Je croyais avoir l’occasion de m’éloigner des turbulences de l’armée pour une soirée. J’ai troqué mon uniforme pour des vêtements plus confortables, décidé à visiter le grand marché extérieur pour me changer les idées. Épée à la hanche, je suis tout de même resté à l’affut d’éventuels problèmes. Si je pensais peut-être avoir à affronter des brigands, je ne m’attendais pas du tout à ce que le sol se mette à trembler sous mes pieds. Face à une telle force, mon arme ne servit pas à grand-chose.

Comme les autres, je ne suis pas resté sur place et j’ai essayé de fuir. Malheureusement, une foule en panique ne sait pas agir de façon réfléchie. Les gens préfèrent courir comme des poules sans tête en se bousculant et en se piétinant. J’ai tenté de dissiper le nuage d’individus devant moi, sans succès. Avant même de réaliser ce qu’il se passait, le sol s’est dérobé sous mon corps. L’atterrissage a été douloureux et m’a arraché une plainte sourde mêlée au bruit de mon épée se cognant sur la pierre.

Je fais de mon mieux pour me relever et j’attends que ma vision s’ajuste à la noirceur des lieux. Je ne suis pas le seul à être tombé dans ce trou, qui est étrangement profond. Je songe à créer des flammes pour éclairer les environs mais lorsque je tente de le faire, rien ne se produit. Ces derniers temps, j’ai de plus en plus de mal à contrôler mon élément.

— Est-ce que tout va bien? Manifestez-vous! Je parle fort et ma voix résonne contre les parois de… où sommes-nous, en réalité? J’approche de la première personne, dont le visage est légèrement éclairé par un rayon de lune. … Takuya! Mais qu’est-ce que tu fais là? Tu n’as rien de cassé?

J’ai beau ne pas l’avoir vu depuis un moment, je reconnaîtrai toujours son visage, même dans la pénombre. Après tout, je l’ai vu évoluer dès sa plus tendre enfance. Je lui tends une main pour l’aider à se relever, encore surpris de me retrouver ici avec lui. Nous ne sommes cependant pas seuls. Une troisième victime se trouve sur les lieux.

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Seiya suivait paisiblement son aîné dans les rues de Zosha. Ce n’était pas si fréquent, mine de rien, qu’il soit envoyé en mission loin de la capitale vu son rang dans la hiérarchie du Temple ; alors, il profitait. D’autant plus qu’il n’avait pas à se plaindre. Le disciple senior qui l’encadrait ce jour-ci comptait parmi les rares personnes qu’il estimait réellement à titre personnel. La mission..n’avait pas été réellement un plaisir, mais au moins, n’avait pas été  désagréable. Le jeune homme s’était comporté, estimait-il, plus que correctement. Même maintenant, alors qu’ils marchaient, il restait à sa place, sans la moindre trace d’insolence ni de près ni de loin -il n’était que trop conscient de l’étendue des choses qu’il ne connaissait pas-, et c’était déjà presque exceptionnel. Encore que, on ne pouvait plus rien lui reprocher concernant sa manière de fonctionner au Temple. Le disciple humble et appliqué et le noble ombrageux et presque insolent n’avaient définitivement rien en commun, à part un certain goût pour l’art et le thé.

Ah si - les deux étaient satisfaits qu’on le laisse tranquille. Etait-ce si grave, d’aimer voir l’air presque effrayé des passants en voyant deux disciples du Temple vêtus de leur habit pourpre et noir ? D’en voir certains s’écarter comme s’ils avaient été piqués par un quelconque insecte en les voyant? D’en ressentir une sombre satisfaction ? S’ils ne peuvent me respecter, qu’ils me craignent, avait-il pensé le soir du banquet qu’il avait passé en compagnie de Shao Cheng, et il le vivait à présent. Ici peu importait qu’il soit le dernier fils d’une fille illégitime, qu’il soit un Sakai ; il était disciple du Temple avant tout. Impossible d’être plus égalitaire que ça.

Sauf que rien ne se passa comme prévu. Le sol se fissura sous lui, et pas de manière métaphorique cette fois, et il se retrouva..dans une espèce de galerie souterraine ? Oh joie, pensa-t-il alors qu’il essayait de se relever avec moults précautions. La tête lui tournait un peu, il se sentait proprement lessivé. Heureusement, le mur paraissait relativement solide.

Il n’était pas seul.  Deux personnes semblaient être avec lui, et il s’apprêtait à les interpeller lorsqu’il entendit une voix bien trop familière. Shao Cheng. Encore une fois, de toutes les personnes présentes dans Zosha (que fichait-il là d’ailleurs?), il fallait que ça soit qu’il se retrouve dans les souterrains avec Shao Cheng. Si j’avais su, j’aurais consulté mon horoscope et serais resté au Temple, pensa-t-il brièvement, puérilement ; mais il entendit que Mori Takuya était là lui aussi, et une vague de soulagement l’envahit. Tout excentrique qu’il était, il était plus tolérable que Shao Cheng.

Shao Cheng qui semblait se juger trop bien pour utiliser sa maîtrise du feu, et Seiya retint à grand-peine un “peuh” dégoûté.  Visiblement, c’était à lui de prendre les choses en main..

“Lieutenant Shao ? Monsieur Mori ?” demanda-t-il d’une voix claire, assurée, en sortant de sa manche un talisman qu’il fit s’enflammer, illuminant son visage. Celui-là devrait mettre un certain temps à se consumer, heureusement. Il n’empêchait.

“Je n’ai pas à ma disposition un nombre illimité de talismans.” Inutile de dire que cela puiserait fortement dans ses réserves d’énergie. Il refusait d’admettre une quelconque faiblesse devant Shao Cheng.“Si l’un de vous deux a un moyen plus fiable pour  nous éclairer, n’hésitez pas.” N’est-ce-pas, monsieur le lieutenant-maître-du-feu ? Rends-toi utile un peu !

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Et voilà pourquoi on ne s'éloigne pas de la maison les amis. Tu dois bien le savoir, cher lecteur, toi qui lis ceci dans le confort de ta demeure. Tu as bien vu que chaque fois que je m'éloigne un peu trop de l'archipel, des malheurs arrivent. Un vol sur un traversier (TM), me faire empoisonné alors que je n'ai encore rien fait de mal (TM), et là, maintenant, une grosse merde. Et oui, cher lecteur! Alors que pauvre moi je voulais simplement profiter de ma meilleure vie et magasiner quelques éléments utiles pour mes inventions, une tragédie est arrivée.

Terrible, dis-je! T-E-R-R-I-B-L-E! Le chaos et les cris et les bousculades et arg. L'humanité est pathétique quand tu les vois s'agiter comme ça. C'est juste un petit tremblement de terre! On dirait qu'ils n'ont jamais été face à un maître de la terre en colère. Ridicule, n'est-ce pas, cher lecteur? Totalement ridicule. Il faut simplement attendre! Et tomber dans un trou géant! ...tomber dans un trou géant? Oh. MERDE MERDE MERDE!

Ne t'inquiète pas, cher lecteur. La chute est pas très longue et le magnifique Takuya ne subit aucune blessure! Simplement une petite chute... ça.. ça va. Je ne suis que perdu dans un trou sous une ville, dans le noir pratiquement complet, avec deux autres personnes. Je ne suis pas seul. Je recule un peu en prenant compte de cette réalité. Je ne suis pas seul. Je peux voir des silouhettes. Et les silouhettes parlent!

-...Cheng. Seiya. ah! Et moi qui pensait être entouré d'idiots! Je suis avec des amis! Ahahaha! Alors. Comment va votre soirée? Vous vous amusez bien dans cette grotte effrayante?

Je vous souris. Vous voyez probablement pas très bien, vu notre.... manque d'éclairage. Mais hey! C'est pas une raison pour ne pas avoir l'air aimable, n'est-ce pas? Si on veut s'en sortir, il faut être aimable. Toi, mon cher Seiya, tu décide de nous éclairer avec un bout de papier magique. Mignon. Pas très efficace par contre si ça une limite de vie. Je n'ai pas grand chose sur moi pour pouvoir éclairer. Sauf.... ah. Je fouille dans les poches de mon veston, voyant si j'ai gardé ses vieux morceaux d'invention pas très utile.

-Seiya, tu peux m'éclairer un moment. J'ai une idée. Vous vous connaissez vous deux? Ah. Je suis trop content que mes deux humains préférés sont aussi amis.

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Je ne reconnais pas immédiatement la voix qui m’interpelle, surtout car les gens utilisent généralement mon rang lorsqu’ils s’adressent à moi. Je peux dire qu’il s’agit d’un jeune homme, il n’y a aucun doute. Je pense presque aussitôt à Matsumoto Seiya, que j’ai croisé il y a très peu de temps lors de l’un de ces banquets infernaux auxquels on m’oblige à assister.

Une lueur illumine soudainement le semblant de cave sous-terraine dans laquelle nous nous trouvons, et les traits de l’artiste se dessinent sous mes yeux. À défaut d’obtenir un éclairage adéquat grâce à mon élément, qui refuse toujours de coopérer, Matsumoto s’est résigné à utiliser un talisman. Son commentaire me rend légèrement inconfortable. Vu l’animosité qu’il éprouve à mon égard, je ne peux m’empêcher de croire que ses paroles me visaient. Sait-il que j’ai du mal avec le feu, depuis un moment?

— Je ne sais pas si ‘’amuser’’ est le verbe approprié dans une telle situation… Et effectivement, nos familles sont régulièrement en contact.

Je m’efforce d’esquisser un sourire. Takuya a toujours été un personnage haut en couleur, même lorsque nous étions très jeunes. Malgré notre séparation, durant plusieurs années, j’ai constaté cette évidence dès nos retrouvailles. Il est devenu un homme, certes, mais conserve son cœur d’enfant. Je ne pourrais pas dire de même pour ma personne. Son incapacité à lire entre les lignes, en ce moment, n’arrange toutefois pas la situation. S’il y a bien une chose que Matsumoto et moi ne sommes pas, ce sont des amis.

— Je crois que je me suis cogné la tête pendant la chute, je me sens un peu étourdis… Je n’arrive pas à produire des flammes. Takuya, tu as certainement de quoi faire du feu, au moins temporairement? Sortir vers le haut n’est évidemment pas une option, mais je crois qu’il y a une ouverture au fond. Nous allons devoir nous y aventurer pour en sortir, j’en ai bien peur, et le plus tôt serait le mieux.

Évidemment, je dissimule la vérité avec un parfait mensonge. Si certains de mes soldats commencent probablement à se douter que quelque chose cloche chez moi, ce n’est pas le cas des autres. De toute façon, je n’ai pas obtenu mon rang de lieutenant uniquement grâce à ma maîtrise du feu, mais bien à cause de mes qualités exceptionnelles liées aux arts de la guerre.

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Coincé dans une grotte souterraine avec Shao Cheng et Mori Takuya. On aurait cru le début d’une merveilleuse blague, du type “un élémental, un sorcier et un inventeur rentrent dans un bar”, sauf qu’il aurait été bien en peine d’inventer la suite. Seiya n’était pas quelqu’un de foncièrement très imaginatif, encore moins  drôle. Créatif ça il l’était, il peignait comme si sa vie en dépendait  - en tout cas, sa stabilité mentale en dépendait-, mais pour le reste..Non, pas vraiment. Chacun ses domaines. Et surtout, ce n’était pas une blague hélas, c’était la réalité.

“Comme un petit fou.”, grinça-t-il en réponse à la première question de monsieur Mori. Là où Shao Cheng tournait autour du pot. Comme d’habitude.  Il ne lui aurait même pas fait confiance pour surveiller un canard-tortue quelques secondes, alors parler franchement..eh..Non, vraiment. “ Même si l’atterrissage a été douloureux.” Pour son postérieur ou pour son égo ? Les deux peut-être. Et maintenant, il s’inquiètait pour son senior. Il espérait qu’il allait bien.

“Lieutenant, je peux vous examiner si vous le désirez. Au Temple, on nous enseigne quelques rudiments de médecine.” Non pas qu’il le fasse de gaieté de cœur, mais…pourquoi se sentait-il moralement obligé de proposer son aide ? Il n’en savait rien, c’était agaçant. Parce que Shao Cheng pouvait potentiellement servir de source de lumière, au lieu que Seiya use toute son énergie à allumer des talismans? Peut-être, oui. Peut-être aussi parce qu’il ne voulait pas se retrouver avec un poids mort. Chacun devait faire sa part dans la mesure de ses moyens, et là, le jeune disciple avait l’impression qu’il en faisait beaucoup. Il gaspillait de l’énergie pour presque rien, là : c’était  à terme épuisant pour son corps de manifester cette énergie de cette façon. Alors qu’ils avaient un fichu élémental feu à côté d’eux, qui avaient une dysfonction élémentale semblait-il, parce que le pauvre était étourdi !

“J'arrive tout de suite, monsieur Mori.” Et il joignit le geste à la parole, se rapprochant de l’inventeur qui semblait chercher quelque chose dans ses vêtements - aurait-il quelque chose qui pourrait les dépanner, puisque le seul des trois ayant la capacité innée de créer des flammes était visiblement hors-course ?  Si c'était le cas, Mori Takuya était décidément un homme plein de ressources. Imprévisible aussi ! Toujours était-il, il n’en revenait pas que ça soit lui, le plus jeune, qui se retrouve à devoir prendre l'initiative sur la question de l’éclairage. Un gag, un vrai gag, ne pouvait-il s’empêcher de se répéter.

“Je crois que nous n’avons pas vraiment le choix. Je ne resterai pas ici à attendre qu’on vienne éventuellement nous sauver.” Il avait bien compris, très très tôt même, qu’il ne pouvait pas compter sur de l’aide extérieure. Qu’il fallait qu’il prenne l’initiative. Qu’il s’aide lui-même. Peut-être était-ce une façon de considérer le monde sans la moindre bienveillance, mais ce n’était pas comme s’il avait connu lui-même beaucoup de bienveillance dans le monde.

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Je vous observe à tour de rôle, un peu amusé. Oh. Vous vous entendez pas. Hein? C'est... intéressant. Je note bien dans un coin de ma tête alors que je vous observe comme un rapace malgré l'obscurité qui nous entoure. Mes yeux bondissent entre vous deux alors que je réfléchis un peu à un moyen... de vous rapprocher. Je ne veux pas que mes deux amis se détestent! C'est pas bon pour le buisiness...

-Mon pauvre petit Cheng. Je suis sûr que ça va te passer. Il suffit d'un peu de repos! Mais ne t'en fais pas, mon cher, je vais régler notre petit problème de lumière.

Je te fais un clin d'oeil avant de me tourner vers toi, Seiya, qui m'amène enfin la lumière. Je sors un tuyaux de métal, mes lunettes et un cristal luminescent. Parfait. Je mets le cristal dans cylindre, mes verres de lunettes à l'entrée du dit cylindre pour focaliser la lumière du crystal et tadam! La lumière verte est un peu creepy, j'avoue, mais hey! Je fais de mon mieux avec ce que j'ai. Pendant mon moment de génie, je continue de parler comme si nous étions dans un salon de thé et non au beau milieu d'un grotte sombre et qui a probablement pas de sortie.

-Ah. Je savais que je pouvais compter sur toi, mon petit Seiya, pour nous sortir de ce mauvais pas. Après tout, tu es un pro, non? On n'apprend pas ça à l'école des sorciers?

Je souris en coin alors que je me redresse fièrement avec mon invention. Le rayon de lumière est limité et nous laisse dans le noir pour une grande partie, mais c'est assez pour pouvoir au moins nous guider sans qu'on tombe dans d'autres crevaces. ... avec un peu de chance. Je vous regarde tour à tour, attendant à des acclamations bien que je suis pas sûr que je vais les recevoir. C'est bon de rêver.

-Il va falloir se serrer un peu, mes chers. Mais on va sortir de là. J'ai un Juji à rejoindre moi! Je ne peux pas le laisser seul trop longtemps ou il va dévorer la maison. Cheng, mon ami, tu dois connaître cette région un peu non? Tu sais si cette grotte... à une fin? Pitié, dis moi qu'il y a une fin, je suis trop.. moi pour mourir ici!

Je lève légèrement la main en souriant un peu, un geste qui indique qu’il n’est pas nécessaire de m’examiner. Il ne trouverait rien, de toute façon. Je retiens tout de même la mention du Temple, qui fait en sorte que mon regard s’attarde sur Matsumoto un peu plus longtemps que nécessaire. Il ne peut s’agir que du Temple du Soleil Pourpre, qui a une réputation assez discutable selon bien des gens. Je repense à notre conversation forcée lors du banquet auquel nous avons récemment participé tous les deux. À l’exception des arts, rien d’autre n’a été mentionné, même lorsque j’ai maladroitement annoncé qu’il avait tout le temps du monde pour s’y consacrer. Il semblerait que ce ne soit pas le cas.

Je reste légèrement en retrait alors que l’inventeur du groupe nous trouve une solution temporaire. Éventuellement, ils s’attendront probablement à ce que j’utilise du feu, une source normalement bien plus constante et fiable que des talismans ou la chose que Takuya est en train de fabriquer. Je me sens honteux d’être le seul élémental présent sans toutefois être capable de faire quoi que ce soit.

— Je connais la région, oui, mais cet endroit me laisse perplexe. Je ne me souviens pas l’avoir vu sur des cartes. Considérant que tout est enfoui sous terre, son existence a peut-être été oubliée. Pourtant… N’avez-vous pas entendu un cri, tout à l’heure? Peut-être était-ce le fruit de mon imagination. Allons-y.

C’était tout juste après m’être écrasé par terre. Je ne pourrais dire si le bruit était humain ou non. Dans tous les cas, nous ne sommes pas seuls dans ce lieu. Je préfèrerais tomber sur une personne en détresse que sur une créature, mais je me prépare à toute éventualité. Sans plus tarder, je passe légèrement devant pour ouvrir la marche. La grotte mène effectivement à une ouverture, qui elle débouche sur ce qui semble être un long couloir bien plus étroit, aux murs excessivement hauts. Je pose une main sur la pierre, au passage, et il n’y a aucun doute que ce chemin a été taillé de façon volontaire. Le sol, sous nos pieds, est humide. Bien que nous nous trouvions loin sous terre, je n’ai pas l’impression de manquer d’oxygène. Il y a définitivement une sortie.

Au bout de quelques minutes, nous atteignons enfin le bout du couloir. Malheureusement pour nous, il est loin d’être terminé puisqu’il se sépare en deux directions distinctes : droite et gauche. D’un côté ou de l’autre, il est impossible de voir quoi que ce soit au loin qui puisse indiquer quelle direction prendre. Je pousse un profond soupir. Sortir d’ici ne se fera pas en un claquement de doigts.

— Je propose d’aller à droite. Pourquoi, me demanderez-vous? Il n’y a aucune raison. Les deux côtés semblent identiques. Je suppose que nous n’avons pas le choix de découvrir ce qu’il y a au bout. Mais d’abord… Takuya, rapproche-toi de moi, s’il-te-plaît. J’ai besoin de lumière.

Je tire une dague de ma ceinture et je ne tarde pas à tailler une grosse flèche dans la pierre, pointant dans la direction vers laquelle j’ai décidé d’aller. J’inscris ensuite un chiffre à côté, pour indiquer qu’il s’agit du premier point de repère. On ne sait jamais. S’il y a bien une chose qui fait en sorte que je sois lieutenant, c’est ma capacité à mettre des techniques en place pour prévenir de potentiels problèmes. Qui dit qu’au bout de ce deuxième couloir, nous n’en trouverons pas trois autres?

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C’est d’un oeil mi-circonspect, mi-curieux, que Seiya observa l’inventeur improviser une lumière à partir d’un tube en métal, de ses lunettes et..d’une espèce de pierre qui brillait ? La lumière obtenue n’était certes pas très forte, mais elle ferait l’affaire pour le moment, décida-t-il. Au moins Mori Takuya avait-il au moins le mérite d’avoir essayé de faire quelque chose pour améliorer leur drôle de situation, ce qui était plus que ce que son autre aîné avait fait pour le moment. Seiya sentait d’ailleurs le regard de Shao Cheng sur lui, mais il s’en moquait bien. Il avait décidé de l’ignorer plus ou moins après que sa proposition d’aide ait été refusée. Tant pis pour lui.

“L’utilisation des talismans est une des techniques les plus basiques du Temple” , décida-t-il de révéler, décidant que c’était une information qu’il pouvait partager -après tout, ils l’avaient bien vu en allumer un, hein. Ce n’était pas comme s’il expliquait le pourquoi du comment, ou la marche à suivre. Ca, ce n’était pas à lui d’en décider. A son niveau, il était encore là pour observer et apprendre, rien de plus, rien de moins. “Mais je suis très loin d’être un expert. Il me reste encore beaucoup à apprendre.” Il lui restait du temps et beaucoup de travail pour qu’il puisse accéder au stade de Maître. Sans parler de Grand Maître. Pour ce dernier titre, c’était plus de l’hypothétique qu’autre chose, un futur certainement lointain. Tout ce qu’il pouvait faire était de travailler avec diligence.

C’est en silence qu’il suivit ses deux comparses, fronçant les sourcils  alors qu’ils progressaient lentement dans les souterrains. Les esprits en soient loués, l’atmosphère était respirable. La hauteur sous plafond était…remarquable, et il s’en demandait bien la raison. Il se demandait la raison d’être de ces galeries tout court. Un historien de la Nation du Feu aurait-il pu l’éclairer -ah ah, qu’il était drôle- sur la question ? Peut-être. Cela vaudrait le coup de se renseigner, éventuellement, une fois sorti de ce mauvais pas. Peut-être. S’il n’était pas dégoûté des tunnels d’ici là.

Mais la partie “simple” de cette histoire finit trop tôt à son goût. En effet, le trio ô combien disparate finit par arriver à un embranchement, et Seiya grogna mentalement. L’heure des choix avaient sonné, en espérant qu’ils fassent le bon.

“C’est une bonne idée d’indiquer quelle route nous avons déjà emprunté” , reconnut le jeune homme, de mauvaise grâce. “Je ne tiens pas à errer éternellement dans ces souterrains.”   Il supposait que c’était à cause de ses années d’expérience sur le terrain que Shao Cheng pensait à ce genre de choses. Lui, eh, il ne s’était jamais trouvé dans une situation où il avait eu besoin de penser à ça. “Je me demande si l’endroit où nous avons atterri était une vraie salle ou si un éboulement en avait condamné la sortie.. Il n’y avait pas assez de lumière pour bien y voir.”  réfléchit-il à haute voix. Si oui, quelle était l’utilité de cette pièce ? Etaient-ce les vestiges d’une antique civilisation ? Comment savoir.

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