Miku, femme respectable, restant pourtant souvent assise au sol, attendant de venir lire l’avenir de quelques passants, écoutait. On parlait d’une rumeur, et les rumeurs titillaient toujours sa curiosité. Dans son métier, il valait mieux tout savoir, pour pouvoir toujours donner cette impression de mystère, de sagesse.

Miku, diseuse de bonne aventure, vagabonde, presque nomade et pourtant de Terre, savait que le voyage avait été rude et long.
Le désert ne pardonnait jamais les imprudents, et elle faisait toujours tout pour l’éviter. Néanmoins, sa curiosité avait été plus forte qu’elle.

Habillée bien moins proprement, et plus de voyage, d’une tenue ample et rendant pratique les mouvements, elle se dirigeait à pas gracieux vers l’auberge. Là, elle entendit l’aubergiste causer et affirmer ce qu’on disait.
Ca avait quelque chose de presque terrifiant, et à la fois revigorant. Il y avait quelque chose dans ce village. Quelque chose qui terrifiait ses habitants.

Pourtant Miku n’était pas sûre d’y croire. Elle croyait bien sûr aux esprits et aux diverses créatures qui peuplaient Ya Tai. Cela aurait été idiot de ne pas y croire, puisque c’était tout autour d’eux, à chaque moment de leur vie.
Elle demanda quelques renseignements en plus, mais n’obtint rien de bien concret. Non pas déçu, elle se décida d’attendre. Elle n’avait pas vu qu’elle n’était pas seule dans l’endroit. Que d’autres étaient probablement là pour ça. Dont un, qu’elle aurait pu reconnaître.

Décidée de ne pas faire que rester dans l’auberge, la femme se mit à visiter les lieux. Et tandis qu’elle s’amusait à lire l’avenir d’un pauvre homme qui paraissait bien désemparé, elle entendit un bruit guttural qui la fit sursauter. Fronçant les sourcils, elle prit son courage avec elle, s’excusa à l’homme, et, sans courir mais en marchant vite, se dirigea rapidement vers là où se tenais une immense créature.
Elle savait ce que c’était, parce que les années lui avait appris à connaître les dangers de ce monde.
Mais elle ne pensais pas tomber dessus, ni que c’était ça, ce qui inquiétait les villageois. En retrait, elle chercha une idée.

Miku n’avait rien d’une guerrière. Mais elle avait chez elle une vivacité d’esprit, qui l’amena à tenter de déployer un bouclier de terre pour protéger une femme qui manqua de se faire écraser par l’animal.

- C’était donc ça, lâcha-t-elle promptement, l’air calme, alors qu’en elle, s’agitait pourtant une tempête de questions, de réactions à avoir, et de tout un tas de choses, face à la situation incongrue.

Le Désert du Si Wong n’était pas très loin de Gaoling. Le cultivateur avait entendu des rumeurs se propager. On parlait d’esprit. D’autres de créatures monstrueuses. Bien qu’il était toujours difficile de savoir si c’était vrai ou non, les rumeurs sont toujours basées sur de vrais faits. Il y avait donc, dans un village, quelque chose qui effrayait les habitants. Yongyi décida de faire le voyage. Par curiosité, mais aussi parce qu’il était de son devoir de protéger les gens des esprits. Emportant avec lui son sabre spirituel, il avait bravé les dunes de sable et le soleil ardent.

Enfin, il atteignit une auberge, là où avait l’intention de passer la nuit - du moins, plutôt y laisser ses effets personnels comme il allait probablement rester éveiller dans l’espoir de découvrir ce qu’il se passait dans ce village. Assis à une table, il écoutait des hommes parler. Tous s’inquiétaient. Ce qui était normal. Et alors que la plupart des villageois regagnaient leur demeure à la hâte, Yongyi décida de sortir à l’extérieur sous le regard horrifié de l’aubergiste qui devait certainement prendre ce voyageur pour un fou. Malgré les avertissements, le père de famille marcha d’un pas léger à travers les rues. Les oreilles attentives et son sabre à la main, ses pupilles observaient les moindres recoins mal éclairés.

Puis, un grognement retentit, suivi d’un cri. Il n’en fallut pas plus pour Yongyi avant de s’élancer vers l’origine de ces bruits. S’il s’attendait à se retrouver nez à nez avec un esprit, il ne s’attendait pas, par contre, à croiser le chemin d’un mandrill-éléphant. Il resta un peu surpris de voir que les inquiétudes des villageois étaient liées à cet animal. Yongyi n’en avait croisé que très peu. Cependant, ils étaient des animaux de nature pacifique habituellement. Son regard se posa ensuite sur deux silhouettes déjà présentes sur les lieux. Dont l’une des personnes semblait être une élémentale, en voyant un bouclier de terre protéger la deuxième inconnue. « Est-ce que vous allez bien ? » demanda-t-il s’accroupissant à côté de la femme au sol et l’aider à se retrouver. « Hae ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Il reconnut aussitôt la guerrière Kyoshi. Sauf que ce n’était clairement pas le moment des retrouvailles. Il jeta un coup d’oeil vers l’élémentale : Moriyama Miku. Il était également surpris de voir cette diseuse de bonne aventure présente sur les lieux. La saluant d’un geste de la tête, il reporta son attention sur le mandrill-éléphant. « Il n’a pas l’air très content celui-là. Il cause des ennuis aux villageois, on va devoir le maîtriser. » Par maîtriser, Yongyi faisait bien référence à le tuer. Lorsqu’il était en mission, le cultivateur représentait bien sa secte. La Forteresse du Pic Écarlate était reconnue, après tout, pour sa brutalité. Yongyi n’était pas une exception malgré qu’il soit différent en temps normal.