Elle était sortie du Marais Brumeux.

Pensée à la fois enivrante et terrifiante alors que Kanali faisait ses premiers pas sur l’herbe tendre, clignant des yeux à cause du soleil qui lui paraissait si fort par rapport à l’ambiance plus tamisée du marais. C’était enivrant car enfin elle pouvait découvrir autre chose que son petit monde, étriqué peut-être ; c’était terrifiant car elle ne connaissait rien de ce monde. Elle se sentait comme une enfant qui découvrait tout. Il y avait tant de choses qu’elle ne connaissait pas.

Oh bien sûr, elle n’était pas incompétente ! Elle savait pister ses proies, s’orienter aussi, et était une maître de l’Eau raisonnablement compétente. Mais le monde extérieur..c’était vaste. Divers. Si différent. Rien qu’Omashu, par exemple. La jeune femme ne pouvait pas dire que la cité n’était pas impressionnante, avec ses hautes murailles et son système de transport du courrier si particulier. Et dire que c’était sa seule expérience du monde extérieur avant cet instant où son esprit s’égarait - et qu’elle se disait qu’une cité ne ressemblait pas à une autre, et qu’il y avait probablement des dizaines de villages et de cités. Elle en avait la tête qui tournait. Mais, pragmatique, elle préférait se concentrer sur le moment présent, sur chaque pas qu’elle faisait, alors qu’au fil des jours les étendues herbeuses devenaient sable.

Elle avait atteint la côte, enfin. Mais ce n’était pas encore là sa destination, non. Il fallait aller vers l’Est, suivre les petits villages tous si différents, aux habitants accueillants. Rien ne semblait encore ravagé par la guerre, de ce côté-là du continent.  Ils avaient de la chance. A cette pensée, elle sentait ses sourcils se froncer. La guerre ne quittait pas son esprit. C’était à cause de la guerre qu’elle avait fait l’expérience du monde extérieur - quand elle et ses frères de la Tribu du Marais Brumeux avaient aidé à repousser l’envahisseur. Cette Nation du feu, qui s’amusait à envoyer des espions.. Plus le temps passait, plus son à priori dessus était négatif.

Et enfin elle se retrouva face à l’Océan. Grand, majestueux, sauvage. Elle sentit un frisson d’excitation la parcourir. C’était si différent du Marais, et elle avait hâte de se mesurer à cette étendue d’eau avec son bateau. Ou plutôt, son bateau de glace qu’elle créa, sur le modèle de son embarcation habituelle, mettant le paquetage contenant ses affaires et de la nourriture sèche en sécurité, à un endroit où cela ne la dérangerait pas.Puis elle poussa l’embarcation sur la surface, avant de s’installer dedans.

A quel point naviguer sur l’Océan était différent de naviguer sur les eaux stagnantes du marais ? Elle allait le découvrir. Repoussant une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux, elle commença ensuite ses grands mouvements de bras. L'élément liquide lui obéit immédiatement - et la barque commença à avancer plus rapidement qu’elle ne l’aurait fait en flottant normalement sur cette eau. Manger-naviguer-dormir, telle fut sa routine, jusqu’à ce qu’enfin elle arriva en vue de sa destination : l’Île de Kyoshi. L’île natale de l’Avatar du même nom, qui avait vécu longtemps auparavant…

L’île de Hae surtout, et sitôt qu’elle laissa son bateau de glace redevenir liquide sur la plage,  Kalani se dirigea vers le village le plus proche, à sa recherche, plutôt optimiste. Il n’y avait pas tant de femmes portant ce maquillage si particulier sur cette île, n’est-ce-pas ?

Habituellement, les guerrières Kyoshi ne sortent pas trop de l'île. Elles défendent l'île et ses habitants sans trop s'en éloigner. Alors, leur participation à Omashu a été exceptionnelle. Cela a même été matière à débat et le choix a été laissé à chaque guerrières. Savoir que c'est important de défendre plus que juste leur île a été un argument pour plusieurs d'entre elles. Elles ne sont pas toutes parties, plusieurs ne voulant pas se mêler de ceci. De toute façon, toutes ne pouvaient pas partir, il fallait surveiller l'île comme à son habitude et la défendre en cas de besoin. Du coup, Hae s'est donc dirigée à Omashu en tant que guerrière Kyoshi pour la première fois. Elle y a déjà été en touriste ou bien pour accompagner son mari, mais jamais en guerrière. Tout cela, pour essayer de mettre à mal le plus possible la Nation du Feu. Combat plus gros que de mettre à terre certains saoulons un peu trop résistants ou insistant venant de l'étranger. Ce qui n'inquiète pas Hae, elle a des années d'entrainement derrière elle et elle n'est pas seule. Elle fait confiance à ses sœurs guerrières ainsi qu'à leurs entrainements. Un petit stress a été présent, mais une fois dans le feu (!) du combat, elle l'a bien vite oubliée. Quelques blessures, quelques pertes, mais elles s'en sont relativement bien sorties et ont pu retourner sur leur île, dans leurs villages respectifs.

Ce que Hae a failli ne pas faire. Elle s'est retrouvée en assez (très) mauvaise position et a été sauvée par une jeune femme inconnue maitrisant les plantes. Elle ne savait même pas que c'était possible, comme tous au final, puisque la tribu des Marais s'est fait connaître. Elle devait donc une fière chandelle à l'étrangère de cette tribu et l'a donc invitée lorsque cela a été plus tranquille à venir la voir chez elle pour la remercier. Elles se sont ensuite séparées, continuant le combat chacune de leurs côtés puisque ce dernier ne c'est pas arrêté car une a sauvé l'autre et que l'autre a fait une invitation à la première. Invitation qui a été prise au sérieux : un de ses voisins lui indique qu'une étrangère la cherche au village. Jeune voisin timide qui n'a pas osé dire à la jeune femme qu'il savait de qui elle parlait alors il a décidé d'aller voir Hae directement, un peu moins timide avec elle car il la connait. Un peu moins. Elle a dû décoder ce qu'il lui a dit tant il a parlé rapidement. Elle a tout de même compris qu'elle devait aller au village et elle s'y est rendue. Effectivement, une jeune femme l'attendait. « Kalani ? » dit-elle, lui faisant un sourire. « Bonjour. Je suis contente que tu aies accepté mon invitation. » enchaine-t-elle. « Tu as fait bon voyage ? » lui demande-t-elle ensuite. « Je suis Hae. » Parce qu'elle ne l'a jamais vu sans maquillage, ce qu'elle vient de réaliser, elles ne se sont jamais vues en dehors du champ de bataille.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Malgré tous ses efforts, Kalani se sentait nerveuse. Elle appréhendait un peu ses retrouvailles avec Hae. Peut-être..peut-être que finalement, la guerrière Kyoshi la trouverait inintéressante au possible. Peut-être qu’elle arborait encore une forme de rancœur parce que c’était elle qui l’avait sauvée. Qui savait. Et puis..bon..les habitants de l’île avaient sans doute des coutumes différentes..et qu’elle risquait sans doute d’offenser l’une ou l’autre personne sans le vouloir..Même les autres tribus de l’eau avaient leur propre mode de fonctionnement, probablement très différent de celui de la tribu du marais…Alors..

Le monde était si vaste parfois.

Bref, cela n’allait pas arranger son affaire. Il lui fallait trouver Hae, et cela n’allait pas être de la tarte. Il allait falloir qu’elle parle à des gens- urgh.En espérant qu’avec son accoutrement et ses manières, elle ne fasse pas peur, se fasse juger ou elle ne savait pas quoi. Elle détestait se sentir si hésitante alors qu’au marais, elle exhalait la confiance, l’assurance, connaissait sa place dans le monde. Mais elle avait quitté le marais. Pour une simple invitation certes, mais..quand même. C’était déjà plus que la majorité des gens du marais accomplissaient dans leur vie. Si les circonstances étaient normales, c’était ce qui lui serait arrivé. Mais les circonstances n’étaient pas normales, ne le seraient peut-être jamais plus.

“Excusez-moi” fit-elle enfin à un jeune homme qui avançait dans sa direction. “Je cherche la guerrière de Kyoshi Hang Kae. Pouvez-vous m’indiquer où je peux la trouver ?” Elle faisait d’immenses efforts de politesse en cet instant. Mais mieux valait essayer de ne pas attirer plus l’attention qu’elle ne le faisait déjà, en tant qu’étrangère venue sur l’île. Sur invitation, certes, mais ça, personne d’autre ne pouvait le savoir. Et visiblement elle le surprit au-delà du tolérable, car il la regarde quelques secondes, fit demi-tour et partit en courant.

 “Eh?” Laissa-t-elle échapper, malgré elle. En voilà des drôles de manières ! Surtout qu’il ne revint pas. Elle était décontenancée. Une façon de faire typique de l’île de Kyoshi ? se demanda-t-elle avec sarcasme. Ma foi, hein…Elle ne tolérerait aucune remarque éventuelle concernant la bizarrerie des gens du Marais, à l’avenir..

Mais voilà qu’une femme s’approchait d’elle. Kalani fronça les sourcils, curieuse, encore plus quand elle lui adressa la parole...avant qu’elle n’eut une épiphanie.  “Bonjour Hae !” salua-t-elle. Cela lui faisait étrange de la voir sans ce maquillage si typique des guerrières Kyoshi.  “Très bon voyage, oui. J’espère que je ne vous dérange pas.” Non parce que si elle était en train de faire autre chose et avait été obligée d’abandonner ses activités, la jeune maître de l’eau s’en voudrait. Elle n’était pas sûre d’en valoir la peine.

L'incompréhension est visible sur le visage de Kalani durant quelques secondes. Incompréhension qui perd rapidement une fois que Hae s'est présentée. L'habitude d'être reconnue avec ou sans maquillage sur l'île, on l'a tellement vue dans ces deux versions qu'on y porte plus autant attention. La demoiselle a fait un bon voyage. Tant mieux. Parfois, c'est compliqué se rendre jusqu'ici. « Non. » Elle ne l'aurait pas invitée si elle l'aurait dérangé. Elle n'invite pas les autres pour faire semblant d'être intéressée et polie. Les faux-semblants, très peu pour elle et tant pis si cela est mal vu. Elle ne pense pas que la jeune femme voulait dire la déranger dans l'immédiat. Ce qui n'aurait rien changé à sa réponse en réalité. En cas de besoin, elle aurait demandé à quelqu'un d'autre d'aller l'accueillir, c'est tout. Il n'y a donc aucun problème à la présence de Kalani. Certes, elle ne savait pas si elle allait accepter son invitation, encore moins quand elle allait arriver, mais qu'elle soit là tout de suite ou plus tard ne change pas grand-chose pour elle. Le pire qu'il aurait pu arriver c'est qu'elle n'aille pas été là, mais y penser ne sert à rien étant donné que ce  n'est pas le cas. Les et si ne servent pas à grand-chose.

Son invité indique qu'elle a fait bon voyage et Hae opine de la tête sans ne rien rajouter de plus. « Je peux aider avec vos bagages ? » demande-t-elle. Elle n'en voit pas beaucoup, mais elle a pu les laisser quelque part d'autres. « Je ne me rappelle pas qu'il y avait un bateau de prévu, vous êtes venue sur un bateau de plaisance ? » À force, les heures des bateaux venant sur l'île sont faciles à savoir ; à quelques heures proche tout dépendant des caprices de l'océan. À moins que Kalani ne soit arrivée plus tôt ou la veille et n'ait erré sur l'île pour visiter avant de demander son chemin. Elle ne se doute pas que son bateau était plutôt du type glacial et qu'il a fondu ou qu'il va l'être complètement depuis que la jeune femme est arrivée.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Kalani soupira de soulagement quand Hae annonça que, non, elle ne la dérangeait pas. Cela avait été sa crainte, stupide peut-être, qu’elle ait eu des affaires plus importantes à régler, et que donc elle perde du temps à lui montrer le village, l’accueillir comme il se devait sur l’île de Kyoshi ou..elle ne savait pas quoi encore. “Tant mieux. J’aurais été gênée si je vous avais interrompue.” Peut-être était-elle un peu trop formelle, mais elle ne connaissait pas beaucoup Hae ; elles étaient presque des quasi-étrangères. Sœurs d’armes, peut-être, mais quasi-étrangères. Elle avait énormément de respect pour la guerrière de Kyoshi et ses capacités. Elle aimait aussi la personnalité de la guerrière ; fiable, solide, protectrice. C’était des traits de caractère qu’elle admirait beaucoup, en réalité.

“Si cela ne vous dérange pas.”  dit-elle en tendant son paquetage. Décidément, son aînée était bien aimable envers elle, qui ne parvenait à chasser le sentiment qu’elle était une intruse, une étrangère, sur l’île. Kalani regardait partout ; admirait les paysages, l’architecture des maisons. C’était un petit village plutôt sympathique, devait-elle avouer. Elle ne s’y sentait pas oppressée. Au contraire. “J’aime beaucoup ce village, il a l’air paisible..” fit-elle, lentement. “Vous êtes nombreux sur votre île ?” Plus ou moins que le Marais ? Bonne question. Elle ne savait pas grand-chose de l’île de Kyoshi, des guerrières de Kyoshi si ce n’était qu’elles étaient toutes des femmes, ou même de Kyoshi elle-même, à part qu’elle avait été un des derniers Avatars. Elle se sentait comme un enfant, parfois ; peut-être était-ce qu’elle était. Une enfant découvrant le monde.

“Non, pas du tout. J’y suis venue avec ma propre embarcation...dont il ne reste plus grand-chose.” répondit Kalani, presque gaiement. “ Les bateaux du Marais Brumeux ne sont pas très adaptés à l’océan et cela aurait été difficile à transporter jusqu’à la côte, alors j’ai créé mon propre navire en glace.” Pratique, efficace. Surprenant peut-être, mais elle pouvait admettre, sans trop se vanter, être une bonne Maître de l’eau. Et au moins, cela ne laissait pas de traces si d’aventure la Nation du Feu s’aventurait jusqu’ici.  

Ce qui lui faisait penser...

“Je suis peut-être indiscrète..” Oui, certainement Kalani. “Mais avez-vous beaucoup d’ennuis avec la Nation du Feu ici ? Depuis le siège d’Omashu, j’ai l’impression de passer mon temps à repousser leurs espions s’aventurant dans le Marais..” Même si en réalité, le Marais était probablement assez dangereux lui-même, maintenant qu’elle y pensait.

Hae est bien loin de s'imaginer tout ce qui se passe dans la tête de Kalani en ce moment. Surtout qu'elle semble dégager assez d'assurance, elle est bien loin de s'imaginer qu'elle peut douter autant. Suite au commentaire de la demoiselle, elle se contente de secouer la tête sans ne rien rajouter. Elle ne l'a pas interrompue et elle ne sait pas trop quoi dire. Elle n'est pas la plus douée dans les échanges de ce type. Les fausses politesses. Elle préfère ne rien dire que de raconter n'importe quoi. Un mouvement de tête qui indique qu'elle a entendu, mais c'est tout. Elle ne sait juste pas quoi dire. C'est parfois mal perçu, mais cela lui importe peu. Le sujet est réglé et c'est tout. Elle prend le bagage de la jeune femme;  si cela lui aurait dérangé elle ne lui aurait pas proposé. Elles se mettent à avancer en silence et elle laisse la jeune femme regarder le village. « Il l'est assez. » confirme-t-elle. Il y a toujours des mauvaises surprises de la part des touristes, mais ce n'est pas une généralité. « Je dirais... plus de mille ? » qu'elle répond. Elle n'y a jamais vraiment pensé, ils sont plein de petits villages aux nombres d'habitants qui diffèrent, c'est donc assez difficile de le savoir.

Kalani explique ensuite qu'elle est arrivée avec sa propre embarcation... dont il ne reste plus grand-chose. Elle a eu un accident ? Elle semble bien aller. L'explication ne tarde pas à arriver pourtant... et elle ne s'attendait pas du tout à cette sorte d'explication. « Un navire de glace ? » demande-t-elle, stupéfaite un peu. « Je n'avais jamais entendu parler de cela. Vous le créez... avec de l'eau ? » Elle secoue la tête, elle peut oublier, c'est logique. « Et vous pouvez y donner la forme que vous voulez ? » Elle n'a pas rencontré beaucoup de personnes des Tribus de l'Eau, elle a voyagé pourtant, mais rarement aux Pôles et encore mois à ce Marais sorti de nulle part mais qui semble être assez intéressant. « Et les embarcations de la tribu du Marais ressemblent à quoi ? » qu'elle rajoute. Des questions lui sont ensuite posées. « Pas pour le moment... peut-être car iels savent que l'île est bien défendue. » Ce qui est très optimiste de sa part et cela s'entend dans sa voix qu'elle ne croit pas à ce qu'elle vient de dire. « Nous sommes moins une nouveauté alors... peut-être qu'ils ne s'intéressent pas à nous tout de suite. » qu'elle rajoute de façon un peu plus sérieuse cette fois. « Ou peut-être car les maitres de la Terre sont assez rares... » Ce qui peut être une autre possibilité.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Un silence confortable s’installa entre les deux femmes. Visiblement Hae ne semblait pas être une personne bavarde, qui se sentait obligée de combler les vides d’une conversation. Tant mieux ; elle non plus. Elle ne parlait pas tant  que ça de toute façon..Il lui semblait.  Elle ne parlait que quand elle avait quelque chose de concret à dire..En l’occurence : elle célébrait le calme du village côtier. C’était quelque chose de très positif, pour elle ! Evidemment elle serait toujours plus à l’aise dans son environnement marécageux, mais...elle n’était pas injuste avec le reste du monde non plus. Elle pouvait reconnaître un endroit agréable quand elle le voyait. “..Un millier, dans un seul village ?” répéta Kalani, poliment, mais surprise. Déconfite presque. Le monde était peut-être trop grand pour elle.  “C’est presque ce que nous sommes au total dans le Marais..”   Avec une répartition de population bien différente, en petits groupes, dans des maisons sur pilotis.. “..Ce qui ne nous empêche pas d’être vaillants !”   Petit moment de fierté. Elles et ses compatriotes du Marais avaient certes détonné pendant le siège d’Omashu, avec leurs armures rudimentaires et leurs coutumes, mais tout le monde (même la Nation du Feu) avait bien du admettre qu’ils n’étaient pas là pour faire de la figuration. Ils avaient été efficaces contre l’envahisseur. Avaient changé la donne et l’issue du siège. Avaient prouvé qu'ils existaient.

On ne plaisantait pas avec la Tribu du Marais Brumeux.

“Absolument.” acquiesça-t-elle, pas peu fière de la réaction qu’elle avait suscitée chez la guerrière de Kyoshi.“On peut faire tant de choses avec l’eau..la manipuler sous sa forme liquide, la transformer en brume..ou la figer en glace, si besoin. Je peux en faire des dagues, des fines aiguilles, geler une vague..ou en faire un bateau si je le désire. L’eau est l’élément le plus versatile qui soit.” Elle avait l’impression de réciter les leçons que lui avaient transmises son père et sa mère, il y avait si longtemps… “Et nous, membres des Tribus de l’eau, sommes des personnes qui savent s’adapter à toutes les situations.”  La preuve : les trois tribus de l’eau. Une au Nord, une au Sud…et puis la Tribu du Marais Brumeux, si particulière. Chacune faisant au mieux avec ses ressources, son environnement.. D’où une façon différente de maîtriser l’eau… Au Marais, on utilisait des mouvements plus secs, rapides, nerveux, utiles pour faire avancer les pirogues. Ce qui lui permit de digresser ensuite, suite à une nouvelle question de Hae, décrivant en détail les petites pirogues utilisées dans le Marais, et finissant par un “Et nous utilisons notre maîtrise de l’eau ou alors un long bâton pour les faire avancer ; souvent, on opère en binôme. Une personne à l’avant pour la vitesse, et une à l’arrière pour la direction.”   Un nouvel exemple de la solidarité au sein des Tribus de l’eau.

Mais à présent, les deux femmes parlaient du sujet qui fâchait : la Nation du Feu. Apparemment l’île de Kyoshi semblait épargnée, c’était déjà une bonne chose pour eux. “Il doit y avoir de cela, certainement. Nous avons surpris tout le monde en apparaissant à Omashu.”   approuva-t-elle. “Mais bon, ces espions ne font pas long feu. Nos gardes et patrouilleurs veillent au grain..et, j’ai envie de dire, le Marais a ses propres défenses.”  Elle n’allait pas oublier de sitôt ce maître de l’air qui s’était fait poursuivre par un essaim de mouche-abeilles, et qui aurait fini dans une situation très délicate si elle n’avait pas été là..

Tout en parlant, elles progressaient dans les rues du village. Kalani remarqua une statue de femme portant du vert..Comme l’uniforme de Hae. "C’est bien une statue de l’Avatar Kyoshi ? Pourriez-vous me parler d’elle ? “  Elle se sentait un peu ignorante sur le coup. A force de vivre en isolement dans le Marais , sa tribu avait fini par ne plus être au courant des affaires du monde.

Le ton de Kalani se fait surpris en répétant la réponse que vient de faire Hae. Mille par village et non pas sur toute l'île. « Oui, environ. » qu'elle confirme. Ce qui n'est pas beaucoup quand on pense aux nombres de personnes qu'il y a à Ba Sing Se ou à Omashu par exemple. Ou ce l'est quand on compare à la tribu des Marais. « Vous n'êtes pas beaucoup... » En même temps, elle ne s'attendait pas à un nombre d'habitants en particulier provenant de cet endroit. Peut-être moins en fait puisqu'ils ont passé inaperçu jusqu'à tout récemment. « Ou plus que je pensais... je ne me suis pas vraiment interrogée sur vous étiez combien en fait. » rajoute-t-elle. Au final, ce qu'elle dit est assez contradictoire. « On l'a bien remarqué. » Arrivée surprise ayant confirmé leur vaillance, elle ne pense pas que cela puisse être ignoré, peu importe d'où on vient à Ya Tai et du côté dont où s'est battu. Elle écoute ensuite ce que lui dit la jeune femme à propos de l'eau et de ce qui peut être fait avec cette dernière. Elle connaissait certains détails, mais pas tout. Rencontre des personnes maitrisant l'élément de l'eau n'est pas aussi fréquent que rencontrer des personnes maitrisant la terre ; malheureusement. Toute cette histoire avec la nation du feu est bien malheureuse. Elle ne comprend pas trop pourquoi ils veulent autant de territoire, de pouvoir. Ce n'est pas comme s'ils pouvaient être partout tout le temps. Enfin, les soldats oui, mais pas la famille royale. « Cela doit être très pratique. » dit-elle. Bateau ou traineau sur demande, ou encore remplacement temporaire d'objets brisés, cela est assez pratique.

Elle continue d'opiner la tête à ce qu'explique la jeune femme de la tribu des Marais, qui donne l'impression d'essayer de vendre la nation, alors que la guerrière Kyoshi l'a déjà achetée en les voyant arriver à Omashu. « Cela me fait penser à la maitrise de la terre de ceux vivant dans le désert. » Ce qu'elle a pu voir quelque fois. Elle n'est pas experte par contre et ne pourrait pas dire comment ils font exactement ni même si l'explication de Kalani ressemble vraiment à ce qui est fait. « C'est vrai qu'un marais est un endroit... atypique. » On n'en croise pas partout, alors il peut y avoir des obstacles insoupçonnés, et sûrement une faune et flore qu'on ne retrouve pas partout, augmentant l'effet de surprise. Elles marchent tout en parlant, Hae amenant son invité jusqu'à chez elle, saluant quelques personnes au passage. « Oui. » fait-elle, s'arrêtant devant la statut de l'avatar Kyoshi. « Elle a vécu environ 230 ans et était plus grande que la majorité des gens. Elle était assez directe dans ses méthodes d'Avatar... c'est avec sa maitrise de la Terre qu'elle a créé l'île de Kyohi, séparant ce bout de la terre principale car elle n'était pas d'accord avec les méthodes de Chin le conquérant. Elle a ensuite aidé le Royaume de la Terre et tous ses états à garder une cohésion et une paix relative ainsi qu'un  partage des connaissances. » qu'elle explique, sommairement, car elle pourrait en parler pendant des heures. L'avatar Kyoshi avait probablement des défauts, mais elle ne les voit pas. Elle est une guerrière qui croit à la cause créée par dame Kyoshi, qui est-t-elle pour la remettre en question ?

Kalani n’en revenait toujours pas. Il y avait presque autant de personnes vivant dans ce village -en ce qui la concernait, c’était presque une ville- que dans le Marais tout entier. Elle avait beau avoir vu Omashu de près, avoir des chiffres précis, des vrais points de comparaison possibles..Ca la faisait remettre beaucoup de choses en perspective. Elle se rendait bien compte à présent, que la population du Marais était minuscule. Que le monde était si vaste, si peuplé, si.. Si différent du Marais. Et dire qu’elle n’était que dans un petit village. Que pouvait donc lui réserver le monde ? Plus de choses qu’elle le croyait ou qu’elle pouvait imaginer. Cela allait être..difficile de s’y adapter, certainement. Mais elle pourrait faire face. Elle le devait.

“Merci beaucoup.” Elle appréciait ce genre de compliments. Hae était visiblement une personne de qualité, et savoir qu’elle reconnaissait la valeur des combattants du Marais la touchait plus qu’elle ne l’aurait cru.  Elle se rappelait que pendant le siège, d’aucuns avaient essayé de la  chahuter un peu - de faire des réflexions sur son accoutrement, ses habitudes. Elle voulait bien croire à l’attrait de la nouveauté, mais elle avait ses limites. Surtout en ce qui concernait sa patience. Elle n’aimait pas non plus que des inconnus s'agglutinent autour d’elle. Ca la stressait. "En effet, oui..Je me demande si dans les tribus des Pôles, ils se servent de la glace pour créer des objets d’art.." Peut-être, étant donné la solidité de la glace ? Et, même…pourquoi pas des bonhommes de neige pour amuser les enfants ? Ce n’était pas trop une chose qu’ils pouvaient faire au Marais, probablement. Ils n’étaient pas des champions de la maîtrise de la glace, non. Eux, ils préféraient les plantes..

“Vraiment?” Elle ne connaissait pas du tout ces personnes, mais cela l’intriguait un peu. “Nous avons essayé de nous adapter au mieux à notre environnement assez...atypique, comme vous dites. Ces gens du désert ont dû faire de même..je ne savais même pas qu’on pouvait maîtriser le.;.sable ?”  Il lui semblait que c’était le mot. “Nous, nous avons appris à maîtriser les plantes...ou plutôt, l’eau dans les plantes..c’est pratique pour manipuler les lianes, par exemple..” Toujours pratique, oui. Quand il y avait un intrus, c’était facile de l’immobiliser…

"Je vois..elle a l’air d’avoir été une femme..intéressante, et pour le moins admirable. Avoir réussi à séparer cette île du continent..quelle puissance elle devait avoir.." Ses pouvoirs d’Avatar avaient dû aider, sans doute, mais quand même !  Kalani ne pouvait qu’être admirative. “Du coup, c’est elle qui a formé votre groupe de guerrières ?” Elle avait cru remarquer que le Royaume de la terre n’était pas toujours le plus tendre avec les femmes, alors avoir un groupe seulement composé de femmes pour défendre l’île...Non, vraiment, elle adorait l’initiative.

Hae fait un léger sourire, hoche la tête. Elle se doute bien que cela doit faire du bien d'entendre que l'endroit d'où on vient a été remarqué pour de bonnes raisons. « Ça serait logique... il y a des créations faites avec ceux qui maitrise la terre alors... » il doit bien y avoir une version côté eau aussi. Côté air et feu, elle ne sait pas trop étant donné qu'il est difficile de voir l'air et que le feu brûle (peut-être ce qui reste après le feu peut être considéré comme de l'art si cela est bien maitrisé ; elle n'aime pas trop penser à la maitrise du feu alors elle n'a pas la réponse). Elles continuent d'avancer lentement, et la guerrière  Kyoshi fait quelques signes aux personnes qu'elle connait et qu'elle croise... soit presque toutes. Elle représente l'ile en quelque sorte, on sait qu'on peut lui faire confiance en cas de besoin. Elle hoche ensuite la tête. La maitrise du sable. « Des lianes. » répète-t-elle, pour être certaine qu'elle a bien entendu. Ce n'est pas un mot que l'on entend souvent. Enfin, pas par ici. Elle savait que la tribu du Marais provenait d'un... marais  (enfin, logiquement), sauf qu'elle n'avait jamais pensé qu'il pourrait y avoir des lianes dans ce dit marais. Il est vrai qu'elle ne pense pas non plus à ce genre d'endroit bien souvent. Peut-être qu'il est normal d'y trouver des lianes.

Elle se met ensuite à parler de l'Avatar Kyoshi et cela intéresse Kalani si elle se fit à l'air qu'elle a en ce moment et à ce qu'elle dit. « Très. » Intéressante et admirable, elle ne peut qu'être d'accord. « Une des plus puissantes. » Réponse pas si biaisée que cela. « Oui. » qu'elle répond à l'interrogation posée par la jeune guerrière. « Avant qu'elle ne sépare l'île du continent, les femmes étaient souvent dérangées par les hommes éméchés des ports... alors elle a décidé de nous apprendre à nous défendre. C'est toujours notre principal sorte d'affrontement. » dit-elle, riant. Elles peuvent se débrouiller avec plus dangereux, mais c'est tout de même ce qu'elles ont le plus... ce qui n'est pas si grave que cela non plus. Il y a pire ennemis. « Il y a des guerrières dans chaque villages. » Elles ne sont pas qu'un seul groupe qui se promènent, mais plusieurs. Les nombres de guerrières ne sont donc pas nécessairement égal dans chacun, mais en cas de besoin, elles peuvent se déplacer de villages en villages.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Plus la conversation durait, plus Kalani se surprenait à apprécier réellement Hae. Elle connaissait les talents martiaux de sa compagne, bien entendu, et avait pu constater son efficacité et sa fiabilité pendant le siège d’Omashu ; mais maintenant qu’elle la rencontrait chez elle, elle découvrait d’autres facettes de son aînée. Elle sentait beaucoup de respect, d’engagement, de passion pour ce qu’elle faisait ; cela lui faisait un énorme point avec la maître de l’eau. Garde, guerrière Kyoshi, il n’y avait pas tant de différence au fond. Elles avaient en commun de vouloir protéger leur foyer. Et puis, soyons honnêtes : elle appréciait la curiosité respectueuse de Hae. Elle n’avait pas l’impression d’être un phénomène de foire parce qu’elle sortait d’un marais jusque-là inconnu du monde ; juste une mention sur une carte, un endroit à éviter. Elle était surprise, néanmoins, du nombre de personnes qui saluaient sa compagne. Hae semblait très appréciée ici, pensa-t-elle. Tant mieux pour elle.

“Des lianes, oui. Une végétation normale dans les endroits où il fait chaud et humide.”
Et mieux valait, peut-être, ne pas parler du Grand Banian et de ses kilomètres de racines, cela risquait de la perdre. Amusant de voir que Kalani butait sur le sable et le désert, Hae sur les lianes - perdues toutes les deux par ce qu’elles ne connaissaient pas,à l’opposé l’une de l’autre.

<“Je n’en doute pas..Après je connais mal la liste des Avatars, mais je ne doute pas que pour avoir séparé l’île du continent, il faut une force incroyable.” Tout simplement parce que le Marais n’en avait pas l’utilité. On préférait enseigner des choses pratiques, comme la meilleure façon de poser des pièges ou de manoeuvrer un bateau. Quelle utilité d’apprendre une liste de gens morts depuis longtemps, qui de toute façon pour la plupart n’avaient jamais posé ne serait-ce qu’un orteil dans le Marais ? Aucune. Peut-être que cela faisait de Kalani quelqu’un d’ignorant, mais tant pis. Elle préférait son intelligence pratique. “Je vois…c’est une bonne idée d’avoir appris aux femmes comment se défendre de gêneurs…”   Si leur quotidien, c’était ça, ma foi tant mieux pour elles. Kalani les enviait, un peu. “D’accord…C’est plus pratique pour intervenir rapidement, je pense..Mais tant que le système fonctionne ! ”  Et visiblement oui. “Vous avez souvent des jeunes femmes qui veulent vous rejoindre ?”  Parce que si Kalani avait habité sur l’île de Kyoshi, aucun doute qu’elle aurait volontiers rejoint cette organisation !

La conversation est intéressante, ce n'est pas à tous les jours qu'une nouvelle tribu est découverte. Elle connait à peine celle du désert, mais elle en a entendu parler. Celle du Marais, c'est totalement nouveau. Ayant appris à aimer voyager et découvrir, elle est donc toute ouïe à tout ce que peut raconter Kalani qui semble être une demoiselle très vive. Ce qu'elle aime bien. « Je n'y avais pas pensé. » Il est vrai qu'elle n'a pas souvent tendance à penser à ce genre de climat. Elle ne savait même pas que c'était possible d'avoir ce genre de climat à Ya Tai... bien que cela n'est pas non plus très surprenant étant donné toutes les sortes de climats qu'il y a déjà. « Je pense que je m'y sentirais trop à l'étroit. » avoue-t-elle. Elle est habituée d'avoir de l'espace pour bouger et pour pouvoir se battre. Même pour tout simplement vivre en fait. Elle n'a rien contre la nature, elle l'adore ; jardiner la détend en fait... mais ce n'est pas la même chose que de vivre entourer d'arbre. Elle peut se promener dans une forêt, des bois ou des boisés, mais y rester toujours, elle ne le sait pas. Elle n'aurait rien contre visiter et y rester quelques jours. Elle ne se voit pas quitter l'île de Kyoshi bien longtemps tant elle l'aime. Cela lui fait toujours plaisir de la revoir après l'avoir quitté quelque temps.

Elles se mettent ensuite à parler de l'un des sujets favoris de la guerrière Kyoshi : l'Avatar Kyoshi. Conversation pas du tout originale pour quelqu'un habitant sur l'île de Kyoshi, mais assez difficile à éviter. Sans grande surprise, elle hoche ensuite la tête. Elle pense aussi qu'il a fallu être une Avatar exceptionnelle pour pouvoir séparer un bout de terre d'un continent pour en faire une île. Elle ne pense pas, de ce qu'elle en sait, que tous les Avatars auraient pu faire de même. Hae hoche la tête de nouveau, savoir se défendre est toujours pratique, elle ne peut pas contredire la jeune maitre de l'eau à ce sujet. « Oui... on n'a pas trop de difficultés à trouver de la relève. » C'est souvent une fierté même de vouloir le devenir, d'espérer le devenir. L'omniprésence des guerrières très souvent en uniforme doit aider, tout comme celle des statuts de dame Kyoshi un peu partout aussi. « Nous sommes arrivées. » fait-elle, en arrivant devant sa maison, qui ressemble à la majorité des autres maisons de l'île... avec peut-être un plus grand jardin avant et arrière que les autres.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

La native du Marais essayait de ne pas être outrageusement fière, alors qu’elle parlait de son lieu de naissance, en évoquait les nombreuses particularités qui semblaient à chaque fois étonner son interlocutrice.Elle ne pouvait pas en vouloir à la pauvre Hae. La Tribu du Marais était restée si longtemps secrète, si renfermée sur elle-même qu’elle devait s’être élevée au rang de mythe..si par chance les non-élementaux d’eau avaient un jour entendu parler d’elle ! La plupart des gens ne devaient connaître que les abords du Marais, suffisamment dangereux..Et s’il y avait des courageux qui tentaient d’y pénétrer, ma foi, ça ne devait pas être une partie de plaisir sans un vrai guide  pour ne pas se perdre. Mais au moins, elle appréciait ne pas se faire prendre de haut, ou se faire traiter comme si elle était..une sauvage sortie de ses bois, sans la moindre éducation. Sortie de ses bois, Kalani l’était, mais pas sauvage, et elle était loin d’être ignorante ! Elle avait juste...ses propres compétences. C’était tout !  Et que Hae donne son ressenti en pensant qu’elle se sentirait à l’étroit, cela elle pouvait le comprendre, et certainement pas la blâmer. Ce n’était pas pour tout le monde. “On s’y fait.” fit-elle en haussant les épaules, un peu gênée. Elle, c’était les grandes étendues qui lui faisaient un peu peur, sa tête en tournait presque…Elle avait presque un peu peur de découvrir des vraies villes, aussi.Ne risquait-elle pas de paniquer derrière des murailles ? Probablement. Le Marais, c’était différent..C’était vert..alors que des villes..Moins. Clairement moins.

Mais en conséquence, le village où résidait Hae était charmant. Il y régnait une telle paix, que la jeune femme ne pouvait qu’être admirative. Elle se sentait un peu comme une intruse, alors qu’elle posait ses questions qui devaient paraître si..bateau, pour des habitants de l’île. Mais ce n’était pas de sa faute si elle ne savait rien sur l’avatar Kyoshi ! D’autant plus que Hae semblait ravie d’en parler, et qu’elle était sans doute une des personnes les mieux placées pour lui répondre..

“Tant mieux.”  C’était une bonne nouvelle pour l’île. Après, avec comme modèle une légende comme semblait l’être l’avatar Kyoshi, ce n’était pas trop étonnant, supposait-elle. Les jeunes filles de l’île devaient baigner dans une myriade d’histoires racontant les exploits de la fondatrice, si l’on pouvait dire ainsi, de l’île. Alors que cela suscite des vocations..cela lui paraissait plutôt naturel.

“Oh.” Juste un petit oh. “C’est charmant, chez vous.”   Une petite maison, un joli jardin, la proximité de l’océan, vraiment, Kalani était à deux doigts de se construire une résidence secondaire sur l’île de Kyoshi. “J’adore votre jardin..je me sens mal si je n’ai pas un peu de verdure autour de moi.” , avoua-t-elle. Elle aurait du en avoir honte, peut-être, mais voilà ; elle avait grandi dans un marais au milieu de lianes et d’eau, donc l’idée de se retrouver dans un environnement trop différent la mettait profondément mal à l’aise. C’était normal, non ?

L'avancée vers sa maison et la conversation vont bon train. Pour le moment, tout indique que leur colocation temporaire va assez bien se porter. Elles parlent, mais rien ne semble être forcé, le tout se déroule assez naturellement avec des silences qui ne semblent pas être pesant pour Hae. Il est vrai qu'elle aime bien le silence et qu'elle préfère se taire au lieu de parler. Ce qui n'est pas toujours le cas pour tout le monde. Dans tous les cas, elle ne perçoit pas de malaise à ce niveau pour Kalani. De toute façon, cela va bien se confirmer lors des prochains jours. Elle opine ensuite de la tête. C'est effectivement tant mieux pour l'île que la tradition des guerrières Kyoshi puisse se continuer. Elle espère que cela va perdurer encore bien longtemps. « Merci. » fait-elle, inclinant légèrement la tête. Elle est aussi bien fière de ce qu'elle peut voir à chaque fois qu'elle revient chez elle ou qu'elle reste dans les parages. « Jardiner me détend. J'adore ça. » Détente et passe-temps, très pratique. Elle ne se sent jamais obligée de devoir se détendre, elle pense toujours à aller s'occuper de ses diverses plantes et elle adore cela, comme elle vient juste de le dire. « Je comprends. » dit-elle, tout en continuant de marcher vers l'intérieur de chez elle. « Quand je vais dans les plus grandes villes, je me sens oppressée. » l'informe-t-elle. Elle peut donc la comprendre sur certains points, même si elles ne proviennent pas du tout des mêmes lieux. « Je vais vous montrer votre chambre et voudriez-vous du thé par la suite ou bien vous reposer ? » Elle a fait un long voyage, sur un bateau fait par elle-même. Qu'elle veuille se reposer n'est pas surprenant. Elle est jeune aussi, alors qu'elle n'en ait pas de besoin ne le serait pas non plus. Dans tous les cas, c'est une manière de lui dire qu'elle peut faire comme chez elle. Enfin, sans les lianes. Elle ne sait pas trop ce que cela donnerait comme style si elle en rajoutait ou même si cela pourrait pousser dans son jardin. Peut-être que la température n'est pas faite pour cela. Elle y fait attention autant que possible.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Pour être honnête, Kalani s’étonnait elle-même. Elle n’aurait pas pensé qu’elle pouvait être aussi..sociable, avec une personne qu’elle ne connaissait au fond, pas tant que ça. Elle avait été nettement moins sympathique avec Dev, par exemple. Mais là..Non. La jeune maître de l’eau était presque normale. Bon elle ne ferait pas de longs discours, mais elle prenait la parole spontanément, répondait sans se faire prier aux questions de Hae. Cette guerrière avait le chic pour la mettre à l’aise, avec son tempérament calme et protecteur.

“Je peux vous comprendre. C’est relaxant de s’occuper de toutes les choses qui poussent..” Elle pouvait passer des heures à inspecter chaque liane et plante du Marais, à vérifier que tout allait bien. C’était des moments où elle se sentait presque en paix avec elle-même. Après, il fallait reconnaître que leurs situations n’étaient pas exactement semblables. Le Marais grandissait selon ses propres lois (ou son absence de lois, au choix), là où le jardin de la guerrière Kyoshi était plus organisé, plus maintenu.

Et visiblement, elles avaient un autre point commun. “J’étais mal à l’aise, rien qu’à voir de loin les murailles d’Omashu..Je n’ose pas imaginer comment je me sentirais à l’intérieur, si un jour je devais y aller…Je me sentirais comme vous, oppressée..” Pire : elle serait probablement terrifiée, en panique, en manque complet d’air parce que la ville manquait d’espace et que son horizon était absent. C’était terrifiant rien que d'y songer et peut-être un peu paradoxal. Parler d’horizon alors que le marais était sombre, que souvent il fallait se baisser pour y progresser..Mais ce n’était pas pareil. Le marais, c’était chez elle. Une ville entourée par des hautes murailles..ce n’était pas chez elle.

La maison de son interlocutrice aussi , ce n’était pas chez elle, et pourtant là aussi, elle ressentait cette impression de familiarité. D’une maison qui lui paraissait si accueillante, confortable.  Pas forcément très grande (mais au fond, qui était-elle pour juger, elle qui vivait dans une maison sur pilotis) , mais chaleureuse. Etait-ce  quelque chose typique de l’île de Kyoshi ? Il fallait croire. Cette île avait l’air d’un petit coin de paradis.

“Je boirais volontiers un thé !” A force de parler, elle commençait à avoir la bouche un peu sèche...Et puis, l’idée de s’assoir un peu..Oh, quel rêve. Elle estimait être résistante, mais il y avait quand même des limites à ce qu’elle était capable d’endurer.

Kalani et Hae ont un autre point commun qu'être des guerrières : les plantes. Quelque chose lui dit qu'elles viennent de trouver un sujet sur lequel elles vont pouvoir discuter très longtemps. Elle hoche donc la tête, elle trouve cela très relaxant elle aussi de jardiner. « Vous allez pouvoir vous en occuper si vous le voulez. » lui offre-t-elle. Son jardin est assez grand pour qu'elles puissent être deux. Parfois, elle a l'impression qu'elle devrait être deux tout le temps. Ce qui se voit surtout quand son mari est absent un moment, quand il est là, il l'aide. Elle ne se plaint pas, ce n'est pas son genre. Autant elle aime bouger, se battre, s'entrainer, qu'elle aime rester de longues heures calme dans son jardin. Il est vrai que sans un peu de repos, le reste ne serait pas possible. « Il y a de l'espace, ce n'est pas si atroce... si on parvient à oublier les murs. Et le manque de verdure. » Parce qu'il y en a vraiment moins que sur l'île de Kyoshi et sûrement beaucoup moins qu'au Marais d'où vient la jeune Kalani. Elle n'y a jamais été, sauf qu'elle se doute bien qu'au lieu d'être entouré de nature, c'est dans la nature. Une fois arrivée chez elle, le thé est accepté. « Installez-vous, je vais le préparer. » dit-elle, tout en indiquant la table où elle va servir le thé. Elle n'a qu'à se mettre à l'aise (enfin, pas trop non plus, elle suppose qu'elle va comprendre). « Vous le préférez comment ? » lui demande-t-elle.

Une fois la réponse obtenue, elle va faire bouillir de l'eau chaude et elle choisit parmi les nombreuses feuilles qu'elle a. Feuilles qui proviennent presque toutes de son jardin. Quelques unes viennent des voyages de son mari, un peu des siens, amenant un peu de variétés. « Vous avez besoin d'autre chose ? » demande-t-elle, revenant pendant que l'eau est en train de bouillir. Elle dépose sur la table quelques biscuits achetés à la boulangerie pas trop loin de chez elle. Elle n'est pas très douée en cuisine, elle arrive à faire les bases, mais sans plus. Elle préfère donc se procurer ce qui est déjà fait et très bon que d'essayer de presque toujours rater. Surtout qu'elle n'a pas toujours le temps d'expérimenter ou de prendre le temps de faire ce qui est plus long.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Kalani sourit, gentiment, alors que Hae lui proposait de s'occuper de ses plantes. “Cela serait le moins que je puisse faire pour vous remercier de m’accueillir chez vous. Je ne connais pas bien ce genre de plantes, mais si vous me guidez, il ne devrait pas y avoir de problèmes !” Elle n’était pas une ingrate, non plus. Elle pourrait aussi aider à pêcher histoire de gagner dignement sa pitance, sans doute..Par contre, arroser les plantes avec sa maîtrise de l’eau, ça allait être une première mais au fond, pourquoi pas ? Au moins là elle savait qu’elle n’en mettrait pas partout, en faisant attention à ne pas noyer la pauvre plante. A son niveau, être aussi précise n’était pas bien difficile.

“Ah…” Ce fut tout ce que la jeune maître de l’eau fut capable de dire. “Ca n’a pas l’air très réjouissant comme endroit..” Peut-être qu’elle était beaucoup trop franche, mais dans ces  cas-là elle ne pouvait pas se taire : Omashu était le parfait opposé du marais. Et donc un endroit qui avait l’air éminemment stressant pour elle. Un enfer. Kalani tenait à son petit carré de verdure autour d’elle, elle n’était pas du Marais Brumeux pour rien ! COmment faisaient les gens des villes ? N’avaient-ils pas l’impression de manquer quelque chose ? La vie elle-même peut-être ?

“Oh, euh..fort. Si cela ne vous dérange pas.” Elle préfèrait les goûts très francs. Peut-être que son palais était un peu trop perturbé par le régime alimentaire dans le marais, mais eh - elle voulait sentir le goût de ce qu’elle mangeait ou buvait.  “Non, tout est parfait, merci beaucoup !”Elle se sentait presque un peu confuse, de voir son hôtesse être autant aux petits soins avec elle..Mais timidement, elle prit un biscuit et le grignota. “Ca fait du bien de se reposer..Maintenir mon bateau en glace jusqu’ici n’a pas été une partie de plaisir, je ne ferai pas ça tous les jours !” plaisanta-t-elle. Heureusement, elle allait pouvoir se reposer chez Hae pendant quelques jours.. “Vous vivez seule ici ?” demanda-t-elle enfin. “Sans vouloir être indiscrète, bien sûr !”

L'offre que Hae vient de faire à Kalani semble avoir sonné plus comme un ordre qu'une suggestion avec ce qu'elle est en train de dire. « Je vais vous guider. » la rassure-t-elle, bien qu'elle ne pense pas que cela soit une réponse assez suffisante. Elle ne compte pas la laisser libre, surtout si elle n'est pas aussi à l'aise qu'elle. Elle n'est même pas obligée de faire quoi que ce soit si jamais cela ne lui dit rien. C'est parce qu'elle aime bien la nature qu'elle le lui a offert. Elle n'est pas ici pour travailler et elle ne veut pas la forcer non plus. Si la demoiselle n'aime pas ce genre de plantes, change d'idée, cela ne lui dérange pas. Ce n'est pas du tout une obligation et avec ce qu'elle vient d'entendre, elle a l'impression que c'est l'impression qu'elle a dû donner de façon involontaire. « Je ne veux pas que vous vous sentiez obligée. » rajoute-t-elle, juste au cas. Elle est ici pour se reposer et c'est le plus important. Elle est capable de s'occuper de ses plantes par elle-même sans problème. La conversation va ensuite sur Omashu et cela ne semble pas du tout enchanter la jeune femme. « Certaines personnes de Omashu doivent trouver l'idée du Marais très peu réjouissante. » Tout est une question de point de vue ; qu'elle partage avec son invitée malgré tout.

Un thé fort pour cette dernière. C'est donc ce qu'elle va avoir. « Ne vous gênez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Elle doit bien s'en douter, mais le répéter peut toujours s'avérer assez utile. « Je vous crois. » Elle n'a pas trop le choix, elle n'a pas la moindre capacité avec les éléments. « Avec mon mari. » commence-t-elle à lui répondre. « Il est absent en ce moment. » lui indique-t-elle. « Il est messager et part souvent plusieurs jours à la fois. » complète-t-elle son indication, afin que la jeune femme ne le cherche pas ou essaie de l'éviter à tout prix. « Nous allons vivre sous le même toit quelque temps, je pense que vous pouvez être aussi indiscrète que vous le souhaitez. » Enfin, dans les limites du raisonnable. Ce qui est assez contradictoire, mais elle ne pense pas que la jeune femme va dépasser les dites limites.

De nouveau,Kalani ne put s’empêcher de sourire, alors que Hae lui annonçait qu’elle la guiderait pour prendre soin de ses plantes, avec un “Il vaudrait mieux..j’aurais trop peur de faire une grosse bêtise sinon.” , accompagné d’un haussement d’épaules. Non vraiment, la flore de l’île était trop différente de celle du Marais pour qu’elle vienne dans le potager en n’ayant aucune idée de ce qu’il fallait faire. C’était le meilleur moyen pour qu’elle ait un accident, qu’elle arrose trop les plantes, en coupe une au mauvais endroit ou elle ne savait quoi. Trop de risques d’erreur.

“Je ne me sens pas obligée !  C’est normal, de venir en aide à ses hôtes!” se défendit-elle. Cela lui semblait juste..naturel ? Hae mettait les petits plats dans les grands pour l’accueillir convenablement ( déjà beaucoup trop bien pour elle, elle n’était pas habituée à tant de prévenance en dehors des Tribus de l’Eau), alors le minimum qu’elle pouvait faire, c’était bien de faire elle aussi preuve de prévenance en aidant son hôtesse.  Il y avait sans doute beaucoup de choses qu’elle pouvait faire pour l’aider, ou aider l’île. “Vous vous donnez du mal pour m’accueillir, c’est normal de vous aider, vraiment !”renchérit-elle ; quitte à radoter. Non vraiment, c’était une question de principe pour elle.

“Ah, vous avez sans doute raison.” Kalani eut un air un peu gêné. Le Marais c’était le Marais, avec ses particularités..particulières. Elle n’aurait pas conseillé au premier venu de s’y aventurer, encore moins d’y vivre. Ce n’était pas pour les petites natures, voilà tout ! Tout comme maintenir un bateau de glace. C’était la première fois qu’elle avait fait un tel effort, exploit peut-être..la dernière elle espérait, parce qu’elle se sentait complètement essorée. Quand elle raconterait ça (si) à sa famille au Marais, ils n’en reviendraient pas. Ceci dit, exploit ou pas, niveau confort rien ne vaudrait un vrai bateau bien solide..

“Je vois.” Ainsi le mari de Hae n’était pas souvent à la maison. “Ce n’est pas trop, euh, dur ?” Après Hae n’était pas complètement seule non plus, elle avait ses collègues guerrières de Kyoshi, même si ça ne remplaçait certainement pas un mari. Elle n’en savait rien à vrai dire. “Le mariage ne fait pas trop partie des coutumes de la Tribu du marais..”lança-t-elle un peu comme ça. “Généralement, c’est une union plus, euh, libre? Si je suis assez claire..” Non, pas de telles coutumes au Marais. Chacun gérait sa vie sentimentale comme il l’entendait. La preuve, personne ne venait l’embêter pour qu’elle se case. En même temps, vu sa nullité sentimentale, aucune de ses quelques relations n’avaient fait long feu, alors bon..Si ses parents la taquinaient un peu à ce sujet, ils ne lui mettaient aucune pression.  De toute façon, elle aurait signifié sa façon de penser. “ D’ailleurs si vous avez des questions sur les coutumes du marais, n’hésitez pas !”

Partager ce qu'elle sait à propos de ses plantes ne lui dérange pas du tout. Hae trouve même cela préférable étant donné que les plantes ne sont pas partout pareilles. Et heureusement, sinon ça serait bien ennuyant de se rendre partout et de voir toujours les mêmes plantes (et animaux et paysages...) « Il faut garder les grosses bêtises pour les soldats de la nation du feu. » dit-elle, d'un ton sérieux. Un vrai ton sérieux. Pas un faux ton sérieux qui est difficile à garder car elle a envie de rire. Comprendre : faire une grosse bêtise avec les plantes égalait leur faire du mal. Donc, faire pareil avec les soldats de la nation du feu. Il lui en faut plus pour pouvoir rire. Surtout lorsque cela concerne les plantes. Et les soldats de la nation du feu. Il n'y a vraiment rien de drôle là-dedans. « Je voulais juste être certaine. » dit-elle, souriant à Kalani. Les choses sont claires au moins de cette façon. Pas d'hésitation flottant dans l'air ou d'incompréhension. Ce n'est pas ce qu'elle aime, elle préfère quand le doute n'est pas là, c'est beaucoup plus simple. « Oubliez pas de vous reposer. » Bon, elle exagère peut-être un peu. Elle a des plantes, mais elle n'a pas une jungle non plus. Elles ne vont pas passer des heures et des jours à s'en occuper et à devoir recommencer ensuite. Une heure ici et là lui suffit amplement, parfois plus quand elle fait du zèle, mais jamais rien pour l'épuiser. Que ce soit le cas serait assez étrange puisqu'elle fait cela pour se relaxer. Son jardin a surtout besoin d'entretien, elle ne veut pas la perfection sans aucune mauvaises herbes. Elle en garde mêmes quelques unes qu'elle trouve assez belles.

« Je serais curieuse de voir à quoi le Marais ressemble. » Peu importe si ce n'est pas l'île de Kyoshi ou Omashu. Tous ne se sentiraient pas à l'aise, mais elle ne pense pas y vivre. Elle a l'île de Kyoshi dans la peau et dans le cœur. Elle aime juste découvrir. « Les visiteurs sont les bienvenus ? » qu'elle lui demande ensuite. Peut-être qu'ils préfèrent garder un certain anonymat de leur coin. Juste ne plus rester un peuple anonyme leur suffit peut-être. « Non, pas du tout. » Que son mari soit toujours là serait même assez difficile en réalité. « On aime avoir notre indépendance chacun de notre côté. » C'est une des raisons pour laquelle ils ont continué de se fréquenter et ensuite se marier. Peut-être que l'union libre aurait pu leur suffire, mais cela se fait moins par ici. Elle opine de la tête, c'est assez clair. L'important, c'est que tout le monde soit d'accord avec l'union au final. « Vous avez... une sorte d'armée ? » commence-t-elle par lui demander. Ils ont combattu, ils ont été remarqués, ce qui ne l'empêche pas d'avoir des questions. Est-ce c'était déjà organisé ? Ils ont improvisé ? Sujet qui n'est pas très original, mais elle aime bien les guerriers de toutes sortes. Apprendre comment ils se débrouillent ailleurs que sur l'île de Kyoshi. Elle trouve cela toujours très intéressant.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Kalani ne put s’empêcher de rire, un peu, lorsque Hae mentionna préférer que les bêtises soient faites aux soldats de la Nation du Feu plutôt qu’aux plantes. Le plus drôle, en fait, c’était le ton terriblement sérieux sur lequel elle parlait, pour sortir ce qui lui semblait être une bonne blague. Comme quoi.. Elle ne l’aurait pas cru d’elle, lorsqu’elle l’avait rencontrée sur le champ de bataille d’Omashu, il y avait si peu de temps..mais en réalité, cela lui paraissait une éternité.

“Ah ça, c’est incontestable.” fit-elle en inclinant la tête. En ce qui la concernait (Hae aussi, certainement), plus elle pouvait faire de bêtises à ceux qui étaient devenus de fait ses ennemis, mieux elle se porterait, ça c’était sûr. Elle était sortie les combattre parce que c’était son devoir, parce que les esprits étaient perturbés, mais là, avec le nombre d’espions qui étaient envoyés dans le Marais..c’était devenu une histoire tout à fait personnelle. Sur sa route, plus elle pourrait mettre à bas de soldats de cette nation honnie, mieux elle se porterait, ça c’était sûr. “ Mais ne vous en faites pas pour moi, je sais où sont mes limites.” Se forcer à manipuler les éléments alors que l’on était fatigué, c’était dangereux. Stupide. L’eau n’était certes pas aussi dangereuse que le feu, mais un accident était si vite arrivé. Toujours s’écouter, c’était important.

Est-ce que les visiteurs étaient les bienvenus au Marais ? Vaste question, à laquelle elle prit quelques minutes pour répondre.

“Les visiteurs sont les bienvenus..tant qu’ils n’ont pas de mauvaise intention ou ne respectent pas le Marais.” Cela semblait la base, et pourtant. “ Dans les faits, le Marais est tellement particulier et dangereux que les visiteurs sont plutôt rares. En règle générale, ils sont en recherche de quelque chose..” Comme Dev et son fameux miel, par exemple.. "C’est un endroit très chaud et humide, comme j’ai déjà dit..avec sa végétation spécifique, mais aussi de nombreuses mares d’eau stagnantes qui attirent les insectes, et plusieurs cours d’eau sur lesquels nous, membres de la Tribu du Marais, nous déplaçons en bateau..” Sa Tribu vivait réellement en symbiose avec la nature. “Pas exactement. Mais nous avons des gens qui patrouillent régulièrement le Marais pour s’assurer que tout va bien. Nous sommes presque tous élémentaux, au Marais, donc nous sommes tous entraînés à nous battre, certains plus que d’autres. C’est au choix de chacun au final.”

Kalani se met à rire et Hae ne comprend pas trop ce qu'elle a pu dire pour avoir cette sorte de réaction. Ce qui n'est pas inhabituel de sa part, l'humour et elle n'ont pas une très grande relation. Elle ne cherche donc pas à comprendre ce qu'elle a pu dire pour pouvoir provoquer cet effet. La jeune femme est tout de même d'accord avec l'idée. C'est plus simple à dire qu'à faire... on ne veut pas vraiment croiser des soldats de la nation du feu et ils ne vont sûrement pas se laisser faire si tel est le cas. L'idée est tout de même belle. Elle opine ensuite de la tête, faisant confiance à la jeune femme lorsqu'elle dit qu'elle connait ses limites. Elle ne peut que la croire, d'autant plus que c'est elle qui va devoir vraiment se reposer si elle dépasse ses limites. Elles continuent de parler de tout et de rien, et la guerrière de Kyoshi se permet de poser quelques questions sur le Marais, ayant été invitée à le faire. La jeune élémentale répond à ses questions sans problèmes. Elle ne s'attendait pas à ce que le lieu soit aussi dangereux, juste différent. Il est vrai qu'elle n'a jamais vraiment pensé au Marais de cette façon, alors elle ne devrait pas être si surprise que cela. « C'est très intéressant. » Elle en apprend beaucoup. Et elle continue d'en apprendre avec son autre question. « C'est bien d'avoir le choix de cette façon. » dit-elle. « Enfin, je l'ai aussi eu. » On ne l'a pas forcée à devenir guerrière, même si sa mère l'a fortement influencée. « Juste que vous arrivez à vous débrouiller sans... encadrement officiel c'est impressionnant je trouve. » Elle ne sait pas trop si encadrement officiel est le bon terme, mais cela indique assez bien ce qu'elle a en tête. Pas d'armées officielles comme l'ont la plupart des autres peuples. Pourtant, avec ce qui est arrivé avec Omashu, cela n'a pas vraiment engendré de problème. Les membres de la Tribu du Marais y ayant contribué savaient ce qu'ils faisaient et c'est le plus important. Elle n'est pas en train de se dire qu'il faut éviter toutes structures comme l'armée ou les guerrières Kyoshi, mais cela amène un autre point de vue sur comment les personnes peuvent se débrouiller au besoin.

Un petit miracle était en train de se produire. Kalani était en train de parler du Marais -ce qui revenait, peut-être, au fond, de parler d’elle-même ?-, et elle n’avait pas l’impression d’être..une créature bizarre.Elle avait eu parfois cette impression, pendant le siège d’Omashu, quand d’autres soldats l’interrogeaient, elle et ses compagnons… toujours les yeux ronds comme si elle racontait des choses extraordinaires....alors que pas du tout ? Elle, c’était son quotidien, alors.. C’était soit ça, soit des réflexions un peu désobligeantes..peut-être pas volontairement, mais quand même. Mais non. Pas Hae. Hae l’écoutait, lui posait des questions..poliment ? Comme si ça l’intéressait vraiment ?.

“En effet..C’est peut-être différent dans les autres tribus de l’eau, mais je trouve qu’il n’y a pas tellement de pression familiale pour suivre telle ou telle voie, au Marais. Et puis..entre nous..j’ai l’impression qu’on a tellement d’élémentaux que ça ne sert à rien de forcer les jeunes dans telle voie sous prétexte que leurs parents la suivaient aussi..on trouvera toujours assez de volontaires..C’est un peu comme ça pour les guerrières de Kyoshi, non ? D’après ce que vous me disiez..” Hae avait bien dit que l’île ne manquait pas de volontaires pour rejoindre le groupe des guerrières de Kyoshi, mais bon..y avait-il une grosse pression familiale, pour créer des dynasties de guerrières au sein d’une même famille ? Peut-être. Le royaume de la Terre était bien différent alors.. La preuve en était avec la nouvelle réflexion de Hae.

“Vous trouvez ?” Elle n’avait jamais réfléchi à ça comme ça. Mais..ça faisait sens..Supposait-elle. Elle but une gorgée de thé. “Après, on n’est pas si nombreux que ça, au fond d’un marais..c’est mieux d’essayer de vivre en bonne harmonie avec nos voisins non ? Enfin, on a bien des sages au Marais mais leur fonction est plus spirituelle qu’autre chose.” Une fois de plus, elle savait si peu de choses sur les autres tribus.. “..C’est très différent du Royaume de la Terre, si j’ai bien compris, n’est-ce-pas ?” Elle ne connaissait que quelques détails sur le Royaume, alors bon..Le Royaume de la Terre lui donnait l’impression d’être un beau fouillis.[/b]

Hae est véritablement intéressée par le Marais. Elle n'a pas tendance à faire semblant à interroger quelqu'un sur un sujet qui ne l'intéresse pas. Elle n'a pas tendance à faire semblant tout court. Si elle n'était pas intéressée par ce que Kalani a à lui dire sur sa ville (pays ? région ?) d'origine, elle ne lui poserait pas autant de questions. Elle lui dirait d'aller se coucher pour se repose après tout le voyage qu'elle a pu faire. Elle ne l'aurait probablement pas invité non plus, il est vrai. Il lui semblerait illogique d'inviter quelqu'un et de ne pas vouloir entendre parler d'elle, d'où elle vient, de ses diverses expériences. « La plupart du temps... mais il peut aussi y avoir de la pression familiale. » Elle a déjà vu cela. Une longue lignée de guerrières Kyoshi et la fille unique qui ne veut rien savoir. Ou encore il n'y a que des garçons. « Il y en aussi dans plusieurs autres métiers... » Reprendre l'entreprise familiale est souvent essentiel en réalité si on ne veut pas qu'elle ferme. Elle opine ensuite de la tête. C'est toujours mieux de vivre en s'entendant bien avec nos dits voisins. « Le Royaume de la Terre est... très libre » indique-t-elle, léger sourire aux lèvres, pas très certaine que ce soit le bon terme. « Je pense que chaque ville à sa manière de faire, ou sinon chaque région. » De ce qu'elle a pu en comprendre. Après tout, lorsqu'elle voyage, elle ne s'intéresse pas nécessairement à la politique. « Théoriquement on a un roi qui est à Ba Sing Se, mais il ne donne pas l'impression de tout contrôler. » Il donne l'impression de ne rien contrôler en réalité. « On est loin de connaître tous nos voisins ici. Sur l'île c'est facile, enfin surtout dans le village, mais ailleurs... » Ils sont un peu trop pour cela. Juste à Omashu et Ba Sing Se ce n'est pas vraiment mieux. Il y a tellement de personnes qu'il ne serait pas surprenant que même en vivant dans la même ville sans jamais la quitter, deux personnes ne peuvent jamais se croiser. « Du coup, c'est vraiment très différent du Marais. » confirme-t-elle. Du moins, avec ce que peut en dire Kalani et elle n'a aucune raison de ne pas croire ce qu'elle lui dit.

Le Royaume de la Terre semblait être véritablement un endroit bizarre. Oui. Kalani osait le penser, clairement, et tant pis si ça paraissait un peu cocasse et sans doute un peu hypocrite venant d’elle.  

“Je vois..” Elle avait moins l’impression que l’accent était mis, au Marais, sur la notion d’héritage ou de voie qu’il aurait été préférable pour un enfant d’emprunter, et elle devait avouer que la simple idée de forcer -ou d’ “encourager” un enfant - à faire telle ou telle chose dans sa vie la rendait un peu chafouine.  Elle se sentait, sur le coup, terriblement provinciale. Un peu ignorante de comment les choses fonctionnaient, en dehors du Marais.  Enfin ça, c’est sûr, elle l’était. Elle découvrait le monde. “..Pourquoi est-ce si important que..l’occupation familiale soit remplie, et continuée de la sorte ? Pardon, je dois paraître un peu ignorante.” , s’excusa-t-elle. C’était une autre façon de voir les choses, trop différente du Marais. Peut-être une forme d’attachement à la propriété, au nom.. Des choses qui la rendaient définitivement perplexe.

“..Ca doit être difficile de s’y trouver..Imaginez, si on fait quelque chose dans une ville pour ensuite apprendre que dans la région d’à côté, c’est mal vu ou interdit..” Quel fouillis.. “Un roi qui ne contrôle pas  complètement son pays..je trouve ça un peu bizarre..” Définitivement bizarre. Elle ne savait pas si tenir la bride serrée au pays qu’on dirigeait était une bonne chose, mais de ce que semblait dire Hae, le roi semblait un peu..absent ?.”Après, c’est sans doute dur de tout contrôler..Le Royaume de la Terre semble si grand..”  A se demander si le chef de chaque ville ne faisait pas plutôt chacun à sa sauce, plutôt que réellement obéir au roi. Qu’en savait-elle au fond..Mais peut-être que c'était plus simple comme façon de faire..plus libre aussi.”Ca doit être un peu embêtant..” Et pas qu’un peu. Elle était bien contente de n’être pas reine, ou même membre de la noblesse. Elle, elle avait juste son rôle de garde, c’était très bien. ”Mais est-ce que cette diversité de façon de faire ne peut pas être une richesse ? “ Confronter différentes manière de voir et faire les choses, ça ouvrait un peu son esprit non? Elle trouvait. N’était-ce pas exactement ce qu’elle était en train de faire, non?

“J’imagine, oui !” Kalani sourit, un peu amusée. ”Après je suis loin de connaître tout le monde au Marais ! C’est juste que..par exemple, l’idée ne me viendrait pas de venir chercher des noises au hameau voisin pour des questions stupides, si le problème peut se régler en discutant..Enfin, je trouve que c’est du bon sens..Mais c’est plus facile comme on appartient  à un seul peuple très uni...” Enfin, elle trouvait. Peut-être qu’elle racontait des bêtises.