slow and steady (ft. seiya)

par Invité Mar 28 Mar 2023 - 18:26

Le soleil se levait à peine sur les falaises, une silhouette se dessinant sur le chemin escarpé grimpant vers le sommet rocailleux. Shion s’était levé à l’aube comme à son habitude, et comme tous les jours, il s’apprêtait à s’entraîner avant de prendre son service de garde plus tard dans la soirée. Depuis qu’il n’avait plus de maître, il s’était habitué à s’entraîner seul, sur les collines autour de Hikyo. Il n’aimait pas l’admettre mais c’était devenu plus difficile ; il n’était plus guidé, ne savait plus comment s’y prendre, et il ne faisait pas de progrès. D’un autre côté, il s’y était habitué au fil des dernières années, n’ayant pas maîtrisé de nouvelle technique depuis longtemps. Qu’à cela ne tienne, il s’estimait tout de même chanceux d’avoir une maîtrise suffisante pour être un soldat efficace.

Un mouvement après l’autre, il révisait les techniques qu’il avait intégrées plus jeune. Les boules de feu, les cercles et arcs.. Shion dansait avec le soleil au-dessus de la ville et il s’estimait heureux de pouvoir le faire, malgré la sueur qui commençait à perler sur son front. Et la frustration évidemment.. il la sentait venir comme une vieille amie alors qu’il essayait encore de produire des fouets enflammés. Il n’y était jamais arrivé, à chaque fois qu’il commençait à réussir à les former, ils retombaient au sol comme des braises qu’on viendrait d’éteindre. Il poussa un soupir, quelques herbes brûlées devant lui. Encore. Il recommença plusieurs fois, jusqu’à ce que le soleil ne soit finalement plus au-dessus de lui. Combien de temps s’était-il encore entraîné ? Il était arrivé à l’aube, mais maintenant l’après-midi arrivait à grands pas. Il était exténué, le sol fumant autour de lui. Il n’avait pas réussi, encore. Il devrait bientôt partir et il n’avait encore fait aucun progrès. Il essayait de se rassurer en se disant que ce n’était pas perdu et qu’il était essentiel d’entretenir sa maîtrise actuelle, mais il ne pouvait s’empêcher d’être lassé de cette situation.

Un craquement derrière lui le tira de sa rêverie. Il s’immobilisa, tendant l’oreille. Ce n’était pas habituel de voir qui que ce soit ici à cette heure-ci, pourtant. C’est peut-être un animal. Un autre petit craquement, plus proche de lui cette fois-ci. Ou un ennemi. Des flammes rougeoyantes faisaient leur apparition le long de ses doigts. Il n’avait que sa maîtrise pour arme aujourd’hui, n’ayant pas emmené ni d’épée, ni de lance. Mais qu’à cela ne tienne, il était prêt à faire face au danger. Il se retourna lentement, les yeux plissés en direction d’un buisson, quelques mètres derrière lui. Prêt au combat.

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Seiya avait toujours aimé les montagnes autour de Hikyo.

Majestueuse, silencieuse, elle fournissait toujours un parfait refuge pour qui avait besoin de solitude. Ce n’était pas assez loin pour qu’il soit réellement en danger, et pourtant assez pour qu’il ait enfin l’impression de plus respirer par rapport à l’atmosphère parfois pesante de la capitale. Trop de monde, trop de regards méprisants pour lui et sa fratrie. Des regards parfois effrayés aussi, lorsqu’il rentrait du Temple suffisamment tôt pour croiser des gens dans les rues. Les robes de cultivateur pourpre et noir étaient un message assez frappant. Un peu comme certains lézards et grenouilles très colorés en apparence, mais surtout venimeux.

Il n’aurait même pas eu besoin de venir ici, techniquement. Nul besoin urgent d’aller cueillir des herbes et des champignons. Mais lui en avait eu besoin. Cette rencontre avec un kappa l’avait ébranlé, plus qu’il voulait bien l’admettre. Il enrageait de n’avoir pas été assez fort pour le vaincre ; d’avoir été trop fatigué pour réussir à créer des murs d’énergie de ressentiment. D’avoir manqué s’évanouir. Avait-il été bien faible physiquement. Et comme d’habitude, il se sentait de nouveau comme le pire des moins que rien. Et comme d’habitude, il ne voulait voir personne. Le senior qui l’avait accompagné avait beau essayer de lui remonter le moral, c’était comme ça : sa faible estime de soi influençait encore trop sa vision des choses.

Alors il avait (lâchement fui) pris la décision d’aller un peu dans la montagne cueillir des herbes spirituelles. Il n’avait pas pensé à en prendre la dernière fois, et cela s’était retourné contre lui. Alors il était là, seul. C’était peut-être stupide et voire dangereux, mais comme il ne se sentait guère d’humeur à parler… Et l’air frais lui faisait du bien. Concentré sur sa marche, il ne pensait plus à rien, et c’était très bien. Son esprit ne s’emballait pas vers des contrées dangereuses, mais au contraire, restait très...terre à terre, occupé à repérer les plantes dont il avait besoin.A chaque fois, il se laissait aller à un sourire discret.

Sauf que cela se retourna contre lui. Il était tranquillement, en train de progresser à travers les branchages (et en cassant quelques-uns au passage, oups), lorsqu’il eut l’impression..de percevoir quelque chose d’inhabituel, en relevant la tête. Une silhouette d’un homme. Portant une armure de la nation du feu..et du feu le long des bras. Il devait l’avoir entendu, le bougre.

Seiya poussa un juron coloré dans sa tête. Autant pour sa recherche de calme et de tranquillité - bon et bien tant pis, il fallait faire avec.

Alors il se redressa, sortit des buissons aussi élégamment qu’il le put, en époussetant ses robes de cultivateur pour éviter que des feuilles n’y restent accrochées. Il représentait sa secte après tout, et à ce titre devait être impeccable.

“Mes salutations.” fit-il enfin en s’inclinant en signe de politesse. Il ne savait pas encore à qui il avait affaire en détail, si c’était un haut-gradé ou non.“Je suis Matsumoto Seiya, disciple au Temple du Soleil Pourpre. Pardonnez-moi de vous avoir dérangé.”

Shion plissa les yeux, observant le buisson remuer jusqu’à ce qu’une forme humaine, un homme de toute évidence, ne sorte d’entre les feuilles, époussetant ses vêtements maladroitement sous ses yeux. il était surpris et incrédule, son visage restant toutefois impassible pour ne pas trahir ses émotions. Pourquoi un garçon qui semblait à peine avoir son âge venait s’aventurer sur les montagnes à cette heure-ci, et pourquoi était-il arrivé dans son dos comme par magie ? Shion n’était pas paranoïaque, d’accord, mais il avait vu bien assez de choses étranges depuis qu’il servait dans l’armée pour ne pas s’interroger quand des évènements suspects arrivaient autour de lui. Et ça, si ce n’était pas suspect, il ne savait pas ce que ça pouvait bien être.

L’homme s’adressa à lui, se présentant, et l’élémental se détendit légèrement en recevant ces nouvelles informations. Il n’avait jamais donné beaucoup d’attention aux sectes disséminées à travers le pays, il connaissait leur existence et probablement leurs noms s’il prenait le temps d’y réfléchir, mais il n’avait jamais éprouvé le besoin de creuser plus loin. Il était un élémental, et en tant qu’élémental, la cultivation n’avait jamais présenté beaucoup d’intérêt à ses yeux - il possédait un don supérieur aux leurs et il n’était dans tous les cas pas concerné par leurs enseignements. Pourquoi aurait-il pris la peine de s’y intéresser ? Il connaissait tout de même le temple du soleil pourpre, tout simplement parce qu’elle était la secte la plus proche de lui, et à sa connaissance la seule dans la nation du feu. Il avait entendu des rumeurs à leur propos, mais encore une fois, il n’y avait pas prêté attention. Il était un soldat et un élémental, il n’avait pas de temps à perdre avec ces bêtises. Son attention revint vers le jeune homme, des étincelles crépitant tout de même encore au bout de ses doigts, par mesure de sécurité.

“Vous avez de la chance que je ne vous ai pas attaqué, ce n’est pas recommandé d’arriver dans le dos d’un soldat.” Il restait un peu méfiant, et une légère froideur transparaissait tout de même de ses paroles, pour faire bonne mesure. “Que faites-vous ici ?” Il restait sur ses gardes, le jaugeant de haut en bas. L’idée qu’il soit un ennemi infiltré lui semblait s’éloigner, mais il préférait s’en assurer avant de le laisser ici sans surveillance. C’était après tout son devoir en tant que soldat de la nation de s’assurer qu’aucun danger n’approchait de la capitale - un rôle qui faisait encore plus de sens aujourd’hui, alors qu’il était censé prendre sa garde aux portes de la ville un peu plus tard. Même s’il n’était pas gradé, il comptait bien le devenir un jour, et il avait compris assez rapidement que l’excès de zèle pouvait l’y conduire, il n’allait donc pas se gêner.

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Seiya se fit un rapide bilan de la situation. Il était en montagne, originellement seul, mais voilà qu’il se retrouvait à faire la causette à un soldat de presque son âge, maître du feu, et qui visiblement avait la mèche courte étant donné qu’il avait été sur le point de l’attaquer. Ca faisait beaucoup, là, songea-t-il férocement. Trois gros défauts, tous les trois irrattrapables. Ce type pouvait être le soldat le plus loyal de la nation (sans trop savoir pourquoi, il songea brièvement à Shao Cheng avec dégoût), il avait ces trois défauts ; être maître du feu était le pire. Il sentait la jalousie envahir ses veines comme un poison froid. Et il s’en repaissait, de cette jalousie si profondément ancrée en lui, cette colère, ces années à être traité comme moins que rien juste parce qu’il n’était pas né avec la maîtrise du feu.

(Et que c’était probablement mieux pour tout le monde. Il ne serait même pas là pour en parler, s’il était né élémental. Mais cela il ne l’aurait pas avoué à haute voix de sitôt. Déjà qu’il partait avec un gros handicap en étant né Sakai..)

Toujours était-il que Seiya était à présent vexé. Il s’était présenté, poliment s’il vous plaît, dans le but d’apaiser la situation. Mais non. Visiblement monsieur le soldat pensait qu’il était trop bien pour lui rendre la pareille. Tous pareils, ces militaires, décida-t-il. Entre Shao Cheng qui le prenait pour un enfant, et ce soldat qui le traitait comme un ver de vase.. Même Kuroda Akane avait été plus polie envers lui et s’était présentée quand il lui avait demandé son nom, de cela il se rappelait bien ; et les esprits savaient qu’elle aurait eu raison de lui faire passer un quart d’heure bien pire que la démonstration d’autorité qu’elle lui avait fait. Et qu’elle l’avait terrifié. Une seule sur les trois militaires qu’il connaissait qui méritait sa considération, en gros. Ce n’était pas bien glorieux. (Est-ce qu’il aurait préféré la revoir elle plutôt que ce bidasse ? Oui. Le chant d’un arc s’entendait de loin.)

“Et si j’étais sorti des buissons en faisant un grand cercle et vous adressant la parole, le résultat n’aurait pas forcément été plus probant. Vous avez la maîtrise du feu, un élément puissant et imprévisible. C’est à vous de faire attention.” Il n’en revenait pas d’être obligé de réexpliquer quelque chose d’aussi élémentaire. Comment avait-il fini à l’armée, ce type qui dégainait ses flammes aussi vite ? Ah non, il oubliait. Avoir la mèche courte, sans contrôle, était quelque chose de plutôt apprécié. Si lui avait été comme ça au Temple..commença-t-il à songer. Il n’aurait même pas réussi à maîtriser l’énergie du ressentiment. “J’étais en train de cueillir des plantes pour le Temple.” Il leva sa main droite, qui tenait encore son petit couteau dont la lame était tâchée de vert ; de l’autre, il ouvrit maladroitement le sac où il rassemblait ses botaniques trouvailles. “Faut-il que je fasse autre chose pour vous prouver mon identité ? Ou alors préférez-vous me traîner au Temple pour vérifier que je n’affabule pas ?”

Oui, il commençait à s’agacer. Clairement. Et quand Seiya était agacé, il devenait sarcastique - insupportable.

La lueur orangée au bout de ses doigts s’estompa lentement, jusqu’à disparaître complètement, au fur et à mesure qu’il l’observait et l’écoutait. Il haussa rapidement un sourcil face à la langue bien pendue du jeune homme qui lui faisait face. Il n’avait pas spécialement de préjugés sur les cultivateurs, dont il se fichait, mais celui-ci allait assez rapidement lui en donner. Depuis quand les gens étaient-ils aussi impolis avec les soldats de la nation ? Il n’était pas gradé, certes, mais on lui avait toujours parlé avec respect, que ce soit en ville ou ailleurs dans la nation du feu. Il étira tout de même un petit sourire amusé l’espace d’une seconde en l’entendant parler de sa maîtrise. Parce que t’en sais quelque chose, toi ? pensa-t-il rapidement. Les personnes qui ne possédaient pas ce don étaient souvent comme lui, complètement ignorants sur le sujet.

“S'il était si imprévisible que ça, vous ne seriez pas en pleine forme devant moi à cet instant, soyez rassuré.” Il jeta un coup d'œil à l’outil et au sac qu’il tenait, ne jugeant pas son couteau comme une réelle menace, il était évident qu’il ne servait pas à se battre. Il s’approcha pour faire bonne figure, faisant mine d’examiner le contenu de sa besace, mais il n’y connaissait de toute façon rien du tout en plantes médicinales, et trop peu en champignons et autres végétaux pour réellement savoir ce qu’il comptait faire de tout ça. Mais est-ce que ça le regardait vraiment, au fond ? Il n’allait pas l’arrêter pour ça, dans tous les cas. “je ne vais pas vous traîner au temple pour des herbes, j’ai mieux à faire que ça.” et j’ignore complètement où il se trouve, continua t-il dans sa propre tête. Il n’allait pas partir en randonnée avec un parfait inconnu juste pour faire le militaire zélé, il voulait sa promotion, mais peut-être pas à ce point-là. Sans compter les risques de voir cette altercation se retourner contre lui, et si cet homme était haut placé et ne lui avait pas dit ? Il semblait trop jeune pour avoir une quelconque influence, mais Shion était d’un naturel prudent dans ce genre de situation.

“vous pouvez retourner à vos occu-” Il comptait bien lui fausser compagnie, mais ses sens venaient de se mettre en alerte, des bruits suspects se faisant entendre un peu plus bas sur la colline. Et bientôt, il pu en effet voir un morceau de roche s’effriter puis se détacher de la falaise sous ses yeux interloqués. “vous devriez reculer.” Il n’était pas spécialement attaché au garçon qui était venu l’interrompre en plein entraînement, il en avait même plutôt une mauvaise opinion pour l’instant, mais il n’avait pas vraiment intérêt à ce qu’il meurt sous ses yeux aujourd’hui. C’était bien sa veine, ça, la montagne devait s’effondrer le jour où il était dessus. évidemment.

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Seiya se retint à grand-peine de lever les yeux au ciel. Quelle veine il avait eu de tomber sur un soldat avec la mèche courte, vraiment, c’était incroyable. A défaut d’avoir du talent en quoique ce soit, il avait le chic pour attirer les personnes plus ou moins désagréables. Il ricana intérieurement. Il ferait un bien beau cadeau. Envoyez-le à votre pire ennemi, et attendez de voir les conséquences ! Crise de nerfs, rencontres étranges, tentatives de vol, un trio garanti. Bon, trêve de plaisanteries : c’était lui qui allait finir par faire une crise de nerfs, si ça continuait comme ça. Il n’aimait pas du tout le petit sourire de son interlocuteur. Il ne connaissait que trop bien cette expression, cette façon de dire “ retourne dans ta niche sale non-élemental.” C’était presque son quotidien après tout. L’espace d’un instant Seiya regretta d’avoir proclamé son allégeance au Temple - est-ce que l’autre aurait pu croire qu’il était élémental comme lui ? -, avant de chasser ce regret hors de son esprit. De toute façon il portait ses robes pourpre et noir. Ces couleurs étaient connues comme celles du Temple du Soleil Pourpre. Alors il ne pouvait pas se cacher. Correction, il n’avait pas à se cacher. Il n’avait pas à avoir honte.

“Me voilà rassuré en effet.” Sa voix était presque mielleuse. Malgré tout ce qu’il prétendait, l’autre était quand même passé à ça de le carboniser avec sa maîtrise. Il l’avait vu, prêt à l’attaquer ; si Seiya ne s’était pas mis à découvert, nul doute qu’il aurait fini en brochette..et l’incident diplomatique aurait été, n’est-ce-pas, considérable. Si le pauvre soldat savait..mais il ne dirait rien. Son expérience lui avait déjà montré que faire étalage de son ascendance ne servait à rien, et il n’aspirait pas à attirer l’attention sur lui. Il avait appris où était sa place.Peut-être qu’il avait mis un poil de temps à retenir cette leçon, mais il ne risquait pas de l’oublier. Fais-toi oublier.

Et moi, j’ai autre chose à faire que de te suivre. pensa-t-il, férocement, alors qu’il rangeait son couteau, fermait son sac - visiblement sa journée était gâchée, aucune chance qu’il arrive à retrouver le calme et la sérénité nécessaires à la cueillette après cette rencontre. Parce que décidément, ce soldat semblait se faire un plaisir de mal lui parler, de l’insulter à mi-mot ; mais rien ne l’obligeait à l’écouter, décida brutalement Seiya.. L’autre n’avait pas les qualifications pour lui parler, voilà. Les simples bidasses qui lui parlaient mal ne comptaient pas. C’était du menu fretin. A vrai dire, il ne méritait pas sa considération - sauf s’il avait des informations pertinentes à lui transmettre. Ignore-le, songea-t-il.

“Qu’est-ce qu’il se pa-” commença-t-il, et la nature se chargea de lui répondre, alors qu’il se reculait précipitamment, alors qu’il entendit des bruits qui ne lui dirent rien qui vaillent. Des bruits de roche qui craquait, qui tombait le long de la montagne -

Oh non. Un glissement de terrain. Ils allaient être pris dans un glissement de terrain.

L'espace d'un instant, Seiya regretta, fort, de ne pas être né élémental de terre.

Décidément, aujourdh’ui était vraiment une journée affreuse.

shion n’avait jamais prévu tout ça en se levant ce matin-là et il commençait très sérieusement à se dire qu’il aurait mieux fait de ne pas s’entraîner aujourd’hui et de prendre ce congé comme ce qu'il était vraiment. il aurait dû le sentir, si on lui avait donné une matinée de repos, c’était peut-être parce que le destin ne voulait pas qu’il se mêle de quoi que ce soit ce jour-là. mais bien entendu, il avait fallu qu’il soit beaucoup trop zélé - comme toujours - pour son propre bien et qu’en plus, une présence indésirable vienne le perturber. il ne serait déjà probablement plus en haut de cette falaise depuis longtemps s’il n’avait pas été dérangé. il poussa un soupir non dissimulé, essayant de se retenir de grogner, même si les bruits de craquement sous lui l’aurait de toute façon couvert. il devait faire quoi, là ? la protection des civils, ce n’était pas son boulot et il avait toujours eu horreur de ça. lui, son truc, c’était d’être sur le terrain, de se battre, d’être utile. pas de jouer les héros au milieu des accidents urbains.

d’accord, calme-toi et réfléchis. la situation n’était pas encore dramatique, après tout. certes, la terre s’était mise à trembler brièvement et le bord de la falaise menaçait de s’effondrer. Ils étaient cependant encore en vie et la montagne semblait relativement stable pour l’instant. pour l’instant. il se redressa tout en considérant ses options, et il vint rapidement à la conclusion qu’il.. n’en avait pas. il devait descendre de cette colline en un seul morceau et s’arranger pour que cela soit également le cas du jeune homme à ses côtés, insupportable ou non, il n’avait pas vraiment l’option de l’abandonner ici. oh comme il aurait aimé être un élémental air pour pouvoir simplement s’envoler loin d’ici et l'ignorer. être un élémental terre lui aurait également servi pour des raisons évidentes mais sa mère n’avait même pas réussi à faire ça, inutile paysanne qu’elle était.

“la.. falaise risque de s’effondrer et il est de mon devoir de vous mener en lieu sûr.” il serrait quelques peu les dents en récitant des mots soigneusement choisis, espérant que son agacement ne soit pas trop palpable. “descendons.” il se mit alors en mouvement, faisant des grands pas précautionneusement tout en observant le sol sous ses pieds, approchant de la pente descendante derrière eux. un nouveau craquement se fit entendre derrière lui suivi d’un bruit sourd, lui faisant faire une grimace tandis qu'il devinait qu’un morceau conséquent de pierre venait de terminer sa course plus bas. ha, peut-être qu’il n’avait pas tellement de temps devant lui, finalement. il jeta un coup d’œil derrière lui, vérifiant bien que le cultivateur ne se mette pas à paniquer et à courir comme un illuminé. il n’avait pas vraiment envie de finir mort écrasé sous une tonne de pierres prématurément parce qu’un idiot avait décidé de son sort à sa place. “surtout, ne faites pas de mouvement brusque et suivez-moi.” il détestait cette situation, mais quel choix avait-il ? foutue maîtrise du feu inutile, pensa t-il brièvement.

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