Chaque pas s’accompagnait d’un nouvel émerveillement. Les vastes étendus du Royaume de la Terre avaient encore tant de secrets à tes yeux, dans de mystères que tu pouvais encore découvrir. Tant de souvenirs encore enfouis dans les méandres de ta conscience. Évitant au mieux les racines du petit sentier que tu avais choisi d’emprunter en forêt, tu ne pouvais qu’apprécier la nouveauté. Les arbres autour de toi, bien ancrés dans leur sol natif, avaient quelque chose d’enchanteur. Et les oiseaux, volant entre les branches basses, te rappelaient constamment d’où tu venais, mais confirmait également – d’une certaine manière – que tu avais raison d’être ici. Ce monde était encore bien plus vaste que tu ne le pensais en regardant les cartes, Mei. Mais tu t’aventurais toujours plus loin, laissant derrière toi les doutes qui t’avaient étreint depuis ton départ. Le soleil était déjà bien haut dans le ciel quand tu quittas finalement le couvert des arbres pour atterrir sur un petit sentier bordant un champ. Au loin, tu pouvais apercevoir un village. La route principale, celle qui tu avais quitté quelques jours plus tôt pour faire ce détour enchanteur, se dessinait au loin, le sentier y menant directement. Il te fallut une heure pour la rejoindre et deux de plus pour arriver au village. Village te semblait ne pas être le mot juste, cet endroit étant bien plus grand que ce que tu avais visité jusqu’alors, mais il était tout de même plus petit que les grandes villes dont on t’avait parlées. Un juste entre deux. Et le moment parfait de prendre une pause, de t’arrêter pour la nuit. Peut-être même y passer quelques jours ? Tu hésitais encore, tu verrais bien avec le temps.

Avançant entre les rues, tu observais les gens. Plusieurs vaquaient à leurs occupations, un quotidien bien différent de celui que tu avais connu jusqu’alors. Et c’est à ce moment que cette silhouette attira ton regard. Une joie intense qui t’envahie, rapidement remplacée par une certaine nervosité. Tu étais heureuse, Mei, de voir qu’il était ici, de savoir que tu pourrais lui parler, passer du temps avec lui. Mais la peur grandissante se faisait tout de même sentir. Car il ne savait pas que tu étais partie, car tu avais peur que ta décision ne le déçoive. Et pour rien au monde, tu ne voulais décevoir. Toi qui avais toujours tenter de le rendre fier. Et malgré l’appréhension, tu t’avances vers lui. Car partir n’était pas une option, car tout s’était tracé depuis l’instant où tu l’avais remarqué. Car tu l’aurais reconnu entre mille. Et rendu à proximité, tu prends la parole d’une voix hésitante. « Père ? » Parce que, malgré tout, tu n'étais pas certaine de ce qui t'attendais. Parce que ta présence dans ce village faisait enfin du sens.