[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Mon arc à la corde démontée à l’épaule gauche, mon sac avec mes autres affaires sur la droite, je quitte le manoir familial en me déplaçant aussi silencieusement qu’un fantôme. La nuit règne encore dans le ciel de Hikyo mais rien de bien étonnant vu l’heure très matinale et je ne tiens pas à réveiller qui que ce soit chez les Kuroda. Bien que je sois presque sûre que mon père est déjà debout lui aussi mais peu importe. Cela fait un moment maintenant que je n’ai plus besoin de sa supervision pour mes entraînements, bien que j’aie conscience de ce que je lui dois à ce sujet. Quoi qu’il en soit, une fois à l’extérieur du manoir, avec la lumière de la lune et des étoiles pour guides, je me dirige sans la moindre hésitation en direction de la caserne.

J’ai du temps avant l’arrivée de mes hommes pour nos entraînements et je le sais bien. Ce n’est pas pour rien que je viens régulièrement plus ou moins à cette heure pour t’entraîner un peu plus, dans mon coin. Rigueur, discipline et exigence envers soi-même, c’est dans cette philosophie que j’ai grandi, que j’ai été élevée. Et entraînée aussi. Une philosophie que j’ai gardée, que je continue d’appliquer et qui m’a bien servi. Rigueur et discipline, les raisons de ma présence à la caserne si tôt, de cette habitude que j’ai gardé depuis l’enfance de toujours continuer à m’entraîner, quelque soit mon niveau. Seule dans la cour de la caserne, mes affaires laissées un peu plus loin, comme à chaque début de mes entraînements de maîtrise du feu, je commence par quelques exercices de respiration, de quoi me détendre un peu, faire le vide dans mon esprit, contrôler mes pensées et mes émotions. Et alors que je suis sur le point de commencer mes premiers mouvements, assez lents et calculés pour ce début d’enchaînement, le bruit de l’arrivée de quelqu’un d’autre en ces lieux attire mon attention. Sur mes gardes, silencieuse comme un fantôme, comme se doit de l’être n’importe quel archer de ma compagnie dans ce genre de situation, je profite de ne pas être au centre de cette cour mais un peu à l’écart pour ne faire plus qu’un avec les ombres nocturnes m’entourant.

Il ne me faut cependant que deux secondes pour me détendre légèrement lorsque je reconnais le nouvel arrivé. Le Colonel Jin Lonzu, actuellement le plus jeune à ce grade dans l’armée de notre nation. Nous nous sommes déjà croisés plusieurs fois lors de nos campagnes militaires à l’un et l’autre, même si j’ai été surprise de ne pas le voir participer au siège d’Omashu. Sa présence aurait peut-être changé la donne, qui sait ?  Je n’aurais pas la prétention de le désigner comme ami, ne le connaissant pas assez pou ça, mais il reste un collègue dont j’apprécie la façon de faire et de voir les choses. Un léger sourire finit par se dessiner sur mes lèvres quand je réalise qu’il semble avoir eu la même idée que moi ce matin. Mais à vrai dire, cela ne m’étonne pas vraiment de sa part, ayant déjà remarqué par le passé que nous avions bien plus en commun qu’on ne pourrait le penser au premier abord. Et ce côté rigoureux et strict sur nos entraînements en fait partie.

- Colonel Hao.

Finis-je par le saluer en me décidant enfin à sortir de ces ombres alors qu’il commence à son tour à se lancer dans ses premiers mouvements lents. Je sais que je l’interromps dans son début d’entraînement mais je vois cela comme un retour des choses étant donné qu’il a fait de même avec moi sans le vouloir. Ni même le remarquer visiblement. Si nos grades sont équivalents par rapport à nos corps d'armée respectifs, je reste son aînée d’un peu plus de dix ans. Et plus puissante également dans ma maîtrise du feu, mes éclairs me donnant un avantage plus que certains sur beaucoup de nos compatriotes à ce niveau-là. C’est en partie pour cela que je montre respectueuse certes mais tout de même assez familière avec lui. Ça et le fait que j’ai déjà eu à le côtoyer plusieurs fois par le passé.

- Je dois avouer que je n’ai pas l’habitude de voir quelqu’un d’autre ici aussi tôt.

Lui dis-je en m’approchant encore un peu de lui, un très fin sourire aux lèvres, avant de finir par m’arrêter à une distance respectable de lui. Il est vrai que je suis habituellement seule dans cette partie de la caserne à cette heure-ci, quand je viens m’entraîner. En tout cas, depuis mon retour d’Omashu et les quelques fois où je suis venue m’entraîner seule à cette heure. Tout comme c’était le cas avant que je ne reparte en campagne militaire, mais peut-être que les choses ont changé durant mon absence. Après tout, c’est souvent le cas dans tous les autres domaines de ma vie, passant plus de temps au front qu’ici, alors pourquoi en serait-il autrement pour ce genre de chose ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Rares sont les aubes auxquelles je trouve d’autres militaires, qu’importe leurs corps d’armées ou leur maitrise ou non du feu, que moi présents sur le terrain d’entraînement. La plupart arrive plus tard, pas toujours seul, et je dois avouer que j’ai souvent joué de cela pour profiter de ce calme et de cette solitude pour commencer ma journée par mon propre entraînement. Rigueur et discipline, comme toujours depuis mon enfance, comme l’exigence mon nom. Pourtant, je n’ai besoin que de peu de temps pour me remettre de cette petite surprise de ne pas être seule ici ce matin, saluant assez rapidement le jeune commandant, qui me les rend d’ailleurs tout aussi prestement. Mon frère, tout imbu de sa personne qu’il est, se serait immédiatement vexé de se faire saluer de cette façon, sans que le commandant Hao ne s’interrompt dans ses mouvements pour lui rendre les honneurs comme il se doit. Pour ma part, je n’en prends nullement ombrage et ne voit aucune raison de le faire, au contraire. Cela ne fait que me prouver encore un peu plus que j’ai bien évalué ce jeune commandant, anciennement rattaché à la cavalerie de notre armée : il n’est pas homme à se laisser déconcentrer facilement, ni à se laisser distraire inutilement. Ma sœur, bien plus sociale et solaire dans sa personnalité que moi dans la mienne, aurait sans doute sourit à ce jeune homme lorsqu’il me surnomme "ma tante". Un de ces sourires amical et chaleureux qu’elle avait toujours eu depuis l’enfance et qui m’avait toujours fait défaut, sans que cela ne me gêne réellement ou ne me donne une impression de manque quelconque. Parfois, il n’est pas facile de voir le lien de parenté que j’ai avec les autres membres de ma fratrie tant je leur suis différente dans ma façon de voir les choses, de les vivre, de les prioriser ou de les exprimer. Mais peu importe au final, nous sommes ainsi et ce n’est certainement pas à mon âge que je vais commencer à changer, si tant est que je le désirais un tant soit peu.

- Notre écart n’est pas si important que ça, Commandant. Vous pourriez aussi bien être mon jeune frère ou un cousin plutôt que mon neveu. Surtout en étant vous comme moi l’aîné de votre fratrie.

Finis-je par lui répondre, toujours de cette voix calme et posée qui me caractérise presque constamment. Dès lors que Kaori n’est pas dans les parages en réalité. Je n’expose que des faits, rien d’autre, bien que j’ai parfaitement deviné qu’encore une fois, il cherchait par cette appellation à me taquiner, à sa façon, tout comme je le fais souvent depuis sa promotion, à ma façon également, en le nommant Colonel et non Commandant, les deux rangs étant au final les mêmes.

- Concernant l’Académie, je ne voudrais pas m’imposer.

Reprends-je en faisant un nouveau pas dans sa direction, avant de commencer à me tourner légèrement sur mon côté droit, dans l’optique de reprendre bientôt mon entraînement moi aussi. Son invitation me fait plaisir bien évidemment, mais je suis suffisamment familière de l’Académie moi aussi, tant comme ancienne élève que pour y intervenir parfois, lorsque je suis entre deux campagnes à l’extérieur de notre territoire, pour savoir qu’il est parfois mal vu de chercher à s’y imposer. Sans parler du fait que j’ai déjà prévu plusieurs exercices d’entraînements avec mes archers ce matin, envisageant même une manœuvre de plus grande envergure d’ici cet après-midi ou demain, à l’extérieur de la capitale. Pourtant un très fin et discret sourire amusé finit par se dessiner sur mes lèvres alors que je tourne de nouveau le regard vers mon interlocuteur.

- Et puis, il y a fort à parier qu’un ancien Capitaine de cavalerie attirera plus l’attention des élèves qu’une Commandante des Archers Yuyan.

Point de vexation de ma part là encore ou d’une quelconque trace de jalousie dans ma voix lorsque je lui réponds ceci, presque même de façon amusée. Là encore, ce ne sont que des faits établis. Toute unité d’élite que nous sommes, nous, les Archers Yuyan, comptons énormément sur la discrétion pour traquer nos cibles ou servons de soutien pour les autres corps d’armées lors de nos participations à des batailles frontales. Peu de gloire en perspective alors que j’ai conscience que la plupart des jeunes élèves de l’Académie ne rêve que de ça. Moi-même ne m’y suis intéressée et ne les ai intégré que parce que je suis une femme et qu’ils représentaient ma seule possibilité de pouvoir être affectée à autre chose que la sécurité domestique. Donc oui, peut-être que ma présence saurait faire envisager une perspective de carrière parmi nous à quelques jeunes élèves féminines, ou les conforter dans cette idée si elles l’avaient déjà, mais je me fais quand même peu d’espoir sur la possibilité de rivaliser d’intérêt avec Jin Hao aux yeux de ces jeunes. A part peut-être si je venais à parler et démontrer ma maîtrise des éclairs mais je ne vois pas de raison de le faire aujourd’hui. Ne suis-je pas déjà invitée la semaine prochaine à en faire une démonstration aux plus âgés de l’Académie ? Là encore, ce ne sont que des faits à mes yeux et rien d’autres. Je n’ai pas la moindre rancœur ou jalousie que pourraient avoir d’autres personnes à ma place ou imaginer certaines autres. De plus, je sais pertinemment que le commandant Hao n’aura aucun mal à susciter l’intérêt de ces jeunes et à leur apprendre ce qu’il sait, avec ou sans ma présence à ses côtés.

- Bien que je trouve dommage que l’on vous ai enterré à Chung-Ling depuis votre promotion. Un homme comme vous nous serait plus qu’utile sur le front. Comme vous l’avez déjà prouvé par le passé.

Finis-je par ajouter assez rapidement, là encore en établissant un constat des faits mais dans lequel une certaine amertume de ma part se fait sentir. Je ne m’en cache pas réellement, disant même ouvertement ce que je pense de cette mutation d’un jeune homme aussi prometteur que le Commandant Hao dans un territoire isolé de notre nation. Il avait tout ce qu’il faut pour être ce genre d’homme capable de se couvrir de gloire en offrant à notre grande nation plusieurs victoires au nom du Seigneur du Feu dans les territoires contestés de nos colonies et même sur le front. A mes yeux, sa promotion à un grade si proche de celui de Général, si jeune qui plus est, aurait effectivement dû présager pour lui une carrière militaire encore plus grande à nos frontières, des exploits s’enchaînant lui permettant de gagner sans démériter ses galons de Général d’ici plusieurs années. Mon père est d’ailleurs de cet avis aussi, lui qui siège aux Conseils des Généraux de notre Seigneur Azulon et avec qui j’ai échangé sur cette situation peu après mon retour d’Omashu.

- Mais que peut-on faire face aux décisions de nos Généraux ?

Achève-je finalement, encore une fois d’une voix assez neutre et calme, n’exprimant qu’un fait. Je me pris même à hausser légèrement les épaules, signe de ma légère familiarité avec le jeune homme, et du fait aussi que je sais parfaitement qu’il est inutile de discuter les ordres de nos supérieurs. N’ai-je pas été élevé par un Général ayant pour ambition de me former à prendre sa place un jour après tout ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Si dans un premier temps, je déclines poliment sa proposition de l'accompagner à l'Académie où Hao doit dispenser de nouveaux cours aux recrues selon ses dires, je ne tardes pas à rajouter qu'il y aura sans doute plus de succès en tant qu'ancien capitaine de cavalerie que moi. Une chose pour laquelle je ne prends d'ailleurs pas le moindre ombrage, sachant pertinemment combien ces jeunes recrues de notre glorieuse armée doivent avoir soif de reconnaissance et de prestige. Et sachant également parfaitement, en tant que Commandante d'une compagnie d'Archers de Yuyan que nos plus grandes victoires et plus belles réussites sont celles qui ont lieu dans les ombres, dans le secret des hauts-gradés et des missions où notre précision est autant apprécié que notre discrétion. Aussi élitiste que soit le corps d'armée que j'ai rejoint, non sans fierté, il n'en reste pas moins l'un des moins plébiscité par les jeunes soldats sortants tout juste de l'Académie, toujours avec ces rêves de grandeurs plein la tête. Cependant, la réponse que me fait le commandant Hao sur tout le respect - et peut-être même l'admiration - qu'il a pour les Archers de Yuyan m'arrache un léger sourire aux coins de mes lèvres.  

- Je parle surtout de l’intérêt de ces jeunes adolescents ne rêvant que de gloire et de s’illustrer au combat pour le bien de notre belle Nation.

Précises-je alors assez rapidement, et toujours d'un ton assez neutre, bien qu'en gardant ce très fin sourire sur le visage. J'étais presque sur le point de lui expliquer oralement tout mon raisonnement, appuyant mes propos par plusieurs faits dont le nombre de candidatures de ces mêmes recrues de l'an dernier que nous avions reçu pour rejoindre nos rangs. Mais je finis cependant par choisir de me taire, mon esprit étant déjà en train de prendre un autre cheminement. Mon père m'avait toujours préparé à rejoindre les Archers de Yuyan, depuis mon enfance. Ce choix avait donc toujours été une évidence pour moi, quelques soit les gradés étant intervenus, ponctuellement ou non, lors de mes années à l'Académie. Mais tout le monde n'avait pas cette chance que j'avais eu de savoir très précisément ce qu'il voulait faire en sortant de l'Académie, ce qu'il devait travailler comme talent, comme compétence, pour rejoindre le corps d'armée qui lui convenait le mieux, qui l'intéressait le plus… Un raisonnement qui me fait alors pousser un très léger soupir alors que je me permet même de hausser légèrement les épaules à cette réalisation.

- Bien que j’ai été adolescente moi aussi… Et il est vrai que si je peux susciter un vif intérêt pour les Archers de Yuyan auprès de certains d’entre eux, peut-être qu’ils se montreront plus assidus à leurs entraînements d’archerie. Sans parler de la possibilité parfois oubliée pour les jeunes filles de pouvoir intégrer nos rangs et pas uniquement ceux des forces locales.

Pas totalement une promesse de l'accompagner un peu plus tard à l'Académie, mais pas un refus catégorique non plus. Je me laisse simplement le temps de la réflexion, espérant sans doute qu'il le comprendra de façon indirecte. Tout en laissant d'ailleurs une porte de sortie à chacun de nous deux au cas où nous changerions d'avis. Une chose que je fais pour peu de gens il faut bien l'avouer, mais le commandant Hao a réussi depuis plusieurs années à obtenir suffisamment de respect de ma part pour avoir le droit à ce genre de laisser-passer de ma part.

Finalement, je préfère plus ou moins changer de sujet en évoquant sa promotion au rang de commandant justement, l'ayant obligé à quitter la cavalerie pour cela. Et l'ayant également plus ou moins exilé à Chung-Ling là où j'aurais largement préféré le voir encore présent sur le front comme je ne me prive pas de le faire comprendre. Aussi respectueuse de ma hiérarchie que je puisse être, je n'en trouve pas moins aberrant ce choix d'enterrer un jeune officier si compétent et si prometteur dans une garnison fixe là où nous aurions bien besoin de lui sur le front pour consolider notre avancée. Je n'ai d'ailleurs pas cité le siège d'Omashu sans raison… Mais nous n'avons malheureusement pas voix au chapitre, l'un comme l'autre. Enfin, pas pour le moment en tout cas, là encore l'un comme l'autre. Une chose que semble plutôt bien prendre Hao pour l'heure, souriant très légèrement en évoquant les possibilités qu'il aura sans doute dans le futur de prouver sa valeur.

- Je n’en doute pas une seule seconde. Colonel.

Lui réponds-je, également avec un très fin sourire aux coins des lèvres, comme pour lui démontrer tout mon soutien à cette idée… Et à ses prétentions à un siège au Conseil des Généraux que je connais déjà plus ou moins par nos nombreuses discussions dans le passé. Sans parler du fait qu'il provient, tout comme moi, d'une longue lignée de militaires émérites et qu'il avait donc toute légitimité à pouvoir prétendre à ce titre et à ce siège un jour. Même si je me permet malgré tout de le taquiner très légèrement en l'appelant de nouveau Colonel, mais plus par esprit d'amitié et soutien que pour réellement l'embêter ou l'embarrasser d'une quelconque façon avec cela. Je me garde bien également de faire le moindre commentaire sur le fait que mon propre père occupe actuellement l'un de ces prestigieux sièges proche du Seigneur du Feu. Et qu'il essaye aussi depuis quelques temps à trouver un moyen pour pouvoir me léguer sa place et son siège d'ici quelques années, faisant alors de moi la première femme Générale à atteindre un tel poste. Si je préfères ne pas me faire d'illusions sur le fait de pouvoir remplir cet objectif un jour où l'autre, encore une fois en raison de mon sexe principalement, je sais pourtant combien il pourrait être intéressant pour Hao et moi de pouvoir compter l'un sur l'autre en cas de nomination de l'un de nous au Conseil des Généraux. Ne serait-ce pas une voix quasiment d'assurer en faveur du nom de l'autre pour la nomination suivante ?

Je n'ai de toute façon pas le temps de reprendre la parole pour parler de tout ceci, même si j'avais voulu le faire. Continuant son entrainement de manière imperturbable sous mon regard, Hao ne tarda pas à cracher un tourbillon de flamme par sa bouche, d'aidant sans succès de ses mains pour tenter de le contrôler, de lui donner une direction bien définie. J'esquisse un léger pas en arrière pour éviter une gerbe de flamme, mais je ne tardes pas malgré tout à reprendre mes habitudes de haute gradé dans l'armée, croisant les bras sur mon torse en observant la position du jeune homme ainsi que le "cône" de flamme qu'il a généré pour essayer de voir ce qui peut être améliorer. Car il ne faut pas bien longtemps pour comprendre qu'il doit tenter de maîtriser le souffle du dragon, cette technique particulièrement avancée dans la maîtrise du feu. Et ne pouvant réellement m'empêcher de me rappeler combien j'avais eu du mal à me concentrer pour trouver le juste équilibre d'énergie à employer pour réussir à maitriser le flot de flammes créé lorsque je l'apprenais moi-même, je ne peux retenir de nouveau un très fin sourire au coin de mes lèvres.

- Détendez un peu vos épaules. Et mettez moins de puissance dans vos flammes. A trop en mettre, vous n'arrivez pas à les concentrer en un souffle bien précis et ciblé.

Ne tardes-je pas à lui conseiller, me faisant alors durant quelques instants formatrice, maître. Mais n'est-ce pas l'un des privilèges que j'ai obtenu tacitement au moment de m'élever au rang de Maître du feu, malgré mon jeune âge à l'époque où j'ai atteint la pleine maîtrise de mon élément, allant même jusqu'à réussir l'exploit de générer de la foudre ? Une chose pour laquelle je dois clairement remercier mon père et l'entrainement aussi intensif qu'exigeant auquel il m'a soumis dès mon enfance. Laissant ces pensées de côté, je me permets de faire quelques pas en direction de Hao afin de me retrouver à côté de lui. Et alors que je commence à mon tour à me mettre en position et à mobiliser mon énergie pour lui faire une démonstration, je reprends la parole encore quelques instants, le temps de lui donner un peu plus de détail sur mon dernier conseil.

- La clé est dans l'équilibre entre l'énergie mise dans votre souffle et celle dans votre contrôle sur sa direction.

Je termine tout juste ma phrase avant de lui faire la démonstration de mes dire, soufflant à mon tour une gerbe de feu partant cependant une "colonne" parfaitement droite devant moi. Je ne la fais cependant pas durer plus que nécessaire, n'arrêtant mon souffle que quelques secondes plus tard et tournant déjà mon regard vers le jeune colonel à côté de moi.

- Commencez plus petit pour trouver cet équilibre. Et une fois que ce sera fait, vous saurez alors instinctivement comment conserver l'équilibre avec un souffle plus puissant.

Lui dis-je alors, comme dans un dernier conseil, avant de m'écarter d'un nouveau pas sur le côté tout en l'invitant d'un geste de la main à faire une nouvelle tentative. Je ne sais que trop bien combien il peut être piégeux de penser qu'il faut mettre plus de puissance que nécessaire pour maîtriser une nouvelle technique alors que commencer plus petit et augmenter au fur et à mesurer permettait très souvent d'avancer bien plus vite dans la maîtrise de cette technique en question. Cela fait bien longtemps que j'ai cessé de compter le nombre de fois où j'ai moi-même fait cette erreur plus jeune.