peut-être. On pouvait rêver.

“Ce n’est rien. Je ne pouvais pas ne pas intervenir en voyant une personne seule se faire harceler par un groupe.” répondit-il abruptement. Peut-être que c’était un vieux restant de moralité, qui savait.. Que c’était la chose à faire, parce que lui aurait bien aimé qu’on vienne l’aider si d’aventure il se retrouvait dans une telle situation. Qui savait. “Êtes-vous blessé ?” Si c’était le cas, il l’emmènerait chez un guérisseur, et l’histoire s’arrêterait là. La médecine n’était pas sa compétence. La chirurgie oui, les encens oui, la botanique oui, mais pas la médecine.

En revanche, il se figea à la proposition de l’inconnu. Etait-il sérieux ? Il invitait un disciple du Temple du Soleil Pourpre à sa table ? Quelle naïveté ! Quelle inconscience ? Il n’avait pas peur? Ou alors sa conscience lui dictait de le remercier - à ce point ! - alors qu’il savait très bien de quoi le jeune homme était capable ? Si c’était le cas..Non vraiment, il était incroyablement perplexe. Il n’était pas habitué à ce que l’on ressente de la gratitude à son égard. C’était incroyablement perturbant.

“Ne vous sentez pas obligé.” répliqua-t-il. Vraiment, il ne savait s’il devait être touché ou accablé. “Je n’ai rien fait de si extraordinaire. “ Il lui laissait ainsi une porte de sortie. Qu’il se rende compte de l’énormité de ce qu’il annonçait. “Vous devriez faire attention à l’avenir, néanmoins. Il peut être dangereux de se retrouver seul. Surtout chargé comme vous l’êtes. “ Ce qui était en soit la raison pour laquelle, normalement, il n’était pas censé se retrouver seul, et qu’un disciple senior ou un maître devait l’accompagner. Normalement.

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Are you kidding me ?!    

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

L’homme assure que c’était son devoir d’intervenir. Il me demande ensuite si je suis blessé. Je hoche la tête négativement.  

- A part quelques contusions, je ne pense pas avoir quelque chose de cassé.  

Je souris, un peu honteux. Il va falloir que je m’endurcisse, car niveau situation gênante, on peut difficilement faire pire... Heureusement que je n’ai pas une fièrté très haut placé car elle en aurait pris un sacré coup...

Lorsque l’homme répond à ma proposition, je hoche à nouveau la tête négativement, toujours souriant.

- Il n’y a aucune obligation dans mon invitation. Et c’était plutôt extraordinaire... Comment appelez-vous la technique que vous avez utilisé sur cet homme ? Je n’avais jamais vu ça...  

Je ne connais pas grand-chose sur les Temples. Je sais que la réputation du Soleil Pourpre est plutôt sombre et qu’on recommande de ne pas fréquenter de trop près les disciples qui en font partie, mais cet homme, malgré sa froideur et sa posture digne qui inspire le respect à toute personne sensée (autrement dit, pas les trois abrutis qu’il a fait fuir...), m’a aidé. Il ne peut donc pas être foncièrement mauvais comme les rumeurs le laissent entendre... N’est-ce pas ?

Et puis j’avoue être curieux... Sa technique de combat m’est inconnue, et j’aimerai en apprendre plus sur ce sujet...  

- Je m’appelle Shi Xiaoliang, enchanté. Je prends bonnes notes de votre avertissement... Et me permet d’insister pour vous inviter à au moins boire un thé.  

Au-delà du remerciement, la curiosité l’emporte également... Avec un peu de chance, peut-être cet homme pourrait-il m'apprendre quelques trucs en combats ? On peut toujours rêver... n'est-ce pas ?

Seiya aurait dû partir. Dire au revoir, considérer que son devoir avait été fait, et laisser son interlocuteur finir sa journée tranquillement - pendant que lui rentrait auprès de ses frères et sœurs martiaux. Il aurait dû. Et pourtant il ne pouvait s’empêcher de s’attarder ; d’être un peu plus inquiet qu’il l’aurait admis. Parce que rien n’empêchait un autre groupe de brigands - de vauriens- de passer à l’assaut, et de tenter de passer à tabac le..il ne savait pas trop. Marchand ? Peut-être. Et de lui voler ses affaires, exactement comme le trio d’imbéciles avait essayé. Les gens étaient trop prévisibles, parfois.

“Tant mieux.” Parce qu’il n’était pas guérisseur, loin de là. Il s’y connaissait en botanique, aurait sans doute pu élaborer une tisane pour guérir tels ou tels maux, mais les blessures physiques n’étaient pas de son ressort. Il n’était pas assez désintéressé pour être médecin, ou guérisseur,  ou n’importe quelle profession en rapport avec l’art de soigner. Plus maintenant. Peut-être qu’avant, lorsqu’il était encore un jeune enfant naïf, il aurait adoré l’idée de venir en aide aux autres ; mais maintenant il n’avait plus en loin que de l’amertume. Ses seules compétences ne concernaient que l’art de faire du mal.  Empoisonner autrui, utiliser des encens aux effets parfois dévastateurs ; paralyser ou bloquer le qi de quiconque lui voudrait du mal. D’ailleurs, à ce propos..

“Du blocage de qi.” Tout bêtement. “Je n’ai fait qu’appliquer ma connaissance du corps humain, rien de plus. Ce n’est pas  extraordinaire, vraiment.”   Une réponse courte mais qui voulait tout dire. Il ne trahirait pas les secrets de sa secte. Il n’était que disciple, il était tenu au secret - ou du moins, il s’empêchait d’en dire trop. Il ne dirait pas que cette technique relevait d’ une simple connaissance des méridiens et autres points d'acupuncture - ce qui était à la portée de presque n’importe qui, en réalité. Le Temple avait juste poussé ces connaissances au rang de technique sinon offensive, du moins handicapante pour ses ennemis.

“Matsumoto Seiya.”  se présenta-t-il. C’était bien l’une des premières fois où il était presque heureux de ne pas porter le nom de Mère. Ce nom l’aurait trop distingué comme une cible potentielle, à son niveau d’avancement dans sa formation. Le nom de Père n’était pas si connu, à part dans les hautes sphères d’Hikyo. Ce qui n’était définitivement pas le cas ici, au milieu de nulle part. Parce que oui, les colonies, c’était nulle part.  Vraiment.

“Dans ce cas..Juste une tasse de thé alors.”   Et aussi parce qu’il préférait autant l’accompagner pour éviter un nouvel..incident. Mieux valait prévenir que guérir. Et peut-être qu’une forme de curiosité l’envahissait. Il était curieux d’en savoir plus sur cet homme qui maîtrisait le feu - d'une curiosité jalouse.[/b][/b]

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Are you kidding me ?!    

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

L’homme répond à ma question sur sa technique de façon très simple. Le blocage de qi... Je n’avais jamais entendu parler de ça. Et apparemment, ce n’est pas si compliqué ? Il suffirait juste de connaitre le corps humain ? Non, cela doit quand même être plus compliqué qu’il n’y parait...  

- Cela dépend le point de vue... Je n’y connais rien, pour moi ce n’est donc pas ordinaire.  

Je laisse échapper un petit rire puis ramasse mes affaires. L’homme se présente à son tour puis fini par accepter mon invitation. Ravi, je lui indique donc la direction d’un signe de tête.

-Parfait. Notre campement n’est pas très loin d’ici. Ils doivent se demander ce que je fabrique...  

Toujours souriant, je me mets en route en m’assurant que Seiya me suive bien.  

- Alors comme ça vous êtes du Temple du Soleil pourpre ? Je connais de nom, mais c’est... je pense... la première fois que je rencontre quelqu'un qui vient d’un Temple.  

Je suis tenté de lui demander ce qu’ils y font exactement, mais cela me semble un peu déplacé. De plus, je sais que le Temple du Soleil pourpre est réputé pour employer des méthodes... peu recommandées... Peu importe le domaine...

- Vous êtes un cultivateur alors ? Je connais peu cette pratique... Je m’y suis un peu intéressé après avoir malencontreusement atterri dans le monde des esprits... mais je dois admettre que cela me dépasse un peu...

Déjà que je n’arrive pas à contrôler ma propre maitrise, alors creuser le point de la cultivation... très peu pour moi...

Le combat par contre, je suis preneur...

Décidément, Seiya n’arrivait pas à cerner Shi Xiaoliang. Son insistance à l’inviter pour le remercier l’intriguait, et le contrariait à la fois. Soit il était incroyablement naïf et pur de caractère, soit il était incroyablement stupide, soit -et c’était là une option qui lui déplaisait, qu’il estimait peu probable mais pas totalement impossible-, il avait un autre plan derrière la tête. Il ne fallait pas oublier qu’il était né à Hikyo, et par conséquent, il avait l’habitude des coups dans le dos. Un sourire par devant, un poignard par derrière. Des insultes cachées derrière les compliments. Rien de plus que la routine. Peut-être qu’il était devenu trop méfiant, mais qui aurait pu lui en vouloir, vu ses circonstances ? Qui pouvait lui en vouloir de ne pas voir le monde avec la moindre bienveillance ?

Personne.

“Les disciples du Temple du Soleil pourpre ont plus l’habitude de rester dans la Nation du Feu ou dans les colonies.” commenta-t-il, sobrement. “Si vous ne fréquentez pas habituellement ces zones, cela n’est pas étonnant.” Mais au moins il semblait en avoir assez pour savoir que les couleurs pourpre et noir n’étaient pas forcément bon signe. “Peut-être avez-vous..croisé des membres d’autres sectes du Royaume de la Terre, sans le savoir.” Le vert de la secte du Jardin, le gris et rouge de la secte de Forteresse. Si Seiya pouvait respecter dans une certaine mesure la première - c’était de là que venait la base de la sorcellerie du Temple après tout -, il n’avait que mépris pour la seconde.

Et il retint un sourire crispé. Décidément, cet homme était beaucoup trop poli. Comme s’il ne voulait pas l’offenser. Il devait marcher sur des oeufs, le pauvre, à ne pas savoir comment poser ses questions sans..mettre les pieds dans le plat, ou le vexer. (Etait-il ainsi avec ses supérieurs ? s’inquiéta-t-il un instant. Non. Il arrivait à trouver la bonne formulation. Généralement.)

“ Un sorcier, plutôt.” corrigea-t-il. Le terme cultivateur suggérait quelque chose de reconnu universellement comme noble et vertueux, parce que les vrais cultivateurs suivaient la voie orthodoxe. Alors qu’au Temple..poisons, encens, et autres sorts étaient de mise. Ce n’était pas vu comme noble, même si Seiya aurait pu protester ; dire qu’il y avait une certaine noblesse dans l’art de concocter des poisons et autres décoctions.  Mais surtout, il y avait le reste. L’abattage de créatures pour en tirer les perles d’énergie spirituelle, l’utilisation de l’énergie du ressentiment..Pour cela il ne pouvait pas se voiler la face ; ce n’était pas noble. C’était la voie hérétique. “Le monde des esprits ? Vraiment. C’est intéressant..Comment cela est-il arrivé ?” Le monde des esprits était un endroit inaccessible pour les sorciers du temple, et pour les non-cultivateurs aussi en temps normal. Voilà qui l’intriguait. Comment était-ce possible ? Il faudrait probablement qu’il le mentionne à ses supérieurs.  “Chacun sa spécialité”, répondit Seiya, peut-être un peu abruptement. “Ne maîtrisez-vous pas le feu ?” Et voilà, il avait donné un coup de pied dans la fourmilière, une fois de plus. Mais s’il était jeune, il n’était pas pour autant stupide, et il avait des yeux dont il savait se servir, merci.

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Are you kidding me ?!    

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

Le disciple m’assure qu’il n’est pas étonnant que je n’aie pas croisé des compagnons à lui si je ne fréquente pas souvent la Nation du Feu ou les Colonies, et il est vrai que je ne suis pas souvent dans la zone du feu... Lorsqu’il me dit que j’ai peut-être croisé des disciples d’autres sectes, par contre, je ne peux que hocher la tête. Cela est très probable... Il faudrait que je me renseigne plus sur les différentes sectes du pays, histoire de ne plus passé pour un bleu la prochaine fois que suis amené à croiser l’un de leurs membres...  

A ma question sur le fait qu’il soit cultivateur, Seiya répond qu’il est plutôt un sorcier. Je ne peux m’empêcher de hausser les sourcilles à cette correction. Si j’ai entendu parler de la cultivation, je ne sais par contre rien de la sorcellerie... Mais cela sonne plus... sombre...  

- Oh... Alors là, c’est un domaine que je ne connais absolument pas par contre. En quoi cela consiste-t-il ? Si ce n’est pas indiscret, évidement...  

Je ne peux décidément pas m’empêcher d’être curieux...  

Heureusement, cette curiosité est réciproque. L’homme me questionne en effet sur mon escapade inopinée dans le monde des esprits. Je laisse échapper un petit rire embarrassé avant de répondre.

-Honnêtement, je ne saurai pas vraiment dire... C’était le mois des fantômes, je rentrais chez moi et puis... Je me suis retrouvé dans un lieu étrange...  Nous y étions plusieurs. Le souvenir n’est pas des meilleurs je dois bien l’admettre...  

J’avais énormément flippé ce jour-là, et me retrouver à l’autre bout du pays à la sortie n’avait pas aidé... Il m’avait fallu plusieurs jours pour rentrer. Ma sœur était malade d’inquiétude... et moi aussi...  

Mon visage s’assombris un peu à la pensée de ma petite sœur, mais Seiya reprend, me ramenant à la conversation. Il fait remarquer avec une certaine rudesse que chacun à sa spécialité, et me demande si je ne maitrise pas le feu pour ma part. Je me racle la gorge, embarrassé qu’il est assisté à ma piètre tentative de défense en utilisant ma maitrise...

- Maitriser est un bien grand mot... Disons... que je redécouvre mon élément... mais que je suis encore loin de le maitriser... J’essaie aussi de me perfectionner au combat, mais cela n’est pas plus concluant...  

Première amorce vers ce sujet, mais nous arrivons en vue du campement, ce qui nous fait changer de sujet.  

- A cette heure-ci il ne doit pas encore y avoir grand monde. Nous allons nous installer prêt du feu. Une préférence pour le thé ? A force de voyager, nous avons du choix : fleuri, sucré, noir, doux...

Pour ça, nous ne pouvons pas dire que nous sommes de mauvais hôtes. Nous avons en effet de quoi satisfaire tous les goûts...

Les termes avaient été dits. Sorcellerie, et non pas cultivateur ; peut-être que Seiya était pinailleur, mais il tenait à la distinction. Ce n’était pas comme s’il avait à se cacher de toute façon. Le Temple ne se cachait pas de son orientation moins..vertueuse ? que les autres sectes. Eradiquer le mal, disaient les autres sectes ? Utiliser le mal, rétorquer le Temple. L’énergie du ressentiment, la réanimation de corps, les poisons, tel était son quotidien, et Seiya n’en concevait aucune honte. Tant pis si les gens avaient peur de lui (limite il préfèrait? il appréciait qu’on le craigne), c’était le chemin qu’il avait choisi. Peu lui importait qu’on considère qu’il s’était perdu ; qu’on lui demande où était passé le doux enfant d’alors. Des choses s’étaient passées, voilà tout. Il avait évolué, au point que rejoindre le Temple était devenu une évidence. Tout plutôt que de baigner dans la honte de n’être point utile à sa Nation.

Est-ce que Shi Xiaoliang pouvait le comprendre ? Probablement pas. Comme tant d’autres gens, il devait avoir une idée bien définie de ce qu’était la Droiture et la Justice et d’autres imbécilités de ce genre ; il ne pouvait pas comprendre ce que Seiya avait vécu en tant que descendant de bâtarde royale, les regards méfiants ou méprisants.. La pression d’être parfait aussi ; et n’étant pas élémental, il ne pouvait pas être irréprochable. Pour ne pas se laisser ronger par cette insécurité, guidé par l’amertume de son adolescence qui n’avait jamais tout à fait disparu, il avait suivi la seule voie possible pour lui. Le Temple, aux idées bien éloignées de toutes ces valeurs ronflantes que promouvaient les privilégiés - ceux qui pouvaient se le permettre. Et peu importe les conséquences. Il ne pouvait se distinguer d’une façon traditionnelle ? Et bien au Temple, il resterait dans l’ombre du soleil, mais se distinguerait à sa façon et c’était tout. Pour le moment, sa méthode semblait fonctionner. C’était tout ce qu’il demandait.

“La sorcellerie est l’inverse de la cultivation en plus imaginatif et moins orthodoxe, et tant pis si certains jugent cela contre-nature.” Et plus sinistre. Entre autres. Et il s’en tiendrait là pour ses explications, parce que ce n’était pas sa place de révéler des choses sur sa pratique. Son interlocuteur n’avait qu’à écouter les rumeurs, pas vrai ? Toutes les techniques contre-nature du Temple, par exemple.. Pas d’utilisation noble du qi par ici ; l’on utilisait l’énergie du ressentiment. La faute à la faible spiritualité de la Nation du Feu. Chacun avec ses ressources., songea-t-il.

“Je vois. Cela reste intriguant.” Peut-être que la frontière entre le monde des humains et le monde des esprits s’était momentanément affaiblie, et que certains êtres humains avaient été..comment dire, envoûtés ? C’était intéressant en tout cas.

“Vous restez un élémental.”Est-ce qu’il avait bien réussi à contenir la jalousie dans sa voix? s’inquiéta-t-il un instant. “Le reste n’est qu’une question de travail.” Comme tant d’autres choses. Un simple don n’était pas suffisant si l’on n’était pas prêt à travailler, à faire fructifier ce don. Il l’avait bien vu avec la peinture. Sans son professeur pour le guider, il n’aurait été qu’un peintre en dilettante..et encore.. Il n'osait pas se prétendre doué en sorcellerie. Il n'avait rien d'un prodige. Il pouvait se présenter au Temple sans honte, mais fièrement? Non. Il avait appris à accepter cet état de fait. Il pouvait, au moins, se prétendre compétent en botanique et poisons, ce qui était déjà plus que le commun des mortels.

“Je préfèrerai un thé plutôt amer, si vous en avez..” Dans d’autres circonstances, par exemple s’il était invité dans une maison noble, il appréciait les thés plus délicats..Question d’environnement et de cadre, sans doute. Mais ici..Ici il voulait juste se réchauffer, quelque chose qui le réveille. Il faisait trop froid dans les colonies de toute façon. Heureusement, il voyait qu’ils s’approchaient d’un campement, et surtout. Un feu. C’était le plus important.

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Are you kidding me ?!    

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.    

- Oh...    

Voilà tout ce que j’arrive à prononcer face aux explications de Seiya concernant la sorcellerie. Certains jugent donc cela contre-nature... ce qui n’est pas vraiment rassurant. Il faudra que je demande plus de détails à mes parents, en supposant qu’ils en sachent un peu sur la question...
En tout cas, je ne vais pas chercher à en savoir plus pour l’instant. Quelque chose me dit que ce n’est pas un sujet où il est bon de mettre les pieds...

A mes propres explications sur comment je me suis retrouvé dans le Monde des Esprits, le... sorcier... reste intrigué. Cela peut se comprendre, on ne peut pas dire que j’ai apporté beaucoup de détails... Mais comment aurais-je pu, n’ayant moi-même aucune idée de ce qu’il s’est vraiment passé...

Enfin, lorsque je lui explique que je suis très loin d’être un maître du feu, il me rétorque que je reste un élémental. Je détecte une pointe... d’amertume, dans sa voix ? Non, je dois l’avoir rêvé...
En tout cas, il n’a pas tort lorsqu’il ajoute que tout est une question de travail. J’essaie, mais ce n’est pas simple de relier avec une part de soi qui a été reniée pendant des années...

- Vous avez raison... Je m’entraine, mais les résultats sont loin d’être concluants...    

Peut-être devrais-je m’entrainer plus, plus fort... Mais je préfèrerais développer mes compétences en combats plutôt qu’en maniement du feu... J’avais pourtant les bases, mais j’ai l’impression que, depuis ma perte de mémoire, j’ai tout perdu... et devoir reprendre à zéro, à mon âge...

Mes pensées se tournent alors vers Jin, qui a réussi en peu de temps à me faire maitriser un exercice basique. Je devrais y mettre plus de bonne volonté...

Alors que le jeune homme me dit préférer un thé amer, nous arrivons prêt du feu où une jeune femme vient récupérer les paquets que je porte, observant avec curiosité Seiya.

”Xiaoliang, nous commencions à nous inquiéter !”

Son regard s’agrandi alors qu’elle tourne enfin les yeux vers moi.

”Mais, qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?! Tout va bien ?”

Un peu embarassé, je souris pourtant d’un air rassurant.

- Tout vas bien, Lin. Matsumoto Seiya ici présent m’a sorti d’un mauvais pas, mais je n’ai rien de grave, je te rasure. Est-ce que tu pourrais nous apporter de quoi faire du thé et un pot de thé noir stp ? Celui qui vient de la capitale du feu.  

Lin ne bouge pas pendant un instant, me fixant d’un air réprobateur et inquiet à la fois.

- Je t’expliquerai tout plus tard, promis. Mais je dois d’abord remercier Seiya.  

Elle finit par tourner les talons, non sans un dernier regard à l’homme qui m’accompagne.

- Veuillez l’excusée, Lin est très... curieuse, de nature. Installez-vous. Je suis sûr que le thé noir vous plaira, si vous aimé l’amer.

J’indiques un petit banc en bois prêt du feu. Une petite table se trouve à côté, ainsi qu’une chaise et un autre banc. Le feu est un lieu de rassemblement et de détente pour les membres de la caravane.

Je m’installe sur l’autre banc en attendant que Lin revienne avec de quoi préparer la boisson et, n’y tenant plus, je pose enfin la question que je retiens depuis un moment.

- Vous apprends-t-on également à vous battre, au Temple ?

Peu importe la façon dont fonctionne le Temple du Soleil Pourpre, s’ils savent se battre, cela m’intéresse...

tw : évocation de nécromancie

Seiya essaya de ne pas réagir au “Oh” de son interlocuteur - il n’eut qu’un bref regard vers Shi Xiaoliang. C’était le mot de quelqu’un qui voulait en savoir plus, mais qui n’osait pas poser de questions ; et de cela, il était satisfait. Il n’aimait pas quand un non-initié commençait à se montrer un peu trop curieux. Il n’avait qu’à écouter les rumeurs sur le Temple, pas vrai ? Vu tout ce qu’on racontait déjà dessus, de façon plus ou moins exacte. Les rumeurs adoraient déformer la réalité , après tout, en faisant une montagne d’une souris..mais très rarement le contraire. Toujours la recherche de sensationnel, pas vrai ? Même si effectivement, il y en avait des choses à raconter en ce qui concernait le Temple. Après, ce n’était pas comme si Seiya avait pu dire franchement “ Alors, j’apprends à empoisonner les gens et découper des créatures. Ah, et bientôt, je ferai se lever les cadavres.” Non, vraiment. Ca aurait été idéal pour couper court à toute conversation, mais il y avait des choses, qui,il paraissait, ne s’évoquaient pas en public…surtout pas ce genre de public.

“N’essayez pas de brûler les étapes en espérant des résultats parfaits tout de suite.”  finit-il par lâcher, en tentant bien que mal de contrôler sa jalousie, ce “pourquoi lui et pas moi” qu’il ne parvenait jamais à vraiment s’ôter de la tête. “ Cela ne servira à rien. La pression vous paralysera, et vous n’arriverez à rien de bon. “ Le sorcier qui donnait des conseils à l’élémental sur la bonne façon de s’entraîner pour son élément, on aurait tout vu. Mais la pression était quelque chose que Seiya connaissait un peu trop bien. “Une étape après l’autre, c’est la bonne façon de faire. Soyez patient.” Et reconnaissant d’avoir ce talent qui lui faisait cruellement défaut., aurait-il voulu cracher, oui, comme un serpent.  Shi Xiaoliang était un privilégié, et il ne semblait même pas se rendre compte que beaucoup aurait voulu être à sa place, à commencer par Seiya lui-même.  A sa place..Seiya se serait entraîné avec la plus grande diligence, jusqu’à devenir le meilleur maître du feu qu’il pouvait être. Au lieu de quoi, il était né simple humain. Il avait fini par retomber sur ses pieds d’une façon plutôt correcte certes, mais..

Mais quand même, il aurait tant voulu naître élémental.

Enfin, ils arrivaient à ce qui semblait être un campement. Le jeune homme tenta d’engranger le plus de détails mentalement ; on ne savait jamais. La moindre information pouvait s’avérer essentielle -surtout les noms et signes distinctifs. Le tout était d’observer , sans en dire trop ; aussi salua-t-il la jeune femme qui venait à leur niveau  d’une inclinaison polie du buste, sans dire un mot. De toute façon, ce n’était pas comme si elle lui avait adressé la parole non plus, de façon assez grossière d’ailleurs…

Heureusement que la mention d’un thé d’Hikyo lui remonta le moral. Oh, il avait tant la nostalgie de chez lui. Il avait beau cracher sur la capitale, il y avait quelques points positifs. Il y avait le Temple, Maître Kaori, et Jun. Surtout Jun. Jun qui lui manquait terriblement.

“Il n’y a pas d’offense.” Que ne fallait-il pas dire pour préserver la paix, parfois, songea-t-il en s’asseyant près du feu. La chaleur lui faisait du bien, à lui et ses pauvres os glacés. Il voulait rentrer à Hikyo, songeait-il, de façon un peu infantile.

“Absolument pas.”Pas de façon réellement inscrite dans le programme en tout cas. Le fait était que tout ce qu’il savait du combat, c’était Père qui le lui avait enseigné. Il avait à présent beaucoup perdu de ses capacités, la faute à sa quasi-absence de pratique, mais restaient quelques réflexes qui s’avéraient ma foi bien utiles. Surtout couplés avec les enseignements du Temple, d’ailleurs. “Vous êtes bien curieux.”Il s’astreignait encore à la politesse. Se pouvait-il que Shi Xiaoliang soit intéressé par les techniques du Temple ? Ait même envie de le  rejoindre même ? Sauf qu’il y avait un souci de taille : il ne pourrait pas. Parce qu'il était élémental. “Je vais être franc : il y a des limites à ce que je peux révéler aux non-initiés du Temple, et vous vous en approchez. Je ne révélerai pas les secrets de ma Secte.” Non mais. Il n’était pas un traître, merci pour lui.

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Are you kidding me ?!    

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.

Seiya me rétorque qu’il ne vaut mieux pas que je brûle les étapes, qu’il faut que j’y aille pas à pas et sans pression si je ne veux pas me retrouver bloquer. Ses paroles sont sages...

- Vous avez raison...Encore...    

Je dois être patient... Après tout, j’ai quand même lutté contre mon feu durant des années... Il va me falloir du temps pour renouer avec l’élément...

Pourtant, aussi sages soient ses mots, je sens que quelque chose le dérange. Sa façon de parler est... amère... Oui, c’est bien de l’amertume dans sa voix.

Je me retiens de lui demander ce qui ne va pas et me contente de le remercier à la place, pour ses conseils.

- J'ai vraiment de la chance d’être tombé sur vous.    

Je souris.

Nous nous installons prêt du feu où le jeune homme m’indique qu’il n’apprend pas à se battre. Dommage, j’aurai cru...

Il me fait alors remarquer ma curiosité, Je ris d’un air embêté.

- Désolé, je ne voulais pas...

Les derniers mots de Seiya me font aire un instant. Je me racle la gorge d’un toussotement avant de reprendre.

- Je m’excuse si j’ai été trop loin... Loin de moi l’idée de vous faire révéler des secrets sur votre... Secte... J’ai simplement un intérêt pour le combat, rien de plus... Et j’ai bien compris que vous ne pourrez rien m’apprendre sur ce point. Je vous laisse donc tranquille avec mes questions...

Apparemment trop indiscrètes...

Heureusement, Lin revient avec de quoi faire le thé. Elle dépose le plateau sur la table, salue Seiya et s’en va rapidement sans un mot. Tiens... étrange...

Je commence à préparer la boisson, mettant l’eau à chauffée sur le feu, et m’apprête à briser la gêne et reprenant la parole, mais une voix se fait alors entendre. Une voix que je ne m’attendais pas à entendre si tôt...

- Er zi !

Je redresse la tête au moment où mon père apparait face à nous. Il salue Seiya d’un signe de tête. Son air est grave...

- Lin m’a dit que tu es blessé, et que tu n’es pas seul...

Il regarde le jeune homme du Temple un instant avant de reprendre.

- Qui est ton... ami ?

Je n’ai pas l’habitude de le voir aussi... froid... Encore moins envers un convive...

Je m’approche de Seiya avec un sourire timide.

- Bà ba...Voici Matsumoto Seiya. Sans lui, je serai probablement en bien mauvaise posture et sans plus de provisions pour ce soir...  

Mon père tourne enfin les yeux vers moi. Il semble hésiter...

- Que s'est-il passé ? Tu vas bien ?

Je lui explique ma mésaventure et l’intervention du jeune homme tout en préparant le thé. Je termine celui-ci en même temps que mon réçi et présente aussitôt une tasse fumante au sorcier.

- J'espère qu’il vous plaira.

Je donne également une tasse à mon père qui semble... préoccupé. Je reprends donc sur un ton que je veux léger.

- Tu m'as appris à être reconnaissant envers ceux qui nous aide, n’est-ce pas ? D’où le thé.

Il me lance un regard puis soupir.

- Merci d'avoir aidé mon fils... Notre feu est le vôtre.

Quelque chose ne va pas... Cette réplique manque d’entrain... et de sincérité... Ca ne lui ressemble pas...

Vraiment - c’était le monde à l’envers. Lui, lui le fils de bâtarde du précédent Seigneur du Feu, humain absolument normal de son état, déception de la famille et étrangeté de la Nation du Feu, se retrouvait à donner..des conseils pour manipuler le feu à un élémental. Il en aurait ri, si cela avait été le lieu et le moment - au lieu de quoi, il ne pouvait que rouler des yeux mentalement devant l’énormité de la scène..de se sentir désabusé aussi, et de se dire que la vie était une drôle de farceuse. Mais malheureusement pour lui, il savait un peu trop ce que cela entraînait, de s’imposer des exigences énormes, et de ne jamais être vraiment content de soi. Alors oui - il était honnête, et partageait sa modeste expérience. Le plus jeune qui se retrouvait à donner des leçons de vie. C’était un peu n’importe quoi, quand il y pensait. Normalement..normalement, ce n’était pas comme ça que les choses devaient se passer. Et cette fois, il avait mis les pieds dans cette situation..volontairement ! Ce n’était pas comme lorsqu’il s’était retrouvé à devoir donner des cours à Shao Jin.

Shao Jin..que devenait-il d’ailleurs ? Cela faisait des mois que Seiya ne l’avait pas vu. Tout au plus savait-il qu’il avait..disparu..d’Hikyo, avec son frère aîné. Heureusement que cela ne lui avait pas été imputé mais.. Mais ce n’était pas le moment de penser à lui. Shi Xiaoliang, qui décidément avait le chic pour lui sortir une énormité par minute, lui dit qu’à son avis, il avait eu de la chance de tomber sur lui. Alors..comment dire que Seiya n’était pas sûr de partager son interprétation de la chose..

“Face aux trois idiots de tout à l’heure, certainement. Pour le reste, je ne sais pas. Cela relève du bon sens, pour moi.” Un bon sens qu’il était loin de posséder, puisqu’il était incapable de se l’appliquer à lui-même ; incapable de comprendre que quoiqu’il fasse, rien ne pourrait ratrapper la honte de sa naissance. Une course à la reconnaissance qui ne s’arrêterait jamais, probablement..songeait-il, une fois bien installé devant le feu.Qu’aurait-il donné pour maîtriser une simple petite flamme..

“Je suis sûr que vous pourrez trouver un..maître d’armes ailleurs.”  Loin des colonies. Peut-être même qu’il pourrait trouver un de ces maudits cultivateurs du Royaume de la Terre. Enfin.. est-ce que c’était vraiment ses affaires de toute façon ? Le plus intriguant, c’était surtout sa capacité à maîtriser le feu.Colonies ? Métissage qui n’aurait pas du avoir lieu ? Il n’aimait pas cela. Pas du tout.

Pas plus que le regard que le père de Shi Xiaoliang lui adressa, malgré l’inclinaison polie du jeune homme pour le saluer. Ah. A croire que le salut de la Nation du Feu passait mal par ici. Probablement.  Après..Aussi près des colonies, il était en terrain conquis. Aux habitants de s’adapter.  S’ils n’étaient pas capables de voir la grandeur de la Nation du Feu, ma foi..

“Je vous remercie de votre accueil.”

Cependant, Seiya était déjà étonné par la..familiarité avec laquelle il s’adressait à son père. Peut-être était-ce à cause de leur différence de classe sociale - dans la noblesse de Hikyo, s’il avait songé à parler à son père de cette façon…Il l’aurait regretté amèrement.

“Il est inutile de me remercier. J’ai fait ce que toute personne avec un minimum de morale aurait fait.”  Et de s’incliner à nouveau, après avoir posé sa tasse. Inconscient qu’il était dans une situation particulièrement cocasse, à cause de la dichotomie entre ses paroles et ce que prônait sa nation.

Par vieux réflexe,il renifla l’arôme de son thé. Ah. Cela lui rappelait la maison, cela lui rappelait Hikyo. Cela lui faisait du bien d’un côté, et il eut un léger sourire nostalgique.

“Je ne vais pas m’attarder”  dit-il ensuite, un peu abruptement. “Je sais que je mets votre famille mal à l’aise, et c’est normal. “  A leur place, il ne savait pas comme il aurait réagi avec un membre du Temple du Soleil Pourpre juste sous son nez. Pas forcément très bien non plus. Enfin,il était au-dessus de cela maintenant. Cela ne l'atteignait plus.

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Are you kidding me ?!  

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

Seiya rétorque qu’il s’agit simplement de bon sens lorsque je lui dis avoir eu de la chance de tomber sur lui. Je prends ça pour de la modestie et ne répond rien de plus qu’un sourire.

Il me dit ensuite que je devrais pouvoir trouver un maitre d’arme... ailleurs... Ailleurs de quoi ? Vu le lieu, peut-être parle-t-il d’aller apprendre dans le Royaume du Feu, que j’aurai plus de chance qu’au Royaume de la Terre. Je suis plutôt d’accord avec l’idée de me trouver un maitre d’arme, mais me fait également la réflexion que je devrais pouvoir trouver mon bonheur un peu partout, même à Ba-Sing-Se...

Le cultivateur reste poli face à mon père qui semble s’efforcer d’en faire de même sans que je ne sache pourquoi. J’oublie souvent que mon père sait des choses sur la Nation du Feu que j’ignore...

Celui-ci se crispe légèrement lorsque Seiya parle de morale. Il connait le Temple du Soleil Pourpre, et la morale ne fait pas vraiment partir de leur vocabulaire... Mais il sait aussi que tout le monde n’est pas à mettre dans le même panier, aussi n’en dit-il rien.

Le jeune homme semble apprécier le thé, ce qui m’arrache un petit sourire satisfait. Mais ce sourire se fige lorsqu’il dit ne pas s’attarder, qu’il voit bien qu’il nous met mal à l’aise. Je lance un regard à mon père qui a un sourire sans joie.

- Je suis désolé. Je n’ai pas pour habitude de juger à l’habit.... Vous avez aidé mon fils, c’est tout ce que je devrais retenir.  

Je fronce les sourcils. Il a donc reconnu les vêtements de Seiya. Il faudra que je le questionne sur ce qu’il sait, plus tard...

- Je vous proposerait bien de rester à notre table, mais je me doute que vous devez avoir des responsabilités qui vous attendent...  

Ou comment congédier de façon cordiale... Je me tourne vers le jeune homme et reprend avec un sourire malgré ma perplexité face au comportement inhabituel de mon père.

- Mais si vous n'avez rien de prévus, vous êtes évidement le bienvenu.    

Ok, celle-là mon père ne la laissera pas passer... Car il sait que j’ai compris ce qu’il voulait faire exactement, et que clairement je contrebalance ses plans... Mais qu’importe. Je suis un adulte après tout, je peux bien inviter qui je veux sans en demander la permission...

Le malaise. Il était tellement, tellement perceptible, doublé d’une tension à couper au couteau. Rien n’était dit clairement parce que c’était contraire aux règles de la politesse, mais c’était sous-entendu dans la moindre posture du père de son hôte : Seiya n’était pas le bienvenue ici, et ne le serait jamais, quoiqu’en dise Shi Xiaoliang. Il avait beau l’avoir invité, les faits restaient les faits : Seiya était un disciple du Temple, un membre de la Nation du Feu, et en tant que tel, il ne serait pas bien vu par tout le monde ici. Les colons du feu n’auraient trop rien contre lui,mais les autres..les gens de passage originaires du Royaume de la Terre, notamment.. comme le père de Shi Xiaoliang..Ceux-là ne l’accepteraient jamais vraiment parmi eux, et lui faisaient bien comprendre. C’était la vie, se dit-il, fataliste ; il savait qu’il ne se ferait pas que des amis en rejoignant le Temple, mais l’avait accepté, et même, s’ne moquait. Car au fond, il n’était déjà pas accepté avant, alors s’engager sur cette voie dite peu recommandable, voire méprisable..Mais au moins il se rendait utile pour sa Nation ; au moins, maintenant il avait le pouvoir. Qui pouvait comprendre ça ? Pas eux. Les autres Sakai, oui. Nés sans feu, méprisés de tous pour leur origine bâtarde..Il y avait une raison pour laquelle tant d’entre eux avaient rejoint les rangs du Temple du Soleil Pourpre.

La première gorgée de thé fut réconfortante. Pour un peu il se serait cru à la maison, à Hikyo ; en compagnie de Jun qui jouerait de la musique pour lui. Loin d’ici. Il n’aimait pas les colonies, vraiment. Il y faisait toujours si froid ; et il regrettait le confort de la capitale.  Incroyable mais vrai -oui, c’était là tout ce qu’il désirait. Une bonne tasse de thé, un bon bain, et rien de plus que la perspective de se reposer après une dure journée d’apprentissage.

“En effet, les miens  doivent m’attendre.”  Sa famille ou ses shixiong, cela il ne le précisait pas. Inutile de donner trop de détail sur sa vie ; aujourdh’ui n’était qu’une brève rencontre, ils ne se reverraient probablement plus - ce n’était pas comme s’ils allaient devenir amis. Seiya continuerait à partager sa vie entre la Nation du Feu et les colonies, et Shi Xiaoliang..Excellente question d’ailleurs.  Il regarda autour de lui, brièvement.

“Donc, vous êtes une caravane de marchands, de ce que je crois voir ? D’où venez-vous, du Royaume de la Terre ? Que vendez-vous comme marchandise ? ”  Technique élémentaire, essayer de noyer le poisson pour obtenir l’information que l’on veut .Déjà, cela mettrait plus à l’aise la famille de Shi Xiaoliang, et la situation serait un peu moins tendue. Ensuite, cela lui permettrait de résoudre cette question qui le taraudait : comment diable son hôte pouvait-il être capable de maîtriser le feu ? Etait-il un fugitif ? Cela l’intriguait au plus haut point.

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Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

Malheureusement, Seiya confirme qu’il est attendu, mais il prend malgré tout le temps de finir son thé tout en s’intéressant à la caravane. Je réponds avec un sourire, mon père prêt à m’interrompre à tout moment.  

- Nous venons d’un peu partout, mais la plupart des membres sont originaires de Fei Zhou.  

- Nous voyageons partout et vendons des produits divers. Cela dépend de ce que nous trouvons lors de nos arrêts, de la demande aussi.  

Je confirme les dires de mon père d’un hochement de tête et reprend.

- Nous avons des clients habitués qui attendent nos passages pour renflouer leurs stocks en produits d’autres nations. S’il vous faut quelque chose, demandez toujours, nous l’avons peut-être.

J’aurai surement droit à un sermon plus tard dans la soirée...

Mon père se méfie, il se demande si le jeune homme m’a vu maitriser le feu. En d’autre temps, l’idée ne l’aurait même pas effleuré, mais depuis ma perte de mémoire, il s’inquiète... Je ne suis pas assez prudent selon lui. Je me comporte comme un gamin qui vient de découvrir sa maitrise... ce qui n’est pas loin d’être le cas... Mon “amnésie” m’a fait tout remettre en question, et j’ai tout à réapprendre, y compris le peu que je savais...

Petit moment de tension, alors que Seiya venait de poser ses questions en apparence inoffensives sur la caravane et l’origine de ses membres, où il attendait que Shi Xiaoliang ou son père ne le perce à jour et lui fasse la réflexion que décemment, il devenait bien bavard et surtout curieux pour quelqu’un qui s’était montré si revêche, taiseux et abrupt quelques minutes auparavant - d’autant plus qu’il avait signifié à son interlocuteur qu’il allait un peu trop loin dans ses questions sur le cursus du Temple. D’aucuns auraient pu lui reprocher son hypocrisie, ou du moins ses doubles standards assez manifestes. Sauf que les secrets du Temple étaient réservés aux initiés, pas du tout pour les néophytes ; Seiya lui-même était loin de tout savoir sur sa secte étant donné son avancement dans sa formation. Dans les étages supérieurs du Temple, il se passait des choses, des apprentissages dont il n’avait même pas idée - des choses qu’il apprendrait en temps et en heure, quand il serait prêt. Tout au plus savait-il que la maîtrise de l’anneau-foudre était au programme ; c’était quelque chose de connu,et il avait vu assez de ses aînés pour être sûr de ne point se tromper. Mais non, sa petite ruse passa inaperçue, et il s’en étonna presque intérieurement. Seiya était bon pour dissimuler ses pensées, mais pas pour mentir, laissant cela aux cultivateurs du Jardin ; lui, sa spécialité était la botanique et les poisons, pas l’embobinage en règle. Et pourtant. Shi Xiaoliang lui sourit avant de répondre.

“Fei Zhou..Vous venez de loin.” Cela répondait à certaines de ses interrogations, pas toutes ; cela expliquait, peut-être, l’apparence de son interlocuteur. Du coup..est-ce que cela voulait dire..est-ce que Shi Xiaoliang avait des origines étrangères mêlées à la Nation du Feu ? Est-ce que cela voulait dire que le sang de la Nation avait été souillé ? Du sang qui était devenu du sang de déserteur, vu qu’ils étaient si loin de Hikyo? Il y avait quelque chose en lui qui se rebiffait à cette simple idée, qui refusait cette éventualité, qui lui paraissait tant contre nature. “Je n’ai besoin de rien, mais je vous remercie de me le proposer.” Par contre, il avait besoin de réfléchir. Beaucoup.

Mais il avait fini son thé, se rendit-il compte au bout d’un certain moment. Il n’avait plus de raison de rester ici ; il avait appris, il avait retenu certaines choses, des choses qui l’intriguaient, et d’autres qui le rendaient perplexes, et d’autres..qui l’agaçaient profondément. Peut-être y verrait-il plus clair, plus tard, une fois de nouveau auprès des autres disciples du Temple.

“Je vous remercie pour le thé, mais il me faut à présent retourner auprès des siens. Je vous souhaite bon voyage.” déclara Seiya en s’inclinant. Ne jamais demeurer l’invité de quelqu’un plus longtemps qu’il n’était strictement nécessaire. Comment était-ce, ce dicton ? Au bout de trois jours, le poisson pue et les invités aussi ? Quelque chose comme cela. Dans tous les cas, il ne devait pas pousser sa chance. Il pourrait commettre une erreur, et devenir extrêmement suspicieux.

Cela lui semblait la base - être déjà content de ce qu’il avait obtenu, et partir avec grâce avant que cela ne sente le roussi.

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Are you kidding me ?!  

Fin du 1er mois de la 53e année de Ri Wu. - Aux environs d’une colonie au nord du Royaume de la Terre.  

A ma question qui n’en était pas vraiment une, Seiya répond qu’il n’a besoin de rien. Il termine son thé et s’apprête à prendre congé. Mon père souris, mais ce sourire n’atteint pas son regard...

- Merci encore pour votre aide auprès de mon fils. Soyez prudent sur le chemin.  

Au moins, il reste polit...

Je me lève et raccompagne le cultivateur à la sortie du campement en le remerciant une nouvelle fois à mon tour.

- Peut-être nous recroiserons nous lors de l’un de nos prochains arrêts, qui sait.    

C’est sans me douter de ce qui m’attend d’ici quelques mois...

A mon retour prêt du feu, comme je m’y attendais, mon père me fait tout un sermon. Lorsqu’il me demande si l’homme m’a vu maitriser le feu, j’hésites un instant à lui répondre. Je fini par être honnête. Mon père décide de quitter les lieux dès le lendemain matin après m’avoir martelé que je dois être beaucoup plus prudent... Il préférait presque lorsque je reniais ma maitrise... S’il savait pourtant le mal que cela me faisait...